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lieux sacrés
12 janvier 2016

Le prieuré d’Anzy-le-Duc


Historique



Anzy_le_Duc_2aLe village actuel d’Anzy-le-Duc se trouve probablement sur le site d’une ancienne villa rustica, Anziacum, domaine foncier consacré aux travaux agricoles datant de l’époque gallo-romaine. Le viguier de Semur-en-Brionnais, Lethbald, sans descendance, en fit don en 876 à l’abbé Arnulf d’Autun, qui envoya sur place Hugues, originaire de l'abbaye de Saint-Savin-sur-Gartempe en Poitou et déjà connu pour sa grande piété, afin d’y bâtir un prieuré bénédictin.

 

 

 

 


ANZY_autelLe moine fit construire un hospice, des bâtiments monastiques et une église vers 880, à laquelle il donna une triple dédicace, chose fort peu commune vous en conviendrez : à la Sainte Trinité, à la Sainte Croix et à la sainte Mère de Dieu, la Vierge Marie (inscription trouvée sous les marches du sanctuaire).

 



Anzy_11aLa notoriété de notre bon moine fit venir foule. Hugues était sollicité pour ses prières et ses conseils, mais aussi pour ses talents de guérisseurs d’hommes et de bêtes, pour ses bénédictions de graines et semences qui devenaient fécondes, et pour ses commandements aux éléments déchainés qu’il apaisait d’un regard.

 

 

 

 

 

 

Anzy_10aC’est après sa mort, vers 930, qu’un pèlerinage autour de ses reliques prit forme. Tout d’abord enterré près de sa cellule de moine, son corps dut être transféré dans un sanctuaire digne de lui après de nombreux miracles (guérisons, exorcismes, lévitation du tombeau).  

 

 

Anzy_le_Duc_crypte_2aSes ossements furent ensuite portés au concile d’Anse en 934, en présence d’Odilon de Mercœur, abbé de Cluny. C’est vers 1001, après la décision de construire une église plus vaste, que se fit la translation solennelle de son corps dans la crypte. Odilon fut le commanditaire des travaux qui commencèrent par le chœur et le transept et durèrent jusqu’en 1050. Le prieuré, défendu par des enceintes et des tours, fut agrandi.

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_1Malgré les défenses, il fut saccagé par les troupes du Prince Noir en 1368, puis par les Huguenots en 1576 qui mutilèrent les sculptures des portails occidentaux et détruisirent le tombeau du saint. Il fut repris et pillé en 1594 par les Ligueurs. En 1644, le prieur Henri de Castille fit venir de Rome les reliques des saints martyrs persans Abdon et Sennen, afin de continuer le pèlerinage.

 

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_56Malgré tout commença le déclin. A la Révolution, il ne restait plus que quelques moines. Le prieuré fut vendu comme bien national et l’église, qui devait être détruite, fut rachetée par des habitants de la commune et servit d’entrepôt. La crypte, quand à elle, fut transformée en cave à vin. Après la destruction de l’église du village en 1818, la prieurale fut rachetée par la commune et devint paroissiale. Elle fut classée Monument Historique en 1851. La crypte fut rendue en 1987, fut restaurée et ouverte au public en 1994.

 

 

 

 

Les bâtiments du prieuré

 

Anzy_le_Duc_6Il nous est parvenu quelques bâtiments de l’ancien prieuré, situés au sud de l’église, autour d’une cour qui fut le jardin du cloître.

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_4aLe logis du prieur fut reconstruit, entouré de granges et de maisons des XVIe et XVIIe siècles, aujourd’hui propriétés privées.

Anzy_le_Duc_7

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_8La grosse tour carrée de la justice, du XIIe siècle, se trouve encore à l’angle de l’ancienne enceinte. Les deux baies géminées romanes à colonnettes de sa façade est s’ouvrent sur la cour.

Anzy_8

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Anzy_le_Duc_5Quelques  remparts, du XIIe siècle également, entourent partiellement au sud et à l'ouest l’ancien prieuré.
 

 

 

 

 

 

 


Le portail sud du prieuré

Anzy_le_Duc_9Le portail perce le rempart côté sud.  Plus tardif que celui de l’église, il est daté des années 1140, et attribué à l’atelier de sculpteurs du portail de Neuilly-en-Donjon, eux-mêmes influencé par Gislebertus d’Autun. N’ayant pas été protégé des intempéries, mutilé au XVIe siècle, il est très abimé, mais on peut encore apercevoir sur le tympan, comme à Neuilly, une Epiphanie, les deux arbres d’Eden et la cueillette du fruit de la connaissance, et la chute d’Adam et Eve.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_10aLe linteau est intriguant. Il est habituellement décrit comme montrant le jugement dernier, avec la séparation des élus allant vers la Jérusalem céleste et des damnés enchainés en enfer aux côtés d’un serpent monstrueux appelé Léviathan. Mais… Si on regarde bien, il se pourrait que la bande-dessinée se lise d’une autre façon.

 

 

 

Anzy_le_Duc_4bTout d'abord le chapiteau de gauche présente peut-être le sacrifice d'Isaac, qui, comme l'a si bien dit Robert-Jacques Thibaud, ne représente que le "don de soi, l'offrande initiant une mort libératrice. Lorsque nous nous destinons à un parcours spirituel, héroïque ou initiatique, il est nécessaire d'abandonner ce qui nous est le plus cher. C'est une mise à l'épreuve de notre détermination, il faut mettre notre idéal ou notre foi au-dessus de toutes choses."

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_12aNormalement, quand il s'agit du sacrifice d'Isaac, près de la scène, caché dans un buisson, se trouve un ange prêt à arrêter le bras d'Abraham, et un agneau destiné à prendre la place du jeune homme. Ici, point de trace. Il se pourrait alors que le chapiteau ne nous montre qu'un homme, tenant un autre homme par les cheveux (la force vitale), lui coupant la tête. Nous serions alors en présence de la symbolique bien connue de la décapitation qui permet de laisser sa tête, c'est à dire le mental, et de ne fonctionner qu'avec le cœur.

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_10bLe linteau  ensuite nous montre la Jérusalem céleste, puis un ange (les anges, ne l'oublions pas, ont comme fonction  de nous permettre de découvrir la réalité de notre être profond, en nous faisant évoluer, ils sont nos guides sur le chemin de la révélation) conduisant des hommes vers le centre, où ils seront prêts à monter directement vers la Vierge et l'enfant au-dessus.

 

 

 

 



Anzy_le_Duc_13aA gauche du portail, une scène de combat chevaleresque très endommagée, comme le chapiteau, difficile d'en faire l'interprétation. Il semblerait que nous ayons un homme dont la tête, les mains et les jambes sont suspendues au ciel par une corde.

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_14aSur le linteau, des hommes sont guidés par un ange vers un serpent tellurique, monté par un diable ailé qui tient d'autres hommes enchainés par le cou. Le serpent présente ensuite un homme au centre du linteau, comme pour le faire monter au ciel lui aussi. Les épreuves sont passées, la matière et les énergies cosmo-telluriques sont dominées.

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_14baNous serions alors, sur l’ensemble du portail, en présence d'un mode d'emploi indiquant les différentes façons d'atteindre la manifestation de l'état christique après les épreuves de la chute. Par les trois rois-mages, nous avons les trois phases  du grand œuvre alchimique, qui amèneront à la transmutation du vil métal en or. La fleur à 5 pétales du chapiteau de droite est une promesse de quintessence. Par les trois degrés de la connaissance de l’être, le corpus (homme), l’animus (saint) et le spiritus (sage), par la renaissance du Christ en nous et l’abandon du vieil homme, nous deviendrons re-nés, un homme nouveau qui a terminé les étapes du grand œuvre.

 

 

 



Le portail ouest du prieuré, ou portail d’Arcy


Anzy_4aIl provient de l’ancienne entrée principale du prieuré. Démantelé en 1791 pendant la Révolution, il fut conservé dans le château d’Arcy, puis fut donné en 1896 au musée du Hiéron à Paray-le-Monial où il orne à présent la salle centrale. Daté d’environ 1130, son style est celui de la fin de l’art roman et s’apparente à celui de Charlieu.

 

 

 

 

 

 

Anzy_4bLe tympan représente le Christ en gloire dans une mandorle portée par deux anges. Il porte un livre ouvert dans sa main gauche et bénit de la droite. Une restauration, faite en 2003, a montré les traces d’une ancienne polychromie : la tunique du Christ était rouge, le fond du tympan vert-bleu.

 

 

 

 

 

Anzy_tympan2aLe linteau présente une scène rarissime : la Vierge allaitant l’enfant, entourée par 4 saints hommes portant auréole (peut-être Moïse, Pierre, Paul et Etienne) et 4 saintes femmes inconnues.  
Anzy_6a

 

 

 

 

Anzy_5aLes chapiteaux nous montrent des hommes barbus portant phylactère, supposés être des prophètes.

 

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Commentaires
F
C'est passionnant ! ( mais quelle tristesse de voir la succession des destructions ...)
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