Falaise de la sainte Baume
Notre Mère des Eaux, ancien nom de la Sainte Baume
, n'a cessé de provoquer de ferventes démarches. Il y a 15 à 20.000 ans, en pleine époque glaciaire, c'était déjà un lieu de spiritualité. Au néolithique, les hommes ont continué à visiter et à respecter ce lieu sacré. Mille ans avant J.-C., nos informations se font plus précises : nous savons que c'était un important lieu de pèlerinage à Isis la Vierge Noire ; les druides y consacraient les chênes-rois.
Plus tard, un culte à Artémis, la Diane des Romains, profitera aussi des vibrations très puissantes et très particulières du massif. La grotte de la Sainte-Baume est devenue un haut lieu du monde chrétien. Il y a un peu moins de 2000 ans, la légende bien connue nous dit que Marie Madeleine découvrit le site prédestiné de la Sainte Baume. Prier dans la grotte est un acte intime effectué dans le ventre de la Terre Mère. Prier sur le saint Pilon, le "pilier", inondé de soleil, où le regard porte jusqu'à la mer et au delà de l'horizon, c'est prier sur l'axe du monde qui assure l'ouverture à la transcendance -- c'est se relier à l'infini.
Les signes ne trompent pas : quand Marie Madeleine arrive à la grotte, elle trouve un dragon qui est chassé par Saint Michel et la caverne est infestée de vipères. Le dragon est une représentation ambivalente ; c'est le symbole de forces cachées et contenues, c'est lui qui empêche le profane d'entrer dans le ventre matriciel. Il refuse l'accès aux profondeurs de la Terre. Ce lieu sombre ne peut être atteint qu'après la maîtrise du gardien et de l'initiation. Les dragons peuvent vivre dans l'eau et faire naître les sources, ils sont la représentation des forces telluriques qui s'expriment fortement dans un lieu à travers une rivière, un fleuve ou une montagne. La vipère, issue de l'inconscient, symbolise l'agent des transformations physiques et spirituelles qui s'opèrent. Nous avons là l'affirmation symbolique du caractère très particulier de cet endroit qui participe à notre transformation.