Les plumes de paon
Ce sont des flabella. L'usage de ces éventails se retrouve en Égypte antique, où sous le nom de nékhekh, ils faisaient partie des attributs du pharaon. Dans l'Église catholique, ces éventails étaient portés devant le pape, jusqu'à la simplification des cérémonies induites par le dernier Concile sous le pontificat de Paul VI. Les plumes de paon dont ils étaient confectionnés, à cause de leurs ocelles, symbolisaient le regard, et donc la vigilance du pape sur l'ensemble de l'Église.
Mais le paon peut représenter plusieurs symboles: pour les premiers chrétiens, il est considéré de façon bienveillante car sa chair passait pour être imputrescible comme le corps du Christ au tombeau. La chute et la repousse de ses plumes au printemps était interprétée comme symbole de renouveau et de résurrection. Il faut donc voir le paon comme symbole d'immortalité.
Selon une croyance populaire, le sang du paon passait aussi pour écarter les démons. Le paon a souvent été représenté sur les images de la nativité. Deux paons buvant à une coupe indiquent la renaissance spirituelle, la dualité harmonisée et l'initié libéré des désirs et du pouvoir de l'égo et les ailes des anges sont souvent en plumes de paon.
La plume, symbole de justice chez les Égyptiens, dont le poids suffit à rompre l'équilibre, est associée à un symbole lunaire représentant la croissance de la végétation. Symbole de puissance aérienne, la force ascensionnelle de la plume libère l'homme des pesanteurs de ce monde. Mais aussi symbole solaire, lié au déploiement de sa queue en forme de roue. Par la multitude de ses "yeux", et les couleurs de ses plumes, c'est la manifestation d'un principe de totalité, de plénitude solaire.
Les Égyptiens appelaient aussi la plume « le traceur de tout ». C'est le symbole de l'expression de la parole divine délivrée par l'écriture. Mais, comme la plume est l'attribut exclusif des oiseaux, elle symbolise aussi des vertus anthropomorphiques prêtées à certaines espèces d'oiseaux comme l'aigle, qui est symbole de sagesse et messager spirituel entre les dieux et l'homme. Pour les peuples nord-amérindiens, la plume d'aigle apporte la sagesse à celui qui la porte.
Dans la Religion romaine antique, des bijoux à base de plumes ou des plumes étaient déposés dans les sanctuaires de Junon. Cette tradition, venue vraisemblablement d'Orient, était équivalente à celle retenue pour le culte grec d'Héra. Dans la mythologie, c'est Junon/Héra qui a placé les ocelles sur les plumes du paon. À Rome, les plumes de paon symbolisaient Junon (IVNO REGINA) puisque justement sa beauté résidait, paraît-il surtout dans ses yeux.
Légende issue de la mythologie védique : « A l'origine les paons mâles avaient un plumage brun et terne. Seule la longueur de leurs plumes les distinguait des femelles. Un jour un paon aperçut Indra qui courait comme si un démon était à ses trousses et il lui en demanda la raison. Indra répondit dans un souffle qu'effectivement il était pourchassé par le terrible Râvana et malgré ses armes il préférait ne pas s'exposer inutilement. Comme Râvana arrivait en courant, l'oiseau déploya rapidement sa large queue et Indra put ainsi se dissimuler derrière. Râvana passa sans rien remarquer. Une fois le danger passé, Indra remercia le paon et lui offrit des plumes aux merveilleuses couleurs. On dit aussi qu'il devint le héraut d'Indra et que son cri perçant annonce l'orage. »
En Inde, le paon est un tueur de serpent, insensible à leurs morsures. La lutte du paon et du serpent renvoie à celle de la lumière contre l'obscurité.