Vézelay, la basilique
Toujours quand je m'approche d'un haut-lieu, un milan vient me souhaiter la bienvenue...Cette fois, ils étaient plusieurs, je ne les ai pas tous sur la photo...
L'histoire de l'abbaye et de la ville de Vézelay est longue et importante. Les origines se trouvent dans la vallée de la Cure au pied de la colline, à l'emplacement du vieux village de Saint Père, où l'existence d'un temple païen et d'un oratoire Saint-Jean-Baptiste est connue depuis longtemps. L'abbaye de Vézelay trouve son origine avec la fondation vers l'an 858 d'un monastère de femmes moniales dans la vallée, par le comte Girard de Roussillon et sa femme Berthe. Le couvent obtient la protection directe du pape en 863. Quelques années après, le couvent est détruit par les Normands et on décide de le déplacer sur la haute colline voisine, plus facile à défendre. Ici est alors créé un nouveau monastère bénédictin d’hommes, dirigé par l'abbé Eudes, avec des moines venus probablement d’Autun. Le monastère s'entoure d'une enceinte et est dédié à Saint-Pierre, Saint-Paul et Sainte-Marie. Une première église carolingienne est consacrée en 878. Un incendie au début du Xème siècle nécessite des restaurations. L'abbaye devient de plus en plus importante après l'arrivée des reliques de Sainte-Maire-Madeleine, venues du Provence et confirmées vers 1050 par le pape. L'abbatiale est alors dédiée à Sainte-Marie-Madeleine. 
La façade de la basilique est composite, mutilée et restaurée, datant du XII ème au XIX ème siècle. Sa construction achevait la grande abbatiale romane. Les trois portails de l'étage inférieur sont de cette époque, mais les sculptures et tympans romans mutilés au cours de l'histoire ont disparu.
Le grand portail central possède un tympan au Jugement Dernier sculpté en 1856. Le grand Christ en Majesté, le linteau, les voussures et le trumeau sont tous de cette époque moderne et remplacent les sculptures romanes partiellement conservées au musée de l'abbaye. Les deux portails latéraux sont plus modestes.
Quelques chapiteaux datent du XII ème siècle, les autres sont des copies modernes. La partie centrale de la façade est occupée par un pignon du milieu du XIII ème siècle avec plusieurs statues du Christ, de la Vierge, d'anges et de saints. Le pignon est flanqué des bases des deux tours, aux arcatures du XII ème siècle, seule la tour sud est achevée. C'est la Tour Saint Michel dont l'étage supérieur est du XIII ème siècle, restauré par Viollet le Duc qui a construit la balustrade au XIX ème siècle.
le grand narthex, ajouté vers 1140-1150 comme espace d'accueil pour les pèlerins, lieu de rassemblement et de préparation
est doté de sculptures romanes qui sont parmi les plus belles qui soient: une collection de chapiteaux complémentaires à ceux de la nef, mais surtout les trois portails qui s'ouvrent sur la nef. Le portail central est la gloire de Vézelay et l'un des plus beaux portails romans en France. L'ensemble d'une richesse énorme est sculpté vers 1125-1130 et représente le miracle de la Pentecôte, avec l’envoi des Apôtres autour du Christ en Majesté. Son corps majestueux occupe le mandorle, ses mains envoient des rayons aux têtes des douze apôtres. La scène est entourée par huit compartiments où sont sculptées plusieurs scènes de saints et peuples variés.
Le large linteau sous le tympan est peuplé par des personnages étranges: on remarque des scythes, le monde romain, les macrobii, les Pygmées et les Panotii avec leurs oreilles démesurées.
Il est supporté par le trumeau où la figure de Saint-Jean-Baptiste fut mutilée à la Révolution. Deux rangées de voussures entourent cet ensemble: la première est composée de 29 médaillons contenant les Signes du Zodiaque et les Travaux des Mois; la deuxième est sculptée de palmettes. Sur les chapiteaux on peut reconnaître Adam et Eve chassés du paradis terrestre, une Faunesse et un oiseau fabuleux.
Après le narthex, on continue avec la grande nef, dont l'architecture est antérieure. C'est sans doute la plus belle partie de la basilique: une merveille romane, construite entre 1120 et 1140, pénétrée par une lumière abondante et mystique. 
Plus encore que le narthex, la nef est remarquable par ses chapiteaux romans. Les sculptures sont datées de 1125-1140. Sur l'ensemble de 100 chapiteaux de la nef, 8 sont remplacés au XIX ème siècle par des copies et 25 sont sculptés de feuillages et motifs floraux. Les autres chapiteaux sont historiés et on peut y découvrir la bible en pierre, un monde médiéval plein de mystères.
Le choeur et le transept sont construits à la fin du XII ème siècle dans le nouveau style gothique primitif après l'incendie en 1165 qui détruisit le choeur roman des années 1100. Cette partie de l'église est très lumineuse et s'oppose à la nef romane par son style très différent.
Sous le choeur se trouve la crypte où sont conservées les reliques de Sainte-Madeleine. Elle conserve les vestiges d'une première crypte de l'abbatiale carolingienne du IX ème siècle: le petit espace voûté en berceau sur le côté ouest de la crypte, où est conservée la chasse des reliques, serait de cette époque.
La crypte actuelle fut construite après l'incendie de 1165 dans un style mi-roman, mi-gothique. Les voûtes d'arêtes des 7 travées sont portées par des colonnes monolithes aux chapiteaux lisses. Quelques fresques du XIII ème siècle y sont conservées, dont un Christ en majesté.
Autrefois, un ensemble important de bâtiments monastiques se trouvait au flanc sud de l'église autour d'un cloître central. Ces constructions furent en grande partie détruites après la Révolution. Aujourd'hui ne subsiste que le bâtiment des moines contre le transept de l'église. Le rez-de-chaussée de ce bâtiment date de la deuxième moitié du XII ème siècle et se compose de deux salles romanes. La plus importante est la salle capitulaire, aujourd'hui chapelle du Saint-Sacrement, restaurée par Viollet le Duc. On y trouve un médaillon de Saint Michel terrassant le dragon... 
La salle suivante est également voûtée d'ogives, elle ne se visite pas. Ce bâtiment était à l'origine flanqué au côté ouest du cloitre, reconstruit au XIII ème siècle puis détruit à la fin du XVIII ème siècle siècle. L'emplacement du préau du cloître est clairement visible et un puits y est encore conservé. Ici se trouve sous terre une citerne d'eau romane, importante mais inaccessible, à deux nefs en berceau porté par neuf colonnes. Contre le mur latéral de la basilique sont déposées depuis 1851 les grandes pierres de l'ancien tympan de la façade. ( Eduard Van Boxtel, site sur l'art roman)

