L'église Saint-Ours
On ne connaît pas précisément la date de la première construction de l’église de Saint-Ours. Elle est de style roman, sans doute commencée au XIIe siècle et modifiée au XIIIe.
Le bâtiment, d’aspect modeste, marque bien, par le mélange harmonieux de l’arc brisé et de l’arc en plein cintre, la transition entre le roman et le gothique.
L’atmosphère qui règne à l’intérieur de l’église est douce, chaleureuse et très féminine, enveloppante.
Le village et son église portent le nom de saint Ours qui, selon la légende, implanta dans la région de la Limagne les premiers moulins, figurant sur les armes de la commune. La fête du saint y est fixée au dernier dimanche de juillet.
Le nom du saint patron a aiguisé ma curiosité, et je suis allée chercher plus d’informations sur lui. Tout d’abord, ours, étymologiquement, viendrait de l’indo-européen hrtkos, qui a donné riksa en sanscrit, arsa en vieux perse, arktos en grec, puis ursus en latin.
Le peu que j’ai trouvé sur la vie du saint parle d’un homme natif de Cahors dans le Lot, ayant reçu le don de faire des miracles. Il vivait au VIe siècle, devint moine et partit en Berry où il fonda trois monastères : Toiselay (Tausiriacum), Heugnes (Onia), et Pontivy ou Pontigny (Pontiniacum). Puis il se rendit en Touraine, où il fonda Sennevières, qu'il laissa à la garde de son compagnon saint Léobat (ou Laubais), puis Loches où il construisit le premier moulin à roue. Il eut à faire à Sichlaire, favori d'Alaric roi des Visigoths, qui voulait s’emparer du moulin. Grâce à un miracle, il put le conserver pour ses moines.
Quand à la symbolique de l’ours, elle est bien plus étoffée. Chez les Celtes, l’ours représente la force et le pouvoir temporel des rois. Il forme un couple avec le sanglier, symbole du pouvoir spirituel des druides. Sur les chapiteaux romans, il représente l’éveil des forces primitives de la vie, mais aussi de l’éveil spirituel, vers une pleine conscience.
Mais au départ, il est la représentation de la force du féminin sacré, comme en témoigne la déesse-mère Artio, reliée à l’Etoile Polaire et aux constellations de la Petite et de la Grande Ourse.
L’antique culte de l’ours (on a retrouvé une sépulture où le squelette d’un homme est accompagné de celui d’un ours dans le Périgord, datant de – 80 000 ans) est lié aux rites de passage et aux initiations : une ancienne légende raconte que l'ours expulse les âmes des morts qu'il porte dans son ventre en émettant un pet à son réveil de l'hivernation.
Féminin, nocturne et ténébreux, l’ours est lié à la lune. Les grecs le firent accompagner Artémis (dont la racine art ne laisse aucun doute), sœur d’Apollon, dieu du soleil.
Au moyen-âge, les anciennes fêtes païennes de début février (réveil de l’ours) et de début octobre (hibernation) furent reprises par le christianisme et transformées en Chandeleur (fête de la lumière et Purification de la Vierge Marie) et peut-être en Toussaint pour la deuxième, période des anciennes Bacchanales.
L’ours est devenu chez les alchimistes, par le fait qu’il habite une caverne et qu’il représente par là l’obscurité, le symbole du premier état de la matière. Il peut donc être apprivoisé, passant de l’inconscient à la pleine conscience.
Avec tout cela, il semblerait fort que Saint-Ours ait été le vecteur d’une tradition bien plus ancienne, celle de la grande déesse-mère initiatrice. Ce que j’ai retrouvé dans ce qui se dégage de l’église.
« Les Petits Bollandistes, Vies des saints » de l’abbé Paul Guérin, tome 9 page 28
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ours_dans_la_culture