L'église Saint-Jacques-la-Boucherie et la tour Saint-Jacques
L'actuelle tour Saint-Jacques est le vestige d'une église aujourd'hui disparue : Saint-Jacques-le-Majeur, dite Saint-Jacques-la-Boucherie, édifiée dans l'un des plus anciens quartiers du Paris médiéval. 
Les grands axes routiers étant déjà tracés à l'époque romaine, l'église primitive, une chapelle carolingienne dédiée à sainte Agnès, fut implantée à la jonction de ces voies, le cardo et le decumanus. Ses fondations furent découvertes lors des fouilles de 1852. La Chronique de Turpin affirme que l’église fut fondée par Charlemagne. 
C'est après le IXème siècle que les parisiens, repliés sur l'île de la Cité à l'époque des invasions normandes, s'installent sur les terres marécageuses de la rive droite. Au XIIème siècle, les bouchers occupent cette banlieue. Ils formeront par la suite une communauté connue sous le nom de Grande Boucherie.
La mention la plus ancienne que nous connaissions d'une église en ce lieu date de 1060. Dans une bulle du pape Callixte II, en 1119, il est fait mention pour la première fois de l'église sous le vocable de Saint-Jacques, devenue propriété de l'abbaye de Cluny, par l'intermédiaire du prieuré de Saint-Martin-des-Champs. 
La chapelle du Xème siècle fut remplacée vers le milieu du XIIème. Elle fut érigée en paroisse sous Philippe-Auguste, vers l'an 1200. La première trace de son surnom de Saint-Jacques-la-Boucherie date de 1259.
Ce sanctuaire possédait une relique de saint Jacques et était un lieu de pèlerinage réputé: c’est à partir de cette église que s’organisèrent les pèlerinages en direction de l’Espagne et de Saint-Jacques-de-Compostelle, selon un itinéraire (la via Turonensis) qui empruntait, vers le sud, la rue Saint-Jacques, le cardo de Paris, jalonné de divers édifices cultuels consacrés au saint (dont il subsiste encore aujourd’hui l’église Saint-Jacques-du-Haut-Pas).
Prise dans un étroit réseau de ruelles et de constructions, l'église était de plan dissymétrique, car elle se développa par ajouts successifs, au gré des opportunités financières. Son portail nord fut offert en 1389 par l'écrivain et libraire Nicolas Flamel, dont la légende fit un grand alchimiste.
En tant que donateur, il put se faire représenter sur le tympan, en compagnie de dame Pernelle son épouse, aux côtés de la Vierge et des saints Jacques et Jean-Baptiste.
Il logeait en face, à l'angle de la rue qui porte aujourd'hui son nom et de la rue des Écrivains, l'actuelle rue de Rivoli. Il prépara lui-même sa pierre tumulaire (le n° 92 au musée de Cluny) et fut enterré dans l'église le 24 mars 1417.
Vers la fin du XVème siècle, les voies furent élargies et les nombreuses logettes d'écrivains publics qui étaient adossées aux murs de l'église furent détruites.
La façade d'origine de l'église fut remplacée en 1487, ses ornements et figures furent achevés en 1491.
Saint-Jacques possédait un clocher carré datant du XIIIème siècle, situé sur le flanc nord de l'église, près du portail de Flamel et de deux logettes lui appartenant. A la fin du XVème siècle, il fut décidé de le remplacer.
Comme ils le firent pour l'édification et les agrandissements de l'église, les paroissiens et les confréries, et particulièrement celle de la Grande Boucherie de Paris, financèrent la construction de leur nouveau clocher. Il fut choisi de le placer sur le flanc sud de l'église, en retrait de son angle sud-ouest. Bien que réalisée entre 1509 et 1523, sous Louis XII et sous François premier, sa tour est encore de style gothique flamboyant. Le nom de son architecte n'est pas assuré, mais on parle de Jehan de Félin, maître des œuvres de maçonnerie de la ville de Paris.
Vendue comme bien national pendant la Révolution française, elle devînt une carrière de pierre et fut démontée pierre par pierre. Seul le clocher fut épargné. En 1836, la ville de Paris fit l’acquisition du clocher subsistant, isolé et abandonné, qui devint, au XIXème siècle, la tour Saint-Jacques, ornement d’un des premiers jardins publics parisiens.
En 1852 les travaux engagés à l’occasion du percement de la rue de Rivoli font décider de la restauration.
Les travaux sont colossaux, ordonnés par l’architecte Baltard et dirigés par Théodore Vacquier et l’ingénieur Roussel.
La tour est entièrement reprise depuis les fondations, les parties basses presque entièrement refaites, ainsi que 19 statues et les gargouilles.
De 1854-1858 la restauration est confiée à l’architecte Théodore Ballu.
Une statue de Blaise Pascal, installée à la base de la tour, rappelle qu'il aurait renouvelé ses expériences sur la pesanteur du Puy-de-Dôme en cet endroit, mais d'autres sources indiquent l'église Saint-Jacques-du-Haut-Pas sur la montagne Sainte-Geneviève.
En 2007, la ville de Paris en concertation avec la Conservation régionale des Monuments historiques a entrepris une restauration complète de la Tour.
La tour, carrée, mesure 52 mètres jusqu’à la balustrade, et fait 10,40 mètres de côté. En 1523, Rault, tailleur d’images, reçut 20 livres "pour avoir fait trois bêtes (trois des quatre symboles des évangélistes) et un saint Jacques sur la tour et clocher". Cette statue colossale mesurait, dit-on, 10 mètres de haut. La statue de saint Jacques, abattue à la Révolution, est remplacée par une autre, due à Paul Chenillon.
Tourné vers le Nord, saint Jacques regarde la colline protectrice de la ville qu’est Montmartre, devenue, par le martyre de saint Denis au premier siècle, haut lieu de pèlerinage, et qui depuis un siècle est le siège du Sacré-Cœur.
"La restauration de Ballu, en 1858, y rétablit les statues arrachées en 1797, en particulier celles des animaux évangéliques et du Saint-Jacques qui, depuis, veille toujours sur la croisée de Paris et qui est tournée vers le Nord, pôle du Minuit, des ténèbres, que doivent traditionnellement garder les Veilleurs apostoliques. Particularité remarquable de la « triangulation » providentielle de l’espace isiaque de Paris, la tour Saint-Jacques est très exactement sur la ligne droite qui joint la flèche de Notre-Dame à la basilique du Sacré-Cœur." Jean Phaure, "Introduction à la géographie sacrée de Paris"
Les symboles sculptés des quatre évangélistes, le lion, le taureau, l'aigle et l'homme, apparaissent dans les angles.
Le symbole de la terre des alchimistes, le globe surmonté de la croix, est figuré par la disposition même de la tour et des rues Flamel et Pernelle. Sur le plan de la ville de Paris la tour saint-Jacques est figurée par un cercle. De ce cercle part vers le haut la rue Flamel, elle même coupée transversalement par la rue Pernelle. Nous avons bien là le globe crucifère.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Tour_Saint-Jacques
http://www.paris-pittoresque.com/jardins/4.htm
http://www.cosmovisions.com/monuParisEgliseSaintJacquesBoucherie.htm
http://signes-et-symboles.org/dossiers-symbole/index.php/2008/07/10/194-tradition-guenon-symbole





