La Sarrasinière
Presque en face de la chapelle Saint-Bosc se dresse une ruine énigmatique, totalement incongrue dans le paysage, coincée dans un verger entre la nationale 86, la voie ferrée et le Rhône.
Longtemps la tradition populaire l’attribua aux sarrasins (d’où son nom), les archéologues y ont vu un trophée élevé par Quintus Fabius Maximus Allobrogicus à la suite de sa victoire de – 121 face aux Allobroges, mais les dernières fouilles de 1916 puis de 1971 ont permis d’émettre une théorie bien différente :
ce serait un petit mausolée, appelé colombarium, un tombeau familial destiné à conserver les urnes cinéraires. Il daterait du Ier siècle, et serait en relation avec le domaine situé au hameau de Saint-Bosc. Mon ressenti penche pour cette hypothèse, avec l’assurance qu’il na pas été implanté au hasard.
L’entrée se faisait par le côté ouest, par une porte d’environ 2 m de large, entourée de deux niches. A 4,80 m de hauteur se trouvait une plateforme en demi-cercle, devant abriter un groupe de statues.
Le monument ne porte plus les plaques de pierre calcaire qui devaient recouvrir sa surface, ni sa couverture. Il mesure actuellement 10,13 m de long, 6,76 de large et 9 de haut, pour une surface de 70 m². Le socle portant l'édifice mesure 11,70 m par 8 et la hauteur d’origine devait atteindre les 12 m. Au centre des murs nord et sud se trouvait une seule niche destinée à recevoir une statue.
La façade principale à l’est, qui regardait le Rhône et la voie romaine, porte les traces d’une ornementation monumentale. Elle était percée de trois niches carrées séparées par des pilastres, surmontées par une large architrave et couronnée d’un attique (partie supérieure qui vient couronner une construction, qui porte souvent sur les façades l'inscription de dédicace et qui accueille souvent des statues).
Le côté opposé s’arrondit à l’intérieur en forme d’abside. Au centre de la partie arrondie se trouve une niche agrandie par les dégradations volontaires ou non, qui devait recevoir les urnes. En-dessous, une trouée laisse entrevoir une possible crypte, à moins que ce ne soit les restes du passage d'un chercheur de trésor.
Le seul monument que j’ai retrouvé ressemblant à la Sarrasinière et datant de la même époque se trouve sur la route de Stora à l’ancienne Rusicade, en Algérie, appelée actuellement Skikda. Cet endroit était une ancienne colonie phénicienne, romanisée et consacrée à Vénus.
« Le monument gallo-romain dit la Sarrasinière à Andance » d’Yves Burnand
http://www.patrimoine-ardeche.com/visites/sarrasiniere_n.htm
http://skikda.boussaboua.free.fr/skikda_histoire_02_antiquite.htm