Le ménage de saint Kodelig
Partis des pierres de Lespurit Ellen, nous voici arrivés sur la petite colline boisée de Kodelig, à la limite de la commune de Pouldreuzic. Ici, les pierres sont nommées le Stal-tiegez, l’endroit du ménage ou des meubles, puisque la tradition nous parle d’une armoire, d’un lit, et d’une motte de beurre que le saint homme a laissés derrière lui.
« Maintenant il s'agit de trouver le royaume de Kodelig, le saint homme qui s'est retiré en ermite par ici, il y a mille fois longtemps. On ne connait pas très bien son nom, les prêtres n'en parlent jamais, les instituteurs n'en ont aucune idée, mais nous savons qu'il a laissé là son lit, son armoire, et une énorme platée de beurre qui n'est même pas entamée. On raconte même qu'il revient de temps en temps. Il y a toujours quelqu'un qui l'a vu et qui vient justement de mourir quand on vient s'informer, pas de chance ! Maintenant il faut traverser sa lande et son bois, ce n'est pas facile. Tous les bois de pins se ressemblent, les landes sont plus hautes que nous, il y a des chemins partout qui n'aboutissent nulle part ou, pis encore, qui reviennent sur eux-mêmes pour se moquer de nous. Il semble que la retraite du saint homme soit défendue par des tas de sortilèges et d'illusions. Nous faisons notre apprentissage de Chevaliers de la Table Ronde. »
Pierre-Jakez Helias, Le cheval d'orgueil.
Les chevaliers que nous étions devenus déjouèrent les sortilèges et les illusions : la première pierre que nous trouvons est l’armoire. C’est un menhir d’environ 2,50 mètres de hauteur sur 2,50 mètres de large et 1 mètre d’épaisseur.
La légende locale raconte qu’il s’ouvre une fois par an et laisse entrevoir un trésor, mais que jamais personne n’a trouvé le moment exact de l’ouverture de la pierre qui reste, à ce jour, emplie d’or.
Tout autour, des rochers affleurants sont parcourus par des lignes énergétiques dont l’une passe sous le lit.
Cette pierre de 2 mètres sur 3 possède plusieurs bassins creusés par l’érosion qui, comme à Lespurit, ont dû servir à fabriquer de l’eau lustrale pour certaines cérémonies initiatiques ou pour des rituels de guérison.
Ce qui semble confirmé par Pierre-Jakez Helias : « Nous descendons de l’armoire et montons à tour de rôle sur le lit pour nous coucher dans l’empreinte du corps. Personne ne sait plus de quoi guérit Saint Kodelig, mais il guérit sûrement de quelque chose. "
Certains ont vu, dans la forme des bassins, un chien couché et un fusil posé à côté. Ce qu’il y a de sûr, c’est que Kodelig a peut-être eu un chien comme compagnon, mais qu’il n’a jamais pu avoir, à son époque, ne serait-ce que la queue d’un fusil.
Un autre saint breton, Cado, originaire du pays de Galles, possède son lit de pierre près de Belz.
Plus loin dans le champ, après avoir passé une petite butte, se dresse, penchée, une stèle gauloise cannelée à 11 facettes. C’est la fameuse motte de beurre du saint.
Ces stèles, utilisées à partir du VIe siècle avant notre ère, à l’âge du Fer, souvent confondues avec des pierres dressées néolithiques, étaient placées près d’urnes cinéraires enfouies, vases en terre cuite renfermant les cendres d’un défunt que l’on recouvrait d’une pierre plate.
Celle-ci fait partie des rares stèles non christianisées et restées sur place, ce qui indiquerait la présence d’une nécropole gauloise.