L'abbatiale Saint-Jean-Baptiste
L’actuelle dénomination "Saint-Jean-Saverne" date de 1920 lorsque la commune opta pour ce nom en lieu et place du sobriquet Saint-Jean-des-Choux dont l’avaient affublée à la fin du XVIIème siècle les autorités françaises, en souvenir d’un combat désespéré livré dans les champs de choux.
Aux temps du Saint Empire Romain Germanique, l’appellation officielle était Sankt Johann nächst Elsass-Zabern, traduction littérale de S. Iohannes prope oppidum Zabernia, apparue dans les textes officiels anciens en 1126-1127 sous la forme Cella Sancti Iohannis, en remplacement du premier nom connu de la localité, Meginhelmeswilre. Ce premier nom germanique évoque une création mérovingienne ou carolingienne. On trouve cependant des traces d’occupations humaines bien plus anciennes (4 000 avant notre ère).
La donation de 1126-1127 amène dans le troisième quart du XIIème siècle la fondation d’une abbaye de moniales bénédictines placée sous l’invocation de Jean le Baptiste. Des bâtiments de cette époque ne subsistent que la nef romane de l’ancienne abbatiale, d’un style roman tardif de transition, avec une nef centrale voûtée de lourdes ogives, classées parmi les premières et donc les plus anciennes d’Alsace, et le chevet ouvragé à l’est et pentures romanes exceptionnelles sur les vantaux d’origine du XIIème siècle, à l’entrée de la nef, sous le clocher-porche, à l’ouest.
Les autres bâtiments, maintes fois reconstruits après incendies, dévastations et destructions, livrent quelques témoins de la dernière campagne de remaniements du XVIIIème siècle, comme la tour-porche de 1733 plaquée sur la façade romane à l’italienne, détruisant et masquant le décor.
On retrouve quand même quelques figures, comme celle de l'ours avec son un pot de miel...
De la même époque, milieu et troisième quart du XVIIIème siècle, date le mobilier baroque de l’abbatiale : l'orgue de Silbermann de 1747, le maître-autel ( 1763 ) et les autels latéraux, la chaire à prêcher.
L’abbaye ferma ses portes le 1er octobre 1792, et l’ensemble des terres et des bâtiments de l’enclos conventuel, déclarés Biens Nationaux, fut acquis le 22 décembre 1796 par un collectif des 72 chefs de famille de Saint-Jean qui lotirent leur propriété le 10 janvier 1798, à l’exception de l’église, l’ancienne abbatiale, promue église paroissiale. Cette église catholique Saint-Jean-Baptiste de Saint-Jean-des-Choux figure sur la liste initiale des Monuments Historiques de 1840, et le classement Monument Historique a été confirmé au J.O. du 16 février 1930, aux côtés des deux autres anciennes abbatiales romanes de la région, Saint-Etienne de Marmoutier et Saints-Pierre-et-Paul de Neuwiller-lès-Saverne.
Le décor roman extérieur se concentre sur le chevet et plus particulièrement sur l’abside centrale. Une frise d’arceaux surmontée d’une corniche ornée d’un cordon de billettes couronne cette abside. A la retombée de chaque arceau les modillons et les chapiteaux des demi-colonnettes sont sculptés de motifs disposés symétriquement par rapport à l’axe central, et dans lesquels on peut voir la représentation symbolique des quatre évangélistes, la tête de taureau de Luc, la tête d’homme de Mathieu, la tête de lion de Marc, l’aigle de Jean.
Plus haut, sur l’angle de la nef, à la base des pignons raidis au XVIIIème siècle, une tête d'ours placée en acrotère, et dessous une tête de bélier au départ de la frise d’arceaux, bûchée au XVIIIème siècle, qui ceinturait jadis la nef.
Deux lions couchés gardent la fenêtre centrale, tandis qu'un serpent dressé essaie d'atteindre une étoile à 7 branches...
La nef romane, datée de 1150, compte cinq travées centrales voûtées de lourdes croisées d’ogives, classées parmi les plus anciennes d’Alsace, et trois absides. Dans les deux premières travées les ogives retombent sur des colonnettes, dans les trois autres travées, sur des culots en forme de têtes, masques chevelus, barbus, moustachus.
Aux cinq travées centrales voûtées d’ogives correspondent dix travées latérales voûtées d’arêtes retombant pour moitié sur les piles fortes et pour moitié sur des piles intermédiaires qualifiées de faibles. Ce qui détermine une alternance de piles fortes et de piles faibles, caractéristique de l’art roman en milieu rhénan.
Le décor sculpté se concentre sur les impostes des piliers, alliant décor végétal à frises de palmettes, à rinceaux de palmettes, et un bandeau plissé en accordéon.
Sur les piliers forts entre quatrième et cinquième travée, à l’entrée du chœur liturgique surélevé, des demi-colonnettes jumelées supportent un double chapiteau décoré d’arbres stylisés en volutes, le tout surmonté d’un tailloir orné d’entrelacs géométriques. Tout cela nous renseigne sur les courants énergétiques de l'église.
Une représentation d'un damier, à 64 cases, nous laisse réfléchir sur la signification de sa présence en ce lieu.
Un bel atlante portant pilier commence son retournement. Il est étonnant, dans une église abbatiale bâtie pour des moniales, de ne trouver que des représentations d'hommes...
La seule représentation féminine se trouve à l'extérieur, la tête de la dame surmontée d'un animal lui posant les pattes sur les épaules !
Dans le bas-côté droit du chœur, la porte d’entrée de la sacristie montre un portail roman qui donnait jadis vers l’extérieur, dans le cloître, mais qui a été retourné vers l’intérieur lors des travaux de restauration du XIXème siècle.
Le tympan semi-circulaire monolithe, bordé d’un rinceau de palmettes, encadre la scène de l’agneau mystique nimbé, tenant la croix, entre deux arbres stylisés et deux étoiles à cinq branches. Les montants sont ornés de rinceaux de palmettes chargées de raisins sur le montant de gauche.
http://www.stjsaverne.com/pages/histoire1_abbaye.html
http://www.geneawiki.com/index.php/67425_-_Saint-Jean-Saverne