Phaistos (Φαιστός / Phaistós, ou encore Festos)
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C’est au sud d’Héraklion, posé à 97 mètres de hauteur sur un large plateau au sommet d’une colline dominant de tous côtés la grande plaine fertile de la Messara, que se dresse le palais de Phaistos, deuxième plus grand centre du monde minoen après Cnossos. À ses pieds coule la rivière sacrée des Minoens, le Geropótamos (ιερό ποτάμι, ierò potámi, littéralement rivière sacrée) qui reçoit un peu plus bas les eaux de son affluent sur les rives duquel se trouve Gortyne, le Litheos qui abreuvait Ágioi Déka et ses 10 saints miraculeux. Le Léthé est le fleuve des Enfers où passaient les âmes qui avaient obtenu la faveur de revenir dans le monde des vivants pour se réincarner. Lêthê veut dire l’oubli. Chose intéressante, avec un A privatif, lêthê devient alítheia, la vérité, c’est à dire l’absence d'oubli…
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Diodore de Sicile attribue sa fondation au roi Minos, souverain de Cnossos. Radhamanthe, son frère, est aussi cité comme potentiel fondateur ou comme gouverneur. Tous deux sont devenus gardiens des Enfers. Homère dans l’Illiade et l’Odyssée la décrit comme une ville bien fondée au grand nombre d’habitants. Le petit fils de Minos, Idoménée, la fit participer au siège de Troie.
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« Phaistos passe pour avoir vu naître Épiménide », dit Strabon dans Géographie, livre X-4, chapitre 14. Cette encyclopédie géographique fut écrite entre -20 avant notre ère et l’an 23.
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D’après les mythes, le toponyme viendrait de Phaïstos, le petit fils d’Héraclès, tué par Idoménée. Homère dans l’Illiade, Rhapsodie V, en parle en ces termes : « Et Idoméneus tua Phaistos, fils du Maionien Bôros, qui était venu de la fertile Tarnè. L'illustre Idoméneus le perça à l'épaule droite, de sa longue pique, comme il montait sur son char. Et il tomba, et une ombre affreuse l'enveloppa, et les serviteurs d'Idoméneus le dépouillèrent ».
Les archéologues penchent plutôt pour une origine préhellénique. Ce serait pa-i-to, un mot issu du linéaire B, écriture mycénienne d’inspiration babylonienne apparue en Crète vers -1 375, signifiant brillant, glorieux.
Historique
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La colline de Phaistos fut habitée dès le Néolithique, vers 6 000 avant notre ère. C’est vers -3 000 que la première agglomération fut construite. On retrouva quelques vestiges de maisons et des outils du Prépalatial.
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L’utilisation d’objets en bronze (donc le besoin d’aller chercher de l’étain à rajouter au cuivre), l’essor de l’agriculture, de la marine et du commerce posèrent les bases de la future civilisation minoenne.
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Le culte principal alors était celui de la Déesse-mère, aux formes variées. Deux ports sur la mer de Lybie desservaient la cité, Matala et surtout Kommos.
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L’apogée de Phaistos se situe entre les IIIe et IIe millénaires, durant le Protopalatial. Les vases en céramique, les œuvres d’art, les bijoux de cette époque sont les témoins d’une esthétique et d’un raffinement extraordinaire. Phaistos devint, avec Cnossos, Malia et Zakros, l'un des centres les plus importants de la civilisation minoenne.
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Le premier palais, le plus grand, fut bâti vers -1 950. Détruit vers -1 750, les ruines furent remblayées et un nouveau palais fut construit vers -1 600 sur un niveau plus élevé. Entre-temps Hagia Triada avait pris plus d’importance en devenant le centre politique de la région. Le culte de la Grande Déesse se poursuivit, avec peut-être l’ajout à ce moment d’un parèdre, Velchanos (Ϝελχάνος), son fils ou son jeune amant. Certains mythologues pensent qu’il fut l’ancêtre du Zeus de la Grèce classique que l’on fit naitre en Crète.
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Ce deuxième palais du Néopalatial fut construit en une trentaine d’années. Il fut détruit vers -1 450 mais la colline de Phaistos continua à être habitée durant le Postpalatial, c’est-à-dire jusqu’en -1 100. Puis les Mycéniens s’en emparèrent. À l’époque d’Homère, la cité existait toujours et avait même de l’importance puisqu’elle est décrite dans L’Illiade comme ayant de nombreux habitants. C’est à cette époque, au VIIe siècle avant notre ère, que fut construit le temple de Rhéa (déesse grecque de la Fertilité issue d’une antique Déesse-mère de Phrygie, mère de Zeus) ou bien d’après les dernières recherches, de Léto Phytia (une Titanide mère d’Appolon).
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Phaistos est alors une grande cité autonome, battant sa propre monnaie. Bien qu’elle fût une ville importante, Phaistos ne résista pas aux attaques de sa voisine, Gortyne, capitale romaine de la Crète, qui s’en empara vers -180. En – 160 avant notre ère, Phaistos n’existait plus et fut oubliée.
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Elle fut retrouvée en 1853 par le capitaine Thomas Spratt qui s’appuya sur une citation de Strabon dans Géographie : « Des trois villes fondées en Crète par Minos (Cnossos, kydonia et Phaistos), la dernière, Phaistos, fut détruite par les Gortyniens : elle était située à 60 stades de Gortyne, à 20 stades de la mer et à 40 du port de Matalon ».
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Les premières fouilles, conduites par Antonio Taramelli à la demande de Federico Halbherr, commencèrent dès 1894. L'École d'archéologie italienne sous la direction de Federico Halbherr et de son élève Luigi Pernier reprit les fouilles en 1900 jusqu’en 1904 et occasionnellement jusqu’à la fin des fouilles d’Hagia Triada en 1908, date à laquelle fut retrouvé le disque de Phaistos.
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Doro Levi reprit les fouilles entre 1950-1971, Vincenzo la Rosa entre 2 000 et 2 004, et enfin Fausto Longo en 2 007. Contrairement à Cnossos, fouillé et (mal) restauré par Arthur Evans, le palais de Phaistos est resté tel qu’il a été découvert.
Description
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Le site de Phaistos occupe 8 400 m² de terrain et s’étale sur trois niveaux. Les vestiges des deux palais, le plus ancien de -1 950 et le plus récent de -1 600 avant notre ère, sont imbriqués. Les deux palais, entourés de villas et de communautés urbaines, possédaient plusieurs fonctions. Demeure de rois-prêtres crétois, centre de commerce (entrepôts) et d’artisanat (magasins, ateliers), siège de la justice et de l’administration, ils étaient aussi un centre religieux important où se déroulaient des fêtes, des cérémonies et les initiations. Les escaliers monumentaux, les voies processionnelles, le théâtre, les nombreuses salles servant au bain lustral (purification), les différents sanctuaires dont le grand sanctuaire de l’aile ouest réservé au culte de la Déesse en sont la preuve. Il semblerait que le palais fut orienté en direction du lever du soleil à l’équinoxe.
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1 Cour haute
2 Cour ouest et théâtre
3 Sanctuaire
4 Grands propylées
5 Salle à péristyle
6 Bain lustral du roi
7 Mégaron du roi
8 Mégaron de la reine
9 Cour nord
10 Crypte sacrée
11 Cour est et four à métaux
12 Cour centrale
13 Magasins
14 Puits
15 Salle aux deux piliers
16 Sanctuaire
17 Temple de Rhéa ou de Léto
En bleu les bains lustraux et puits
En violet la pièce où fut découvert le disque de Phaistos
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La visite commence par la cour haute, située au nord-ouest, qui domine le site (1). Elle est recouverte de dalles irrégulières et est traversée du nord au sud par une voie processionnelle légèrement surélevée.
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Elle fait partie du premier palais même si des bâtiments furent ajoutés lors de la période gréco-romaine.
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À l’est ont été mis au jour quelques sarcophages de l’époque chrétienne.
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Un escalier monumental datant du deuxième palais descend au sud.
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Il arrive au sanctuaire protopalatial tripartite composé de 5 salles
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dont l’une avec des banquettes le long des murs et d’une salle à ciel ouvert (3).
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Dans l’une des salles furent découvertes une table d’offrande emplie de cendres contenant les restes d’ossements et un coquillage de libation.
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De là on arrive dans la cour ouest (2) protopalatiale, recouverte de dalles irrégulières.
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Elle est traversée par deux voies processionnelles surélevées dont l’une d’elle se poursuit sur huit larges marches formant ce que l’on nomme le théâtre, de 22 mètres de largeur.
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Ces marches ressemblent effectivement à des gradins et les archéologues supposent qu’ici se tinrent des cérémonies religieuses ou des jeux comme la taurocatapsie. Lors de la construction du deuxième palais, cette partie fut totalement remblayée.
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Au sud de la cour se trouvent quatre constructions circulaires, des kouloúres (κουλούρες), nommées ainsi par Arthur Evans qui les découvrit en 1903 à Cnossos et qui trouva qu’elles avaient la forme d’un pain rond fabriqué en Crète, le kouloúra.
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Les explications vont de fosses à ordures à citernes en passant par des silos à grains. Récemment une théorie en parle comme des puits à offrandes. Je n’ai rien ressenti de particulier près de ces constructions à Phaistos, contrairement à Cnossos.
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La partie est de cette cour donne sur la façade ouest du palais protopalatial. Au nord-est un escalier monumental de 12 marches (légèrement inclinées afin d’évacuer l’eau de pluie) donne accès au palais néopalatial par un propylon dont il reste la base du pilier central.
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Après se trouve un vestibule revêtu d’albâtre qui donne sur un portique à triple colonnade délimitant un puits de lumière (4). Au sud, un sanctuaire et son bain lustral.
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Puis vient un escalier menant au nord vers la salle hypostyle (5)
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et les appartements royaux divisés en deux parties,
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le mégaron du roi (7)
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et le mégaron de la reine (8)
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avec leur bain lustral (6).
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À l’est Les mégarons royaux donnent sur la cour nord (9) et le complexe sacré protopalatial (10) utilisé également lors de la construction du deuxième palais. Au nord des compartiments en brique destinés à ranger les objets sacrés. Les archéologues appellent cet endroit les archives. C’est ici que fut retrouvé en 1908 le fameux disque de Phaistos (point violet). Au sud, plusieurs petites pièces dont l’une dallée d’albâtre possédant une banquette et ce qui fut certainement un bassin lustral.
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Cette cour est reliée à la cour est (11) qui contient en son centre un ancien four à métaux.
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L’escalier menant aux appartements royaux descend au sud vers une série de magasins ou des ateliers d’artisans (13) où furent découverts des vases polychromes d’une qualité exceptionnelle.
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Ce sont des pithoi. Un pithos (πίθος) est un vase en céramique en forme de jarre datant de la Grèce antique, utilisé pour le stockage de produits alimentaires.
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Ici également une grande salle où furent retrouvées les empreintes en argile d’un grand nombre de sceaux datant de l’ancien palais. Proche du vestibule, un escalier descend vers un bassin lustral probablement utilisé lors des cérémonies faites dans la cour centrale (12).
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La grande cour centrale dallée, cœur du complexe néopalatial, destinée très probablement aux jeux et aux cérémonies religieuses, était déjà présente lors du premier palais. Elle mesure 51,50 m sur 22,30 m. Ses côtés est et ouest sont bordés de portiques à colonnades.
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Toutes les parties du palais communiquent avec elle par des corridors étroits ou des allées qui devaient être très surveillées. Au nord, une construction à degrés laisse envisager la présence d’un autel. Un puits plus récent fut creusé dans sa partie sud (14).
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La façade ouest donnait sur des pièces labyrinthiques dont la salle aux piliers (16)
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et le sanctuaire principal (15) avec leurs banquettes caractéristiques aménagées le long des murs.
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De l’autre côté, la partie est de la cour possède des pièces très luxueuses. L’accès à ce complexe se faisait en montant quatre marches et en passant sous un portique.
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Un grand polythyron (pièce d'un palais ouvrant sur plusieurs côtés par des baies multiples que séparent des piliers) donnait sur un vestibule conduisant au bassin lustral. De nombreux objets rituels furent retrouvés dans cet espace.
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C’est au sud de cette partie du palais, où affleure la roche brute, que j’ai ressenti le plus d’émotion. Le rocher parait travaillé, avec peut-être la présence de bassin et de cupules. Cette partie du palais s’est effondrée et on en retrouve des pierres le long de la pente abrupte de la colline.
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Proche du rocher, en direction du sud-est, se trouvent les restes d’un ancien four ou d’une habitation en forme de dôme datant de la période Néolithique.
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À l’ouest du four, construit sur un axe nord-est/sud-ouest se trouvent les ruines d’un temple de la période Gréco-romaine (17). Il fut au départ attribué à la déesse Rhéa pour ensuite passer à Léto. Quoi qu’il en soit, il y avait ici la présence d’un culte à la Déesse-Mère certainement depuis les origines du site. Elle change de nom suivant les époques mais reste l’archétype de la Déesse de la Fertilité.
Guide de voyage pour la Crète - Palais de Phaistos cretanbeaches.com
https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-10228/phaistos/
https://zigzagvoyages.fr/palais-phaistos-crete-ruines-minoennes/
http://bronze-age-towns.com/2020/11/23/phaistos-une-ville-importante-de-crete-a-lage-du-bronze/
http://epigrammeoeil.blogspot.com/2014/08/phaistos-gournia-civilisation-minoenne.html