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lieux sacrés
5 mai 2025

L’abbaye Saint-Roman de Beaucaire

Nichée au sommet d’une colline calcaire dominant le Rhône, l’abbaye Saint-Roman, dans le Gard, est un site monastique entièrement creusée dans la roche calcaire du massif de l’Aiguille.

 

 

 

Ce massif est un éperon rocheux que l’on appelle une butte témoin, c’est-à-dire une partie de roches plus résistantes isolée par l’érosion au milieu d’un bassin sédimentaire, appartenant à un ancien massif bien plus grand.

 

 

 

 

Lieu chargé d’histoire, l’abbaye est un chef-d’œuvre d’architecture troglodytique, entièrement creusée dans la roche calcaire. Il est accessible par un sentier balisé de 600 mètres qui grimpe à travers la garrigue méditerranéenne (prothèses du genou s’abstenir ou s’armer de courage).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Historique de l’abbaye Saint-Roman

 

 

 

L’histoire de l’abbaye Saint-Roman remonte à des temps reculés, avec des traces d’occupation humaine attestées dès la préhistoire dans les grottes du massif calcaire. L’ancien port de Nîmes sur le Rhône, Ugernum, appelé aujourd’hui Beaucaire, devint une enclave du diocèse d’Arles vers le Ve siècle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est à ce moment-là que des ermites virent s’installer sur la colline, aux confins des diocèses d’Arles, de Nîmes, d’Uzès et d’Avignon, attirés par son isolement propice à la méditation et par une vie ascétique inspirée des Pères du Désert égyptiens (voir la vie de saint Antoine).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au VIIe siècle, ces ermites adoptèrent la règle de Saint Benoît, transformant le site en une abbaye bénédictine. La première mention écrite de l’abbaye apparaît en 961 dans les possessions de l’archevêque d’Arles, Manassès, marquant son importance croissante. C’est lui qui dota l’abbaye de relique, en particulier celles de saint Roman, martyr romain lors des persécutions du IIIe siècle. C’est certainement à ce moment-là que l’endroit devint aussi une nécropole rupestre.

 

 

 

 

En 1102, l’abbaye fut rattachée à celle de Psalmodi près d’Aigues-Mortes par l’archevêque d’Arles Gibelin de Sabran, devenant un simple prieuré. Malgré cette rétrogradation, Saint-Roman conserva une certaine autonomie dans la gestion de ses biens. En 1203, le comte de Toulouse, Raymond VI, accorda au prieur des droits judiciaires sur le site, renforçant son influence locale. L’abbaye, donnée en fief ainsi que Beaucaire à Simon de Montfort (on se souvient du bourreau des Cathares) par l’archevêque d’Arles, servit alors de place forte.

En 1360, le pape Urbain V créa un collège de clercs et un studium, établissement d’enseignement pour les enfants.

 

 

 

 

En 1537, Saint-Roman fut sécularisée en même temps que Psalmodi par une bulle du pape Paul III. Les religieux abandonnèrent le monastère. En 1538, François de Conseil échangea l'abbaye contre sa maison d'Aigues-Mortes, transformant Saint-Roman en forteresse avec un petit château sur la terrasse supérieure, un mur d'enceinte inférieur et une barbacane d'entrée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les matériaux de l'abbaye furent utilisés pour ces constructions. En 1789, la toiture fut vendue comme bien national et le reste tomba en ruines. En 1850, le dernier propriétaire fit abattre ce qui restait du château pour ne pas avoir à payer d'impôts et vendit les pierres.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le site fut oublié. Ce n’est qu’à partir des années 1960, sous l’impulsion de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Beaucaire, que des fouilles furent entreprises. En 1988, la commune de Beaucaire acquit le site, classé Monument Historique en 1990. Des recherches archéologiques récentes (2019-2021) permirent de mieux comprendre son histoire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Descriptif de l’Abbaye Saint-Roman

 

 

 

Le site comprend deux parties, une basse avec des vestiges du château (barbacane, poterne, mur)

 

 

 

 

 

 

 

et ceux de l'abbaye, ces derniers étant troglodytiques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La terrasse supérieure est divisée en deux par une profonde entaille. Elle est entièrement recouverte de tombes creusées dans le roc. La plupart furent comblées lors de la construction du château. Un système de collecte des eaux de pluie avec bassin de décantation, rigoles, citernes, palliait l'absence de source ou de puits dans la partie nord-est et surtout dans la partie basse.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le monastère comprend plusieurs éléments remarquables :

 

1- La chapelle abbatiale : Longue de 22 mètres, elle est taillée dans le roc.  

 

 

 

 

 

Elle serait la crypte d’une chapelle aérienne disparue et résulterait d’un agrandissement des XIe et XIIe siècles.

 

 

 

 

 

 

 

 

De nombreuses tombes sont creusées dans son sol. Estimées au départ comme des sépultures paléochrétiennes, il semblerait qu’elles ne fussent que des copies médiévales des premières tombes des catacombes romaines, elles-mêmes copies des hypogées antiques orientaux (voir les Alyscamps).

 

 

 

 

 

Les parois naturelles de la grotte du départ furent creusées pour accueillir les sépultures. Une d’entre elles est une cuve anthropomorphe, creusée sous un arc en plein cintre dessinant une niche.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

D’autres sont posées dans une sorte de bas-côté, dans un couloir funéraire creusé pour les recevoir.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un siège monolithique est taillé dans le roc calcaire de la chapelle. Il est adossé au mur, légèrement surélevé par rapport au sol, ce qui lui donne un caractère d’autorité ou de préséance. Ce siège est souvent interprété comme un trône abbatial, destiné à l’abbé ou au supérieur de la communauté.  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’exploitation du site en carrière rabaissa une partie de la chapelle de plus de deux mètres. Des escaliers furent taillés dans le roc à ce moment-là.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2-  Les cellules monastiques : Creusées sur trois niveaux, elles témoignent de la vie austère des moines, avec des espaces réduits pour le repos et la prière.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

3- La grande salle était divisée en trois niveaux. Les deux premiers, du XVIe siècle, disposaient de voûtes d’arêtes en plein cintre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le niveau supérieur, plus ancien, possède un plafond creusé à l’époque romane. Un grand bâtiment, aujourd’hui disparu, était plaqué contre la falaise.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La grande salle, qui fut probablement un réfectoire ou une salle capitulaire, présente des gravures assez discrètes représentant des croix (marques de consécration, ex-voto ou simples repères symboliques), des graffiti médiévaux et des motifs géométriques ou floraux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

4-L’installation viticole comprenait un fouloir maçonné et des logements creusés pour accueillir un pressoir.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette cave à vin est un exemple de réemploi des anciennes cellules monastiques.

 

 

 

 

 

 

 

 

5 -La nécropole rupestre : Sur la terrasse supérieure, 174 tombes creusées dans la roche, certaines de petite taille, forment une nécropole impressionnante, probablement destinée à des moines ou à des pèlerins cherchant la proximité des lieux sacrés pour garantir le salut de leur âme.

 

 

 

 

 

 

 

 

6 -Le site inclut également les vestiges d’une fortification médiévale, succédant à l’abbaye, dont il ne reste que quelques traces.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Depuis la terrasse, le panorama est spectaculaire, offrant une vue sur le Rhône, les Alpilles, le Luberon, et le Mont Ventoux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Énergétique du Lieu

 

 

 

 

 

Presque orientée nord/sud, l’abbaye Saint-Roman dégage une atmosphère particulière, souvent décrite comme mystique et hors du temps. Son emplacement isolé, perché sur une colline dominant le Rhône, et son caractère troglodytique renforcent cette sensation. Les ermites du Ve siècle, puis les moines bénédictins, ne choisirent pas ce lieu au hasard : ici, on s’élève.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le site, entouré de garrigue et de pins d’Alep, est baigné par les énergies telluriques du massif calcaire. La nécropole, avec ses tombes orientées vers le Rhône, évoque une quête d’éternité et de lien avec le sacré, renforçant l’impression d’un lieu chargé de mémoire spirituelle. Il est vrai qu’une sensation de calme profond nous accueille dès l’arrivée aux pieds de la falaise.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Colline de l’Aiguille

 

 

 

 

Mon attention fut attirée par un site au nord de l’abbaye. La colline de l’Aiguille, culminant à 156 mètres, fait face au plateau calcaire de Saint-Roman. C’est un prolongement naturel et historique du site qui porte des traces d’occupation très ancienne (outils lithiques, fragments de céramique, restes d’un habitat protohistorique, celto-ligure probablement, y furent découverts par les archéologues).

 

 

 

 

 

 

 

 

Les deux lieux sont intimement connectés.

 

 

 

 

 

Des ermites y vécurent également dès le haut Moyen Âge, et le site devint une annexe de l’abbaye Saint-Roman. Des vestiges troglodytiques, moins spectaculaires que ceux de l’abbaye, y subsistent, témoignant de cette vie érémitique. La végétation, typique de la garrigue méditerranéenne, abrite des chênes kermès, des orchidées, des cistes, et même des boucs sauvages, ajoutant au charme sauvage du lieu. Sa force tellurique manifeste se ressent à distance. Saint-Roman élève, Aiguille ancre.

 

 

La géologie particulière du lieu, avec ses dalles calcaires fendues, ses failles naturelles et ses abris sous roche sont peut-être les signes d’anciens rites liés à la terre, à la fécondité ou à l’initiation.

 

 

 

 

 

Un lieu Saint-Michel, pic rocheux à l’état brut, relié à un lieu Notre-Dame, abbaye creusée au ventre de la terre ? Le dragon, la fameuse Tarasque du Rhône, est à un jet de pierre…

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Commentaires
D
C'est très Jolie cet endroit. :)
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