L'église de Rennes-le-Château
Sur l’emplacement actuel de l’église, au sommet de l’ancien oppidum, fut construite une première chapelle castrale au VIIIe siècle.
Elle devait être dédiée à la Vierge Marie (Beata Maria de Reddas). Il ne reste rien de cette époque mis à part le pilier dit « wisigothique » que Saunière utilisa comme socle.
L’église suivante, chapelle des comtes Razès citée en 1185 dans les inventaires de l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, fut reconstruite au XIe siècle, et fut dédiée à Marie-Madeleine. Partiellement détruite lors des guerres de religions, complètement délabrée au XIXe siècle, elle fut restaurée entièrement par Béranger Sainière à partir de 1886.
L’extérieur
L’abside est la partie la plus ancienne, avec ses bandes lombardes et son litre funéraire. L’ancienne fenêtre axiale fut remplacée par une grande baie circulaire. Le clocher de plan carré, adossé au mur nord, possède des baies géminées en plein cintre du XIe siècle, la partie supérieure étant plus récente.
La façade ouest est accolée au presbytère, construit dans le prolongement de l’église.
Sur la façade méridionale furent rajoutées la sacristie et une petite absidiole posée contre la dernière travée.
Le porche d’entrée, ouvert sur la travée sud lors des travaux de Saunière au XIXe siècle, est surmonté d’un tympan très travaillé. On y retrouve gravés les armoiries du pape Léon XIII, une statue de Marie-Madeleine, le tout entouré de décors floraux, de volutes et d’inscriptions latines.
Parmi ces dernières, nous avons la devise du pape, Lumen in coelo (lumière dans le ciel), tout en haut Terribilis est locus iste (ce lieu est terrible, partie d’une phrase de la Génèse, XXVIII, 175), Domus mea domus orationis vocatibus (ma maison sera appelée maison de prière, Matthieu, XXI,13.
Il manque la suite de la phrase, mais vous en avez fait une caverne de brigands) et sous la statue Regnum mundi et omen ornatum soeculi contempsi propter amorem domini mei Jesu Christi quem vidi quem amavi in quem credidi quem dilexi (j'ai méprisé le règne de ce monde et tous les attraits de ce siècle à cause de l'amour de mon maître Jésus Christ, que j'ai vu, que j'ai aimé, en qui j'ai cru et que j'ai choisi, phrase tirée de l'Office des Saintes Femmes dans le bréviaire à l'époque de l'abbé Saunière).
L’intérieur
L’église est de plan classique à nef unique à trois travées couverte d’une voûte en berceau en anse de panier et abside semi-circulaire.
La travée de chœur est recouverte d’une voûte en berceau en plein cintre. Le chœur est séparé de la nef par un arc diaphragme. L’abside est voûtée en cul de four.
Les cloisons de briques posées au XIXe siècle contre l’édifice pour en faire disparaître les irrégularités furent peintes en 1897.
L’entrée est occupée par un bénitier en forme de coquille Saint-Jacques supporté par un diable que beaucoup, à la suite de Gérard de Sède, nomment Asmodée, le gardien des trésors. Ben voyons.
Ce qu’il y a de sur, c’est que les quatre anges le surmontant font le signe de la croix, et que Saunières rajouta « le » à la phrase de Constantin (In hoc signo vinces) inscrite en-dessous : par ce signe tu le vaincras.
Les initiales BS entre deux animaux fantastiques ont-elles aussi donné lieu à beaucoup d’interprétations.
Saunière découvrit dans l’église lors des travaux qu’il fit en 1891 une dalle funéraire, appelée dalle des Chevaliers. Elle était posée face contre terre et devait appartenir au tombeau des seigneurs de Rennes. De par sa facture, elle pourrait dater du VIIIe ou IXe siècle.
Les stations du chemin de croix, les statues et leur emplacement, le dallage et les fresques, tout ou presque dans l’église est sujet aux délires les plus audacieux. Il me parait certain que Saunières a voulu faire passer un message. Mais lequel ?
Est-ce la présence d’un trésor, quel qu’il soit, de monnaies sonnantes et trébuchantes ou autre ? Ou bien une façon de bien noyer un petit poisson qui devient de plus en plus grand ? Je ne me rappelle pas avoir jamais lu ou entendu autant de recherches érudites et d’âneries sur un lieu qui reste avant tout un lieu sacré, l’emplacement d’un premier sanctuaire à l’époque où le christianisme n’existait pas encore.
Je ne voudrais pas paraître trop critique envers ceux et celles qui sont cherchants sur ce que l’on appelle l’affaire RLC., ce serait l’hôpital qui se fout de la charité. Mais la quête doit se faire avec le cœur. Dans cette histoire, le cœur est souvent relégué aux oubliettes. Tiens, pas d’oubliettes à Rennes-le-Château…un oubli peut-être ?
J’ai passé quelques années de ma vie à acheter des bouquins parlant de cette énigme. Je ne le regrette pas, on apprend toujours de ses erreurs. Et j’ai passé de très bons moments, notamment avec « L'or du diable » et « Les tentations de l'abbé Saunière » de Jean-Michel Thibaux. Par contre, je « sais » qu’il y a une crypte sous l’église, ça se « sent ». Mais beaucoup d’églises en possèdent une, même cachée, même interdite, même payante, c’est vous dire. Moi je serais la municipalité, je dégagerais son entrée et je mettrais le ticket d’entrée à 5 euros. Gratuit pour les gosses. C’est vrai quoi, rien de tel que d’interdire ou de cacher pour donner envie