L’église Saint-Honorat d’Arles
Historique
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C’est au XIe siècle, en 1040, que les Bénédictins de Saint-Victor de Marseille, ayant reçu des mains de l’archevêque d’Arles Raimbaud de Reillanne (formé à Saint-Victor, peut-être par l’abbé Isarn et soutenu par la famille Porcelet) la partie orientale des Alyscamps, construisirent un prieuré qui prit le nom de Saint-Honorat. La nouvelle église fut construite sur la crypte et les restes d’un ancien bâtiment préroman, peut-être l’ancienne chapelle qui contenait autrefois les reliques de Genès et Honorat et où furent enterrés nombre d’évêques à leur suite.
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Elle fut reconstruite au XIIe siècle dans le style roman provençal et devait à l’origine comporter une nef à cinq travées, flanquée de bas-côtés. Une seule fut achevée et l’édifice fut fermé par une grande façade. C’est à cette époque que la nécropole et l’église nouvellement bâtie devinrent une étape incontournable du pèlerinage de Compostelle, malgré le transfert, en 1152, des reliques de saint Trophime à la cathédrale Saint-Étienne, ce qui lui enleva une partie de son prestige.
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Le chantier ambitieux fut abandonné au début du XIIIe siècle. Des enfeus (niches à fond plat recevant un sarcophage) furent rajoutés puis elle fut remaniée, au XIVe et au XVIe, et les piliers et arcades du transept furent enchâssés dans d’épaisses piles cylindriques afin de renforcer le soutien des voûtes vieillissantes.
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Au XVIIe, deux chapelles furent rajoutées et la porte de la façade refaite. Puis Saint-Honorat tomba en désuétude et ne fut plus entretenu. Le site se dégrada, et il fallut attendre 1982, après l’effondrement du transept sud, pour que des travaux de rénovation soient entrepris.
Description
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L’église Saint-Honorat, située à l’extrémité orientale de la nécropole, s’inscrit dans la longue continuité cultuelle du lieu. De nombreux vestiges architecturaux attestent de l’existence d’un vaste édifice préroman. L’église actuelle, bâtie en pierre de taille, date en grande partie du XIIe siècle et du début du XIIIe. Elle devait recevoir une nef à bas-côtés de cinq travées dont une seule, à l’est, fut construite.
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Son premier portail date du XIIe et donne sur une cour ouverte, ancien musée lapidaire en plein air au XVIIIe, dont les murs font partie de l’ancien bâtiment du XIe siècle. Il fut restauré au XXe siècle.
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Sur la gauche, la chapelle des Mollégès, de style gothique flamboyant, fut rajoutée au XVe siècle.
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La nef est relativement étroite, avec des murs en pierre de taille bien appareillés, soutenus par des contreforts extérieurs. Elle est couverte d’une voûte en berceau, soutenue par des arcs doubleaux reposant sur des piliers massifs. L’éclairage est limité, provenant de petites fenêtres hautes.
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À partir du XVe siècle, de nombreuses chapelles funéraires vinrent s’ajouter à l’église : enfeus, oratoires, édifices gothiques comme la chapelle des Mollégès,
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la chapelle Saint-Genès ou encore la chapelle baroque de la famille d’Oraison témoignent de la piété de fidèles désireux d’être ensevelis au plus près des reliques sacrées, afin de afin de bénéficier de leur aura.
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La croisée du transept est coiffée d’une coupole sur trompes, surmontée d’un clocher octogonal à deux étages d’arcatures, dans le style des lanternes des morts, qui domine le cimetière alentour. Son architecture s’inspire des monuments antiques, notamment de l’amphithéâtre romain.
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Les piliers et arcades du transept furent modifiés au XVIe siècle et enchâssés dans d’épaisses piles cylindriques et arcs de renfort.
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Le chevet présente trois absides en cul-de-four, typiques du style roman, dont les pierres sont pourvues de nombreuses marques lapidaires.
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Sous l’abside principale surélevée se trouve la crypte, structure semi-enterrée de plan rectangulaire aménagée dans l’abside d’un édifice plus ancien. Elle fut conçue pour abriter les reliques des saints Honorat et Genès et d’autres figures chrétiennes, notamment des évêques locaux, dans un contexte de vénération des martyrs, faisant du lieu un pôle de pèlerinage majeur sur la route de Saint-Jacques de Compostelle.
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Datant principalement du XIe siècle, avec des éléments réutilisant des vestiges antiques, elle est accessible par deux longs couloirs latéraux en chicane (pour renforcer la dimension initiatique du parcours vers le sacré ?).
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Elle se compose d’une petite salle voûtée, certains réemployant des matériaux romains (chapiteaux, fûts). Les murs, en appareil soigné, présentent des niches destinées aux sarcophages ou reliquaires.
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Une pierre gravée sert de linteau. En voici la traduction :
D O M (D.O.M.: Deo Optimo Maximo). Hic locus venerabilis in quo Trophimus unus ex septuaginta discipulis praefuit primam in Galliam post Petrum apostolum evangelicam fidem cum primo universae Provinciae Galliae episcopo receptus erat sacris huius loci cultoribus...
À la gloire de Dieu. Ce lieu vénérable, dans lequel Trophime, l’un des soixante-dix disciples, exerça son ministère, fut le premier en Gaule, après l’apôtre Pierre, à recevoir la foi évangélique. Ce lieu, avec le premier évêque de toute la province de Gaule, fut confié aux ministres sacrés de ce lieu…
Le pèlerinage de Compostelle
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C’est à Aimery Picaud, moine des environs de Vézelay, qu’est attribué Le Guide du Pèlerin, qui constitue le Ve et dernier livre du Liber Sancti Jacobi ou Codex Calixtinus, recueil de textes liturgiques, historiques ou hagiographiques à la gloire de Saint-Jacques le Majeur.
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Écrit au XIIe siècle, en 1139 plus exactement, il décrit les quatre chemins principaux menant au sanctuaire de Saint-Jacques-de-Compostelle : la via Turonensis (Tours), la via Lemovicensis (Limoges), la via Podiensis (Le-Puy-en-Velay) et la via Tolosane (Toulouse) qui nous intéresse ici.
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Les Alyscamps sont mentionnés : « Tout d’abord ceux qui vont à Saint-Jacques par la route de Saint-Gilles doivent rendre visite à Arles au corps du bienheureux Trophime, confesseur (...), le corps du bienheureux Césaire, évêque et martyr (...), et dans le cimetière de la même ville on doit chercher les reliques de l’évêque saint Honorat (...). C'est dans sa vénérable et magnifique basilique que repose le corps du très saint martyr Genès ».
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Certains historiens suggèrent que la crypte et les reliques contenues dans l’église faisaient de Saint-Honorat un sanctuaire de départ, à l’instar du Puy-en-Velay ou de Vézelay. L’inscription de l’église dans les guides pèlerins et sa proximité avec l’ancienne voie Aurélienne, réutilisée comme chemin de pèlerinage, renforcent cette hypothèse. De plus, les Jacquaires rencontraient ici les Romieux, pèlerins en route pour Rome.
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L’église Saint-Honorat servit dans tous les cas d’étape spirituelle et de locus credibilis : un lieu où les pèlerins pouvaient faire bénir leur bourdon, leur besace, et prier pour la protection du saint avant d’entamer leur long périple.
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La symbolique était forte : quitter une antique nécropole, veillée par des centaines de sarcophages et protégée par une église placée sous la protection d’Honorat, abbé de Lérins, signifiait traverser les limbes de la mort pour entreprendre une quête de vie, de lumière et de résurrection spirituelle. Le chemin devenait ainsi un rite de passage, et les Alyscamps, une porte initiatique.
Guide de la Provence mystérieuse, Les guides noirs, chez Tchou
Guide illustré des Alyscamps, textes de Andreas Hartmann-Virnich et Marc Heijmans
http://www.patrimoine.ville-arles.fr/document/Alyscamps%20miniguide.pdf
http://www.patrimoine.ville-arles.fr/index.php?obj=site&idx=1&quartier=1
http://www.patrimoine.ville-arles.fr/index.php?action=edifice&id=1
https://fr.wikipedia.org/wiki/Alyscamps