Le site naturel de Saint-Romain, en Ardèche, surplombe la rivière Ay. C’est un promontoire dont le rocher terminal a tenu lieu de sanctuaire depuis fort longtemps. Difficile de dater sa première utilisation, mais il est certain que le peuple des mégalithes y fut présent. D’après certains auteurs, un autel principal se tenait sur l’emplacement de l’actuelle chapelle, entouré de trois menhirs.
L’un d’entre eux est encore enchâssé dans le mur qui monte au donjon de défense, un deuxième peut-être dans le mur de soubassement de la chapelle.

Le troisième a pu être morcelé et servir de base à l’un des remparts. Un des chemins du site s’appelle encore le chemin des pierres plantées.
Les Celtes s’y installèrent puis les romains après eux construisirent sur le site, facile à défendre et situé à la jonction de plusieurs voies, une première forteresse, près du sanctuaire où la grande déesse était honorée.
Ce fut Maïa, déesse de la fertilité à l’origine du mois de mai, ou bien Isis, représentée noire avec son fils sur les genoux, ou encore Cérès, déesse des moisons et maitresse des mystères d’Eleusis. Une déesse de la fécondité dans tous les cas. Abducille, chef des Allobroges du temps de César, donna les terres à l’ouest du Rhône à son fils Aygus.

Au IVe siècle, au début du christianisme, Maïa, Isis et Cérès laissèrent leur place à Marie. Une première chapelle dédiée à la Vierge fut construite. Un petit monastère fut créé. Au VIIIe siècle, lors des invasions des barbares et des sarrasins, le monastère se plaça sous la protection d’un prince, Charles Martel, qui établit le mandement d’Ay.
Ce fut Albert d’Ay, comte de Saint-Alban, descendant d‘Aygus, qu’il plaça à sa tête. En 776, Charlemagne donna l’église de Saint-Romain et ses dépendances à l’abbaye bénédictine de Saint-Claude en Franche-Comté, ce qui fut confirmé en 1184 par Fréderic Barberousse devenu, par son mariage avec Béatrix, suzerain immédiat de la Franche-Comté et donc du monastère de Saint-Claude.
La forteresse prit de l’importance et devint un véritable château à trois donjons, le fortalitium, encerclé d’un puissant rempart. A la fin du XIIème siècle, une vierge noire fit son apparition. Les pèlerins affluèrent.
Au XVIème siècle débutèrent les processions des paroisses du plateau d’Annonay, venant demander la cessation des épidémies de peste ou des fléaux naturels, grêle ou sécheresse. Comme le château d’Ay était la forteresse la plus puissante de la région, le sanctuaire en fut le centre marial.
Au cours des guerres de religion, vers 1570, le monastère et la chapelle auraient été incendiés. Après la révolution, où Saint-Romain d’Ay devint Roche-d’Ay, la chapelle, d’abord agrandie par Antoine Farigoules, fut achevée par Françoise de la Rochette. De 1836 à 1954 les missionnaires jésuites prirent la direction du pèlerinage, puis les prêtres du diocèse de Viviers, curés de Saint-Romain d’Ay. Les principaux pèlerinages se déroulent le 15 août et le 8 septembre. En 1985, 10 000 fidèles y ont assisté
Plusieurs étymologies possibles : Ay viendrait du vieux mot patois désignant l’eau, Aygue (en latin aqua). Deux des plus anciennes appellations du pays d’Ay sont Agium, le pays de l’eau ou de la rivière, et Ayo, par chute du G.
Une autre, soutenue par Pelisson, principal du collège de Tournon, prétend que le nom proviendrait d’Aygus l’Allobroge. Au VIIIe siècle, une légende populaire fournit une troisième étymologie, et l’on sait combien les légendes sont porteuses de vérités à qui sait les lire.
"Un jour, une jeune bergère gardant ses agneaux, récemment convertie aux idées chrétiennes, priait et ne s'apercevait pas, tant sa ferveur et son extase étaient grandes, que le torrent, dont les eaux mugissaient au-dessous d'elle, frappait et ébranlait à sa base le rocher sur lequel elle était agenouillée. Tout à coup, la jeune fille et le rocher que les eaux ont détaché, roulent au fond de l'abîme : Aie ! Notre Dame ! Aie !... répète-t-elle éperdue.
Ce cri fut entendu et sa prière exaucée. Arrêtée dans sa chute par un pouvoir surnaturel, elle vit venir à elle une belle dame enveloppée dans les longues et flottantes draperies d'un manteau semé d'étoiles, et portant sur son front le triple bandeau, signe distinctif de son pouvoir divin.
La jeune fille pour éterniser la mémoire de ce grand événement, fit bâtir sur le lieu même où la Mère de Dieu lui avait donné une preuve si éclatante de sa protection, une modeste chapelle qui fut appelée en souvenir du cri de détresse que la jeune fille avait poussé en tombant."
Annales de l'école religieuse de Saint-Alban d'Ay, 1886
« Notre-Dame d’Ay, hier et aujourd’hui » de Michel Faure, 1996
http://www.ardeche.catholique.fr/le-diocese-de-viviers/lieux-d-accueil-lieux-spirituels/lieux-de-pelerinages/notre-dame-d-ay/
http://www.notredameday.fr/fr/
http://www.medarus.org/Ardeche/07commun/07comTex/saitromainday.htm
http://www.nemausensis.com/ardeche/Gravures/NDd_AY.htm