L'Ermitage de Collias
Non loin d'Uzès se trouve le village de Collias, dans la vallée du Gardon. Cette vallée compte un nombre important de grottes préhistoriques, dont la fameuse "grotte de Bayol", qui est malheureusement fermée au public, et qui abrite des peintures classées parmi les plus anciennes du monde.
Le site de Collias est lui même très ancien: des flèches datant de l'âge du bronze et des stèles votives ont été mises à jour. Parmi les stèles votives trouvées sous les ruines de l'Ermitage, dans une petite cour qui précède immédiatement la chapelle, l'une d'elles, datant du premier siècle, porte l'inscription "Aramoni Porticum Licina.P.F. Acceptilla Ex voto.D.S.P.F., qui peut se traduire par "Licinia Acceptilla, Fille de Publius, a élevé à ses frais, en ex-voto, cette chapelle à Aramon".
Cette stèle se trouve au musée de Nîmes. Aramon, que l'on ne trouve qu'à Collias, devait être le nom d'une divinité topique puisque n'ayant rien à voir avec les dieux de Rome ou d'Athènes.(ou bien c'est Amon-Râ ? Dans ce cas, manque Ptah... La trinité, plus la déesse-mère: beau programme!)
En grec KOLIAS est l'un des surnoms d'Aphrodite, déesse de l'Amour mais qui, pour les romains, est aussi, souvent la déesse des sources. Il se pourrait donc que ce soit la source de l'Ermitage qui soit à l'origine même du nom du village.
Et non loin de Collias... l'Ermitage donc. Il n'a pas été facile de le localiser, les panneaux indicateurs inexistants ou presque... Une charmante Allemande a essayé de me renseigner. Dommage, je ne garde de mes quatre années de la langue de Goethe que peu de souvenirs...
Bref, le sentier menant au sanctuaire fut localisé. Le chemin suit un cours d'eau venant se jeter dans le Gardon, et serpente au milieu des chênes verts. Plusieurs portes de vie durant le parcours indiquent que l'endroit doit être approché en connaissance de cause. Les lieux furent habités depuis la nuit des temps, et je ne serai pas étonnée que des gardiens aient été laissés sur place.
Passé le pont romain, puis les escaliers en pierre sèche, nous arrivons sur les lieux. La première chose que l'on voit est un autel en plein air, adossé à une petite falaise.
Puis ce que l'on appelle l'Ermitage, qui est en fait une grotte occupée dès le néolithique, aménagée pendant des années par les ermites qui se sont succedés. Les premiers sous l'influence de Saint Vérédème, le dernier, frère Mailhan, à la fin du XVIII ème siècle.
Une fresque magnifique sur la paroi nous montre un ange les mains ouvertes. Saint Michel ? Si une Dame est présente, son parèdre doit se trouver dans le coin.
Enfin la chapelle Notre-Dame de Laval. Récemment restaurée par l'Association des "Amis de l'Ermitage", elle est en fait élevée sur les bases d'un temple romain dont les vestiges et les stèles étaient encore en place en 1887.
A l'intérieur, une inscription:
"Bâtie sur l'emplacement d'un temple païen (Celtes-Gaulois-Grecs et Romains), -50 ans avant J.C., Temple dédié à Jupiter, mars, Minèrve, Aramon. Au XII ème siècle, le temple devient chapelle dédiée à la vierge."
Un important pélerinage fut mis en place. Plus rien des fastes d'antan, le lieu est protégé par son accès difficile. Comme pour la sainte Baume, ou Rocamadour, il faut grimper longtemps, se vider le corps et l'esprit, avant de rencontrer l'âme du lieu. A l'intérieur, un bénitier porte les traces d'une croix templière, et une statue représentant la Dame ?
Le nez au vent, sans connaitre son existence, je me suis retrouvée sur un socle en pierre taillée situé au dessus de l'Ermitage, sur lequel est planté une croix. Il est de construction romaine, et personne ne connait son utilité. Il était autrefois surmonté d'un petit sanctuaire dédié à Saint Etienne.
Pour que les romains aient édifié un tel ensemble cultuel dans un endroit aussi perdu, il ne fait aucun doute qu'il s'agissait d'un haut lieu sacré.