Le mont Pipet
La colline de Pipet, située entre deux ravins escarpés et dominant le paysage viennois, est longée par l'ancienne voie gauloise vers l'est (rue Pipet).
Le sommet fut aménagé à l'époque romaine en esplanade de 125m par 87, entourée de colonnades et terminée à l'est par un hémicycle, avec d'importants murs de soutènement encore visibles. Cette aire sacrée avec des temples formait un axe monumental avec le théâtre et le forum en contrebas.
Une inscription faite sur une plaque de marbre de 2,50 m par 1,50 m, mentionnant les donations faites par une prêtresse à un temple, nous apprend que plusieurs divinités furent célébrées sur la colline : "... par décret des décurions, Flaminique de Vienne a offert à ses frais, les tuiles en bronze doré avec les antéfixes et les ornements sculptés des bases, les statues de Castor et Pollux, avec leurs chevaux, et celle d'Hercule et de Mercure."
Il existe un passage voûté (3,20 m de large par 4,50 m de haut) au centre de l'hémicycle oriental de la plateforme, peut-être l'entrée principale du sanctuaire.
Le site, transformé par les rois de Bourgogne au début du moyen-âge en forteresse avec un donjon carré, fut remis à l'église de Vienne en 1023. A partir de 1285, il fut possession des chanoines de la cathédrale Saint-Maurice de Vienne, alors que, sur le mont Salomon, le nouveau château de la Bâtie appartenait à l'archevêque.
La forteresse médiévale n'est connue que par des gravures. Au centre du plateau s'élevait une haute tour carrée peut-être construite avec des matériaux de réemploi de l'époque romaine.
Aux XIVème et XVème siècles, la forteresse fut un enjeu dans les conflits entre les chanoines, l'archevêque et le dauphin. Au XVIème siècle, elle fut disputée au cours des guerres de religion et pendant la guerre entre les ligueurs et le roi Henri IV. la politique du cardinal Richelieu contre les féodaux et les huguenots aboutit à un arrêt de 1633, ordonnant la destruction des places fortes du Dauphiné : les fortifications de Pipet et de la Bâtie seront abattues.
Ce haut-lieu fut consacré par les viennois à la Vierge Marie, avec l'installation en 1873 d'une statue en pierre de Volvic et une tour en briques.
Plus tard, dans la même année, débuta la construction d'une chapelle de pèlerinage en l'honneur de Notre-Dame de la Salette.
Aux pieds de la tour est scellé un khatchkar (kar=pierre, kahtch=croix), une croix en pierre sculptée arménienne. La croix symbolise l'arbre de vie, victoire de la vie sur la mort. Ils se trouvent par milliers en Arménie : de hauteur variable, en moyenne 1mètre 50, ils sont orientés vers l'est. Ils servent à commémorer un évènement important. On les trouve isolés, en groupe, ou insérés dans les murs d'une église.