Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
lieux sacrés
30 mai 2025

Les Alyscamps d’Arles

 

Présentation

 

La plus illustre terre sainte d’Arles est sans conteste le site des Alyscamps (du latin Allïssii campi, les Champs Elysées, partie du royaume des morts réservée aux âmes vertueuses et aux héros). Cette nécropole antique était déjà célèbre au début de la période Gallo-romaine.  Située au croisement d’anciennes routes conduisant à Lyon (via Agrippa), Rome (via Aurelia), Briançon par Montmajour et les sites mégalithiques de Cordes (via Domitia), les Alyscamps servirent de cimetière païen avant de devenir l'un des premiers cimetières chrétiens en Europe.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Célèbre pour ses allées bordées de sarcophages, il symbolise la transition au IVe siècle entre le paganisme et le christianisme.

Dante y fera référence dans son poème La Divine Comédie, dans le chant IX de L’Enfer : « Comme près d’Arles, où le Rhône devient stagnant, comme à Pola, près du Quarnaro qui ferme l’Italie et en baigne les limites, la plaine est toute bosselée de tombes ».

 

 

 

 

 

Historique

 

 

Dans notre lointain passé, les sépultures étaient souvent disposées dans des nécropoles situées le long d’axes routiers : le monde des morts et celui des vivants ne se mélangeaient pas. Ce fut le cas à Arles où le site des Alyscamps fit partie des 5 nécropoles hors les murs connues de la cité. Durant l’Empire romain, le long de la Via Aurelia, se succédèrent tombes à incinération, sarcophages et mausolées.

 

 

 

 

 

 

Cimetière païen devenu romain, puis chrétien, le site prit de l’importance au Ve siècle, quand le culte de saint Genès se répandit. On se souvient de ce jeune cathéchumène martyrisé au IIIe ou au début du IVe siècle (voir l’histoire d’Arles). A sa suite, les évêques d’Arles se firent inhumer dans une chapelle leur étant dédiée.  

 

 

 

 

 

 

De toute l’Europe, nombreux fidèles, attirés par les reliques du saint (plus on était enterré près de lui, plus on profitait de ses bienfaits) et par l’aura qui se dégageait du lieu, voulurent en faire de même. Faute de place, les morts se retrouvèrent rangés sur plusieurs niveaux et faute de matériaux, les anciens sarcophages furent réutilisés.

 

 

 

 

 

 

La partie occidentale de la nécropole fit partie du couvent de femmes Saint-Jean, fondé par l’évêque Césaire au début du VIe siècle, en 512. Les abbesses portaient alors des noms charmants tel Césarie, Liliole ou Rusticule puis Ermengarde. De grandes dames y firent escale, en visiteuse ou en prisonnière, telles Radegonde, Marcratude ou Teutéchilde (épouse de Gontran, roi de Bourgogne, répudiée en 565).

 

 

 

 

 

 

En 1040, l’archevêque céda la basilique Saint-Genès et la partie orientale des Alyscamps à l’abbaye Saint-Victor de Marseille qui y construisit le prieuré Saint-Honorat (en hommage à Honorat, évêque d’Arles entre 426 et 429, fondateur du monastère de l’île de Lérins. Voir ici son histoire et sa symbolique.

 

 

 

 

 

 

Au XIIe siècle, la nécropole et l’église nouvellement bâtie devinrent alors une étape incontournable du célèbre pèlerinage de Compostelle malgré le transfert, en 1152, des reliques de saint Trophime à la cathédrale Saint-Étienne, qui lui enleva une partie de son prestige.  Le cimetière fut pillé plusieurs fois, les sarcophages emportés pour servir d’abreuvoir et le lieu fut pratiquement abandonné. C’est en 1615 qu’une partie du site fut donnée par Louis XIII aux frères Minimes qui construisirent leur couvent. Ils se servirent de quelques pierres tombales pour les fondations et posèrent les autres dans la cour, le long de l’allée menant à l’église.

 

 

 

 

 

 

La Renaissance permit aux gens d’importance, prélats, seigneurs et princes, de se servir des plus beaux sarcophages pour leurs collections privées. Au XVIIIe siècle, le père Dumont rassembla dans la cour ce qui restait des tombes et de nombreux objets archéologiques. Le site, ouvert au public en 1785, devint l’un des premiers musées archéologiques de France. La Révolution, à son habitude, détruisit un grand nombre de ces trésors. Les monastères furent vendus comme bien national. Les pièces importantes qui par miracle échappèrent à la vindicte populaire sont aujourd’hui conservées au musée de l’Arles antique. 

 

 

 

 

 

 

En 1842, une grande partie du site fut détruite par le passage de la voie ferrée Paris-Lyon-Marseille puis par la construction des ateliers de la SNCF. Les Alyscamps devinrent un lieu de promenade champêtre, romantique à souhait, qu’Alexandre Dumas, Mistral, Gustave Fayet, Vincent Van Gogh et Paul Gauguin contribuèrent, chacun à sa manière à faire connaitre.

 

 

 

 

 

 

Description

 

L’allée des sarcophages

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les vestiges de l’église Saint-Césaire-le-Vieux, qui appartenait au couvent Saint-Césaire, se trouvent à l’entrée de l’allée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il n'est pas impossible que cette église ait succédé à l'église funéraire Sainte-Marie, où l'on inhumait les moniales. Il n’en reste que le porche roman.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le site possédait de nombreuses chapelles, aujourd’hui disparues. Reste la chapelle Saint-Accurse, bâtie en 1520, par Antoine de Quiqueran de Beaulieu en expiation pour le meurtre d’Accurse de la Tour, provoqué en duel.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La maison du garde fut construite dans un style néo-roman en 1860 par l’architecte arlésien Auguste Véran.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le monument des consuls date de 1722 et fut bâti en l’honneur des consules et conseillers municipaux morts pendant la grande peste de 1720 qui ravagea Marseille et une bonne partie de la Provence.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chapelle funéraire de la puissante famille des Porcelet quant à elle date du XVe siècle. La famille des Porcelets, illustres aristocrates provençaux, est connue depuis le Xe siècle. Son premier membre connu, Daidonat (950-1019) considéré comme le fondateur, apparaît dans des actes dès 972, fit partie des notables d'Arles. Son fils Volverade (987 - 1067) s'associa aux comtes de Provence, notamment Bertran Ier et Jaufre Ier. Il fit des donations au monastère de Saint-Victor de Marseille.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Son fils Rostaing fut actif dans l'entourage comtal du XIe siècle, soutint l'installation des comtes de Barcelone en Provence.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une légende raconte que la famille doit son nom à la malédiction d’une mendiante qui, bousculée par une dame, lui jeta un sort : elle mettrait au monde en une fois autant d’enfants qu’une truie du voisinage ferait de petits porcelets

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’allée mène à l’église Saint-Honorat. Devant l’entrée se trouvent les restes de la nécropole paléochrétienne. Les sarcophages, très simples, sans décors ou inscriptions, sont disposés dans un ancien enclos funéraire datant probablement de la fin des IVe et Ve siècles.

 

 

 

 

 

 

 

 

Les mythes et légende

 

Les légendes

 

Les Alyscamps sont également le théâtre de nombreuses légendes. Celle de Genès, le premier patron d’Arles, raconte qu'après son martyr, le saint décapité (céphalophore donc ) aurait pris sa tête dans ses mains et l'aurait jetée dans le Rhône d'où, conduite par un ange, elle aurait atteint l'Espagne.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une autre légende veut qu’après sa condamnation à mort, il parvint à s’échapper, passa le Rhône mais fut repris dans le quartier de Trinquetaille. On le décapita sur place devant les colonnes d’un temple (l’église, construite sur place, existe toujours, c’est Saint-Genès de la Colonne, sur une propriété privée). On dit encore aujourd’hui que l’hiver, quand le Rhône charrie des glaçons, le passage de saint Genès est toujours calme. Grégoire de Tours raconte que sur le lieu de son martyr poussa un mûrier aux vertus miraculeuses. L’église des Alyscamps enfin reçut le sarcophage du saint, toujours plein d’une eau pure que l’on disait miraculeuse.

 

 

 

 

 

 

A partir du Ve siècle, la réputation de la nécropole devint si prestigieuse que de nombreuses personnes souhaitaient y être inhumées. Une légende dit que les corps étaient placés dans des tonneaux et confiés au Rhône qui se chargeait de les amener jusqu'à Arles, quelle que soit la force des vents. Charlemagne, qui, dans cette histoire, livra bataille contre les Sarrasins aux Alyscamps, vit d’antiques tombes sortir de terre pour accueillir les dépouilles de ses hommes tués lors des combats.

 

 

 

 

 

 

 

 

Pétrarque Avignon ? Connais pas Avignon. C’est bien à Arles, aux Alyscamps, que le poète florentin Pétrarque (1304-1374) rencontra son amour impossible, Laure de Sade, inspiratrice de ses célèbres sonnets. D'autres histoires parlent de rencontres avec des âmes errantes ou de manifestations paranormales, ajoutant une dimension mystique à ce lieu déjà chargé d'histoire.

 

 

 

 

 

 

 

 

Le culte des reliques

 

« Pour comprendre cet engouement, il faut se pencher sur un des phénomènes les plus originaux du christianisme ancien : le culte des saints. Dans l'esprit des premiers chrétiens, le corps d'un saint martyr protégeait les fidèles aussi sûrement que les remparts de la cité. Ils cherchaient pour cette raison à se faire inhumer près de la tombe du saint. C’est aussi pour propager ces énergies que les anciens construisirent les lanternes des morts

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette force divine ne se limitait pas au corps proprement dit mais tous les objets qui avaient été en contact avec lui en étaient imprégnés, et notamment ses vêtements. La biographie de l'évêque Hilaire rapporte ainsi que, lors de ses funérailles aux Alyscamps, en 449, les fidèles cherchaient à arracher un morceau d'étoffe et faillirent mettre le corps en pièces ».

 

 

 

 

 

 

 

 

La symbolique des sarcophages

 

Les sarcophages sont en calcaire local, assez simple, et ne portent pratiquement pas de décors, à l’exception de gravures de forme simple, comme une équerre avec fil à plomb

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

et d’une herminette ou fascia (consécration de la tombe placée sous protection divine) ainsi que de cartouches à queues d'aronde dont les inscriptions funéraires sont illisibles.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Souvent les couvercles, qui imitent un toit, portent aux angles des acrotères (socles soutenant des ornements, disposés sur un fronton. Par extension, les acrotères désignent les ornements eux-mêmes : statuettes en pierre, vases). Le couvercle, souvent massif et patiné par les siècles, conserve parfois aux extrémités des décorations triangulaires gravées, sans doute à valeur apotropaïque (protectrice). Ce type de motif, souvent interprété comme un chrisme stylisé, une pyramide symbolique ou même une allusion au delta lumineux, rappelle la présence divine et la promesse de salut.

 

 

 

 

 

 

Le panneau central est souvent encadré par une bordure géométrique en forme de ruban noué ou de cadre architectural. Ce cadre solennel pourrait suggérer une fenêtre symbolique sur l’au-delà, ou simplement une mise en valeur du nom du défunt, à l’image d’un cartouche funéraire romain.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

D’autres se distinguent par la richesse de leur iconographie. Celui-là par exemple, conservé dans l’église, possède un couvercle à double pente orné aux extrémités de visages ailés ou de masques anthropomorphes. Ce détail évoque les anges psychopompes ou des hommes initiés ailés (les ailes permettent de monter au ciel), guides de l’âme vers l’au-delà, ou encore des masques théâtraux, symboles du passage entre deux mondes.

 

 

 

 

 

 

 

Le registre inférieur est décoré de reliefs figuratifs, bien que partiellement érodés par le temps. On y distingue clairement deux figures masculines ailées aux extrémités. Elles semblent représenter des génies ailés, peut-être des victoires, voire des amours funéraires (Erotes), figures souvent utilisées dans l’Antiquité pour signifier l’élévation de l’âme.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Leur posture dynamique encadre un panneau central désormais lisse, peut-être anciennement peint ou portant une inscription effacée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le traitement du couvercle en forme de toiture rappelle que le sarcophage est conçu comme une maison éternelle. Cette conception funéraire, très répandue dans le monde romain, se retrouve dans le mot même de « sarcophage », littéralement « mangeur de chair », mais que la tradition chrétienne a transformé en un lieu de repos dans l’attente de la résurrection.

Ce type de sarcophage incarne une synthèse entre héritage païen et espérance chrétienne. Les symboles antiques y sont conservés, mais réinterprétés dans une perspective eschatologique. Le corps, enfermé dans la pierre, attend une transfiguration promise.

 

 

 

 

 

 

La Vierge noire

 

 

Jacques Bonvin dit que "dans une ville où la déesse-mère était vénérée (l'église de la Major était un temple de Cybèle) et où on l'a retrouvée sous différentes formes (Isis, Mithra, etc.), il était normal de voir apparaitre un culte à la Vierge noire. La statue était la gardienne du cimetière des Alyscamps et fut échangée contre une Vierge blanche par des Huguenots avant de redevenir noire à la Restauration. Elle a disparu au début du siècle. Ce pourrait-âtre celle qui orne l'église de Barbegal". 

Notre-Dame-des-Alyscamps ou Notre-Dame-de-Grâce aurait été une Vierge noire offerte, en 1203, par l’archevêque à l’église des Alyscamps. Elle fut remplacée, au XVIIe siècle, par une vierge en marbre blanc ; l’original aurait été déposé dans la tombe de saint Trophime.

 

 

 

Guide de la Provence mystérieuse, Les guides noirs, chez Tchou

Guide illustré des Alyscamps, textes de Andreas Hartmann-Virnich et Marc Heijmans

http://www.patrimoine.ville-arles.fr/document/Alyscamps%20miniguide.pdf

http://www.patrimoine.ville-arles.fr/index.php?obj=site&idx=1&quartier=1

http://www.patrimoine.ville-arles.fr/index.php?action=edifice&id=1

https://fr.wikipedia.org/wiki/Alyscamps

Publicité
Commentaires
Publicité
Newsletter
Derniers commentaires
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 3 576 013
lieux sacrés
  • Symbolique. Voyage initiatique. Anciennes civilisations. Menhirs et dolmens, églises romanes et gothiques, cathédrales, cloitres, vierges noires et gardiens, sources, arbres, fontaines sacrées et temples. Tous les hauts-lieux énergétiques.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Archives
Publicité
Publicité