Saint-André-de-Bâgé, symbolisme
Les chapiteaux
Les quatre chapiteaux de la croisée sont magnifiquement sculptés. Le premier, côté lunaire, féminin, c'est-à-dire au nord/ouest de la croisée, est considéré comme une allégorie de la luxure. On y voit soi-disant « un personnage féminin luttant farouchement contre des serpents qui s’enroulent autour de ses membres ». Bien bien bien. Ne faisons pas que regarder, mais essayons de voir. Le serpent n’est pas le mal, mais la représentation des énergies.
Le premier serpent vient du ciel, énergie cosmique, le second de la terre, énergie tellurique. Nous sommes bien à l’endroit de la rencontre. La femme/ déesse mère tient dans sa main une fleur de Lys, symbole lunaire de la virginité, ou le bouton d’une fleur/esprit de Chélidoine qui s’épanouira dans le chœur. Son feuillage est cerclé par une chaine, symbole de l’ordre Bénédictin, où les moines avancent ensemble sous une même règle.
Le chapiteau au nord/est justement nous montre les feuilles de la Chélidoine, symbole de l’accès à la lumière, toujours entourées de la chaine bénédictine, d’où sortent les tiges des futures fleurs/esprits.
Côté solaire, masculin, au sud/ouest, nous trouvons deux visages. L’un tire la langue et regarde le point du lever du soleil au solstice d’été, l’autre ouvre la bouche et regarde le lever du soleil au solstice d’hiver.
Les feuilles de Chélidoine, toujours avec leur chaine, entrent dans leurs oreilles (symbolisant la capacité d’entendre le message divin). Leurs yeux sont exorbités, ils voient. La parole divine, inspirée par la Chélidoine qui ouvre les yeux donc l’esprit, peut être transmise, ou tue, au choix. Au-dessus, le bouton s’est transformé en fleur.
Au sud/est apparaît un chapiteau historié, celui du sacrifice d’Abraham. Isaac est couché sur un tas de pierres rondes, les cheveux tirés par son père qui tient son épée levée. Dans l’angle un ange porte le bélier qui sera sacrifié à la place d’Isaac. Il faut comprendre que lorsque nous arrivons vers le chœur, à la fin du parcours initiatique, il sera nécessaire d’abandonner ce que nous avons de plus cher. C’est une mise à l’épreuve de notre détermination, un sacrifice librement consenti.
La base de la colonne par contre est tout à fait originale. Elle fut interprétée comme une scène de la vie de saint André : le saint s’appuyant sur une croix en X procèderait à un exorcisme.
En réalité, la croix qu’il porte n’est peut-être qu’une crosse, et en guise d’exorcisme, ne pourrait-on pas voir plutôt la transformation de l’animal, du bestial en humain, tout d’abord avec l’action du serpent/énergie qui fait se relever la bête, puis par la bénédiction d’un évêque bénédictin, qui fera que l’homme puisse accomplir sa quête spirituelle ?
Nous voilà arrivés dans le chœur. Six colonnettes et leurs chapiteaux vont nous parler de transformation. Côté lunaire, nous avons tout d’abord la représentation très stylisée de feuilles encore enchainées à leur base. La fleur les surmontant est carrée. Une tête sort du feuillage et regarde le sud/est, en direction de l’autel. La colonnette est nue, sa base aussi.
La deuxième colonnette, entièrement striée horizontalement, porte le chapiteau appelé « la Médisance ». Nous retrouvons ici le thème de la parole avec les feuilles rentrant dans la bouche, puis un serpent sortant de la bouche allant vers un deuxième personnage, l’autre partant du deuxième personnage et s’approchant de l’oreille du premier. Entre les deux, le feuillage s’épanouit en arbre de Vie, la fleur/esprit à 7 pétales. La base est décorée d'un rang de rosaces à quatre pétales.
La troisième, ornée de torsades boudinées, n’est que feuilles. La fleur au-dessus porte en son centre un trou de trépan. Avec les six du feuillage, cela porte à sept. On sait que l’arbre de vie est la représentation de la montée de la conscience, qui se fait en 7 étapes. Ce sont les 7 plans de l’existence manifestée, pouvant se rapporter aux 7 centres vitaux (chakras), aux 7 corps de l’humain (physique, éthérique, astral, mental, causal, spirituel et divin), les 7 églises de saint Jean, etc.
La base est décorée de rinceaux à palmettes alternées.
Côté solaire, la première nous présente un centaure (Chiron le Sage ou le Sagittaire) tirant une flèche (la destinée). La flèche, pointée vers le haut (premier décan du Sagittaire) vise la tête d’un oiseau dont la tête est tournée vers le haut, vers la fleur épanouie. La colonnette est divisée par des bagues de faible relief.
La deuxième montre la progression. Après avoir passé l’épreuve de la sagesse et du savoir, une fleur épanouie sort des feuilles de Chélidoine. La base est décorée de rinceaux à palmettes alternées. La colonnette, comme celle d’avant, n’est ornée que de bagues.
La troisième, ornée de cannelures torsadées alternant avec des chaînes d'oves fuselés liés par des annelets, est historiée. C’est Daniel dans la fosse aux lions. Le prophète Habacuc lui apporte sa nourriture. La fleur épanouie se situe juste au-dessus de sa tête, comme un chakra coronal. Daniel est la représentation de la mort tenue en échec, de la résurrection.
La base est ornée d'un masque humain réjoui, entre un lion et une vouivre ailée. L’initié maitrise les forces. 
L'orientation
Nous avons eu la chance de trouver dans cette église romane en parfait état le quadrilatère solsticial du lieu creusé dans la pierre de l’autel principal. Nous allons le retrouver cette fois, moins visible à nos yeux, dans les proportions de l’édifice primitif. En effet, le plan initial de la nef carolingienne reprend exactement ses mesures.
Mais alors, pourquoi le maitre d'oeuvre de l'église romane a-t-il déplacé l'axe du transept et du choeur ? Il se peut que la dédicace ait changé, qu'il ait voulu réaligner le transept sur un nouvel axe solaire. Il se peut aussi qu'il ait repris le quadrilatère de Jérusalem, comme il était coutume de le faire après les croisades (les Templiers étaient bien implantés dans le coin).
"Eglise romane chemin de lumière" de Jacques Bonvin et Raymond Montercy
« Richesses Touristiques et Archéologiques du Canton de Bâgé-le-Châtel », ouvrage publié par l’Association des « Amis du site de Bâgé-le-Châtel », 1990
http://bibnum.enc.sorbonne.fr/gsdl/collect/tap/archives/HASH0145/5ae8a6d6.dir/0000003004029.pdf
http://mafeuilledechou.fr/category/chouette-des-clochers/page/4/
http://www.lavoix-voiedessages.com/page2/files/documentation-le-symbolisme-de-la-croix.pdf






























































































































