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6 février 2016

L'église Notre-Dame-de-la-Nativité de Bois-Sainte-Marie

 

Bois-Sainte-Marie 7Certains pensent que l’église fut commencée à la fin du XIe siècle, vers 1050, mais il parait plus probable qu’elle le fut au début du XIIe, le chœur datant d’environ 1115, la nef entre 1120 et 1130. Eugène Millet en refit une grande partie au XIXe siècle, mais, en homme avisé, il fit refaire les chapiteaux à l’identique, ce qui conserva tout le message des bâtisseurs du Moyen-âge. Il reste le tympan du portail sud, la fuite en Egypte, qui fait un peu tache à mon goût.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


L’extérieur

Bois-Sainte-Marie 17On accède au portail ouest de l’église par un perron de 18 marches fait au XIXe siècle. La façade, dont seule la partie haute fut refaite, est scindée en trois partie, avec de chaque côté une grande arcade aveugle reposant sur des colonnettes à chapiteaux. Les deux contreforts matérialisant les trois parties sont agrémentés de colonnes engagées surmontées de chapiteaux, chose assez rare dans le monde roman.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 50aDans la partie haute de la travée centrale, on peut voir une baie à colonnes dont les voussures sont ornées de claveaux rouges et blancs.

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 21L’arcature à gauche conserve un bas-relief sculpté effacé qui représente la Vierge assise portant l’Enfant.

 Bois-Sainte-Marie 26

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 19Les chapiteaux de la partie basse sont romans. A gauche du portail, côté lunaire, ce qui pourrait être un âne musicien, et côté solaire comme il se doit des aigles aux ailes déployées.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 18Le chapiteau du contrefort droit porte deux anges. S’il a bien été refait à l’identique par Eugène, il se pourrait que l’on soit là en face de deux hommes ailés (les anges ont des auréoles, là, ils n’en ont point), dont celui de gauche, jupe relevée, est en position de se décharger de la matière lourde, pendant que celui de droite joue de la trompe, montrant tout les deux ce que l’église de Bois-Sainte-Marie est capable de faire.

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 27De belles ferronneries ornent les portes, avec un petit clin d’œil à la symbolique du dragon ou du serpent, sans savoir si l‘artisan forgeron a pu le faire exprès.

Bois-Sainte-Marie 28

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 7Le clocher, remonté à l’identique au-dessus de la croisée des transepts, est orné d’une baie cintrée au premier étage et de trois fenêtres accolées au deuxième.  Eugène Millet fit élever une tour quadrangulaire au sud-est du transept pour lui servir d'escalier.

 Bois-Sainte-Marie 10

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 22Le haut du chevet, remonté par Eugène, est décoré de bandes lombardes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 6Le bas possède 6 colonnes à chapiteaux, et nous retrouvons nos hommes ailés qui, cette fois, donnent l’impression d’être à genoux, commençant par là même leur retournement. Espérons que ce chapiteau aussi ait été refait à l’identique, le message est important.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 24Côté sud, par contre, un chapiteau est d’origine. Il représente un personnage ailé au centre, montrant un livre, symbole de la connaissance (le livre est  ouvert, signifiant par-là que la connaissance en ce lieu n’est pas tenue secrète). Il est entouré de deux groupes de gens liés par une chaine.

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 23Sur sa droite, trois hommes en prière, agenouillés, les mains jointes. Ils sont reliés par la chaine à un homme à gauche, nu, qui cache un démon cornu accroupi, lui-même se tenant devant un animal très abimé. Trois interprétations sont possibles. A vous de déterminer celle qui vous convient entre le parlant, le signifiant et le cachant. Tout le message de Bois-Sainte-Marie sera sur ce modèle, proposant différents niveaux de lecture du symbole.

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 25Je ne peux m’empêcher de vous donner l’interprétation que j’ai trouvée sur le net de ce message parvenu jusqu’à nous : « il représente l’intercession d’un ange en faveur des victimes du péché enchaînées par les démons ». En allant encore plus loin, j’ai trouvé ceci : « Cette composition comporte huit personnages ; trois d'entre eux, revêtus de tuniques, à genoux sur de petits tabourets, sont de pauvres victimes retenues par une lourde chaîne. Leur attitude suppliante et désolée est rendue avec une parfaite expression de vérité. À droite, un démon accroupi tient les extrémités de la chaîne. Entre lui et les captifs, un ange, vu de face, les ailes éployées et également agenouillé, présente un livre ouvert. Sur la face de droite, un second démon parait maintenir une autre victime. C'est là, évidemment, l'image de l'âme des vivants détenus par les liens du péché dans l'esclavage de l'enfer et demandant, par la prière, le secours de la grâce divine. Les damnés et les âmes des morts sont en effet représentés sous la forme de personnages nus, dans la sculpture romane ; ici, les captifs de Satan sont vêtus et leur attitude n'est pas celle des réprouvés. L'ange qui les accompagne, à genoux lui aussi, intercède en leur faveur. »

 

 

 

 

 

 

Que j’aime ce « évidemment »… Brrr, ça fait peur. Ces gens ont oublié que le message roman, bien plus subtil que nous puissions l’imaginer, était porteur de joie, d’espérance, de promesse, d’enthousiasme, d’exultation ! Certes le message au premier niveau sera basé sur la dualité, sur le combat mené contre le mal, mais seulement celui que l’on trouve à l’intérieur de nous-mêmes. Ici, rien n’est plus clair : d’un côté les priants vertueux, de l’autre les diaboliques vicieux. Point de victime, point de démon, point d’enfer, de péchés et de damnés, juste des choix. Même le personnage central ne peut être pris pour un ange, car les gens simples du Moyen-âge savaient bien que les anges portent des auréoles.

Au deuxième niveau, nous saurons que la seule issue pour continuer le chemin sera de sortir de cette dualité. Le message se fera plus subtil, il prendra le nom de langue des oiseaux. Les ailes de l’homme central lui permettront de rejoindre le ciel (plus haut que les autres donc s’élevant), il prendra la voie du juste, du connaissant, montrant son livre ouvert, la marche à suivre, à tous.  Le troisième niveau nous montrera le personnage central ayant réussi la maitrise des énergies. Il enseigne la façon d’accéder à la porte du ciel et comment Bois-Sainte-Marie peut nous y aider.

Trois niveaux de lecture. Je me souviens de ces deux triades bardiques, qui, même si elles ne datent que du XIXe siècle, restent d’une grande sagesse :

 L'être humain possède trois privilèges qui sont :

-  le discernement du bien et du mal ou comparaison

-  la liberté de choix, donc de jugement 

-  un certain pouvoir limité de réalisation de ce choix, qui entraîne la responsabilité

Ces trois pouvoirs sont indispensables pour échapper à la fatalité pure et s'élever vers la plénitude.

Plus loin, il sera dit qu’il faut « placer le bien et le mal face à face, de telle sorte que l'un et l'autre puissent être connus ».

 

Nous pouvons aussi parler du «  Per ipsum, et cum ipso, et in ipso ». « Par lui, avec Lui, en Lui », la formule qui donne un raccourci de la voie que l'adepte doit suivre pour atteindre le magistère.

Henri Blanquart nous dévoile ce mystère :

«  Toute évolution individuelle, de même d'ailleurs que toute l'évolution de l'humanité, est résumée dans ces trois termes, symbole des trois parties de l'œuvre :

- l'œuvre au noir, où l'offrande est encore semblable à ce pain et à ce vin, produits élaborés et parfaits de la nature, non encore détachés d'elle, véritablement "dans le monde" et "du monde". A ce stade, il agit encore en croyant qu'il nait, qu'il meurt, qu'il est parmi d'autres, qu'il est petit en face de dieu, grand en face de la fourmi.

- l'œuvre au blanc, où le pain et le vin deviennent corps et sang du Christ amis restent encore séparés dans la dualité, où l'homme a atteint l'état de sainteté, mais n'a pas encore réalisé l'unité. Il est encore, à ce stade, face à son dieu. Certes il n'est plus manipulé "par Lui", il chemine maintenant "avec Lui", mais il lui reste une troisième étape à parcourir, la plus importante, la seule qui soit définitive et sans retour.

- l'œuvre au rouge, qui voit s'unir l'hostie et la coupe, le solide et le liquide, le yang et le yin, et se fondre dans l'unité du principe unique de toutes choses. C'est alors que le fils peut dire "Mon père et moi ne faisons qu'un". L'homme a dépassé à ce stade l'état de sainteté et a abouti à l'état de sagesse. Il est allé "au delà de dieu". Il ne subit plus "par Lui", il ne chemine plus "avec Lui", participant au plan de dieu en s'y conformant. Maintenant il est "en Lui" ; il n'y a plus pour lui de naissance ou de mort, ayant atteint la sagesse d'où il n'est plus possible de retomber dans l'illusion, alors que le saint, lui, reste encore faillible.

L'évolution de l'humanité est condensée également dans cette formule. En effet :

- par Lui sont menés les hommes qui ignorent les lois divines et veulent mener leur vie et les choses qui les entourent selon leur plan propre et leur volonté restreinte. C'est ainsi que se comportent actuellement nos gouvernants, nos savants, nos exploitants agricoles qui tuent le sol, nos chimistes qui empoisonnent le globe, nos pédagogues qui ne règnent que sur la sphère intellectuelle, négligeant le principal.

- avec Lui marchent les initiés qui savent que pour maitriser il faut obéir aux lois et non y contrevenir. Ainsi se comportaient il y a longtemps les chefs des peuples, les rois, les prêtres qui plaçaient l'évolution de l'individu avant le profit au dépens de la masse ou l'asservissement idéologique de cette masse.

- en lui enfin sont les hommes qui ont atteint l'état de sagesse et qui peuvent dire, comme leur modèle divin, "mon père et moi ne faisons qu'un". Tels étaient les hommes qui, dans leur temps très reculé, menaient les peuples vers l'accomplissement et les suprêmes réalisations. »

Ouf. Promis, je ne vous ferai pas ça à chaque chapiteau… Continuons notre visite.

L’intérieur

Bois-Sainte-Marie plan 123L’église se compose d’une nef de 4 travées flanquée de deux bas-côtés, d’un transept non saillant surmonté d’une coupole sur trompes et d’une abside semi-circulaire bordée par un déambulatoire. Elle fait 32m de longueur, 14,65m de largeur pour une hauteur sous voûte de 6m dans les bas-côtés, 12m dans la nef et de 24m sous le clocher.

 

 

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 37La voûte en berceau brisé fut refaite en briques par Eugène Millet. Les bas-côtés, très restaurés, sont voûtés d’arêtes. L’éclairage provient de fenêtres hautes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 47La croisée du transept est surmontée d’une coupole sur trompe qui porte le clocher. Les parties hautes des croisillons, voûtés en berceaux, avec un triforium à 3 arcatures aveugles, ont été faits par Eugène Millet. 

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 40On accède directement à l’abside sans travée de chœur. Elle est éclairée par 7 fenêtres dans sa partie basse, 3 dans la haute.

 

Bois-Sainte-Marie 36

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 34L’église possède un déambulatoire original, recouvert d'une voûte en compartiments d'arêtes. Les chapiteaux présente une facture très archaïque, ce qui laisse à penser qu’ils appartiennent à une église antérieure et qu’ils furent réutilisés.

 

Bois-Sainte-Marie 43

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 38Les voûtes des 7 arcatures reposent d’un côté sur des colonnettes posées sur un banc de pierre qui court tout le long de son mur extérieur, et sur des faisceaux de 4 colonnes à l’intérieur.

Bois-Sainte-Marie 45

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6 février 2016

Notre-Dame-de-la-Nativité de Bois-Sainte-Marie, les chapiteaux

 

Bois-Sainte-Marie 16Le pèlerin arrivant à Bois-Sainte-Marie sera attendu à la porte sud (habituellement la porte des initiés), contrairement à la plupart des églises où l’on entre par le portail ouest. Les premiers chapiteaux, surmontant les piliers cruciformes, vont l’accueillir. Et même si une vingtaine d’entre eux ont été refaits, ils l’ont été à l’identique, le message a été sauvegardé.

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie chapiteaux 19Traditionnellement, on parle du côté gauche, au nord, comme du côté lunaire, féminin, avec un message correspondant à l’ancien testament, à l’inconscient, aux mondes invisibles et subtils, chemin de maturation, d’intériorisation et de méditation tendant vers la lumière. Les chapiteaux seront le plus souvent non figuratifs, présentant souvent des feuillages. La partie droite, au sud, solaire, masculine, montrant des scènes du nouveau testament, parlera du conscient, du connu, du physique, du révélé. Les chapiteaux seront en général figuratifs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie chapiteaux 18aA Bois-Sainte-Marie, le message a été inversé : le lunaire va se trouver du côté solaire. A l’entrée sud, nous sommes accueillis sur notre droite par deux diables souriants qui regardent bien dans notre direction. Ils tourmentent un homme en lui arrachant la langue. Notre super symboliste que nous avons rencontré dans l’explication du chapiteau extérieur nous avertit : « ce chapiteau représente le supplice d'un damné. Renversé aux pieds de deux démons, le malheureux implore en vain la pitié de ses inexorables bourreaux. Satan, en personne, tient la tête du patient tandis que son valet en saisit la langue avec des tenailles. Impossible de rêver des visages plus hideux que ceux de ces démons dont un rictus sinistre découvre les énormes crocs et dont les cheveux hérissés sont moins des mèches ondulées que des flammes de l'enfer. »

 

 

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie chapiteaux 28

A moi maintenant. Les diables présentés ici sont très parlants. Le premier diable, portant cornes et ailes, c’est Lucifer, le porteur de lumière, l’ange déchu pour avoir donné la connaissance aux hommes. Il tient le malheureux personnage par les cheveux (symbole de la force physique mais aussi spirituelle, capteurs des énergies célestes).

 

 

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie chapiteaux 20De sa main droite aux doigts tendus, il montre le deuxième. Celui là n’a pas d’ailes, mais porte une queue, bien dressée vers le ciel. Les cornes sont remplacées par une chevelure totalement solaire. C’est le Diable, l’adversaire, l’ennemi, celui qui divise. Il est la personnalisation des forces d’attraction de la matière, opposé à toute libération de l’esprit. Il ne va laisser aucun repos, afin que le pèlerin puisse se rendre compte de sa destinée. Si l’on réfléchit bien, il se pourrait même qu’il soit un autre nous-mêmes…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie chapiteaux 9La langue possède une symbolique multiple. Tout d’abord, elle se tient dans la bouche qui représente la grotte originelle, la caverne matricielle chaude et humide de la Déesse Mère. La langue sera dragon ou serpent, les gardiens du trésor, c'est-à-dire du verbe créateur.  La langue, organe de la parole donc de la connaissance, mais aussi du goût donc du discernement, créé ou anéantit, fait passer le mensonge ou la vérité, la calomnie ou la bénédiction, induit le conflit et la dispute ou la richesse.  Elle peut séparer ce qui est bien de ce qui est mal.

 

 

 

 

Pentecôte 3Considérée comme une flamme dans le nouveau testament, elle en a la fonction, destruction ou purification. Les langues de feu que les disciples reçurent lors de la Pentecôte et qui les transforma en apôtres, leur permirent de porter la bonne parole… Il faudra simplement savoir tenir sa langue, c'est-à-dire être maitre de soi, pour avancer sur le chemin que va nous proposer Bois-Sainte-Marie. Sinon, il faudra l’arracher de force, afin que le pèlerin puisse continuer sa route.

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie chapiteaux 17Sur notre gauche par le chapiteau de Daniel dans la fosse aux lions. Dans la Bible, 7 lions sont présents. Beaucoup de 7 décidemment. Là, deux seulement sont représentés, un qui lèche sa hanche, l’autre son épaule. L’ange (oui, c’est bien un ange, il porte une auréole), être céleste, lui apporte la nourriture terrestre par l’intermédiaire d’Habacuc qu’il tient par les cheveux, ce qui va lui permettre de survivre. Tiens, un être ailé tenant un homme par les cheveux. Ce chapiteau est bien le pendant de celui des diables.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie chapiteaux 10Michel Odoul va nous donner un début d’explication. Pour lui, la hanche est l’articulation primaire de la jambe, l’axe basique de notre monde relationnel, par où passe notre capacité de mobilité et de souplesse, notre relation avec le monde. C’est aussi le point par lequel le non-conscient émerge vers le conscient. Nos schémas profonds, nos croyances, passent par elle.

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie chapiteaux 21L’épaule, c’est l’articulation basique, le point d’ancrage, l’axe premier du bras. Elle représente les axes conceptuels profonds de notre capacité et de notre volonté d’action et de maitrise. L’os qui relie l’épaule à la poitrine s’appelle la clavicule, clavicula en latin, la petite clé. Son point d’attache sur le sternum se situe juste sous le chakra de la gorge, celui de l’expression de soi.

Notre héros solaire qu’est Daniel va pouvoir vaincre la mort et donner l’espoir au pèlerin d’accéder à la vie spirituelle. Il le fera en maitrisant les énergies célestes et terrestres. Les lions vont les aider à retrouver une relation avec eux-mêmes, à se débarrasser de leurs croyances, à les pousser en avant sur le chemin pour trouver la maitrise.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie chapiteaux 23Le début du chemin se fera ensuite avec le chapiteau des aigles qui, ailes déployées, pattes sur la terre (l’astragale) et tête au ciel (le tailloir), sont dos à dos. L’aigle, oiseau solaire, image de l’âme s’élevant au-dessus de la matière, est l’équivalent spirituel du pouvoir temporel du lion, il possède la connaissance. Ici, ils sont représentés dans la partie basse de l’église, tournés vers les couchers du soleil aux solstices. Ils sont ceux qui ont vaincu la mort, ceux qui peuvent regarder sans crainte la mort du soleil. Mais les ailes, dos à dos, sont en opposition.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie chapiteaux 24Cette dualité, cette opposition, nous allons la retrouver avec le chapiteau suivant, les lutteurs. Encore une fois ce commentaire ahurissant… « Les lutteurs symbolisent la violence qui régissait les rapports humains au Moyen Age. » Ah ? Parce que la violence de notre époque est moindre ? Allez, vous nous faites marcher, c’est une blague, hein ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie chapiteaux 11Poursuivons. Encore la dualité avec celui du chien mordant l’oreille (séparation de la partie animale).

 

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie chapiteaux 1Remontant vers le nord, nous trouverons une sirène, signe de la présence de l’eau.

 

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie chapiteaux 3Le chapiteau suivant nous montre des combattants en armure. Encore la dualité et le combat, mais cette fois, les deux acteurs sont face à face. Nous avons deux chevaliers en costume militaire du XIIe siècle, l’un portant le casque conique sans nasal, l’autre une boucle d’oreille, l’écu du chrétien face à la rondache du musulman, les deux ayant genou à terre. Notre blagueur pense que « l'artiste a sans doute voulu représenter le spectacle, trop fréquent dans la société féodale, de l'homme armé sans cesse contre son semblable ». Trop fréquent, certes, mais pas forcément dans cette pauvre société féodale, qui, à mon avis, était l’apogée de notre civilisation.

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie chapiteaux 30Contrairement aux idées reçues, je pense que nous sommes, par rapport au Moyen-âge, tombés bien bas. Je donne ma télévision contre une soirée à la cour d’Amour Aliénor d'Aquitaine, d’Isabelle, comtesse de Flandre, d’Ermengarde, vicomtesse de Narbonne, ou de la comtesse Marie de Champagne. Je leur laisse Fleur Pellerin, qui pourtant porte un si joli nom. Ah zut flûte caca boudin, j’ai déjà plus de télé. Hein ? Ah non, pas mon ordi ! Faut pas déconner non plus. Quoique…  

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie chapiteaux 4Nous arrivons maintenant au chapiteau des pélicans, l’oiseau d’Hermès qui, d’après Robert-Jacques Thibaud, représente « l’œuvre générant puis entretenant sa création ». Selon lui, « le pélican symbolise l’axiome assurant que l’on ne découvre que ce que l’on possède déjà en soi. C’est l’image d’une autre phase de la longue quête spirituelle assimilable au grand-œuvre» Les oisillons, ici, ne mangent pas la nourriture de leurs parents, mais se nourrissent à la fleur cosmique à 4 pétales (la rose alchimique située au troisième niveau de la corbeille) qui pousse au ciel.

Le pélican nous amène au chapiteau suivant, où nous trouvons enfin l’éclosion de la fleur (la rose alchimique déjà aperçue), marquant un premier aboutissement. Il reste du chemin à parcourir dans la partie basse de l’église.

 

Bois-Sainte-Marie chapiteaux 8Voilà ce que notre ami désigne comme la représentation du désespoir: « deux grandes figures se penchent d'avant en arrière et se tiennent la tête à deux mains en se lamentant devant le mal ». Certes, ces hommes sont accablés. Le premier, bouche ouverte dans un cri muet, a les yeux bien ouverts face au lever du soleil au solstice d’hiver (correspondant à l’embellissement, à la beauté).

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie chapiteaux 16L’autre, bouche et yeux fermés, face au lever du soleil au solstice d’été (correspondant à la force dans la matière, à l’incarnation de l’activité), semble réfléchir. Ils sont assis, et entre eux s’épanouit la deuxième rose. Il s’agit encore d’un conflit, mais intérieur, totalement intellectuel. Les deux hommes donnent l’impression de trop penser, ça leur file une de ces migraines ! Moralité : nous n’avancerons non pas en pensant, mais en  marchant avec le cœur.

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie chapiteaux 12Cette dualité, cette plongée dans la matière, sera gouvernée par les deux maitres chapiteaux de la partie haute des murs de la nef, ceux qui donnent l’énergie aux autres.

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie chapiteaux 13Ils sont tirés de l’Apocalypse de Jean, le livre de la révélation des choses cachées, texte parfaitement ésotérique et symbolique. Le mot Apocalypse est issu du verbe grec «  apokaluptô », signifiant « dévoiler, révéler». Voilà la Grande Prostituée, chevauchant la Bête, et le Prince de ce monde, le regard tourné vers le couchant, vers la mort du soleil.

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie chapiteaux 7Nous avons maintenant dépassé la dualité, l’affrontement entre les forces du bien et du mal, nous pouvons passer dans l’église haute. Les chapiteaux de la croisée des transepts, où l’on reçoit l’information cosmique transmise par le clocher, sont identiques des deux côtés. Le côté lunaire et côté solaire n’existent plus, les deux principes sont réunis. Les premiers, regardant la nef, nous montrent des chevaux (les cavales surélevés sur des feuillages) réunis dans le même principe par la tête (ce cheval est-il un cheval-lié ?) et séparés par la troisième rose.

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie chapiteaux 6De l’autre côté du pilier se trouvent des chats. Posés au même endroit dans l’église que leurs cousins iguerandais, ils dansent, c'est-à-dire qu’ils ont les pattes arrière tournées vers le ciel rejoignant  les pattes avant tournées vers la terre, formant un cercle d’accomplissement. Ici aussi à première vue ils tirent la langue. Ce n’est pas une langue mais bien une dent qui leur sort de la gueule, nous prévenant qu’ici, dent j’ai.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie chapiteaux 5Suivent les chapiteaux des loups sortant des feuillages, appelés les loups verts. Il faudra que notre langue soit pure, comme les rinceaux qui sortent de sa gueule, formant le pendant du premier chapiteau rencontré, pour que nous puissions utiliser le langage des oiseaux et comprendre leur message, celui de l’ouvert. Nous pourrons alors entrer dans le saint des saints. Nous pourrons alors vivre pleinement le mystère du déambulatoire. Mystère, mot provenant du latin « mysterium », lui-même du grec ancien « mustêrion », l’initié », de « muô », serrer, fermer. Les mots muets et mutisme ont la même origine.

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie dessinIci point de chapelles rayonnantes, l’eau souterraine qui doit informer tout autel consacré est manquante. Bois-Sainte-Marie nous présente là une chose bien étrange : l’information énergétique passera par une autre voie, totalement solaire, réseau sacré qui va se diviser en 7 faisceaux qui pourront sortir par les 7 baies de l’abside. Chaque rayon, donc chaque information, sera activé selon plusieurs critères, passant des jours de la semaine au niveau de conscience du pèlerin.

 Nous nous trouvons en face du nombre 7, celui qui manifeste la maitrise acquise par l’expérience. Chevalier et Gheerbrant, dans leur dico des symboles, nous donnent un début de réponse à ce « mystère » :

 

 

 

Sept correspond aux sept jours de la semaine, aux sept planètes, aux sept degrés de la perfection, aux sept sphères ou degrés célestes, aux sept pétales de la rose, aux sept têtes du naja d'Angkor, aux sept branches de l'arbre cosmique et sacrificiel du chamanisme, etc.

Sept désigne la totalité des ordres planétaires et angéliques, la totalité des demeures célestes, la totalité de l'ordre moral, la totalité des énergies et principalement dans l'ordre spirituel.

Il était chez les Egyptiens symbole de vie éternelle. Il symbolise un cycle complet, une perfection dynamique. Chaque période lunaire dure sept jours et les quatre périodes du cycle lunaire (7 x 4) ferment le cycle. Philon observe à ce propos que la somme des sept premiers nombres (1 + 2 + 3 + 4 + 5 + 6 + 7) arrive au même total: 28. Sept indique le sens d'un changement après un cycle accompli et d'un renouvellement positif.

Il symbolise la totalité de l’espace et la totalité du temps.

Associant le nombre quatre, qui symbolise la terre (avec ses quatre points cardinaux) et le nombre trois, qui symbolise le ciel, sept représente la totalité de l'univers en mouvement.

Le septénaire résume aussi la totalité de la vie morale, en additionnant les trois vertus théologales, la foi, l'espérance et la charité, et les quatre vertus cardinales, la prudence, la tempérance, la justice et la force.

Les sept couleurs de l'arc-en-ciel et les sept notes de la gamme diatonique révèlent le septénaire comme un régulateur des vibrations, vibrations dont plusieurs traditions primitives font l'essence même de la matière.

On prête à Hippocrate cette sentence: le nombre sept par ses vertus cachées maintient dans l’être toutes choses; il dispense vie et mouvement: il influence jusqu’aux êtres célestes.

Sept est la clé de l'Évangile de saint Jean: les sept semaines, les sept miracles, les sept mentions du Christ: Je suis. Il revient quarante fois dans l'Apocalypse: septénaires des sceaux, des trompettes, des coupes, de visions, etc. Le livre est construit par séries de sept. Ce nombre désigne ici encore la plénitude d'une période de temps révolue (la création dans la Genèse); l'accomplissement d'un temps, d'une ère, d'une phase; la plénitude des grâces données par l'Esprit saint à l'Église.

Si l'on en croit le Talmud, les Hébreux voyaient aussi dans le nombre sept le symbole de la totalité humaine, mâle et femelle à la fois; et ceci par addition de quatre et de trois: en effet Adam, dans les heures de sa première journée reçoit l'âme qui lui donne complètement existence à l'heure quatre; c'est à l'heure sept qu'il reçoit sa compagne, c’est-à-dire qu'il se dédouble en Adam et Ève.

Dans les contes et légendes, ce nombre exprimerait les Sept états de la matière, les Sept degrés de la conscience. Les Sept étapes de l'évolution:

1. conscience du corps physique: désirs apaisés de façon élémentaire et brutale;

2. conscience de l’émotion: les pulsions se compliquent de sentiment et d'imagination;

3. conscience de l'intelligence: le sujet classe, ordonne, raisonne;

4. conscience de l'intuition: les relations avec l'inconscient se perçoivent;

5. conscience de la spiritualité: détachement de la vie matérielle;

6. conscience de la volonté: qui fait passer le savoir dans l'action;

7. conscience de la vie: qui dirige toute activité vers la vie éternelle et le salut.

 

Luc 11 : 9-10 : « Et moi je vous dis : Demandez, il vous sera donné. Cherchez, vous trouverez. Frappez, il vous sera ouvert.

Oui, tout demandeur reçoit; tout chercheur trouve; à tout frappeur il est ouvert. »

 

 

5 février 2016

La symbolique du pélican

P_lican_15aLe pélican, vieil oiseau remontant à la fin de l’ère secondaire, présent sur tous les continents, est vecteur, comme le cygne ou l’aigle, d’une symbolique riche. Pour la comprendre, il nous faut connaître son mode de vie.

 

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Le pélican, avec des ailes qui atteignent une envergure de 3m50 et un poids de 10 kg, fait partie des plus gros oiseaux. Il vit dans les zones humides des régions tropicales ou tempérées. Il peut se déplacer sur terre, dans l’air et sur l’eau.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

P_lican_47aC’est un oiseau grégaire, c'est-à-dire qu’il vit en groupe. Chez eux point de dominants ni de dominés, malgré une petite hiérarchie due à l’âge, tous sont égaux.

 

 

 

 

 

 

P_lican_26aUn couple, couvant alternativement les œufs, donne naissance à deux ou trois oisillons, totalement dépourvus de plumes. Les petits sont nourris par le père et la mère qui leur apportent la nourriture sous forme de bouillie régurgitée contenue dans la poche de son bec qu’il vide en le pressant contre sa poitrine.

 

 

 

 

 

Pélican 52aPlus tard, les jeunes pélicans de la colonie, regroupés sous la surveillance de quelques adultes, iront chercher les morceaux de poissons directement dans le gosier du parent, parfois même jusque dans l’œsophage.

 

 

 

 

 

Pélican 9aLa pêche occupe une petite partie de leur temps, ils préfèrent passer de longues heures à dormir ou à lisser leurs plumes au soleil.

 

 

 

 

 

 

Pélican 16aNous trouvons la trace de notre pélican chez les égyptiens qui en firent un animal d’ornement de jardins et de palais. Les prêtres l’assimilèrent au cygne : il était la Lumière, couvant l’œuf du monde.

 

 

 

 

 

Pélican 53aLes légendes du pélican se répandirent dans le monde grec puis romain. Voyant des morceaux sanguinolents de poisson régurgités, les hommes pensèrent que le pélican perçait sa propre chair pour nourrir ses petits. Il devint le modèle de l’amour parental.

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Pélican 33aDans le « Physiologos », bestiaire chrétien écrit en Egypte au IIe siècle qui influença tout le Moyen-âge, la légende fut reprise, d’autres ajoutées :

 

 

 

 

 

 

Pélican 36ales petits pélicans, à leur naissance, frappaient leur géniteur. En représailles, ils étaient tués, puis ressuscités trois jours plus tard grâce aux gouttes de sang que faisait couler sur eux leur mère.

 

 

 

 

Pélican 21aOu bien cette autre : l’ennemi du pélican, le serpent, tue les petits avec son venin. L’oiseau s’envole alors au-dessus d’un nuage qu’il inonde de son sang afin que le liquide, tombant avec la pluie sur les petits, puisse les ressusciter.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pélican 6aLe christianisme fit alors du pélican le symbole du sacrifice, du martyr et de la résurrection, comparant l’oiseau au Christ se sacrifiant pour la rédemption des pécheurs.

 

 

 

 

 

 

 

Pélican 13aEusèbe de Césarée et saint Augustin le mentionnèrent au début du IVe siècle. L’oiseau, dorénavant lié à la symbolique chrétienne, apparut alors dans de nombreux livres enluminés, sur les chapiteaux des églises et plus tard dans les armoiries.

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Pélican 4aEn héraldique, le pélican fut traditionnellement représenté comme un oiseau à bec d'aigle, dans son nid, les ailes déployées au-dessus de ses petits, se perçant la poitrine d'où coulent des gouttes de sang. Il est alors « Pélican de piété ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pélican 32aIl apparaît sur les armoiries de plusieurs familles, villes, pays, même imaginaire comme la Syldavie dans « Le sceptre d’Ottokar ».

 

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Pélican 31aDante, dans le « Paradis » de sa « Divine Comédie », compare le Christ à l’oiseau, en parlant de saint Jean qui fut représenté dans la Cène penché sur le sein du Sauveur :

« Voici venir celui qui coucha sur le sein

de notre Pélican: qui, du haut de la croix,

avait été choisi pour un office insigne. »

Pélican 30pgLa légende fut reprise par le romantique Alfred de Musset au XIXe siècle :

« Lui, gagnant à pas lent une roche élevée,

De son aile pendante abritant sa couvée,

Pêcheur mélancolique, il regarde les cieux.

Le sang coule à longs flots de sa poitrine ouverte;

En vain il a des mers fouillé la profondeur;

L'océan était vide et la plage déserte;

Pour toute nourriture il apporte son cœur.»

Pélican 5Les alchimistes s’emparèrent très tôt de notre pélican. Eux qui utilisaient les oiseaux pour symboliser les parties volatiles de la matière, utilisèrent celui qu’ils appelaient « oiseau d’Hermès » comme représentant leur Mercure.

 

 

 

Pélican 17aUn vase alchimique, récipient  hermétique muni de deux tubes reliant le sommet, ressemblant à la silhouette du pélican qui se perce le flanc, porte son nom. Le pélican représenta aussi l’œuvre au blanc, les trois petits étant respectivement le Sel, le Soufre et le Mercure.

 

 

 

Pélican 40aLes Rose-Croix à leur suite utilisèrent le symbole, qui fut repris dans la Franc-maçonnerie pour l’ordre ultime du Rite Français et pour le dix-huitième degré du Rite Ecossais Ancien et Accepté, qui porte le titre de « Souverain Prince Rose-Croix, ou Chevalier de l’Aigle et du Pélican ».  

 

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Pélican 3On retrouve notre oiseau accompagné des outils sur des tabliers correspondant à ces degrés. Il pourrait alors symboliser la consécration au grade de maitre et l’achèvement du parcours initiatique, comme le pélican, victorieux de la mort, pourrait faire renaitre ses enfants vers la lumière de l’initiation.

 

 

 

 

 

 

 

Pélican 11aAu final, notre oiseau porte en lui les symboles de la mort, de la renaissance, donc des cycles de la Vie, de la quête spirituelle tendant vers la lumière.

 

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Pélican 18aJe terminerai par une citation de Robert-Jacques Thibaud qui voit dans le pélican une représentation de « l’œuvre générant puis entretenant sa création ». Selon lui, « le pélican symbolise l’axiome assurant que l’on ne découvre que ce que l’on possède déjà en soi. C’est l’image d’une autre phase de la longue quête spirituelle assimilable au grand-œuvre ».

 

 

 

 

 

Pélican 25aLes oisillons, en ce cas, pourraient-ils représenter le corps, l’âme et l’esprit au même titre qu’avec lui, par lui et en lui, ou les trois niveaux de lecture, ou les trois phases du Grand-Œuvre ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pélican 55aMais… il parait qu’au départ, dans la légende, les oisillons étaient au nombre de… sept. Comme le nombre d’arcatures du déambulatoire de l’église de Bois-Sainte-Marie.

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Pélican 8aEt puis un oiseau qui possède sa propre marque de bière ne peut pas être mauvais... Allez, à la prochaine !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

http://www.larousse.fr/encyclopedie/vie-sauvage/p%C3%A9lican/178178

http://hermetisme.over-blog.com/article-rennes-le-chateau-les-3-oiseaux-de-brenac-72658010.html

http://www.occitanie-cathare.eu/le-pelican-un-drole-d-oiseau

25 janvier 2016

La symbolique de l’olifant, du cor, de la trompe et de la trompette

Iguerande_chapiteaux_23aVoici le chapiteau des joueurs de trompe d'Iguerande. Deux hommes sortant des feuillages portent chacun une trompe. Le mot « trompe » désigne tout instrument de musique à vent à embouchure, formé d’un simple tube évasé en pavillon.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Iguerande_Trompe_Olifant_1aLa symbolique de l’olifant, du cor, de la trompe et de la trompette est donc sensiblement la même. D’après Eugène Viollet-le-Duc, « l'olifant était un cor de guerre et de chasse, servant à donner des signaux, à rallier les troupes. L'olifant était donc un instrument considéré comme noble que portaient les chefs, ou un homme qui les suivait. L'olifant était alors une marque distinctive de commandement, de dignité ».

 

 

 

 

 

 

Iguerande_trompe_1aLe cor, quand à lui, annonce des nouvelles, bonnes ou mauvaises, il alerte, il proclame, il signale.

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J’ai trouvé une belle définition de la trompette sur le net : « La trompette, attribut de Gabriel, le Régent de la Lune et des anges, sert à sonner l’appel à l’éveil, souvent appelé le Réveil des morts ou le Retour au Royaume du Père, dans un éclat d’énergie. Elle règle les principaux moments du jour et annonce les grands moments historiques et cosmiques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Iguerande_trompette_1Elle associe le Ciel et la Terre dans une célébration commune, soulignant toute conjonction importante d’éléments et d’événements marqués par une manifestation céleste destinée à la Terre et à ses habitants. Elle lance l’appel victorieux de l’Esprit, le Principe unificateur et sublime de la Matière, et confère le plus haut degré de l’Initiation.  Elle affirme la foi agissante qui permet d’organiser l’assaut et le triomphe sans combat ».  

 

12 janvier 2016

Le prieuré d’Anzy-le-Duc


Historique



Anzy_le_Duc_2aLe village actuel d’Anzy-le-Duc se trouve probablement sur le site d’une ancienne villa rustica, Anziacum, domaine foncier consacré aux travaux agricoles datant de l’époque gallo-romaine. Le viguier de Semur-en-Brionnais, Lethbald, sans descendance, en fit don en 876 à l’abbé Arnulf d’Autun, qui envoya sur place Hugues, originaire de l'abbaye de Saint-Savin-sur-Gartempe en Poitou et déjà connu pour sa grande piété, afin d’y bâtir un prieuré bénédictin.

 

 

 

 


ANZY_autelLe moine fit construire un hospice, des bâtiments monastiques et une église vers 880, à laquelle il donna une triple dédicace, chose fort peu commune vous en conviendrez : à la Sainte Trinité, à la Sainte Croix et à la sainte Mère de Dieu, la Vierge Marie (inscription trouvée sous les marches du sanctuaire).

 



Anzy_11aLa notoriété de notre bon moine fit venir foule. Hugues était sollicité pour ses prières et ses conseils, mais aussi pour ses talents de guérisseurs d’hommes et de bêtes, pour ses bénédictions de graines et semences qui devenaient fécondes, et pour ses commandements aux éléments déchainés qu’il apaisait d’un regard.

 

 

 

 

 

 

Anzy_10aC’est après sa mort, vers 930, qu’un pèlerinage autour de ses reliques prit forme. Tout d’abord enterré près de sa cellule de moine, son corps dut être transféré dans un sanctuaire digne de lui après de nombreux miracles (guérisons, exorcismes, lévitation du tombeau).  

 

 

Anzy_le_Duc_crypte_2aSes ossements furent ensuite portés au concile d’Anse en 934, en présence d’Odilon de Mercœur, abbé de Cluny. C’est vers 1001, après la décision de construire une église plus vaste, que se fit la translation solennelle de son corps dans la crypte. Odilon fut le commanditaire des travaux qui commencèrent par le chœur et le transept et durèrent jusqu’en 1050. Le prieuré, défendu par des enceintes et des tours, fut agrandi.

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_1Malgré les défenses, il fut saccagé par les troupes du Prince Noir en 1368, puis par les Huguenots en 1576 qui mutilèrent les sculptures des portails occidentaux et détruisirent le tombeau du saint. Il fut repris et pillé en 1594 par les Ligueurs. En 1644, le prieur Henri de Castille fit venir de Rome les reliques des saints martyrs persans Abdon et Sennen, afin de continuer le pèlerinage.

 

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_56Malgré tout commença le déclin. A la Révolution, il ne restait plus que quelques moines. Le prieuré fut vendu comme bien national et l’église, qui devait être détruite, fut rachetée par des habitants de la commune et servit d’entrepôt. La crypte, quand à elle, fut transformée en cave à vin. Après la destruction de l’église du village en 1818, la prieurale fut rachetée par la commune et devint paroissiale. Elle fut classée Monument Historique en 1851. La crypte fut rendue en 1987, fut restaurée et ouverte au public en 1994.

 

 

 

 

Les bâtiments du prieuré

 

Anzy_le_Duc_6Il nous est parvenu quelques bâtiments de l’ancien prieuré, situés au sud de l’église, autour d’une cour qui fut le jardin du cloître.

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_4aLe logis du prieur fut reconstruit, entouré de granges et de maisons des XVIe et XVIIe siècles, aujourd’hui propriétés privées.

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Anzy_le_Duc_8La grosse tour carrée de la justice, du XIIe siècle, se trouve encore à l’angle de l’ancienne enceinte. Les deux baies géminées romanes à colonnettes de sa façade est s’ouvrent sur la cour.

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Anzy_le_Duc_5Quelques  remparts, du XIIe siècle également, entourent partiellement au sud et à l'ouest l’ancien prieuré.
 

 

 

 

 

 

 


Le portail sud du prieuré

Anzy_le_Duc_9Le portail perce le rempart côté sud.  Plus tardif que celui de l’église, il est daté des années 1140, et attribué à l’atelier de sculpteurs du portail de Neuilly-en-Donjon, eux-mêmes influencé par Gislebertus d’Autun. N’ayant pas été protégé des intempéries, mutilé au XVIe siècle, il est très abimé, mais on peut encore apercevoir sur le tympan, comme à Neuilly, une Epiphanie, les deux arbres d’Eden et la cueillette du fruit de la connaissance, et la chute d’Adam et Eve.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_10aLe linteau est intriguant. Il est habituellement décrit comme montrant le jugement dernier, avec la séparation des élus allant vers la Jérusalem céleste et des damnés enchainés en enfer aux côtés d’un serpent monstrueux appelé Léviathan. Mais… Si on regarde bien, il se pourrait que la bande-dessinée se lise d’une autre façon.

 

 

 

Anzy_le_Duc_4bTout d'abord le chapiteau de gauche présente peut-être le sacrifice d'Isaac, qui, comme l'a si bien dit Robert-Jacques Thibaud, ne représente que le "don de soi, l'offrande initiant une mort libératrice. Lorsque nous nous destinons à un parcours spirituel, héroïque ou initiatique, il est nécessaire d'abandonner ce qui nous est le plus cher. C'est une mise à l'épreuve de notre détermination, il faut mettre notre idéal ou notre foi au-dessus de toutes choses."

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_12aNormalement, quand il s'agit du sacrifice d'Isaac, près de la scène, caché dans un buisson, se trouve un ange prêt à arrêter le bras d'Abraham, et un agneau destiné à prendre la place du jeune homme. Ici, point de trace. Il se pourrait alors que le chapiteau ne nous montre qu'un homme, tenant un autre homme par les cheveux (la force vitale), lui coupant la tête. Nous serions alors en présence de la symbolique bien connue de la décapitation qui permet de laisser sa tête, c'est à dire le mental, et de ne fonctionner qu'avec le cœur.

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_10bLe linteau  ensuite nous montre la Jérusalem céleste, puis un ange (les anges, ne l'oublions pas, ont comme fonction  de nous permettre de découvrir la réalité de notre être profond, en nous faisant évoluer, ils sont nos guides sur le chemin de la révélation) conduisant des hommes vers le centre, où ils seront prêts à monter directement vers la Vierge et l'enfant au-dessus.

 

 

 

 



Anzy_le_Duc_13aA gauche du portail, une scène de combat chevaleresque très endommagée, comme le chapiteau, difficile d'en faire l'interprétation. Il semblerait que nous ayons un homme dont la tête, les mains et les jambes sont suspendues au ciel par une corde.

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_14aSur le linteau, des hommes sont guidés par un ange vers un serpent tellurique, monté par un diable ailé qui tient d'autres hommes enchainés par le cou. Le serpent présente ensuite un homme au centre du linteau, comme pour le faire monter au ciel lui aussi. Les épreuves sont passées, la matière et les énergies cosmo-telluriques sont dominées.

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_14baNous serions alors, sur l’ensemble du portail, en présence d'un mode d'emploi indiquant les différentes façons d'atteindre la manifestation de l'état christique après les épreuves de la chute. Par les trois rois-mages, nous avons les trois phases  du grand œuvre alchimique, qui amèneront à la transmutation du vil métal en or. La fleur à 5 pétales du chapiteau de droite est une promesse de quintessence. Par les trois degrés de la connaissance de l’être, le corpus (homme), l’animus (saint) et le spiritus (sage), par la renaissance du Christ en nous et l’abandon du vieil homme, nous deviendrons re-nés, un homme nouveau qui a terminé les étapes du grand œuvre.

 

 

 



Le portail ouest du prieuré, ou portail d’Arcy


Anzy_4aIl provient de l’ancienne entrée principale du prieuré. Démantelé en 1791 pendant la Révolution, il fut conservé dans le château d’Arcy, puis fut donné en 1896 au musée du Hiéron à Paray-le-Monial où il orne à présent la salle centrale. Daté d’environ 1130, son style est celui de la fin de l’art roman et s’apparente à celui de Charlieu.

 

 

 

 

 

 

Anzy_4bLe tympan représente le Christ en gloire dans une mandorle portée par deux anges. Il porte un livre ouvert dans sa main gauche et bénit de la droite. Une restauration, faite en 2003, a montré les traces d’une ancienne polychromie : la tunique du Christ était rouge, le fond du tympan vert-bleu.

 

 

 

 

 

Anzy_tympan2aLe linteau présente une scène rarissime : la Vierge allaitant l’enfant, entourée par 4 saints hommes portant auréole (peut-être Moïse, Pierre, Paul et Etienne) et 4 saintes femmes inconnues.  
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Anzy_5aLes chapiteaux nous montrent des hommes barbus portant phylactère, supposés être des prophètes.

 

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12 janvier 2016

La prieurale Notre-Dame-de-l'Assomption


L’extérieur

Anzy_le_Duc_16L'église fut construite en calcaire doré du Brionnais, commencée en petit appareil par le transept et terminée avec la nef en pierres plus épaisses.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_2Le clocher du XIIe siècle, de style Lombard, à trois étages octogonaux percés de baies géminées (24 en tout, nous retrouverons ce nombre plus tard), surmonte la coupole du transept. Il mesure 26m de hauteur et 6m de diamètre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Anzy_le_Duc_57Les modillons de la corniche sud présentent une sculpture remarquable, reprenant l’étonnant cyclope de l’église d’Iguerande, avec sa barbe double et ses moustaches tournées vers le ciel.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_59Ailleurs, une chauve-souris, un moine tirant la langue, un singe, un tireur d’épine, une sirène, etc.

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Anzy_le_Duc_17La façade occidentale nous offre un portail qui présente sur son tympan un Christ en gloire dans une mandorle entouré de deux anges, comme le portail d’Arcy.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_18Sur le linteau sont représentés les 12 apôtres encadrant la Vierge Marie.

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_25aTout autour, sur l’archivolte à double voussure, très abimés, 19 de ceux que l’on nomme les 24 vieillards de l’apocalypse, les 5 autres étant représentés sur les chapiteaux.

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Anzy_le_Duc_21aPersonnages mystérieux de l’Apocalypse de Jean, il est dit que leur rôle est d’adorer Dieu et de le conseiller. Ils sont généralement barbus, ceints de la couronne des élus, habillés d’une toge blanche, portant de la main droite un vase ou une coupe et de la gauche un instrument de musique. Mais ils ne sont jamais représentés comme des… vieux. La traduction de Chouraqui nous donne ceci :
« Autour du trône, des trônes, vingt-quatre ; et sur les trônes, vingt-quatre Anciens assis habillés de vêtements blancs ; et sur leurs têtes, des couronnes d'or.»   (Apocalypse 4:4)
« Quand il prend le volume, les quatre Vivants et les vingt-quatre Anciens tombent en face de l'agneau. Ils ont chacun une cithare et des coupes d'or, pleines d'encens. Ce sont les prières des consacrés. » (Apocalypse 5:8)

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_23aLa cithare est figurée à Anzy par la citole en usage au XIIe siècle. La symbolique reste la même : l’encens contenu dans les vases comme la musique des instruments servent à faire parvenir aux cieux les prières et les louanges provenant de la terre. Et entre un vieillard et un ancien, je vois une grosse différence. A vous de choisir en fonction de ce que vous ressentez.

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Sumer_1Le nombre 24, dans le dico des symboles de Chevalier et Gheerbrant, peut se rapporter à la double harmonie du ciel et de la terre (12x2), à un équilibre harmonieux, aux « Juges de l’univers » des mages chaldéens (12 étoiles australes et 12 boréales, celles qui se voient préposées aux vivants, celles qui ne peuvent se voir assignées aux morts), à la roue des renaissances, etc.

 

 

horloge_24_heures_Greenwich_1C’est encore une fois Thibaud qui va nous apprendre que 24 est « la particularisation plus précise des séquences d’expérimentation. Une journée est divisée en 24 heures, la Bible est composée de 24 livres…. Il semble qu’on ait voulu montrer un nécessaire et très dosé apprentissage. »  

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_19aCôté gauche, lunaire, est représenté sur le corbeau, à côté d’un atlante, un âne musicien. L’âne possède une symbolique bien spécifique. Il a pour fonction le transport, et pour mission la révélation.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


L’intérieur


Anzy_le_Duc_plan_8Le plan de type bénédictin en forme de croix latine de l’église reproduit celui de Charlieu : une nef à cinq travées, deux bas-côtés, une abside et  cinq absidioles. L’église est orientée à l’est, décalée de 6° sur l’équinoxe.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_1La nef à deux étages avec de grandes arcades surmontées de fenêtres hautes, datée de la deuxième moitié du XIe siècle pour la partie haute et du tout début du XIIe pour la basse, est voûtée d'arêtes sur arcs doubleaux en plein cintre.

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_35aLa croisée des transepts est surmontée d’une coupole octogonale sur trompes. Les transepts datent de la fin du XIe siècle.

 

 

Anzy_le_Duc_33L’abside en hémicycle, décorée d’arcatures de type lombard sur pilastres, se termine par un prolongement formant une cinquième absidiole. Le chœur, voûté en cul-de-four, fut repris à la fin du XIe siècle et son sol fut surélevé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_70L’église contient des fresques murales du XIIe siècle découvertes sous un badigeon en 1855. Elles furent restaurées en 1857, c'est-à-dire largement refaites, par le peintre Jean-François Maurice.

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Anzy_le_Duc_72Anzy_le_Duc_73Elles reproduisent, dans les absidioles, l’histoire du martyr de saint Jean-Baptiste, la vie de saint Benoit et de saint Maur, celle de Jacques le Majeur et on peut voir une représentation des premiers donateurs, Lethbald et sa femme.

 

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_34Sur le cul-de-four de l’abside est peint une scène de l’Ascension sur fond bleu-vert, avec le Christ dans une mandorle entouré de deux anges. Il surmonte les 12 apôtres, comme sur le tympan du portail occidental, mais à la place de la Vierge, les 3 saintes femmes sont rajoutées.

 

 

 

 

 


La crypte

 

Anzy_le_Duc_crypte_e1On accède à la crypte par un escalier aménagé dans le transept nord. A l’origine, elle était desservie par deux escaliers latéraux se rejoignant en un seul devant le chœur.

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_crypte_aCette crypte, partie la plus ancienne de l’église, est peut-être celle qui fut construite pour recevoir les reliques de saint Hugues, le fondateur du prieuré. Certains la datent du début du XIe siècle, lors de la reconstruction romane de l’église, d’autres la font remonter aux temps carolingiens du premier prieuré.


 

 

 

 

Anzy_le_Duc_crypte_bLe plan développe une nef centrale, une abside avec chapelle axiale et deux bas-côtés se terminant par une absidiole.

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_crypte_d1Un fragment de peinture murale, une tête de moine, est daté par certains du XIIe siècle, d’autres parlent du XIVe.  


 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_crypte_1Les voûtes d’arrête sont soutenues par des piliers à chapiteaux, dont deux, en pierre grise, proviennent d'une colonne antique scindée.

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Anzy_le_Duc_crypte_3aPar terre, de la terre battue. On ne peut oublier la transformation de cette crypte en cave à vin lors de la Révolution, et ce jusqu’en 1987, date à laquelle l’ancien propriétaire la rendit à l’église.

 

 

 

 

 



Les chapiteaux

Anzy_le_Duc_42Les 12 piliers cruciformes, flanqués chacun de trois colonnes engagées, sont surmontés de chapiteaux sculptés. Je ne vais pas vous traduire tous les chapiteaux, je ne vous donnerai que quelques interprétations puisque c’est  le sujet d’une partie du stage que j’anime dans le Brionnais avec Jacques Bonvin.

 

 

 

 

 

Brionnais_1Les plus intéressés et les moins patients iront de ce pas consulter le livre « Brionnais symbolique et roman » où ils retrouveront des explications, tout en sachant qu’une église peut se lire mais ne se vit que sur place. Je suis effarée des interprétations que font parfois les guides officiels de ces chapiteaux romans. Ils veulent absolument y voir des péchés, de la luxure, de l’avarice, de la colère ou de l’orgueil. Et ils disent que ces gens du Moyen-âge étaient frustres, primaires, sans aucun sens commun…. Z’êtes sûrs ?

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_chapiteaux_34aComme dans toute église romane, les chapiteaux cachent une histoire dans leur symbolisme, ce qui nous est confirmé dès l’entrée, côté lunaire, avec des oiseaux affrontés. On le dit « oiselé », il porte le langage des oiseaux que nous allons devoir maitriser tout au long de notre parcours. Nous commençons avec ces oiseaux donc, surélevés dans des feuillages. Le feuillage porte en lui l’espérance puisqu’il va donner des fleurs puis des fruits, révélant les trois étapes de la transformation.

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_chapiteaux_36aLes oiseaux, dans la symbolique romane, sont les représentants de l’esprit, illustrant par leurs fonctions, leurs tailles, leurs couleurs ou leurs places l’avancement de la vie spirituelle. Leurs ailes serviront à l’esprit à se rapprocher du « ciel ». Ils sont les messagers des mondes supérieurs. Là, au début du parcours, ils sont dans la dualité et regardent le couchant. Il faudra un retournement, le mode d’emploi sera donné dans les chapiteaux suivants. Mais regardons de plus près.

 

 

 

 



Anzy_le_Duc_chapiteaux_35aLes feuilles de ce chapiteau sont représentées sur trois niveaux, avec au centre un épanouissement en forme de corolle d’où s’échappe une dernière tige portant bourgeon. Le feuillage est constitué probablement de feuilles non pas d’acanthe comme nous disent les guides mais bien de chélidoine qui, comme vous le savez maintenant, symbolise l’accès à la lumière.

 

 

 

 

 

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La tradition prêtait à cette plante magique les propriétés de ramener la vue aux aveugles, redonner vie aux mourants, favoriser les rêves et la clairvoyance… tout un programme. La Chélidoine tire son nom du grec Khelidon  qui veut dire hirondelle. La tradition rapporte que ces oiseaux se servaient du latex de la plante pour nettoyer les yeux de leurs petits.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_hirondelleIl semblerait bien que les oiseaux représentés soient des… hirondelles ! Une autre étymologie leur donne comme origine le latin Coeli Donum, le don du ciel, nom donné par les alchimistes du Moyen-âge. Ces alchimistes et leur langage alambiqué, nous allons les retrouver tout au long du parcours, nous montrant la marche à suivre afin de transformer le vil métal en or pur, c'est-à-dire notre transformation intérieure, avec ses trois phases bien connues.
En résumé, le message du premier chapiteau est le suivant : ouvrez vos yeux, lisez, expérimentez, Anzy-le-Duc peut vous transformer. Ah oui, certainement, ces gens là étaient primaires.

 

Anzy_le_Duc_chapiteaux_5Un deuxième chapiteau va attirer notre attention. Il est présenté habituellement comme un « acrobate dévoré par deux serpents monstrueux entrelacés », une « belle représentation de l'homme luttant contre les forces du mal », ou bien comme « Jonas et la baleine », ou encore comme un « homme nu renversé mordu par deux dragons aux queues dressées en spirale représentant la chute ou le péché ». Un œil plus averti va voir bien autre chose. Nous sommes là en présence d’un acrobate, un initié qui a commencé son retournement. Ses mains sont bien posées sur l’astragale symbolisant la terre, un de ses pieds essaie de toucher le tailloir représentant le ciel.

 

 

 

 

 



Anzy_le_Duc_chapiteaux_6L’autre pied est posé sur l’un des deux serpents telluriques, nous indiquant que c’est en maitrisant ces forces terrestres que la transformation commence. L’autre vouivre va l’aider en lui insufflant son énergie directement au niveau du cœur, là où se trouve la pureté. Mais en regardant bien, la première vouivre sur laquelle l’acrobate s’appuie ouvre la gueule devant le talon du pied qui rejoint le ciel. Elle est en attente, et si l’acrobate échoue, elle sera là pour reprendre à l’homme l’énergie vitale que l’autre lui a donnée.

 

 

 

 

 

 

Achille_3bLa tradition nous parle du talon comme de l’endroit d’où peut s’échapper l’âme au moment de la mort, et tout le monde se souvient d’Achille et de son point faible. Le pied est la base sur laquelle l’homme s’appuie pour avancer et le talon et son tendon qui relie l’os au muscle représentent la possibilité de réaliser les pensées et les désirs. Le pied est aussi la représentation de la liberté (ce n’est pas pour rien que les chinois bandaient les pieds des petites filles) et la clé de nos appuis relationnels (ce n’est pas pour rien que beaucoup de traditions parlent du lavage des pieds qui purifiait la relation au monde voire au divin).

 

 

 

Anzy_le_Duc_chapiteaux_7Le fait que cet acrobate, pour pouvoir atteindre le ciel, ait besoin de la maitrise de la vouivre, nous amènera au prochain chapiteau représentant…. Saint Michel, celui qui est comme Dieu, terrassant le dragon et non pas tuant le démon. CQFD.

 

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_49L’arc triomphal d’Anzy-le-Duc nous apprend qu’il faut comprendre les trois règnes pour pouvoir atteindre le chœur et le saint des saints. Nous avons donc la pierre des deux colonnes pour le minéral, surmontée de deux chapiteaux de feuillages pour le végétal, suivi de deux lions pour l’animal (toujours deux, la dualité) pour terminer sur la clé de voûte avec un homme et une femme réunis. Celui qui a eu l'idée de mettre au-dessus le Christ, même s'il est crucifié, ne s'est pas trompé.

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_chapiteaux_23aBeaucoup d’autres chapiteaux, beaucoup de magie, de langue des oiseaux, de symboles alchimiques vont accompagner, à Anzy-le-Duc, ceux qui vont suivre le chemin que nous propose la prieurale Notre-Dame-de-l'Assomption.

 

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_50Notre-Dame, nous la retrouverons sur la clé de voûte du bas-côté nord, côté lunaire bien entendu, assise sur une cathèdre, hiératique, l’enfant dans son giron. Ceux qui suivent le blog la reconnaitront.

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http://www.bourgogneromane.com/edifices/anzy.htm

http://www.art-roman.net/anzy/anzy2.htm

http://photos-eglises.fr/Bourgogne/71/Anzy/crypte.htm

http://pjpmartin.free.fr/site/FMD2.htm

http://pjpmartin.free.fr/site/Anzy_tympan.htm

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k35687b/f351.image

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Notre-Dame-de-l'Assomption_d'Anzy-le-Duc



4 janvier 2016

Evolution spirituelle

Extrait de l’ouvrage de Paul Petrino « Le petit manuel de l’apprenti-dieu », aux éditions Mosaïque

 

S’il n’y a pas de chemin préétabli pour arriver à la réalisation de l’Être, par contre il y a une dynamique : on l’appelle communément l’évolution. Cette dynamique évolutive se manifeste sur Terre principalement par trois types de cheminement. Chaque humain choisit le sien.

Element_eauOn observe donc que, d’une manière quasi générale en matière d’évolution spirituelle, il y a trois cheminements (ou démarches), trois moteurs et trois outils.

Element_terre_4Chaque cheminement apporte un bénéfice spécifique mais comporte une dérive potentielle. D’une manière habituelle, les chercheurs de vérité ont commencé leur expérience terrestre  dans le premier cheminement (le plus répandu sur terre), puis sont passés dans le second.

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Un certain nombre y reste, d’autres désirent expérimenter la troisième voie. Chaque démarche a sa raison d’être car tout le monde n’évolue pas à la même vitesse et n’a pas dans cette vie les mêmes buts, les mêmes besoins. Aucun cheminement n’est supérieur à l’autre car ils sont tous à risque.

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TROIS DÉMARCHES
-   La démarche du croyant: elle propose la discipline et risque l’intolérance.
-   La démarche du sachant propose la lucidité et risque l’orgueil.
-   La démarche du connaissant propose l’admiration et risque la dominance.

TROIS MOTEURS D’ÉVOLUTION
-   Pour le croyant c’est la confiance.
-   Pour le sachant c’est la compréhension.
-   Pour le connaissant c’est l’assimilation.

TROIS OUTILS D’ÉVOLUTION
- Pour le croyant c’est la dévotion religieuse, avec pour risque le fanatisme.
- Pour le sachant, c’est la recherche intellectuelle avec pour risque le jugement.
- Pour le connaissant c’est la perception subtile, avec pour risque l’illusion.



Chaque démarche est légitime si elle est adaptée au niveau de l’être qui est venu sur terre pour se parfaire. Je connais un cardinal qui baigne dans la croyance la plus primaire alors qu’il est intellectuel et un berger qui vole au plus haut de la connaissance alors qu’il est illettré.

Précisions de vocabulaire :

CROIRE c’est prendre à son compte des informations ou des enseignements qu’on ne peut pas ou qu’on ne cherche même pas à vérifier, et s’y tenir fermement.
SAVOIR c’est se fier à des informations qu’on a reçues ou collectées mais que l’on n’a pas vérifiées soi-même.
CONNAITRE ce sont des informations qu’on a vérifiées ou des expériences qu’on a vécues et intégrées au plus profond de soi.

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10 décembre 2015

L'église Saint-Marcel d’Iguerande



Historique



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Les hommes se sont installés sur ce territoire depuis très longtemps, comme le prouvent les découvertes archéologiques d’une hache de porphyre poli, d’un bois de cerf taillé, et enfin d’outils beaucoup plus anciens, des bifaces, remontant à la période acheuléenne.

 

 

Iguerande_1Le  village, fondé sur l’une des sept  collines de la commune, et dominant la vallée de la Loire, possède un nom gaulois : Iguerande (d’ Equoranda, limite par les eaux), poste frontière de la Gaule celtique entre les Eduens, les Arvèrnes et les Ségusiaves. Situé sur la voie reliant Feurs à Autun, les romains s’y installèrent et construisirent plusieurs villæ.

 

 

 

 

 

Iguerande_4La première mention du village, sous le toponyme de Vuiranda, apparaît en 867. Au Xe siècle, le village possède trois églises : Saint-André, Saint-Jean-Baptiste et Saint-Marcel. En 938, Bernard fit don de ses propriétés d’Iguerande à l’abbaye de Cluny nouvellement fondée.

 

 

 

 

 

Iguerande_12En 956, Maimbodus, évêque de Mâcon, donna à Cluny les revenus de l'église Saint-André. Une petite communauté de moines vint s’y installer. A la fin du IXe siècle, la puissante famille de Semur fit un don afin de reconstruire l'église.

 

 

 

 

 

 

Iguerande_17En 1088, la prieure de Marcigny échangea avec Hugues, abbé de Cluny, sa seigneurie de Brezé-la-Ville contre le prieuré d’Iguerande. Les bénédictines firent alors reconstruire l’église, celle que nous pouvons voir aujourd’hui.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Iguerande_chapiteaux_4Commencés à la fin du XIe siècle par le chœur et le chevet, les travaux se terminèrent vers 1120. A cette époque,  Iguerande formait toujours une frontière, mais cette fois-ci entre la langue d'oïl et le franco-provençal. Nous verrons plus loin que cela revêt une certaine importance.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Iguerande_5Les moniales quittèrent  le prieuré au XVIe siècle puis l’église Saint-André devint paroissiale au XVIIe. Elle prit alors le vocable de l’ancienne église, Saint-Marcel. Les bâtiments du prieuré furent détruits pendant la Révolution.

 

 

 

 

 

 

Iguerande_6L’église, consolidée au XIXe siècle, est tout ce qu’il reste de ce passé glorieux. Classée Monument Historique en 1913, l’intérieur fut restauré en 1977.

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L’extérieur



Iguerande_22L’église Saint-Marcel d’Iguerande, posée au sommet de la colline, s’aperçoit de loin. Avec son clocher carré trapu et ses contreforts, elle donne une impression de solidité et de simplicité.

 

 

 

 

 

 

Iguerande_8La façade, légèrement en saillie au niveau de la nef centrale, possède un portail en plein cintre surmonté d’une fenêtre ébrasée. Le tympan, encadré par une archivolte composée d'un gros tore, n’est pas sculpté.

 

 

 

 

 

 

Iguerande_10Les pieds-droits qui portent le linteau sont des demi-colonnes munies de bases et de chapiteaux à sculpture plate.

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Iguerande_7Le mur méridional, percé de trois fenêtres en plein cintre probablement agrandies par la suite, est flanqué de puissants contreforts en talus, très imposants, qui furent ajoutés au début du XIXe siècle par précaution à la suite de travaux dans le cimetière attenant.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Iguerande_3Le chevet, totalement roman, est un peu défiguré par la sacristie moderne colée sur l’absidiole méridionale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Iguerande_14La corniche est portée par des modillons sculptés, où l’on peut voir la progression d’un acrobate.

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Iguerande_13Le clocher, construit au-dessus de la croisée du transept, possède deux étages. L'étage inférieur est percé au nord et au sud d'une ouverture en plein cintre ornés de baies géminées. L’étage supérieur possède sur chaque face des baies géminées avec doubles colonnettes et  grandes archivoltes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



L’intérieur

 

Iguerande_plan_1Le plan cruciforme de Saint-André d'Iguerande est classique : une nef centrale peu élevée et donc dépourvue de fenêtres hautes (église dite à nef obscure, éclairée par les fenêtres des bas-côtés) et deux bas-côtés de trois travées, un large transept saillant, un chœur d'une travée prolongée par une abside en hémicycle entre deux absidioles.

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Iguerande_0Le plan est classique, l’orientation l’est moins. L’église, contrairement à l’orientation générale des édifices romans par rapport au lever du soleil à l’équinoxe de printemps, est décalée de 60° au nord/ouest, ce qui la met en ligne avec le lever du soleil au solstice d’été et le coucher du soleil au solstice d’hiver. Elle est également calée sur la date de la fête de son saint patron, André. Vous pouvez aller voir la symbolique d’André ici.

 

 

Iguerande_20Vous pouvez aussi imaginer le rapport particulier de l’église à la course du soleil, ce qui va faire d’elle une voie de transformation réservée aux initiés (l’église a spécialement été construite, ne l’oublions pas, pour des moniales qui normalement devaient être au courant).
Le sens du parcours du pèlerin en est changé, et donc la lecture des chapiteaux se fera dans un ordre différent de l’habituel : nous partirons, dans cette église solaire, dans le sens lévogyre.   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Iguerande_18Les travées de la nef centrale sont voûtées en berceau, séparées par les arcs doubleaux.

 

 

 

 

 

 

Iguerande_19Les bas-côtés sont voûtés d'arêtes et communiquent avec la nef par de grandes arcades en plein cintre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Iguerande_23aUne coupole octogonale sur trompes en cul de four s'élève sur la croisée du transept.

 

 

 

 

 

 

 

Iguerande_21aL’abside centrale est divisée par sept arcatures sur colonnettes et chapiteaux. Les fresques représentant saint Pierre et saint Paul datent du XVIe siècle. Le décor peint sur les voûtes et arcs est quand à lui du XIXe.

 

 

 

 

 


Les chapiteaux

 

Iguerande_chapiteaux_4Les chapiteaux d’Iguerande, datés de la fin du XIe siècle, et donc parmi les plus anciens du Brionnais, sont remarquables sur plusieurs points. Comme dit précédemment, ils furent sculptés pour des moniales et non pas pour le simple pèlerin.

Remarquons une première chose : les piliers de la nef sont de plan carré et chacune des faces est cantonnée d’une demi-colonne engagée, alors que ceux de la croisée des transepts sont de plan cruciforme avec deux faces plates (les demi-colonnes engagées, pour les deux premiers, sont situées sur la face tournée vers l'axe de la nef et sur la face orientale. Pour les suivants, c'est la face orientale et la face occidentale). Allez sur place avec votre boussole, et regardez la direction vers laquelle sont tournés les personnages sculptés des chapiteaux. Nous sommes dans la symbolique des orientations.

 

 

 

 

 

 

 

 


 

Iguerande_chapiteaux_6Partons maintenant sur les pas du pèlerin, qui, ici, comme nous l’avons vu, est normalement déjà un adepte, et commençons notre lecture des colonnes et des chapiteaux. Nous allons nous trouver en plein art du grimoire, avec le langage des oiseaux, et des symboles qu’il ne faudra pas lire au niveau du parlant, mais à celui du signifiant puis du cachant.

 

 

 

 



Iguerande_chapiteaux_1aPremière halte, côté solaire (c'est-à-dire au sud) où nous trouvons une embase de colonne sculptée d’un veau à la tête renversée, les yeux fermés. D’aucuns vous diraient qu’il est normal de trouver un veau dans un pays d’élevage comme le Brionnais… Certes, mais alors pourquoi la tête est-elle à l’envers et pourquoi ferme-t-il les yeux ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Iguerande_chapiteaux_28aEt de pencher la notre, pour voir vers quoi elle est tournée, donc vers le chapiteau, si nous ne parlons pas le langage des oiseaux. Car bien sûr, il ne faudra pas faire comme lui, se pencher, s’abaisser, s’incliner, se courber, en position de soumission, il ne faudra pas être des veaux. Des veaux, mais oui, dévots ! Au contraire, nous devons nous redresser, tels des initiés, afin d’apercevoir la promesse que le lieu nous donne.

 

 

 

 

Iguerande_chapiteaux_26aLe chapiteau, la promesse, représente la Jérusalem céleste, dont la base n’est pas sur terre, mais bien dans le ciel, proche du tailloir. Nous allons trouver sur la corbeille des feuilles, puis des fleurs et enfin un fruit, signe d’une transformation de l’être assurée. Ce fruit n’est autre qu’une grenade, assimilée à la fécondité, à la prospérité, associée aux relations sexuelles et à la procréation.

 

 

 

 

 

 

 

iguerande_grenade

 

La grenade orna les colonnes du temple de Salomon et aussi l’éphod, robe des Grands Prêtres hébreux. Robert-Jacques Thibaud en parle en ces termes : "La grenade, par la grande quantité de ses grains, symbolise la permanence et la multitude des expériences possibles ou nécessaires dans le monde physique. La grenade illustre aussi une communauté réunie, tels les membres d'une église". Le message est passé pour les petites moniales bénédictines du XIe siècle.

 

 

 

 

 

 

 

Iguerande_chapiteaux_10Les expériences, nous allons les faire lors du cheminement dans l’église. Les chapiteaux suivants présentent des feuilles, des fleurs et des fruits, en progression jusqu’au chœur. Là, nous allons une nouvelle fois parler le langage des oiseaux. Les piliers ayant une face côté chœur, donc visible uniquement par celui qui peut entrer dans le saint des saints, nous présente des chats (voir la symbolique ici).

 

 

 

 



Iguerande_chapiteaux_21aLe chat fut peu représenté dans la sculpture romane. Il est vrai que l’église avait déjà commencé ses abus de pouvoir et transformé l’animal déifié égyptien en représentant du diable. Le premier, côté droit donc solaire, représente des chats qui, à première vue, tirent la langue. En regardant mieux, on s’aperçoit que les langues sont des dents pointues, des canines. Les chats possèdent donc des dents. Ces dents se rapprochent à leurs extrémités. Que disent les chats ? « Dent j’ai rapprochée ». Danger rapproché ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Iguerande_chapiteaux_30Sur le deuxième pilier, de l’autre côté du chœur, au nord donc lunaire, les dents sont éloignées à leurs extrémités, les chats vont donc dire « dent j’ai écartée ». Danger écarté ! Mais quel est donc ce danger dont les sculpteurs de pierre du XIe siècle nous préviennent ? Les sensitifs le sentiront immédiatement : sous le premier pilier se croisent des réseaux telluriques.

 

 

 

 

 

Iguerande_chat_2Ce croisement, appelé nœud, nous est donc indiqué par les chats qui, rappelons-le, captent l’électromagnétisme par leur vibrisses (autrement dit ses moustaches) et affectionnent particulièrement ces endroits pour y passer les heures de sieste. Une autre constatation : le pilier se trouve au point tangent des axes des équinoxes.

 

 

 

 

 

 

Iguerande_chapiteaux_31aEn face des premiers chats se trouvent des piliers représentant des feuilles. Entre elles, au centre, la première fleur alchimique, et sur le côté, un pilier d’église. Le pèlerin a déjà fait un bout de chemin, mais devra encore une fois faire attention à ne pas être dévot. Il peut regarder au fond de lui, trouver sa lumière intérieure, afin de progresser vers le divin. Cette maitrise demande un réel travail sur soi, et n’est pas sans danger, les chats nous ont prévenus.

 

 

 

 

Iguerande_chapiteaux_32après avoir lu, lu, relu les chapiteaux, prié devant l’oratoire du chœur, nous allons nous retrouver devant le pilier où se trouvent cette fois-ci les 3 fleurs alchimiques du grand œuvre, parfois portées par le pilier ecclésiastique. Les chats nous apprennent  que le danger est écarté et nous allons pouvoir travailler (un dur labeur nous attends) et, poursuivant notre chemin, pourquoi pas trouver. Lege, lege, relege, ora, labora et invenies.

 

 

 

 

Iguerande_chapiteaux_33aLe pèlerin va suivre sa route en descendant côté lunaire. Plusieurs chapiteaux feuillus laissant apparaître des fleurs mais surtout des fruits en forme de grenade, sculptés par trois sur trois niveaux : nous sommes bien sur le corps, l’âme et l’esprit.

 

 

 

 

 

 

Iguerande_chapiteaux_37aCes trois grenades par chapiteau (voir la symbolique ici), on les a trouvées une première fois attachées au ciel au début du chemin, encore inaccessibles, une deuxième fois plus proche de nous puis à notre portée, figurant les 3 éléments de chacune des phases de l’œuvre, noir, blanc puis rouge, à travailler 3 fois chacune pour arriver à la pierre philosophale.

 

 

 

 

Iguerande_chapiteaux_22aNous arrivons cette fois devant le pilier énigmatique que les guides Duchemin nous présentent comme étant la représentation d’un cyclope musicien et d’un joueur de harpe. Regardons tout d’abord les feuillages : ce sont des fougères.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Iguerande_chapiteaux_35aLe joueur de harpe est un lion. Il est tourné vers le personnage au visage rond avec un œil unique et une corne sur le front qui joue de la flûte de Pan. Je vous invite à rechercher la symbolique de tous ces éléments (fougère-lion-harpe-cyclope-œil-flûte-Pan-corne), symbolique que je développe lors du stage que j'organise en Brionnais.

 

 

 

 

Iguerande_chapiteaux_23aNous terminerons avec le chapiteau des joueurs de trompe. Deux hommes sortant des feuillages portent chacun une trompe. Le mot « trompe » désigne tout instrument de musique à vent à embouchure, formé d’un simple tube évasé en pavillon.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Iguerande_Trompe_Olifant_1aLa symbolique de l’olifant, du cor, de la trompe et de la trompette est donc sensiblement la même. D’après Eugène Viollet-le-Duc, « l'olifant était un cor de guerre et de chasse, servant à donner des signaux, à rallier les troupes. L'olifant était donc un instrument considéré comme noble que portaient les chefs, ou un homme qui les suivait. L'olifant était alors une marque distinctive de commandement, de dignité ».

 

 

 

 

 

 

Iguerande_trompe_1aLe cor, quand à lui, annonce des nouvelles, bonnes ou mauvaises, il alerte, il proclame, il signale.

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J’ai trouvé une belle définition de la trompette sur le net : « La trompette, attribut de Gabriel, le Régent de la Lune et des anges, sert à sonner l’appel à l’éveil, souvent appelé le Réveil des morts ou le Retour au Royaume du Père, dans un éclat d’énergie. Elle règle les principaux moments du jour et annonce les grands moments historiques et cosmiques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Iguerande_trompette_1Elle associe le Ciel et la Terre dans une célébration commune, soulignant toute conjonction importante d’éléments et d’événements marqués par une manifestation céleste destinée à la Terre et à ses habitants. Elle lance l’appel victorieux de l’Esprit, le Principe unificateur et sublime de la Matière, et confère le plus haut degré de l’Initiation.  Elle affirme la foi agissante qui permet d’organiser l’assaut et le triomphe sans combat ».  

 

 

 

 

 

Iguerande_chapiteaux_36aUn des personnages, celui de droite, regarde, les yeux bien ouverts, le soleil couchant, la disparition de la lumière, l’ouest qui porte la symbolique de la vie de l’âme, des racines profondes de l’être. Il a fini le chemin, il est devenu connaissant, de lui-même et de ce qui l’entoure. Il va faire passer son message par l’intermédiaire de sa trompe, qui va figurer le souffle divin, et dont on peut remarquer les ondes sortant du pavillon gravées dans la pierre.

 

 

 

 

Iguerande_chapiteaux_25aLe personnage de gauche se tient encore au feuillage par sa main droite, mais ses pieds se retournent vers le ciel, comme un acrobate en train de se retourner. Il a les yeux fermés, cherchant encore en lui le miroir de son âme (l’œil est le symbole de la perception intellectuelle). Il tient sa trompe de la main gauche, qu’il porte à son oreille, écoutant le message du connaissant. Il regarde le nord, qui symbolise la promesse d’une résurrection.

 

 

 

Iguerande_corne_dieux_1aComme notre ami le cyclope, il porte une corne, mais double cette fois. La corne relie de terrestre au céleste. C’est un symbole solaire, principe masculin associé à la puissance et à la force, à la pénétration (le bélier), mais elle sera aussi lunaire (porté par le taureau), principe féminin du réceptacle, de la fertilité, de l’abondance.

 

 

 

 

 

 

Iguerande_chapiteaux_7Iguerande a mené à bien sa mission, la transformation de la force brute à l’harmonie, que l’on atteindra par l’éveil de la conscience et la maitrise des vibrations, qu’elles soient telluriques ou cosmiques, lunaires ou solaires, masculines ou féminines.Nous pourrons alors prendre le chemin de l'initié, au centre.

 

 

 

 

 

Iguerande_chapiteaux_7Nous trouverons alors, côté solaire mais face au nord, l'embase d'une colonne sur laquelle nous trouvons l'arbre de la connaissance...

 

 

 

 

 

 

Iguerande_chapiteaux_38Côté lunaire mais regardant le sud, toujours sur l'embase d'une colonne, deux animaux que les guides Duchemin nous présentent cette fois comme étant soit un lion à crinière, voire le Diable s’ils se sont levés du mauvais pied le matin même, et un veau. Regardons mieux. Notre lion a de bien belles moustaches de chat, comme ceux que nous avons vu dans le chœur.

 

 

 

 

 

Iguerande_chapiteaux_39Cette fois pourtant il est différent. Ce chat porte une chevelure totalement solaire et tient dans ses pattes un poisson. C’est un saumon, l’animal que les Celtes considéraient comme le symbole de la sagesse et de la connaissance. Homologue du sanglier, il détenait la science sacrée et reliait le monde lunaire invisible au monde solaire sensible. Et n’oublions pas que le saumon remonte à la source.


 

 

 

 

 

 

 

Iguerande_chapiteaux_40Notre veau a bien changé depuis tout à l’heure. Il est couronné, n’est plus dévot, cette fois ses yeux sont bien ouverts. Il est agenouillé, mais ses pattes se relèvent vers le ciel, signe que le chemin a bien été parcouru et que l’initié est parvenu à se transformer. Il regarde vers l’est, vers le lever du soleil à l’équinoxe.



 

 

 

 

 

 

 

Iguerande_chapiteaux_18Nous allons pouvoir remonter vers le chœur, où, au sud, côté solaire, nous trouvons des têtes de lions. Ils sont placés au sommet des deux colonnes du temple, les seules qui n’ont aucune utilité architecturale dans l’édifice. Elles n’ont pour unique fonction que de montrer la limite entre l’église haute et l’église basse, préfigurant l’entrée du sanctuaire.
Maitre des animaux depuis que les romains l’ont imposé à nos ancêtres celtes à la place de leur ours, le lion symbolise ici le pouvoir royal, la force et le courage. Sur le chapiteau, les lions sont situés au niveau supérieur de la corbeille, près du tailloir, donc symboliquement près du ciel. De leurs gueules s’échappent des végétaux, la parole de vie, qui vont aboutir à une stylisation de fleur. L’adepte est bien parvenu à la fin du chemin, il va pouvoir en récolter les fruits.


 

 

 

 

 

 

 

 

 

Iguerande_chapiteaux_19bEn face des lions, sur la deuxième colonne du temple, des aigles, équivalent spirituels du pouvoir temporel du lion. Nos aigles ont les ailes déployées, comme pour préfigurer un envol. Les pattes reposent sur le sol, le chemin est terminé. L’aigle représente l’apogée de la progression humaine, nous y sommes.


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

http://www.sitesclunisiens.org/article.php?sid=140

Jean Virey, L'Architecture Romane dans l'Ancien Diocèse de Mâcon, Mémoires de la Société Eduenne, tome XVIII (1890)

http://pjpmartin.free.fr/site/Iguerande_Virey.htm

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-Marcel_d'Iguerande*

http://www.iguerande.fr/iguerande-site-clunisien#clunisien

http://www.bourgogneromane.com/edifices/iguerande.htm

http://www.iguerande.fr/histoire-d-iguerande

http://www.arcturius.org/chroniques/le-symbolisme-des-instruments-de-musique/

4 décembre 2015

La symbolique de la fougère

foug_re_3aLa fougère est une plante magique qui existe depuis les premiers âges du monde : ses plants colonisèrent la terre au Dévonien et connurent leur apogée au Carbonifère, il y a 360 millions d’années.

 

 

 

 

 

 

Foug_re_9aA cette époque elles mesuraient 40 m de haut et formaient des forêts entières. Leur lente transformation dans le sol par carbonisation nous a donné le charbon.

Foug_re_fossile_2a

 

 

 

 

 

 

 

 

foug_re_4aMiniaturisée à notre époque, elle est présente sur tous les continents. Elle a la plupart du temps besoin de beaucoup d’eau, mais une fois desséchée, alors qu’elle semble morte, elle peut parfois renaitre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

fougere_2Ses crosses, comestibles, ont le goût de l’asperge. Elle fut utilisée comme plante médicinale : Dioscoride, médecin grec, botaniste et pharmacologue, en a vanté les vertus dans son « De Materia Medica ». Elle fut utilisée comme puissant vermifuge, mais aussi pour soigner la bronchite, les rhumatismes, la goutte, le rachitisme, les maladies du foie et la constipation.

 

 

 

 

Foug_re_11aPour les Celtes, elle était le symbole de la mémoire. Au Moyen-âge, la plante était connue pour repousser les attaques du démon. Coupée pendant la nuit de la saint Jean, elle protégeait des mauvais esprits et éloignait les forces du mal. La fumée de fougère faisait fuir les animaux nuisibles aussi bien que les êtres malfaisants. Elle passait pour attirer la chance et la fortune.


 

 

 

 

Foug_re_13Ce végétal, s’adaptant aux conditions les plus extrêmes, a gardé longtemps le mystère de sa reproduction sans graines. En effet, les fougères ne fleurissent pas, ne possédant pas les organes sexuels le lui permettant.

 

 

 

 

 

 

Foug_re_14aLa plante mère, la fougère sporophyte, va engendrer au travers de ses spores, tombés sur un sol humide, une plantule, appelée prothalle, qui possède à la fois des organes mâles et femelles, les anthéridies et les archégones.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Foug_re_15aÇa fait bien si on peut placer les trois mots dans une conversation, isn’t it ? La nouvelle fougère pourra naitre après fécondation de l’oosphère, l’œuf, contenu dans l’archégone, par un anthérozoïde, échappé de l’anthéridie, sorte de spermatozoïde se mouvant grâce à son flagelle sur la surface du prothalle. Vous me suivez ? Et si la surface du prothalle n’est pas humide, point de bébé fougère.

Fougere_anth_rozo_de_1a

 

 

 

 

 

 

 

 

foug_re_5Le bébé fougère va développer ses feuilles en déroulant ses crosses, appelées ainsi à cause de leur ressemblance avec la crosse d’un évêque. Les crosses sont des spirales, des courbes qui tournent autour d’un point fixe en s’en éloignant, liées au mouvement et au temps.

Foug_re_crosse_2a

 

 

 

 

 

 

 

 

fougere_23aLa spirale figure un mouvement cyclique infini. C’est une énergie qui peut partir d’un point central, en évolution, ou retourner au point central, en involution (voir le symbolisme de l’escargot ici).

 

fougere_21a

 

 

 

 

 

 

 

 

 



fougere_22aNotre fougère, porteuse de toutes ces qualités (guérison, protection, prolifération, purification)  peut être considérée comme représentant l’énergie, l’éveil, la croissance, la fécondité et l’immortalité, la vie dans toute sa splendeur.


Foug_re_16a

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

foug_re_20a

http://www.bestphotosworld.com/15-lovely-unfurling-ferns/

30 novembre 2015

La symbolique du chat

 

Chat_egyptien_1Le chat, dans l’Egypte ancienne, où l’on pense qu’il fut domestiqué pour la première fois au cours du IVe millénaire avant notre ère, était considéré comme un animal mystérieux détenant la connaissance de ce qui est caché et le pouvoir magique de l’énergie charnelle.

 

 

 

 

 

 

 



chat_8aIl était appelé « myeou » ou « miw », on comprend pourquoi. Possédant le don de dédoublement, il avait le titre de « mangeur de chagrin », et passait pour prendre sur lui les mauvaises vibrations entourant son maitre.

 

 

 

 

 

 

 

 

Chat_Bastet_1Le chat était consacré aux déesses Isis et Bastet. Animal lunaire, mais alliée du dieu solaire Râ, la chatte Bastet maitrisait Apophis, le serpent des ténèbres, personnification du chaos, qui s’attaquait chaque nuit à la barque de Râ afin de mettre fin à la création. Elle est représentée sur les papyrus tenant un couteau sur la gorge du serpent.

 

 

 

 

chat_BASTET

 

 

 

 

 

 

Bastet, déesse bienveillante, protectrice des femmes et des enfants, avait aussi son côté obscur et pouvait devenir cruelle et belliqueuse. Lumineuse et ténébreuse, noire et blanche, l’antagonisme de ses symboles se retrouvera plus tard.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

chat_freya_3Chez les peuples nordiques, les chats furent les compagnons de la grande déesse-mère Freya, dont ils tiraient le char. Freya (la « dame » en vieux norrois) était la première des valkyries, déesse de la fertilité, de l’amour et de la beauté.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

chat_freyaMais elle était aussi une guerrière, déesse des batailles et de la mort. Les rois francs, burgondes et goths, se proclamant ses descendants, le portaient comme emblème.  

 

 

 

 

 

Chat_19aEn orient, le chat possédait 7 âmes et 9 vies. Les nombres 7 et 9 ne sont bien sûr pas anodins. Le premier représente, en résumé, le principe de la maitrise, de la vie intérieure et éternelle ; il est le symbole d’un cycle complet associant le 4 de la terre et le 3 du ciel pour donner la totalité de l’univers, ou le 4 du féminin et le 3 du masculin pour donner l’homme complet ou réalisé. Il est dynamique, il permet un passage.

 

 

 

 

 

 

 

Chat_3aLe deuxième représente quand à lui un principe de perfection sur 3 plans, comme le physique, le mental et le spirituel, ou les phases du grand œuvre alchimique, mais il est aussi le symbole d’une fin de cycle, c’est le nombre de la plénitude.    

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et je ne résiste pas au plaisir de vous conter cette légende indoue :

Un vieux matou, mathématicien émérite mais fort distrait et incroyablement paresseux, somnolait à l’entrée d’un temple. De temps à autre, il entrouvrait un œil pour compter les mouches du voisinage et replongeait presque aussitôt dans sa douce léthargie. Shiva vint à passer par là. Émerveillé par la grâce naturelle, toute féline, que l’animal avait conservée, malgré un embonpoint considérable dû à son oisiveté, le Seigneur des Monde lui demanda:
- Qui es-tu et que sais-tu faire ? 
- Je suis un vieux chat très savant et je sais parfaitement compter, marmonna l’autre, sans même entrebâiller les paupières.
- Magnifique ! Et jusqu’où peux-tu compter ?
- Mais voyons, je peux compter jusqu’à l’infini !
- Dans ce cas, fais-moi plaisir. Compte pour moi, l’ami, compte …

Le chat s’étira, bailla profondément, puis, avec une petite moue de dédain amusée, se mit à réciter :
- Un … deux … trois … quatre …

Chaque chiffre était prononcé d’une voix plus murmurante et vague. A sept, le chat était à moitié endormi. A neuf, il ronflait carrément, abîmé dans un sommeil béat.
- Puisque tu sais seulement compter jusqu’à neuf, décréta le grand Shiva, Souverain des Sphères, je t’accorde neuf vies.

C’est ainsi que les chats disposèrent de neuf existences. Mais Shiva, qui était aussi un subtil philosophe, médita longuement. Le matou lui avait assuré qu’il pouvait compter jusqu’à l’infini. Certes, il s’était arrêté au chiffre neuf, puis s’était endormi. Or, le sommeil, sans nom, sans forme, sans pensée, n’est-il pas une fidèle préfiguration de l’infini ? Alors Shiva compléta son décret : au bout de ses neuf vies, le chat accéderait directement à la félicité suprême.

 

Iguerande_chapiteaux_12Au XIe siècle, quelques chats apparurent sur les chapiteaux romans, porteurs d’une belle symbolique. Puis, vers la fin du Moyen-âge, en occident, les chats furent le plus souvent associés aux démons et aux sorcières qui, disait-on, pouvaient se transformer en chats, mais 9 fois seulement, d’où les 9 vies du chat de la croyance populaire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

chat_17a

 

 

 

Les chats blancs avaient un peu plus de chances de survivre aux bûchers, quand ils ne se faisaient pas tuer pour les propriétés curatives de leurs queues. Les chats noirs, quand à eux, maléfiques, associés aux ténèbres et à la mort, m’est avis qu’ils se la jouaient discret le plus possible.

 

 

 

 

Chat_Bott__2aNotre chat du Moyen-âge nous a quand même laissé, outre l’idée saugrenue mais répandue que croiser un chat noir porte malheur et la pratique machiavélique d’essayer de refiler le Mistigri (chat gris, souvent le valet de trèfle, autrement appelé Lancelot)) à son voisin avant la fin d’une partie de cartes, un conte et un jeu, initiatiques tous les deux : le chat botté et chat-perché, aussi appelé le jeu du loup. Le chat est alors le meneur de jeu, celui qui détient le savoir, le gardien des secrets, celui à qui on donne sa langue pour le connaître.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

chat_18aLe chat noir fut, dans l’histoire plus récente, mieux traité. Emblème du cabaret du même nom, où se retrouvait la fine fleur intellectuelle et artistique de la commune libre de Montmartre, de Jules Verne à Mistral et Daudet, en passant par Ferdinand de Lesseps, Flammarion, Alphonse Allais, Courteline, Aristide Bruant, Victor Hugo ou Maupassant, Verlaine ou Zola, mais aussi Caran d’Ache, Toulouse Lautrec, Gounod, Massenet, Erik Satie, Debussy et Saint-Saëns et j’en passe comme Théodore de Banville, Puvis de Chavanne ou Ernest Renan, il véhiculait encore une fois cette notion de mystère et de connaissance.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chat_2

Je cherche fortune,
Autour du Chat Noir
Au clair de la lune
A Montmartre le soir.

 

 

 

chat_alice_1Quelques années auparavant, Lewis Carroll  fit du chat un personnage clé d’ « Alice au pays des merveilles » et de »l’autre côté du miroir ». La chatte Dinah de la réalité deviendra le chat de Chester dans le rêve, philosophe aussi mystérieux que son sourire. Les chats devinrent ensuite de moins en moins porteurs de la symbolique initiale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

chat_aristosA l’heure actuelle, les personnages de bande dessinée et de films gardent quand même l’ambigüité du départ : certains sont très mignons, comme les aristochats (le noir, le blanc et le rouge,ça ne vous rappelle rien ? (Berlioz "Hector Berlioz", la musique, le noir, Marie "Maria Callas", le chant, le blanc, et Toulouse "Toulouse-Lautrec", la peinture, le rouge...)

 

 

 

 

 

 

 

chat_16bd’autres sont plein d’humour tel Simon’s cat ou le chat de Gaston Lagaffe,

 

 

 chat_simon_1a

 

 

 

 

 

 

 

chat_balance_1d’autres encore plein de sagesse comme le Chat de Geluck,

 

 

 

 

 

 

 

Chat_tom_2amais nous avons aussi les bêtes et méchants comme Azraël, Sylvestre de Titi et Grominet ou Lucifer de Cendrillon. Nous sommes loin du langage des oiseaux des sculpteurs de chapiteaux romans.

chat_sylvestre_1a

 

 

 

 

 

 

 

Chat_1

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