Plouhinec, l’allée couverte de Menez Korriged
Petite crique devenue port il y a 100 ans, Pors-Poulhan, situé à quatre kilomètres du bourg de Plouhinec, marque le partage des eaux entre le Cap Sizun et le Pays bigouden.
Sur la petite falaise dominant le port se dresse fièrement le Menez Korriged, une allée couverte ayant subi bien des déboires.
Dès 1825, mon ami Christophe-Paulin de la Poix de Fréminville décrivit l'allée couverte de Pors-Poulhan comme « l'un des plus beaux et plus grands dolmens de tout le Finistère ».
Ce qui ne l'empêchera pas d'être mis à mal par une activité d'extraction de pierres de construction dès le Moyen-âge (la dalle de couverture s’inclina à force vers la fin du XIXe siècle), d'être utilisé au début du XXème siècle comme remise à charrettes et enfin d'être dynamité par les allemands en 1942, parce qu’il gênait la visibilité d'une batterie côtière.
Ce site mégalithique, acquis par le Conseil Général, fut néanmoins fouillé entre 1986 et 1987, puis enfin restauré entre 1988 et 1989 grâce à différents plans, dont une lithographie du XIXe siècle.
De plan naviforme, orientée est/ouest et longue de 10,80 m, l’allée est composée de 16 piliers sur deux rangs parallèles, qui supportaient à l'origine trois ou quatre dalles de couverture (deux sont conservées à ce jour).
La fouille a révélé une conception architecturale particulière, que l'on retrouve principalement dans la péninsule ibérique, et un riche mobilier (poteries, armes, outils, bijoux) attestant un usage de sépulture, sur un temps assez long, de la fin du néolithique (entre 3300 et 2800 avant notre ère) à l'époque gallo-romaine(urnes cinéraires -contenant des cendres- retrouvées enfouies).
Mais rien ne prouve qu’elle ait été construite dans ce but particulier : les églises romanes n’ont pas été bâties pour être des sites funéraires, on y trouve pourtant parfois des sépultures, toujours de personnages « importants » d’ailleurs…
Au centre se trouve la chambre « funéraire » dont l'entrée est rétrécie par un petit pilier sur lequel s'appuyait la dalle de fermeture, retrouvée brisée.
Orientée est/ouest, la chambre est fermée à l'est par une dalle de chevet derrière laquelle se trouve une cella (petite cellule), précédée d'un parvis ogival limité par les pierres dressées.
A l'origine, un tertre recouvrait la chambre funéraire. Devant l’entrée, à l’est, un parvis dallé, en bordure une ceinture de petites pierres dressées: le périsalithe.
Selon la légende, l'allée couverte représentait l'autel des sacrifices. Chaque mois d'août, un homme était immolé pour obtenir un temps favorable pour la récolte.
Les dépressions existantes sur la table de couverture inclinée, laissaient couler le sang. Cette légende date du XIXe siècle, puisque avant la dalle n’était pas inclinée. Mais que nous apprend l’étymologie de cette allée couverte ?
Menez en breton, c’est une montagne, un terrain en hauteur. Korriged est issu de « korr », le nain, suivi du diminutif « ig » et du pluriel « ed ». Nous sommes en présence de la montagne des petits nains. Nous les connaissons actuellement sous le nom de korrigan, généralisation de nombreux termes désignant des esprits de la nature liés à la terre. En effet, le petit peuple breton est riche et diversifié.
Nous trouvons, au travers des différentes régions, des kornikans, kourrils, korrigs, korils, courils, corrics, komaudons, korandons, kormandons, kérions, kriores, kéréores, boudics, boudiguets, fomiquets, folliquets, chorriquets, poulpiquets, polpicans, boléguéans, nozegans, ozégans, hoseguéannets, teuz, duz et autres bouffon noz, qui jouent dans les grottes, les tumuli, les dolmens, les menhirs, les sources, les fontaines et les landes.
http://www.keris-studio.fr/blog/?p=6952
http://fr.topic-topos.com/allee-couverte-de-menez-korriged-plouhinec
Les dessins sont de Pascal Moguérou : http://pascal.moguerou.free.fr/pascal_moguerou_illustrations.php