Histoire de Mornas
Tous ceux qui ont pris l’autoroute A7 en direction du sud connaissent la forteresse de Mornas, incontournable château perché sur sa falaise, visible des lieues à la ronde.
La falaise de calcaires gréseux de 137 mètres de hauteur, du Crétacé supérieur, est une petite partie d’une longue barre rocheuse du massif d’Uchaux, orientée est-ouest, doublant le signal de Montmout plus au nord.
Le village, en contrebas, est un peu coincé entre la voie ferrée, la nationale et l’autoroute, mais il a su conserver et mettre en valeur son patrimoine grâce à l’action efficace des associations.
La tour-porche Saint-Nicolas, partie des anciennes murailles défensives, en témoigne.
Le massif fut occupé depuis bien longtemps : des traces datant du Néolithique, comme des pointes de silex, ont été retrouvées. La situation géographique, proche de l’importante voie de communication de la vallée du Rhône et les abris sous roches de la falaise expliquant cela. Massalia et les grecs de l’âge du Fer y laissèrent des fragments de poteries. Le site devint un point de passage important sur la route du sel.
Sur le rocher de Mornas fut construit, servant de poste de garde, un oppidum gaulois d’une vingtaine d’hectares. Puis le Rhône servit de frontière entre la Gaule celte à l’ouest et la Gaule romanisée, l’oppidum fut démantelé par les romains.
La période romaine quant à elle nous a laissé les traces dans la vallée d’un édifice thermal et d’un temple, peut-être dédié à Diane, dont les fragments servirent en remploi. Une des pierres, appelée le « lion de Mornas », monstre androphage, est conservée au musée Calvet d’Avignon. Nous verrons plus tard qu’il est peut-être en rapport avec une vieille légende de la région.
Au IXe siècle, le site est mentionné sous le nom de Rupea Morenata puis Morenatuso et Mornaz au XIe. Il fut tour à tour propriété des rois du Saint-Empire Germanique, de l'abbaye d'Aniane, de l'archevêché d'Arles puis des comtes de Toulouse. La forteresse est alors appelée Castrum Rocca et le village Jocundatis.
La citadelle revint au pape après la croisade contre les Cathares et la condamnation du comte de Toulouse en 1229. Devenue propriété de la couronne de France, elle fut alors confiée aux chevaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem en 1271 qui la rétrocédèrent en 1305 car trop coûteuse à entretenir.
Pendant la guerre de Cent ans, les routiers, attirés par la cité des papes, défilèrent devant Mornas et ravagèrent le pays. La forteresse fut renforcée, une enceinte construite. La citadelle s’adapta alors aux nouvelles armes à feux. En 1562, Charles de Puy-Montbrun, capitaine de l’armée du baron des Adrets, prit Mornas.
Femmes, enfants, vieillards, furent assassinés, puis les soldats précipités du haut de la falaise. Quelques années plus tard, les Huguenots sont cette fois battus par les troupes catholiques de François de la Baume qui leur fit subir le même sort.
Mornas devint au XVIe siècle un centre de la culture du tabac avant de péricliter. A la Révolution, la place forte est en ruine et les pierres servent à la construction de nouvelles maisons. Le château fut inscrit au titre des Monuments Historiques en 1927. En 1977, une association entreprend le sauvetage et la restauration du site.