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12 mai 2008

L'église Saint-Saturnin de Boule-d'Amont

Boule_d_Amont__29_aBula d'Amunt fut habité dès le néolithique. Deux mégalithes en sont la preuve : les pierres plantées au Coll de les Arques, et le dolmen de Cementiri dels Moros, avec des croix et des cupules gravées sur la dalle. Il faut attendre le Xème siècle pour que se développe le village. Bula, 942, puis Bula Subirana, 1062, fut incorporé à la vicomté de Vallespir vers 990.








Boule_d_Amont__2_aAu XIème siècle, Saint-Michel de Cuxa y possédait un certain nombre d'alleux. A la fin du XIème siècle, les riches propriétaires de Serrabone firent construire une église qu'ils dotèrent d'une communauté de chanoines de Saint-Augustin. Celle-ci se développa au point de nécessiter des agrandissements de l'église consacrée à nouveau en 1151. Au XIIIème siècle, Arnaud de Cortsavi y détenait des droits seigneuriaux, conjointement avec l'abbé de Saint-Michel et le prieur de Serrabonna.












Boule_d_Amont__5_aL'église de Saint-Saturnin, citée en 1011, primitivement à nef unique et abside semi-circulaire, possède un chevet de tradition lombarde. Il s'agit d'une reconstruction du début du XIIème siècle. Le chevet fut construit en deux étapes, probablement la partie basse fut-elle construite au début du XIème siècle alors que la partie haute le fut lors de l'établissement des chanoines, vers la fin du siècle.







Boule_d_Amont__27_aLe collatéral nord est un ajout du XVIIème siècle. La porte occidentale fut ouverte au XVIIIème siècle, remplaçant l'entrée d'origine située au sud. Les vantaux de la porte sont ornées de remarquables ferrures romanes.
















Boule_d_Amont__19_aL'église abrite de beaux retables baroques, une statue du saint patron, Saturnin, et une vierge en majesté qui n'est pas mentionnée dans l'inventaire.
Boule_d_Amont__26_a
















Boule_d_Amont__7_aElle me semble venir du XIIIème, avec son enfant moins travaillé, posé sur son giron. Cela vous rappelle quelque chose ?
Boule_d_Amont__9_a

















Boule_d_Amont__14_aSes mains ne sont pas démesurées, mais elle possède la majesté de ses soeurs noires, nombreuses dans la région. Serrabonne n'aurait-il pas eu une vierge noire ?
Boule_d_Amont__16_a
















Boule_d_Amont_chapelle_saint_Pons__30_aUn peu plus bas dans la vallée, la chapelle romane de Saint-Pons.

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12 mai 2008

L'église Notre-Dame de la Victoire

Thuir__26_aThuir, capitale  de l'Aspre, est située aux pieds des Pyrénées. Mis à part quelques vestiges gallo-romains, sa trace remonte au Xème siècle  : le premier texte connu, de 953, évoque une vente faite par un nommé Eldebrand au monastère de Cuxa. La ville, fortifiée à la fin du XIIIème siècle (une première enceinte appelée aussi "cellera" entourait déjà l'église et un château), eut à subir de nombreux assauts au fil des siècles et fut pillée tantôt par les Français, tantôt par les Espagnols.












Thuir__25_aL'église sainte Marie de la Victoire de Thuir est un édifice reconstruit sur les bases d'une église romane dédiée initialement à saint Pierre. Elle était inscrite à l'intérieur des deux remparts de la ville. De l'église initiale il reste quelques rares éléments architecturaux, comme une inscription du XIIIe siècle ou les fonds baptismaux de la même époque. La bénédiction de la première pierre eut lieu en 1785 et la consécration définitive sous le vocable de Notre-Dame de la Victoire se fit en 1816.












Thuir__3_aLa nouvelle église a un côté massif, avec un large fronton auquel on accède par des escaliers montant de la place en contrebas.
Thuir__1_a

















Thuir__4_aA l'intérieur, une vaste nef en plein-cintre, soutenue par cinq arcs doubleaux, conduit à un chevet semi-circulaire, comme le sont aussi les absidioles des deux chapelles latérales situées devant le choeur et formant un transept.
















La vierge de la Victoire

Thuir_vierge_noireCette statue haute de 50 cm datant de la fin du XIIème siècle, est en étain et en plomb moulé. Celle de Châteauneuf-les-Bains, dans le Puy-de-Dôme, sort du même moule.
















vierge"Bien que le revêtement métallique soit d'un poids modeste, on peut supposer que nombre d'entre elles ont été fondues. Notre-dame de Châteauneuf peut être comparée aux Vierges de Thuir (Pyrénées-Orientales), Saint-Georges-de-Batailles (Loire) et de Barcelone (Espagne).
Une légende rapporte qu'elle aurait été ramenée d'Orient par un seigneur de Montmorin St Héreme qui avait participé aux Croisades. Cachée durant la Révolution par Mme Foussat, du Got, cette vierge fut exposée en l'église St-Valentin avant d'échouer à la cure, où l'abbé Rance l'a prise pour l'installer en bonne place dans l'église.
"





Thuir__vierge_noire__9_aCelle-là porte une couronne ornée de crochets et de perles, surmontée d'une sorte de boule, ce qui semble une allusion à son appellation de "Notre-Dame de la Victoire" et à une légende qui nous ramène au temps de Charlemagne.















Thuir__13_"Charlemagne, prêt à marcher contre les Sarrasins, se trouvait dans la plaine de Thuir, et il avait placé la statue de la Vierge au milieu de son armée (on remarquera l'anachronisme fréquent dans ce type de légende). L'ennemi se trouve sur les hauteurs de Passa ; il contemple les Francs épuisés par la chaleur et par la soif, désespérés, laissant l'un après l'autre tomber leurs armes. Semblable à Moïse, l'empereur est sur le point d'être abandonné par ses troupes lorsqu'il se décide à invoquer la Vierge et à plonger son épée dans le sable d'un torrent desséché : aussitôt jaillit une source abondante qui redonne des forces aux soldats francs. Une fois désaltérés, ces derniers n'auront aucun mal à chasser l'ennemi au-delà des montagnes. Aussitôt après la bataille, Charles décide de fonder sur le lieu du miracle un monastère qu'on appellera plus tard le Monestir del Camp.









Thuir__24_aPar la suite, les Sarrasins ayant de nouveau envahi les terres chrétiennes, la statue sera cachée jusqu'à ce qu'un berger à la recherche d'une bête égarée la découvre dans un bois épais, sur l'emplacement de l'actuelle ville de Thuir qui n'existait pas encore. En hommage à cette Vierge miraculeuse, on bâtit une chapelle au milieu du bois, et peu à peu les habitants de l'ancien village de Thuir viendront bâtir leurs maisons auprès de la chapelle, sous la protection de la Vierge."



La Vierge de Thuir était l'objet d'un culte très important, et lors des cérémonies on ne manquait pas de la recouvrir de vêtements et de pierreries: un prêtre élu chaque année avait même pour mission de l'habiller et de la déshabiller. On peut penser que l'ancien manteau de soie de provenance orientale, dont l'église de Thuir a conservé quelques fragments, lui était destiné.

Si j'osais... Bon, allez, j'ose : un moule pour une vierge noire, ce serait alors un... dark moule, bien connu des amateurs de space-opéra. Oups. Aïe. Pas sur la tête.

http://jeantosti.com/villages/thuir.htm
http://www.thuir-roussillon.info/historique/notredame/notredam.htm
http://histoireduroussillon.free.fr/Villages/Histoire/Thuir.php

12 mai 2008

L'abbatiale d'Arles-sur-Tech

Arles_sur_Tech__10_aLa première mention connue d’Arles concerne l'église Sant-Pere-de-Riuferrer, appelée au IXème siècle Sancti Petri in Arulas. Ce nom d'Arulas, qui a donné Arles, a suscité de multiples interrogations, mais on admet dans l'ensemble qu'il signifie "petits autels" (latin ara = autel), et qu'il pourrait être lié au culte des nymphes (ou autres divinités) pratiqué aux Banys .
L'abbaye bénédictine d'Arles, au cœur du Vallespir, est l'une des plus anciennes abbayes carolingiennes  fondée en Catalogne, aux premières heures de la reconquête de Charlemagne (778-780).

















Arles_sur_Tech__63_aA sa fondation par l'abbé espagnol Castellanus, l’abbaye primitive s'installe dans les ruines de thermes romains situés à l'emplacement de l'actuelle Amélie-les-Bains. Au IXème siècle, vers 881, à la suite des terribles incursions normandes, recherchant une plus grande sécurité, les moines transférèrent l'abbaye sur le site actuel, sous la direction de l'abbé Suniefred, membre de la famille comtale du Roussillon.







Arles_sur_Tech__69_aCette protection de la famille comtale, puis celle des comtes de Barcelone et des rois d'Aragon qui leur succédèrent, assure privilèges, protections et donations de saintes reliques. De nombreuses donations assurent à Sainte-Marie d'Arles un essor tout particulier, la plaçant aux premiers rangs des abbayes catalanes du moyen-âge.








Arles_sur_Tech__56_aEn 960, l’abbé Arnulfe la dote des reliques des saints Abdon et Sennen, obtenues du pape lui-même, et qui vaudront à Arles le surnom de "ville des Corps Saints". L’église subit un agrandissement du temps de l’abbé Sintillus (980-1001). Puis vint une période de grands travaux qui réalisent quasiment l’édifice actuel, consacré en 1046.














Arles_sur_Tech__30_aAutour de 1150, l’abbé Raymond 1er consacre 6 églises relevant de Sainte-Marie. Cette dernière est consacrée une deuxième fois en 1157. Dans le dernier quart du XIIème siècle, l’abbé fait construire un mur d’enceinte avec barbacane et tours. En 1260, l’abbé Raymond Deç Bach construit le cloître, à partir du marbre blanc de Céret et de calcaire gris à numulithes de Gérone pour les colonnettes.













Arles_sur_Tech__26_aA la fin du XIIIème siècle, l’église est agrandie de chapelles gothiques qui donnent sur les collatéraux. Les chapelles du nord sont surmontées au XIVème siècle d’un nouveau toit qui repose sur le mur de la nef centrale au-desus des fenêtres. Ainsi, l’église est privée d’une partie de son éclairage primitif. A la fin du XIVème siècle, les moines de l’abbaye sont sécularisés et vivent de leur bénéfice perdant en même temps l’idéal de Saint Benoit. Comme de nombreuses abbayes, Sainte-Marie connaît une longue et lente agonie.
A la révolution française, les six derniers moines quittent le monastère, et l'abbatiale devint l'église paroissiale du village tandis que ses biens et dépendances sont vendus. Signalons quand même que  tous les 30 juillet a lieu la fête patronale, avec pour point d'orgue la procession de la Rodella (roue dans laquelle est entouré un long fil de cire). Cette tradition fut créé au XVème siècle et elle est toujours en vigueur aujourd'hui.

Arles_sur_Tech_001aL'église est une construction à trois nefs, de type basilical, qui présente une particularité fort rare : son chevet est tourné non vers l'est, mais vers l'ouest. A l’origine, elle était couverte d’une charpente. Voûtée en berceau brisé au XIIème siècle, elle a été embellie de chapelles latérales aux XIIIème et XIVème  siècles. Intérieurement, le mur de façade reçoit trois absides d'un mode architectural carolingien.







Arles_sur_Tech_002aLes fresques du XIIème qui ornent l'abside de la chapelle haute présentent un Christ en majesté entouré des 4 évangélistes et au-dessous deux figures d'anges.









Arles_sur_Tech__25_aDes armoires à reliques sont creusées dans les piliers de la deuxième travée. Elles servaient à garder les reliques de saint Abdon et saint Sennen.













Arles_sur_Tech__41_La façade comporte un portail avec un linteau de granit en forme de bâtière, portant l’alpha et l’oméga et les lettres AA. Il appartient peut-être à l’église du XIème siècle.











Arles_sur_Tech__42_aLe décor sculpté dans le tympan est lui du XIème et représente un Christ en gloire entouré des symboles des évangélistes, ce que l’on appelle les 4 vivants.
















Arles_sur_Tech__43_aAu-dessus, au sommet de la façade, une série d’arcatures caractéristiques du style lombard du premier art roman, ensemble de dix grandes baies cintrées dont deux seulement sont à claire-voie. Cet ensemble est surmonté par un pignon orné d'une galerie d'arcades aveugles.









Arles_sur_Tech__50_aLa contre–abside de l’église possède une chapelle haute située au-dessus du portail, où l’on accédait par un escalier à double volée. Cette chapelle est dédiée à saint Michel et aux archanges. Elle est décorée de fresques du XIIème siècle.

Les tours de défense du XIème siècle étaient au nombre de 4 : à l’ouest les deux clochers de l’église (un seul subsiste) , à l’ouest les deux tours de défense qui encadrent le parvis.

12 mai 2008

Le cloître

Arles_sur_Tech__15_aLe cloître actuel, qui a peut-être succédé à un autre plus ancien, est l’œuvre de l’abbé Ramon Desbac (1261-1303).












Arles_sur_Tech__12_aC’est un cloître très simple, non voûté, d’esprit gothique par son élégante légèreté.












Arles_sur_Tech__68_aIl est bâti en marbre blanc de Céret et en pierre de Gérone, qui permet d’élancer de fines colonnes résistantes.
Arles_sur_Tech__56_a

















Arles_sur_Tech__17_aLa salle capitulaire s’ouvre sur le cloître par 3 baies gothiques, et servait de lieu d’assemblée à la communauté des moines.

12 mai 2008

La Sainte Tombe

Arles_sur_Tech__32_aLa Sainte Tombe d'Arles sur Tech est un sarcophage datant du IVème siècle placé dans l'abbaye. Il en existe une dizaine d'autres en France de ce type, mais celui-ci a la particularité de produire en continu une eau pure, censée être miraculeuse. Au dessus on trouve un gisant incrusté dans le mur. C'est celui de Guillaume de Gaucelme, seigneur du Teillet, qui légua sa fortune à l'abbaye à sa mort le 10 avril 1211. Cette sculpture est attribuée à Ramon de Bianya, sculpteur au début du XIVème siècle, qui a signé deux gisants dans le cloître d’Elne.

















Arles_sur_Tech__35_aLe sarcophage est fait de marbre bleu de Céret, taillé et sculpté d'un X entouré d'un cercle signifiant Iesous Chrestos (Jésus Christ). Il mesure 1m 88 à la base et s'évase jusqu'à 1m92 sur 50 centimètres de large au plus mince à 65 au plus large. Il est posé sur deux cales de 40 centimètres de côté.

Tout aurait commencé à une époque indéfinie, alors qu’Arles-sur-Tech était en proie à la fois à la peste, à des catastrophes naturelles et à des animaux féroces appelés "simiots". Ces animaux ont sans doute été représentés de part et d'autre de l'archivolte du portail de l'église abbatiale d'Arles. Ce seraient des singes monstrueux (en catalan simi = singe) qui auraient peuplé aux temps païens les forêts montagneuses des Pyrénées, notamment en Vallespir. Certains prétendent que ce serait des singes-lutins, sortes d'elfes très maléfiques.
Afin d'en finir avec cette série de catastrophes, l'abbé Arnulphe décide de partir pour Rome, et d'y obtenir quelque secours du pape. La suite nous est racontée par Prosper Mérimée (Notes d'un voyage dans le Midi de la France, 1835) :

Arles_sur_Tech__37_a"Il faut savoir qu'autrefois, je ne saurais dire précisément à quelle époque le territoire d'Arles fut infesté d'une grande quantité de bêtes feroces, lions, dragons, ours, etc., qui mangeaient les bestiaux et les hommes. La peste vint encore ajouter aux maux qui affligeaient la contrée. Un saint homme nommé Arnulphe, résolut d'aller chercher des reliques à Rome pour guérir l'épidémie et chasser les animaux féroces. Pendant longtemps ce fut l'unique remède dans toutes les calamités. Arrivé à Rome, Arnulphe exposa au Saint-père la misère de ses concitoyens et lui présenta sa requête. Le pape, touché de compassion, l'accueillit avec bonté, et lui permit de choisir parmi les reliques conservées à Rome, exceptant toutefois celles de saint Pierre et d’un certain nombre de saints, dont il eût été imprudent de se dessaisir.

Arles_sur_Tech__48_aArnulphe était embarrassé pour se décider, après avoir passé tout un jour en prières, il s'endormit et eut un songe dans lequel deux jeunes hommes lui apparurent: « Nous sommes, dirent-ils, Abdon et Sennen, saints tous deux. De notre vivant, nous étions princes. La Perse est notre patrie. Nous avons été martyrisés à Rome, et nos corps sont enterrés en tel lieu ; exhume-les et porte-les dans ton pays, ils feront cesser les maux qui l'affligent. »
Le lendemain, Arnulphe, accompagné d'une grande foule du peuple, et suivi de travailleurs pourvus d'instruments convenables, fit fouiller l'endroit indiqué. On trouva bientôt les corps des deux jeunes gens, parfaitement conservés, reconnaissables pour saints à l'odeur. Il les exhuma en grande pompe, et se disposa à les emporter. Arnulphe était un homme prudent ; il pensa que, pendant le long voyage qu'il avait à faire pour retourner dans son pays, il pouvait trouver bien des gens qui voudraient s'approprier le trésor qu'il portait, car on se faisait peu de scrupule alors de s'emparer, même par force, des reliques de vertus bien constatées.
Arles_sur_Tech__38_aPour détourner les soupçons, il mit ses saints dans un tonneau enfermé dans un autre beaucoup plus grand, qu'il remplit d'eau. Dès qu'il fut en mer, les matelots firent un trou au tonneau, croyant qu'il contenait du vin ; mais, s'étant aperçus qu'il n'y avait que de l'eau, ils ne poussèrent pas plus loin leurs recherches. Je passe rapidement sur les événements du voyage, tempêtes apaisées, vents favorables et le reste. Arnulphe, débarque à Reuss avec ses reliques en double futaille, entendit toutes les cloches sonner d'elles-mêmes et se garda bien d'expliquer la cause de la merveille.




Arles_sur_Tech__49_aLe chemin de Reuss à Arles était alors extrêmement mauvais et praticable seulement pour les mulets. Le tonneau est donc chargé sur un mulet, et le saint homme, avec un guide, se met en route. Dans un sentier dangereux, bordé d'affreux précipices, le muletier, homme grossier et brutal, crut qu'il fallait donner du courage à sa bête et lâche un gros juron. Soudain, le mulet tombe dans le précipice et disparaît. On juge du désespoir d'Arnulphe. Retrouver le mulet était impossible ; retourner à Rome en quête d'autres reliques ne l'était pas moins. Il prit le parti de poursuivre sa route et de rentrer dans sa ville natale. Quelle est sa surprise et sa joie en rentrant à Arles, d'entendre sonner les cloches et de voir, sur la place de l'église, tout le peuple à genoux entourant le mulet et son tonneau qui avait déjà opéré la guérison des pestiférés et fait déguerpir les lions et autres bêtes féroces.
Arnulphe tira d'abord les saints de leur tonneau et quant à l'eau, il la versa bonnement dans un tombeau vide pour s'en débarrasser, où un lépreux, qui vint s'y laver fut guéri dans l'instant. D'autres malades vinrent bientôt constater la vertu de cette eau miraculeuse.


 

Le mystère est soit-disant résolu par la zététique. Malgré tout, j'ai ressenti une belle énergie. Peut-être la ferveur populaire ?

http://histoireduroussillon.free.fr/Thematiques/Batiments/Histoire/AbbayeSteMarieDArles.php
http://notes.romanes.free.fr/images/catalan66/arles/cadre.htm
http://dieuetcreation.blogs.nouvelobs.com/archive/2008/04/26/eau-miraculeuse-de-la-sainte-tombe.html

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11 mai 2008

Le Pont de Céret, dit "Pont du diable"

C_ret_le_pont_du_diable__5_a"Anciennement, dit la légende, Céret ne communiquait avec la rive gauche du Tech qu'au moyen d'une simple passerelle de planches posées sur de gros cailloux. Au moindre orage, les eaux emportaient ce pont rudimentaire." Il fallut un nouveau pont.

Construit entre 1321 et 1341, d'une portée d'arc de 45,45 mètres, 4 mètres de largeur, la distance de sa clef de voûte au niveau des eaux ordinaires est de 22,30 mètres. Il fut à la base de la légende du diable à qui il doit son nom. Ce n'est pas vraiment un lieu sacré, mais le diable n'est pas là pour rien...





La légende du pont du Diable

Nous sommes au XIVème siècle. A cette époque les deux rives du Tech étaient joints par un pont de bois régulièrement emporté par les crues de ce fleuve côtier si imprévisible.

C_ret_le_pont_du_diable__1_aIl vint un jour aux cérétans une idée fort naturelle : faire un pont solide en maçonnerie; mais les rives du Tech étaient fort escarpées, à quelle endroit le construirait-on ? On manda les ingénieurs du pays qui, après une sérieuse inspection des lieux, déclarèrent le projet irréalisable. L'un d'eux pourtant, après bien des hésitations, alléché par la grosse somme offerte, se chargea de l'entreprise et prit l'engagement de l'amener à bonne fin dans un an. Notre ingénieur dressa les plans, tandis que les habitants se mirent en mesure de réunir l'argent promis. Les travaux commencèrent et furent poussés rondement. Bientôt les deux culées se dressèrent au Grau d'Exala. Les charpentiers établissaient l'échafaudage de la voûte. Malheur ! Un gros orage survint qui fit déborder le fleuve de ses rives; les eaux emportèrent culées et échafaudages ! Les cérétans, très contrariés, crièrent après l'ingénieur qui, cependant, n'eu pas de peine à leur faire comprendre qu'il n'y avait pas de sa faute. Pour se remettre à l'ouvrage il demanda 5000 ducats de plus. Il les eut. Six mois après le pont enjambait le Tech avec son grand arc de pierre, en une semaine tout allait être fini. Les cérétans jubilaient et félicitaient l'ingénieur.

C_ret_le_pont_du_diable__2_aTout à coup  on entendit un terrible et long craquement : les claies de l'échafaudage se rompirent, la voûte s'écroula, plus de pont ! La colère des cérétans fut à son comble. Ils accusèrent l'ingénieur d'être l'auteur de tout le mal et lui signifièrent, par la bouche de leurs consuls, qu'il aurait à relever le pont dans un délai de six mois, et cela sans nouvel appel à leurs bourses, ou ils le pendraient haut et court.

Le pauvre ingénieur se remit au travail; ce qu'il sua et trima Dieu seul le sait. Cependant le jour fixé, jour fatal, approchait. La veille tout allait bien, mais de larges nuages se traînaient sur les cimes du Boularic, puis descendirent dans la vallée. Un vent froid, rapide, violent, se précipita et tourna dans la plaine; le tonnerre gronda, les éclairs déchirèrent les nuages : c'est un orage, une tempête, une trombe d'eau ! Le fleuve descendit à grand bruit, se gonfla, gorgea les berges, emporta tout ce qui lui faisait obstacle. Le pont de Cérêt n'était déjà plus ! L'ingénieur désespéré pris la fuite par les sentiers de montagne. Tout à coup une espèce d'homme, grand, maigre, sec, le saisit par le bras.

04- "Où vas-tu ?"
- "Que t'importe; laisse-moi passer"
- "Je sais qui tu es et je veux te sauver"
- "Et toi, qui es-tu ?"
- "Que t'importe; laisses moi faire. Ce soir à minuit, le pont sera relevé; seulement je met une condition : tu me livreras le premier vivant qui le traversera."


L'ingénieur tressailli de frayeur; reconstruire le pont en quelques heures ! Le Diable seul était capable d'un pareil effort.

PontCeret- "Et bien que dis-tu de cela ?"
- "J'accepte", murmura l'ingénieur.




C_ret_le_pont_du_diable__3_aAussitôt une forte odeur de soufre se répandit dans l'air et l'homme disparut; cet homme c'était bien le diable en personne.

Lui parti, l'ingénieur regagna furtivement sa demeure à la faveur des ténèbres. Là, il se mit à réfléchir sur son aventure. Que faire ? Vers onze heure, alors que tout reposait en silence de la nuit, il sortit de chez lui et se dirigea vers le Tech; il portait sur son dos un sac de toile dont le Diable lui-même n'aurait deviné le contenu. D'ailleurs celui-ci était fort occupé en ce moment. En effet, fidèle à la parole donnée, il travaillait avec ardeur à la reconstruction du pont, entassant les matériaux avec l'habileté d'un maître maçon. Notre ingénieur le vit et se blottit derrière un rocher de la rive. Onze heure et demie ! La voûte maintenant se dessinait sous les pâles rayons de la lune qui venait de monter sur la crête de l'Albère.

C_ret_le_pont_du_diable__6_aMinuit sonne ! Aussitôt notre ingénieur, qui s'était mis au bout du pont, ouvre le sac d'où s'échappe un chat noir dont la queue traîne une casserole en fer. Le Diable pose la dernière pierre, la clef de voûte; il la laisse échapper pour mettre la main sur ce premier passant, qu'il prend pour un chevalier faisant sonner son armure. "Trompé, trahi", s'écria t-il en saisissant le matou ! Et il disparut, laissant le pont inachevé.

Il est resté tel, car tout le savoir des ingénieurs n'a pu réussir à fixer la pierre qui manque.

http://histoireduroussillon.free.fr/Decouvrir/Legendes/PontDeCeret.php

11 mai 2008

Amélie-les-Bains

Am_lie_les_Bains__14_aLe lieu semble avoir été occupé dès l'âge du fer : des blocs de gneiss découverts étaient gravés de signes de cette époque. On a trouvé aussi au siècle dernier, dans la partie dite Lo Gros Escalador, des plombs gravés qui ont fait couler beaucoup d'encre (ils seraient dédiés à des divinités au nom mystérieux, Kantae Niskae, si l'on en croit la fameuse inscription "KANTAS NISKAS ROGAMOS ET DEPRECAMUS").
Les Romains y construisirent des thermes, les "Aquae Calidae", dont subsistent une salle voûtée et une petite piscine.

Plus tard, au VIIIème siècle, vers 780, fut érigé un monastère dédié à la Vierge (Santa Maria del Vallespir), par un certain Castellan, vraisemblablement au sein même des thermes antiques.







Am_lie_les_Bains__11_aCependant, les raids Normands au IXème siècle mènent les moines à déplacer leur monastère à Arles-sur-Tech.
Les Bains vont dépendre de l'abbé du monastère transféré à Arles jusqu'en 1237, date à laquelle le seigneur du Roussillon et du Vallespir, Nunyo-Sanche, en fait l'acquisition. Les abbés firent construire une église consacrée à St Quentin (sant Quintí). C'est ainsi que, protégés par des abbés, les bains d'Arles se transformèrent en ville prospère durant le Moyen-age.











Am_lie_les_Bains__12_aL'église romane du XIIème siècle a été démolie vers 1870. L'église actuelle du village date de 1868 pour le début de la construction, mais ne fut consacrée qu'en 1871 sous le nom de Notre Dame de Vie et dédiée elle aussi à saint Quentin. C'est un édifice construit dans un style qui se veut médiéval, avec une étrange tourelle surmontant la façade.















Notre-Dame-de-Vie

Am_lie_les_Bains__5_aLa vierge romane, Notre-Dame-de-Vie, est une vierge de majesté du XIIIème siècle qui provient de l'ancienne église. L'enfant est assis sur l'avant bras gauche replié de la vierge, ses pieds reposant sur ses cuisses.
















Am_lie_les_Bains__7_aSa polychromie est traditionnelle, rouge et verte. Ses mains sont démesurées, elle est assise sur une cathèdre, l'enfant parait plus agé. Nul doute, c'est bien une vierge noire.

Il existe d'autres chapelle sur le territoire : la chapelle Saint-Joseph, celle de Saint-Félix (XIème siècle), et un oratoire, celui de la source de la Madone.

Am_lie_les_Bains__10_a













http://jeantosti.com/villages/amelie.htm
Wikipédia
http://histoireduroussillon.free.fr/Villages/Histoire/AmelieLesBains.php

10 mai 2008

Le Canigou

Canigou__26Haut de 2784m, le canigou est un phare, un symbole, le point de repère mystique des Catalans, leur Olympe. Depuis l'antiquité, ses forêts profondes, ses versants abrupts et ses pics dénudés feutrés de neige, ont toujours abrité des "bruixes", (sorcières), des "encantades" (fées), des dragons, mais aussi des lieux de prière. Son mythe commence à l'orée de la création du monde : Jean Vilanove, dans son Histoire populaire des Catalans, nous rappelle ces adaptations locales des grands mythes fondateurs :








Canigou__41« Dieu tendit sa main droite et toucha le sol avec seulement trois doigts écartés : son pouce, son index et son majeur. Dès qu’il retira sa main, de la marque laissée par l’index naquit le mont Olympe, de la trace du majeur surgit le mont Sinaï et de l’impulsion laissée au pouce s’éleva le mont Canigou. La mer Méditerranée put alors se former. »








Canigou__42Puis, « il voulut que, près du mont Canigou, les hommes reconnussent aussi son empreinte. Il appuya sa main gauche sur le sol, laissant le mont Canigou entre le pouce et son index. Quand il retira sa main, le sol se mit à trembler et à vibrer. A l’endroit même où sa main et ses doigts avaient marqué le sol, des montagnes sortirent de terre, les anciens ruisseaux changèrent de lit. Désormais, il y aurait trois vallées : près du mont Canigou, entre l’index et le majeur, ce serait la vallée du Tech, puis au milieu la vallée de la Têt, et enfin ce serait l’Agly, protégée par les montagnes des Corbières ; la paume de la main et le poignet donnèrent naissance au Conflent et à la Cerdagne. »

Canigou__32Depuis, la montagne est le siège de nombreuses légendes. L'une d'entre-elles prétend que les eaux du déluge occupèrent longtemps le creux des sommets avoisinant le pic du Canigou. Ainsi, après le déluge, Noé vint y amarrer son arche. On signale l'anneau au Roc dels Moros, au Roc de Salimans, puis au pic Barbet appelé longtemps le "puig des Anyelles, ou Nielles (peut être une déformation du mot Catalan "anelle" signifiant anneau (les géologues assurent que le Barbet fut le sommet du massif du Canigou il y a quelque centaines d'années). Le Canigou représente bien un omphalos, comme le Mérou.





Canigou__14Selon une autre légende, un village se serait englouti dans un étang près du sommet du Canigou : Balatg. On dit que ce lieu hors du temps erre dans la forêt.




Canigou__20Une très ancienne légende raconte aussi l'histoire de sept hommes gigantesques qui faisaient peser leur pouvoir sur le peuple vivant au pied du Canigou. Pris par l'orgueil, ils tentèrent de détrôner dieu de son royaume. Pour cela, ils voulurent monter jusqu'à lui en bâtissant un colossal escalier :
"Ils remontaient la vallée, poussant devant eux des rochers énormes. Ils s’arrêtaient quelquefois et signalaient leur halte d’une pierre levée. De Serre-Vernet, du Pla Guillem et du Riuferrer, la lente ascension des Géants, dalle sur dalles amoncelées, grandissait les pics, soulevait les crêtes, défiant la pointe culminante. Leurs haltes se signalaient d'une pierre levée (c'est ainsi que les vieux expliquent la présence de nombreux dolmens dans les contreforts du Canigou, une centaine au total percés d'étranges trous).
Le Canigou paraissait à portée d’assaut.






Canigou__38Les orages tournaient. La terre tremblait et, de ses profondeurs, montait une haleine de feu. Les torrents charriaient des remous d’eaux furieuses. Des soubresauts de nuit mouvaient des masses sombres traversées d’éclairs. Le ciel brûlait et ses cendres aveuglaient les abîmes. Les Géants rapprochèrent Roc negre du Puig-Sec, Rojá de Tres-Vents et s’aidant de ce fantastique escalier prirent pied sur
le ciel. Des vents se levèrent de tous les côtés à la fois. Jupiter se dressa, arma la foudre et frappa. Les Géants sont morts ensevelis sous les pierres et demeurent les pics qui furent leur tombeau : Set-Homes, Rojá, Tres-Vent, Roc negre."




Canigou__40Durant l'antiquité, le Canigou représente à lui seul les Pyrénées. Les navigateurs grecs, phéniciens et romains qui naviguent l'aperçoivent de la baie de Rosas au Golfe du Lion, c'est un repère de premier ordre.
Le Canigou serait lié au mythe de Pyrène, la cité disparue située suivant les thèses au Cap de Creus ou à Elne, elle même associée au mythe du feu. Interessant en sachant que le Canigou regorge de fer. Et aussi bizarre, à chaque endroit où se trouve une forge, on retrouve une vierge noire, comme à Valmanya, Sahorre, Corneilla de Conflent, Arles sur Tech, Montferrer (qui signifie "Le Mont du Fer"), Prats de Mollo etc... La Dame de Thuir est en plomb polychromé.


Canigou__27En 1285, rapporta le moine Salimbena, le roi Pierre II d'Aragon, Pere II "el gran",  gravit les pentes du Canigou qu'il croyait être le plus élevé des Pyrénées. Une erreur qui persistera jusqu'en 1817, quand Méchain et Reboul le mesurèrent.
"Il partit avec deux chevaliers, mais après un orage terrible ceux-ci abandonnèrent l'expédition en cours de route. Le roi continua seul. Arrivé au sommet, il vit un étang dans lequel il jeta un caillou. Un dragon en jaillit, qui cracha du feu dont la fumée assombrit le ciel. Ce n'est qu'après avoir tué le dragon que le roi redescendit, en héros, du sommet du Canigou. Depuis, nombreux sont ceux qui gravissent le pic de la montagne sacrée. C'est ainsi que chaque année, le premier feu de la Saint-Jean s'allume en son sommet."

Canigou__16Le Canigou est  protégé par un nombre impressionnant de vierges noires, qui malheureusement disparaissent les unes après les autres, emportées par la folie des hommes. Saint Michel lui-même, du haut de son abbaye de Cuxa, ne peut que regretter leur absence. Une intention peut-être, une autre énergie de la Dame qui pourrait se mettre en place pour la nouvelle humanité ?



L'Olympe et son cortège, Noé et son arche et les villes engloutie telles des Ys du sud suggérant le déluge, les géants tels Gargantua sur le chemin des pierres,  le feu de la forge de Vulcain et de la gueule du dragon, que de légendes et de mythes démontrant que le Canigou est bien la montagne sacrée des Pyrénées. L'énergie dégagée par cette montagne, la fascination qu'elle exerce sur les hommes depuis la nuit des temps, lui font prendre dans mon coeur la place qu'elle mérite. Je laisse aux chercheurs d'or le Bugarach, je prie les dieux du Canigou de m'accorder une partie de leur sagesse.

Merci à Francis, propriétaire du gite du soleil à Arbussols. Les photos sont aussi merveilleuses que l'accueil.

http://www.lesfenetresdusoleil.com/



Canigou__23








10 mai 2008

Le Canigou = Sirius ?

Pyr_n_es_R_019Les Catalans accordent une nature sacrée au Canigou,  un nom qui signifie ‘le chien’.  Gérard Lacoste décrit parfaitement certaines constellations reportées au sol sur le paysage de cette région des Pyrénées dont la montagne sacrée du Canigou représente une pièce essentielle.

Par ailleurs, selon les Légendes antiques, le chasseur Orion est toujours accompagné de 2 chiens, un grand et un petit. Aussi, comme un calque parfait du Ciel sur la Terre, on retrouve à l'Est du Midi/Sud de l'observation du 17 janvier, la Constellation du Grand Chien (Canis Major) avec, symboliquement ses 3 étoiles principales balisées au sol par le Mont Canigou (Canis,canicule=Sirius l'étoile la plus brillante du Ciel), et les 2 autres à proximité et en alignement parfait : Puig l'Estelle et Puig Tres Estelles (trois Etoiles, celles du baudrier).

http://big.chez.com/t3m/doc-orion.htm

Une étude interessante sur la symbolique :

http://www.geneawiki.com/index.php/Canigou

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