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lieux sacrés
21 juillet 2024

Mátala (Μάταλα)

Mátala (Μάταλα)

 

La jolie baie de Mátala (une eau bleu turquoise, une plage de sable fin et de galets entourée de falaises blanches) s’ouvre sur la mer de Lybie, à environ 70 km au sud-ouest d’Héraklion.

 

 

 

Elle est située au débouché d’une vallée creusée par une petite rivière dans le calcaire tendre du massif côtier.

 

 

 

 

Le site fut fréquenté dès le Néolithique, vers -6 000 avant notre ère. À l’époque Postpalatiale minoenne (-1 450/-1 100 avant notre ère), le petit village de pêcheur prit le nom de Matalon et servit de port à la cité de Phaistos après que le port de Kommos, plus au nord, fut abandonné.

 

Vers – 220, Matalum passa aux mains des Romains de Gortyne, devenue capitale de la Crète. Les vestiges du port sont en partie immergés mais il reste quelques ruines au sud du village. Sur la colline surplombant la baie se trouvent les restes de l’ancienne acropole.

 

Mátala redevint au fil du temps un simple village de pêcheur jusque dans les années 60 où de jeunes hippies en firent une halte indispensable sur la route de Katmandou. Aujourd’hui le village est une station balnéaire touristique très prisée.

 

 

 Le village possède deux chapelles, l’une creusée dans la falaise, l’église de Panagia (Σπηλαιώδης Ναός της Παναγίας)

 

 

 

et l’autre, plus récente, au centre du village, la sainte église de la Dormition de la mère de Dieu (Ιερός Ναός Κοιμήσεως της Θεοτόκου).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les légendes

Plusieurs légendes se rapportent à Mátala. Tout d’abord celle de l’union de Zeus et d’Europe, princesse Phénicienne fille du roi Agénor de Tyr, lui-même fils de Poséidon, qu’il désirait. Pour arriver à ses fins et se protéger de la jalousie de sa femme Héra, il se métamorphosa en un magnifique taureau blanc. La jeune fille, attirée par la beauté de l’animal, se rapprocha et monta sur son dos. Zeus en profita et partit en Crète avec sa conquête.

 

 

 

 Ils arrivèrent sur la plage de Mátala et de là se dirigèrent vers Gortyne où ils s’accouplèrent. Europe donna ensuite naissance à Minos et ses frères (voir la symbolique du taureau ).

 

 

 

 

Une autre légende se rapporte à Ménélas, roi de Sparte, mari d'Hélène et frère d'Agamemnon, héros achéen de la guerre de Troie. Le cap Nysos, au nord de Mátala, serait l’endroit où ses navires ont fait naufrage après qu’il ait voulu rentrer chez lui.

 

 

 

 

Odyssée, chant III, v. 286-300 (p. 77) : « C’est alors que Zeus... lâcha sur leur dos les rafales sifflantes ; le flot géant dressa ses montagnes gonflées ; de la flotte coupée, le gros fut entraîné chez les Cydoniens, qui vivent sur les bords du Jardanos crétois. Dans la brume des mers, aux confins de Gortyne, il est un rocher nu, qui tombe sur le flot ; le Notos contre lui jette ses grandes houles, qui le prennent en flanc du côté de Phaestos, et ce caillou tient tête à cette vague énorme : c’est là, qu’atterrissant, les hommes à grand-peine évitèrent la mort ; mais le ressac sur les écueils brisa les coques. Il restait cinq vaisseaux à la proue azurée qu’en Égypte, le vent et la vague poussèrent. ».

 

 

 

 

 

 

 D’après une légende crétoise, c’est dans les iles de Paximadia, au large de Mátala, que Léto donna naissance à Apollon et Artémis, qu’elle conçut avec Zeus. Décidément, quelle santé, ce Zeus !

 

 

 

 

Ces iles prirent également le nom de Dionysos, l’antique dieu du feu divin, figure majeure de l’Orphisme, devenu simple dieu du vin. Mais qu’est-ce que la vigne ? Vous l’apprendrez dans ma prochaine conférence. Disons juste que cette plante sacrée, dont la domestication se fit dans le Petit Caucase, aux frontières de la Turquie et de l’Arménie, joua un rôle primordial dans les cultes à mystère, comme le blé (anciennement engrain ou petit épeautre) également originaire de cette région.

 

 

Un peu plus au nord, le rocher de Volakas aurait été lancé par Polyphème en direction des vaisseaux d'Ulysse. Le cyclope manqua héros qui venait de lui crever son œil unique avec un pieu.

« Le Cyclope arrache le sommet d'une montagne et le lance au-delà de mon navire à la proue azurée. Le rocher faillit effleurer l'extrémité de mon gouvernail. Alors la mer est bouleversée par la chute de cette énorme pierre ; les flots sont émus, ils refluent avec violence, repoussent mon vaisseau qui, soulevé par les ondes, est près de toucher au rivage ».

 

 

 Les grottes

 

Les falaises de Mátala, composées de strates de roches sédimentaires tendres (grès et calcaire marneux) sont inclinées vers l’ouest, conséquence de l’abaissement de la côte.

 

 

 

Elles furent creusées de petites grottes (dont certaines se retrouvent aujourd’hui sous le niveau de la mer) depuis le Néolithique et servirent d’habitations troglodytiques. Les plus anciennes sont caractérisées par leurs entrées basses et étroites et leurs formes arrondies.

 

Les grottes furent aménagées au fil du temps avec un certain confort : on y retrouve des escaliers, des fenêtres, du mobilier taillé dans la roche comme des lits, des tables et des chaises, des niches de rangement. Certains archéologues pensent que plusieurs grottes furent utilisées comme sépulture ou bien comme lieu de culte. La grande grotte dite des taureaux (des sillons en forme de cornes furent sculptés dans la roche de chaque côté de son entrée), fut vraisemblablement utilisée à des fins religieuses ou cérémonielles.

 

Les Minoens de Phaistos utilisèrent à leur tour les grottes comme habitations durant la période Postpalatiale et après eux les Romains installés à Gortyne, qui y creusèrent de nouvelles chambres funéraires. La légende dit qu’une des grottes, appelée Brutospeliana, appartint au romain Brutus (impossible de savoir si ce romain est le sénateur Marcus Junius Brutus ou le consul Lucius Junius Brutus). Une autre prend le nom de garage de Zeus.

 

 

 

Ces grottes furent utilisées comme espace secret de culte durant la période paléochrétienne et plusieurs tombes de cette époque sont répertoriées.

 

 

 

 

 

La dernière occupation de ces grottes date des années 60 et 70, quand les hippies vinrent s’installer à Mátala.

 

 

 

 

 

La période Hippie

 

Les premiers hippies arrivèrent à Mátala dans les années 60 alors qu’il n'y avait absolument rien d'autre qu'un petit village de pêcheurs qui desservait les habitants de la petite ville voisine de Pitsidia.

 

 

 

 

 

 La beauté du site contrastait tellement avec le concept de destruction et de guerre qu’ils fuyaient qu’ils y formèrent une communauté dans laquelle ils pouvaient vivre en toute liberté selon un mode de vie alternatif, privilégiant les activités artistiques comme la peinture ou la musique. Les grottes leur servirent d’habitations, eux qui se voulaient proche de la Nature.

 

 

 

 

 

La chanteuse canadienne Joni Mitchell immortalisa l’endroit dans sa chanson « Carey » en 1971.

 

 

The night is a starry dome
And they're playin' that scratchy rock and roll
Beneath the Mátala Moon


La nuit est un dôme étoilé
Et ils jouent ce rock’n’ roll éraillé
Sous la Lune de Mátala

 

Bob Dylan, Cat Stevens, Joni Mitchell, Janis Joplin ou bien Joan Baez s’y retrouvèrent. De nombreux américains déserteurs lors de la guerre du Vietnam virent s’y réfugier. Mais la façon de vivre des hippies et leur contre-culture choquèrent la population locale, le métropolite (archevêque de l'Église orthodoxe) de Gortyne et la junte fasciste du colonel Georgios Papadopoulos au pouvoir en Grèce depuis le 21 avril 1967. Quand religion et politique s’allient contre ceux qui remettent en question leur pouvoir, gare à ses fesses, que justement les hippies montraient un peu trop souvent au grand jour. Il est vrai aussi qu’ils menaçaient la préservation d’un patrimoine culturel et historique important.

 

Le gouvernement grec expulsa donc la communauté des grottes et procéda à l’arrestation des déserteurs, en prenant bien soin de les torturer au passage (on ne se refait pas). Certains hippies se réfugièrent dans d’autres régions de Crète, d’autres, peu nombreux, qui trouvèrent à se loger dans le village, restèrent sur place. Les grottes furent fermées définitivement en 1977 et déclarées site protégé.

 

 

 

 

 

Le village reprit une vie plus paisible tout en conservant l’héritage hippie et la région se développa au tourisme. La municipalité, ne crachant pas sur les devises étrangères, créa en 2011 un festival de musique (rock des seventies et reggae), afin de commémorer cette période du Flower power. Chaque année au mois de juin se déroule donc le Mátala Music Festival qui reçoit plus de 100 000 personnes.

 

 

 

 À l’entrée de Mátala, au milieu du rond-point, se dresse le tronc mort d’un olivier vieux de six siècles. Destiné à être abattu pour faire du bois de chauffage, Spyros Stefanakis, un artiste grec, décida en 2007 de le sculpter entièrement. L’œuvre lui prit 2 ans.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sont représentés quatre divinités, Dionysos, Hermès, Poséidon et Zeus. Une clé grecque (motif ornemental formé d’une ligne brisée effectuant des retours en arrière en constituant une frise) sépare la Grèce antique en bas et la moderne en haut.

 

 

 

 

 8 branches portent la symbolique de différentes choses comme l’amour, la tentation ou la connaissance (suivant son degré d’avancement) avec le serpent et la pomme, la sagesse avec le hibou,

 

 

 

l’univers avec les étoiles, le dauphin et le trident symbolisant la maitrise de l’instinct.

 

 

 

 

 

Sur un une pancarte près de l’arbre, il a écrit cet hymne à Mátala :

 

Il y a des milliers d’années…

Quand le dieu Dionysos s'enivrait tout le temps de vin doux, de bière et de tentations,

Quand le dieu Hermès propageait l’hellénisme et la civilisation jusqu’au bout du monde,

Avec la force donnée par Poséidon, le roi de la mer, faisant de nous une superpuissance maritime,

Mais par-dessus tout avec la force et principalement avec la sagesse de Zeus, le dieu des dieux…

Ce lieu fut fait.

Ce n’est pas un hasard si ici les enfants du Flower power prospérèrent. Ce n’est pas un hasard si ici, en regardant la mer, ils rêvèrent un avenir basé sur l’amour, la vie, l’amitié, la paix…

Fermez les yeux, tombez amoureux, faites des rêves ! 

« Toutes les choses s'écoulent » disait Héraclite. Vivez pour aujourd'hui, vivez l'éternité, la magie de ce lieu sacré, unique dans tout l'univers.

https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A1tala

https://www.routard.com/fr/guide/europe/grece/crete/plaine-de-la-messara/Mátala

https://www.rental-center-crete.com/fr/blog/Mátala-crete

https://www.petitfute.com/v44559-Mátala/

https://zigzagvoyages.fr/plage-Mátala-crete/

https://www.okaycrete.com/fr/article/Mátala-road-trip.html

 

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Commentaires
C
Merci pour toutes ces infos de Crète ! j'y vais pour la première fois en septembre 2025 :)
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