Le dolmen des Fades de Pépieux dans l'Aude
Situé
au milieu d'un bosquet de pins un peu à l'écart de la route, le dolmen
s'élève sur un coteau au lieu-dit "Lo Morrel dos Fados"ou "Morrèl de
las Fadas", ce qui veut dire en Occitan coteau des Fées. Le monument,
connu aussi sous le nom de "Palet de Roland", est le plus grand dolmen
à couloir large (autrefois appelé allée couverte ) du sud de la France.
Il
fut construit, d'après les archéologues, vers 3 500 avant notre ère
(fin du Néolithique) par le peuple de la culture de Véraza : des
vestiges de cette culture furent retrouvés sur place d'abord en 1903,
après un labourage en profondeur, puis en 1946 après les fouilles plus
minutieuses d'Odette et Jean Taffanel qui révélèrent une nécropole du
type "Champs d'Urnes". On y a retrouvé entre autres, un poignard à
rivets de cuivre, pièce très originale conservé au musée d'Olonzac.
Au
début du XXème siècle, la partie visible du dolmen ne comportait qu'une
grosse dalle calcaire inclinée reposant d'un côté sur le sol, de
l'autre sur trois piliers de grès.
De
1962 a 1965, une action de sauvetage est entreprise sous la direction
de Jean Guilaine : fouilles et construction d'un pilier postiche pour
soutenir la table de couverture, pesant environ dix tonnes, qui fut
vraisemblablement apportée du causse de Siran, le site le plus proche
comportant ce matériau.
Cette
restauration aboutit au classement définitif du dolmen par arrêté
ministériel du 5 Mars 1969. En 1972, une consolidation générale du
monument est réalisée par la Conservation Régionale des Bâtiments de
France.
Vingt-cinq
ans après la dernière action de sauvegarde, une remise en état
s'avérait nécessaire afin que la plus grande tombe dolménique de la
France méridionale soit présentée au public et aux spécialistes sous
une image plus proche de son état initial. Les travaux ont été réalisés
sous la conduite de Régis Martin, architecte en chef des monuments
historiques, et le contrôle de Jean Guilaine ainsi que de l'archéologue
Yann Geay, en ce qui concerne les murets.
Les
piliers orientaux ont été remontés à leur hauteur initiale qui était
connue. La teinte, la patine et la forme, ont été reconstituées. La
restauration a l'avantage de soustraire à la vue le pilier artificiel
supportant la dalle de couverture dont l'effet était disgracieux. Un
remblaiement a été effectué pour redonner au tumulus, dégradé par
l'érosion, un aspect plus proche de l'origine. Les murets en pierre
sèche du couloir d'accès ont été repris. De vieilles pierres,
récupérées dans l'environnement du monument, ont été utilisées.
Avec
son axe approximativement sud-ouest nord-est, il est constitué par une
galerie mégalithique de 24 m de long incluse dans un tumulus de quelque
35 m de longueur, comprenant trois parties :
-
Un couloir de 11,40m de développement sur 2,10 m de large, marqué par
des piliers disposés face à face, alternant avec des murets de pierres
sèches dont subsistent quelques témoins d'origine.
-
Une antichambre de 6 m de longueur, ayant conservé son importante table
de couverture ( 6,70m de long sur 2,80 m de large) reposant sur des
piliers dont deux viennent d'être restaurés.
- Une "cella" terminale, barrée par une épaisse dalle de chevet.
La
transition du couloir à l'antichambre et de celle-ci à la cella est
assurée par deux portes réalisées par des dalles jointives sculptées en
hublot. Les matériaux qui ont servi à la construction de ce monument
sont d'extraction locale. On distingue du grès rouge, dont certains
affleurements sont encore visibles auprès de la butte portant le
mégalithe, du grès grisâtre, affleurant également à proximité du site,
et du calcaire dont l'origine est plus éloignée : une énorme dalle, qui
pèse entre vingt et trente tonnes, a été transportée sur près de deux
kilomètres.
Cet
endroit est vraiment bien nommé le dolmen des Fées : à l'intérieur de
la dernière chambre, celle que l'on appelle la cella, se passent des
choses bizarres. Il m'a semblé que c'était une porte ouverte sur un
espace-temps différent...