La cathédrale Sainte-Julie-et-Sainte-Eulalie
La première trace de l'église d'Elne date de 571. La cathédrale fut reconstruite au IXème siècle, suite à son délabrement. De ce bâtiment ne subsiste qu'un bénitier creusé à l'intérieur de profondes canelures (l'extérieur est enserré dans une feuille d'acanthe). Au XIème siècle les techniques de construction évoluèrent. La cathédrale, après 200 ans d'existence, dû être à nouveau rebâtie. C'est là l'origine de l'édifice que l'on connaît aujourd'hui.
L'austère façade confère à l'édifice un aspect de forteresse. Le portail central est entouré de pans de murs dénués de tout ornement. Au-dessus du portail, on trouve une petite baie cintrée, encadrée par un décor de bandes lombardes.
S'élèvent ensuite deux tours, liées par une courtine crénelée. La façade était initialement symétrique, le deuxième clocher étant identique à son voisin. Mais il fut détruit au fil des années et reconstruit en brique, plus simplement.
Le clocher sud, en pierre, comprend quatre étages au-dessus de la courtine; à chaque étage et sur chaque face, on trouve quatre baies cintrées. Le clocher est couronné par des créneaux. Le clocher nord, en briques rouges, est moins massif et moins haut que le clocher sud. Le premier étage en pierre et briques est sans ornement. Le deuxième étage est percé sur chaque face de deux baies cintrées. On n'en trouve qu'une plus large, au niveau supérieur. Là aussi, l'ensemble est surmonté d'une terrasse crénelée.
L'intérieur de la cathédrale réserve une surprise avec l'emploi de technique directement inspirée de l'antiquité : les piliers sont légèrement penchés vers l'avant et la corniche de la nef monte en s'éloignant par dessus les grands arcades. Tout ceci fut fait dans le but d'améliorer la perspective.
Le plan de l'église est basilical, à trois nefs : la principale et les deux bas-côtés sans transept qui se terminent par une abside et deux absidioles voûtées en cul de four.
Le choeur, à deux niveaux, comportait une crypte qui fut comblée lors de la mise en place du baldaquin en 1724 et dont subsiste, à l'extérieur, une absidiole. Une voûte en berceau de la fin du XIIème siècle, ronforcée par des arcs doubleaux, a remplacé la couverture en bois d'origine. Le doublement des piliers a été nécessaire.
Le bas-côté sud a été transformé par l'adjonction, à différentes époques, (fin XIIIème, XVème siècle) de chapelles dans lesquelles l'évolution de l'art de la voûte gothique est visible. Certains chapiteaux des demi-colonnes datent du XIème siècle.
Dans le jardin des absides, on peut voir la base d'un chevet gothique du XIVème siècle, inachevé faute d'argent.
L'autel majeur se trouvait dans l'abside, légèrement en avant de la cathèdre de l'évêque. Cette table de marbre rectangulaire d'un seul tenant, bordée d'une moulure de perles et d'oves découpée de lobes, d'une largeur d'1,20 m et d'une longueur de 2,50m, était garnie d'un revêtement d'argent. Elle est de nouveau utilisée depuis la réparation de la table d'autel en 1965.
Traduction de l'inscription gravée sur la table : "L'autel d'argent qui, depuis le XIème siècle, Gaufred étant comte du Roussillon, surmontait cette table sacrée, était bas, étroit, et d'un travail grossier. Il avait souffert des injures des ans et des fréquents larcins....
Comme bien d'autres tables d'autel du Roussillon, elle ressort des ateliers narbonnais qui travaillaient sur des marbres tirés des édifices antiques de la ville. Elle repose sur un cippe romain.
Au chevet de l'église, un mur à massifs saillants est ce qui reste d'un chevet gothique entrepris au XIVème siècle.
Deux puissants arcs-boutants contrebutent l'abside dont le système décoratif, très simple, ne manque pas de beauté dans sa sévérité même. Des pilastres supportent une arcature où se logent trois fenêtres. A hauteur d'imposte, on trouve une corniche à billettes.
Le bénitier est tout ce qu'il nous reste de la première église construite au XIème siècle.