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lieux sacrés

17 juin 2024

Ágios Nikólaos (Άγιος Νικόλαος)

Capitale de la Crète orientale, la petite ville portuaire d’Ágios Nikólaos (Saint-Nicolas) du golfe de Mirabello existe depuis longtemps. C’était le port de la cité de Latô, ou Latô pros Kamara, située quelques kilomètres plus haut dans les montagnes, et qui se développa surtout pendant la période gréco-romaine.

Au début du XIIIe siècle, après que la Crète fut prise par les croisés en 1204 puis vendue aux Vénitiens, le port prit de l’importance. Le fort de Mirabello fut construit en 1206 par le corsaire génois Enrico Pescatore qui s’était emparé de la Crète pour protéger la petite ville naissante. Détruite plusieurs fois puis reconstruite, la forteresse fut reprise aux Turcs par l’amiral vénitien Gianbattista Grimani et ses chevaliers de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem qui finalement la firent sauter en 1645 lors de conquête de la Crète par les Ottomans.

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est dans les années 60 que la ville prit son essor avec l’afflux des touristes, mais elle a su garder tout son charme.

 

 

 

 

 

Le lac Voulismeni (Λίμνη Βουλισμένη)

 

De forme circulaire, d’une profondeur de 48,8 mètres pour un diamètre de 137, bordé de falaises sur son rivage nord, le lac Voulismeni ou bassin d’Artémis est un ancien lac d’eau douce qui était alimenté par une source.

 

 

 

Il se forma lors de l’effondrement du plafond d’une ancienne cavité karstique, un véritable gouffre qui se remplissait de l’eau de la source.

 

 

 

 

En 1856 un séisme frappa l’ile d’Amorgos, au nord de Santorin, et provoqua des tremblements de terre et un tsunami avec des vagues de plus de 20 mètres qui atteignit Ágios Nikólaos. Une partie des falaises s’effondra et la source se tarit.

 

 

 

L’eau stagnante rendant l’atmosphère putride, le pacha Kostakis Adossisis, le gouverneur ottoman d’origine grecque, décida en 1870 de relier le lac à la mer en creusant un canal. C’est en 1905 que les troupes françaises, garantissant l’autonomie nouvelle de la Crète et demeurant à Sitia, agrandirent le canal et construisirent un pont mobile afin que les bateaux puissent s’amarrer dans le lac.

 

 

Sur la rive ouest du lac, où sont exposées quelques colonnes de Latô pros Kamara, l’ancienne ville, une grotte fut transformée en église. Elle est appelée la crypte du pêcheur.

 

 

 

À l'intérieur des grottes sont plus ou moins conservées des icônes et du vieux matériel de marins.

 

 

 

 

Un peu plus loin, une ancienne fontaine porte des caractères arabes, rappel de l’occupation de la ville par les Turcs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plusieurs légendes se rapportent au lac. La première parle d’une déesse, Artémis, qui venait s’y baigner. Cette déesse, fille de Zeus et de Leto, sœur jumelle d’Apollon, représente le côté lunaire alors que son frère est totalement solaire. Déesse de la Nature sauvage, protectrice des femmes, des chemins et des ports, rattachée à la fécondité, elle préside à la naissance des hommes. Elle est liée au passage, à la transition, à l’initiation. Ses attributs sont l’abeille, le chien, le cerf et l’ours.

 

 

 

 

 

Parmi ses nombreuses épiclèses, on trouve Agrotera, patronne des chasseurs, Delia, née sur Délos, Ennodia, patronne des chemins, Hagne, chaste et pure, Hêgêmonê, la conductrice, Hemerasia, celle qui apaise, Kourothropos, protectrice de la jeunesse, Limnatis, protectrice des lacs, Paedotrophos, nourrice des enfants, Phôsphoros, porteuse de lumière…

Son culte comprenait des éléments orientaux, empruntés aux anciennes déesses mères comme Cybèle ou encore Isis. Certains mythologues disent qu’Artémis établit sa demeure en Crète.

 

 

 

 

 

 

 

Les habitants de la ville disent que ce lac n’a pas de fond et qu’il est relié directement aux enfers, ou en tous cas aux abysses de l’au-delà. Pour preuve, les soldats allemands, pendant la seconde guerre mondiale, alors qu’ils quittaient la Crète, jeta des canons et des véhicules blindés dans le lac. Personne ne les a jamais retrouvés. Il n’y a pas si longtemps, les freins du camion qui servait au nettoyage des rues se desserrèrent et le camion tomba dans le lac. Lui non plus n’a jamais été retrouvé ! Chaque année, le soir de Pâques, les habitants se retrouve sur ses berges pour regarder le feu d’artifice et lancer des pétards. Peut-être pensent-ils effrayer les mauvais esprits du lac ?

 

L'église Panagia Vrefotrophos

 

À quelques centaines de mètre du lac Voulisméni, sur les flancs d’une des cinq collines d’Ágios Nikólaos, se trouve Notre-Dame Vréfotrophos. Construite au XIIe siècle, orientée à l’ouest, c’est l’une des plus anciennes églises de la ville et son nom signifie « nourricière de l’enfant ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La construction de l’église, en pierre à une seule nef voûtée, date du XIIe siècle mais elle fut agrandie par les Vénitiens. La partie la plus ancienne est la partie occidentale.

 

 

 

A l’intérieur, des peintures murales, sous forme de fresques représentant des scènes de la vie du Christ et de la Vierge, datent du XIVe siècle.  

La Panagia Vréfotrophos est la Vierge protectrice des enfants. En lien avec l’ancienne protectrice du lac, Artémis ?

 

 

 

L’église Ágios Nikólaos

 

La petite église Ágios Nikólaos ou Saint-Nicolas est la plus vieille de la ville et lui a donné son nom. Située sur une péninsule au nord-est, dominant la baie d’Ormos où les Romains puis les Byzantins amarraient leurs bateaux, elle fut construite au début du VIIe siècle, vers 827.  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Elle fut dédiée à saint Nicolas, l’un des saints les plus vénérés de l’Église orthodoxe, protecteur des enfants et des marins. Son corps est conservé dans une église de Bari où son corps laisse suinter une huile que l’on dit miraculeuse. Je ne sais pas si le sarcophage contient le corps du saint, mais dans tous les cas, cette huile possède une puissance vibratoire étonnante.

 

 

 

 

 

 

 

 

Restaurée en 1303 après le tremblement de terre, elle a conservé des peintures murales du XIVe siècle et des motifs géométriques et floraux des VIIIe et IXe siècles.

 

 

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%81gios_Nik%C3%B3laos_(Cr%C3%A8te)

https://www.bouger-voyager.com/visiter-agios-nikolaos/

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12 juin 2024

Ágioi Déka (Άγιοι Δέκα)

Église d’Ágioi Déka

 

Dans la plaine de Messara, à quelques kilomètres de Gortyne, sur une petite colline d’environ 170m de hauteur, se trouve le village d’Ágii Déka ou Ágioi Déka (Άγιοι Δέκα).

Partout des traces de son ancienneté : colonnes romaines en remploi, portes romaines des granges et des maisons, antiques sarcophages en guise d’abreuvoir.

 

 

 

 

Se trouvaient ici l’ancien quartier sud-ouest de Gortyne et ses nécropoles.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est dans ce village que se trouve l’église des dix saints, ou Ágioi Déka, qui lui a donné son nom.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les dix saints, Théodule, Saturnin, Eupore, Gélase, Eunicien, Zotique, Pompée, Agatope, Basilide et Évariste (Theodoulos, Saturninos, Euporus, Gelasios, Eunikianos, Zotikos, Pobius, Agathops, Vasileides et Evarestos en grec), dont Il est dit qu’ils furent les disciples de saint Cyrile, évêque de Gortyne, furent martyrisés en 250 sous l’empereur Trajan Dèce qui demanda à tous les sujets de son empire de faire un sacrifice aux dieux romains afin d’obtenir la paix et éviter les invasions barbares.

 

 

 

Les dix saints crétois, attachés à leur foi chrétienne, refusèrent. Ils furent présentés devant le gouverneur, en résidence à Gortyne. Ils furent alors condamnés à des peines plus horribles les unes que les autres, faisons confiance au génie créatif des hommes. Mais cela ne suffit pas et il fallut, pour s’en débarrasser, les faire décapiter. Ce qui fut fait, le 23 décembre 250 dans l’amphithéâtre de Gortyne.

 

 

 

 

 

 

 

 

Le témoignage écrit le plus ancien sur les saints se trouve dans la lettre-confession de foi orthodoxe envoyée en 457 par les évêques de Crète à l'empereur Léon Ier. Les Dix Saints y sont déjà mentionnés comme protecteurs de la Crète.

 

 

 

 

 

 

 

 

L’église d’Ágioi Déka est une basilique à trois nefs, datant du XIIe siècle et remaniée durant la période vénitienne. Elle fut construite sur les fondations d’un bâtiment paléochrétien bien plus grand, du IVe siècle, dont on retrouve une colonne érigée sur le parvis. Cette basilique paléochrétienne fut elle-même bâtie à l’intérieur de l’amphithéâtre romain de Gortyne où se déroula le martyr des saints.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La nef centrale, en contrebas de l’entrée (le narthex fut construit au XXe siècle), couverte d’une voûte d’ogive, est probablement au même niveau de sol que l’ancienne église, ou du sol de l’arène romaine de l’amphithéâtre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Elle est séparée des nefs latérales par des colonnes monolithiques. Les colonnes, provenant probablement des ruines de Gortyne, ont été renversées et la base se retrouve avec la fonction de chapiteau.

Les peintures murales entre les colonnes sont datées du XIIe ou du XIVe siècle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les nefs latérales, consacrées à saint Charalampos (évêque de Magnésie, martyr du début du IIIe siècle) et saint Tite (l’un des 72 disciples du Christ ayant reçu l’Esprit-Saint, compagnon de saint Paul et premier évêque de Crète mort à Gortyne), sont couvertes d’une voûte en berceau.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans l’église, protégé d’un coffre en bois de cyprès, se trouve la pierre en marbre sur laquelle, selon la tradition, les saints se seraient agenouillés avant leur décapitation, laissant l’empreinte de leurs genoux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Proche de l’église, sur un terrain en contrebas du niveau actuel du sol, furent mises à jour les ruines d’une ancienne chapelle.

 

 

 

 

 

 

Agia Limni (Αγία Λίμνη), le tombeau des 10 saints

 

 

 

Quelques centaines de mètres plus loin, un peu à l’écart du village vers l’ouest, se trouve la chapelle d’Agia Limni.

C’est là que fut découvert au XXe siècle, après l’asséchage d’une pièce d’eau créée par les villageois, alimentée par les eaux de pluie et par la rivière Litheos (son nom vient du Léthé, le fleuve de l'oubli des Enfers. Avec un A privatif, il devient aletheia, la vérité ou absence d'oubli), une ancienne catacombe où se trouvent, selon la tradition, les sarcophages des dix saints.

Les habitants, qui l’appelaient, allez savoir pourquoi, le lac saint, l’utilisaient, bien que l’eau soit impure, pour abreuver leurs animaux et constataient de nombreux miracles et guérisons.

 

 

 

On raconte qu’un jeune homme, en 1898, faisant paitre ses bêtes près du lac, fut pris d’une forte fièvre. Les dix saints lui apparurent et lui recommandèrent d’aller boire de l’eau du lac. Ce qu’il fit. Et il fut guéri. Plusieurs autres cas similaires furent rapportés et la nouvelle se répandit et bientôt les crétois arrivèrent de toutes les régions pour trouver la guérison.

Les villageois, voulant en avoir le cœur net, firent appel à saint Euménios, chef spirituel du monastère de Koudoumas, qui leur confirma l’histoire des dix saints et c’est en 1902 que l’évêque d’Arcadie Vasilios Markakis, en visite à Agioi Deka, décida de vider le lac. Ils trouvèrent alors des tombes qui furent identifiées comme celles des dix saints.

 

 

 

 

 

 

 

Quatre d’entre eux se trouvent dans une petite crypte blanchie à la chaux, ancienne catacombe se trouvant actuellement sous le parvis de l’église qui fut construite entre 1915 et 1917.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Devant la porte, un récipient et un gobelet permet aux visiteurs de se servir d’eau bénite.

 

 

 

 

 

 

Devant l’église, sur le parvis, un baptistère quadrilobé.

 

 

 

 

 

 

 

https://viagallica.com/grece/ville_agioi_deka.htm#eglise_dix-saints

11 juin 2024

Zakros (Ζάκρος), Pelekita (Πελεκητα) et Traostalos (Τραόσταλος)

La grotte de Pelekita

 

Cette grotte, que je décris également dans la nouvelle de mon livre Les Sentinelles, se mérite. Il faut, pour la rejoindre, partir de la plage de Zakros, emprunter un chemin côtier, caillouteux à souhait, qui grimpe aux flancs de falaises où se perchent les agrimis, les chèvres sauvages de Crète.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Après une marche d’une heure et demi au milieu d’une végétation épineuse qui griffe les mollets, suivant tel le petit Poucet des points rouges peints sur les rochers, après avoir vidé entièrement la bouteille d’eau, après avoir traversé le lit à sec de Kakos Potamos, la mauvaise rivière, enfin, la grotte est là.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pas de contrôle ni de barrière, aucune interdiction, point de gardien, pas d’emmerdeurs. Pas d’escalier non plus, pas de rampe, pas de corde, l’endroit est plutôt dangereux et la descente périlleuse, mais chacun prend ses responsabilités. À l’ancienne.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le nom Pelekita vient du grec pelekitos (πελεκητής) qui veut dire tailler, ce qui est dû aux carrières de roches calcaires, en contrebas, qui furent utilisées pour la construction du palais minoen. La grotte est aussi appelée la grotte au figuier. Effectivement, un énorme figuier, déraciné en 2010, trônait à l’entrée. Il n’en reste qu’un petit rejeton qui, on ne sait trop comment, fait son chemin dans la paroi rocheuse.

 

La falaise est composée de calcaire du Crétacé supérieur et de dolomie du Trias (je me disais aussi, j’ai commencé un suiseki Yamagata- Ishi, une pierre en forme de montagne provenant des Dolomites —ce n’est pas le mien sur la photo—, et je trouvais les cailloux du chemin de Pelekita bien ressemblants…

 

 

 

La grotte, une des plus grandes de Crète (profondeur de 310 mètres pour une surface d’1,6 hectares), était le lit d’une rivière souterraine asséchée.  Elle se compose de plusieurs salles, et il faut un équipement de spéléologue pour pouvoir atteindre le fond où se trouve un petit lac, reliquat de l’ancienne rivière.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’entrée mesure 12 mètres de large par 6 mètres de haut. Le sol de la première salle, 22m de long, 20m de large et 7m de haut, est légèrement incliné vers le bas. En son centre, un renfoncement qui semble avoir un taux vibratoire élevé. Elle est parcourue de petits murets de pierre.

 

 

 

La deuxième salle mesure 65m de large, 45 de long et 15m de haut. De gros rochers, tombés du plafond, présentent d’impressionnantes concrétions calcaires, stalagmites et stalactites.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La température tombe vite, on arrive à 17° avec un taux d’humidité de plus de 70%. Les deux autres salles sont inaccessibles sans matériel de spéléo, tout au moins sans une lampe torche.

 

 

 

 

 

 

L’endroit fut utilisé depuis longtemps. Les fouilles ont mis à jour des vestiges datant du Néolithique, de la période minoenne (dont un magnifique taureau), puis romaine.  

L’endroit, plutôt enveloppant et doux au niveau des énergies, semble appartenir aux sanctuaires dédiés à des divinités féminines.

 

 

 

 

 

 

Le mont Traostalos

 

Au-dessus de la grotte de Pelekita, dominant la mer, se dresse le mont Traostalos. Il abrite un ancien sanctuaire, comprenant une petite cavité semi-circulaire et trois constructions en pierres sèches datant de la période Proto-palatiale. Le plateau arasé du sommet mesure 20 m par 12 et se termine, à l’ouest par une pente abrupte. Il fut fouillé pour la première fois en 1963 par le directeur de l'institut archéologique de Crète, Kostis Davaras.

 

 

De nombreux objets furent mis à jour : des éclats de silex et de la céramique du Néolithique pour les plus anciens, des statuettes zoomorphes (chèvres, bovins, oiseaux, poissons, coléoptères et même un rhinocéros) et anthropomorphes (masculines et féminines) en terre cuite et en bronze, des jarres. Ils sont conservés pour la plupart au musée d’Héraklion.

 

Le poisson en argile aux lignes épurées nous rappelle la formidable créativité des artistes crétois.

 

 

Des orants en terre cuite nous montrent la façon de prier des occupants du lieu.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Stella Chryssoulaki, qui a fouillé le sanctuaire en 1978, a retrouvé, sous une couche de cendres mélangée à des os et des coquilles d'animaux marins calcinés, des dizaines de disques en pierre de 12-15 cm de diamètre disposés en couches successives, sans doute des tables à offrandes.

 

 

 

 Une figurine féminine, assise, montre une jambe disproportionnée. Sommes-nous en présence d’ex-voto ? L’existence de statuettes mettant en avant des parties du corps et d’un bateau semblerait le confirmer.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mais pour qui étaient ces offrandes ? En regardant l’histoire de la Crète et la configuration du lieu, je pencherai pour une Déesse-mère. À moins que ce sanctuaire, situé en hauteur et semblant protéger la grotte en-dessous, ne soit dédié au protecteur des énergies féminines. Une montagne, une grotte…

 

https://viagallica.com/grece/village_zakros.htm#google_vignette

https://www.incrediblecrete.gr/fr/place/cave-of-pelekita-or-cave-of-the-fig-tree/

10 juin 2024

Zakros (Ζάκρος)

Zakros est un village situé à l’extrémité est de la Crète. Il se divise en deux, Epano Zakros, le vieux village situé sur les hauteurs et Kato Zakros, la petite station balnéaire proche des ruines du palais minoen. Les deux sont reliés par la vallée des morts. L’endroit est fréquenté depuis le Néolithique, le site proche de Traostalos ainsi que la grotte de Pelekita ont fourni les preuves d’une utilisation cultuelle très ancienne.

Le palais de Zakros, proche de la mer, avec lequel j’ai un lien très particulier (je le décris dans une nouvelle issue de mon livre Les Sentinelles), fut la principale raison de mon voyage en Crète et c’est avec beaucoup d’émotion que j’ai foulé ses allées de pierre. Zakros se situe à l’extrémité est de la Crète.

Le palais fut construit sur un emplacement stratégique pour le commerce et les échanges, dans une anse abritée des vents du nord, du sud et de l’ouest, où s’est développé un des ports principaux de la civilisation minoenne. Les archéologues pensent que Zakros fut l’un des quatre centres administratifs les plus importants de l’ile.

 

Le site fut fouillé pour la première fois à la fin du siècle dernier par des archéologues italiens Halbherr et Mariani. Les fouilles furent reprises en 1901 par l’anglais Gogarth, alors directeur de l’école d’archéologie anglaise d’Athènes. Il découvrit 12 maisons et de précieux artéfacts. La découverte fortuite de pièces d’or et d’une épée incita la reprise des fouilles et le crétois Nikolaos Plato, en 1961, dévoila le palais en entier qui dépasse les 8 000m² et comprend plus de 300 pièces.

 

 

 

Le palais tel qu’on le connait à l’heure actuelle fut construit vers 1 900 ans avant notre ère. Il fut détruit vers – 1600, reconstruit, de nouveau détruit en – 1 450 par le feu et contrairement aux autres, il fut abandonné à cette époque, ce qui permet une lecture plus visible de ses infrastructures.

 

Le port, grand centre commercial de transit entre la Crète, le Moyen-Orient et l’Afrique, envoyait dans ses navires du bois de cèdre, de l’huile d’olive et du vin et recevait de l’ivoire, de l’or, des lingots de cuivre et des pierres précieuses, travaillées dans les ateliers du palais. L’artisanat et l’industrie étaient très développés.

 

Le palais, construit avec des blocs de calcaire bien appareillés et pavé de carreaux de terre cuite, ressemble à ceux de Knossos et Phaïstos, différents bâtiments se regroupant autour d’une cour centrale pavée. Le palais s’est développé, comme les autres, selon un rythme que l’on nomme labyrinthique.

La cour centrale, le cœur du complexe, mesurant 30 mètres par 12 (100 pieds minoen par 40), est décentrée par rapport aux axes cardinaux, contrairement aux cours des autres palais. Les géobiologues peuvent essayer de trouver pourquoi. Elle était entourée de façades majestueuses avec des arcades soutenant des terrasses, possédait trois entrées à l’ouest et une au nord-est reliant une cour plus petite d’où partait une route dallée qui rejoignait le port, la grotte de Pelekita et les carrières de pierre ayant servi à la construction des bâtiments. Dans sa partie nord-ouest était dressé un autel, probablement l’endroit où se tenaient les cérémonies religieuses.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’aile ouest comprenait au nord une imposante salle des cérémonies précédée d’un puits de lumière carré, le sanctuaire (où fut retrouvé le rhyton en forme de tête de taureau)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ainsi qu’une salle de purification où les officiants descendaient 8 marches avant d’atteindre le bain lustral. Juste à côté, le sanctuaire proprement dit, une pièce minuscule avec deux banquettes et plus au sud la sacristie, qui fut retrouvée intacte.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au sud, un polythyron menait à la salle des banquets. À l’ouest se trouvait la salle du trésor ou des archives où furent retrouvés de nombreux ustensiles utilisés pour les rituels et des étagères sur lesquelles étaient posées de nombreuses tablettes d’argile gravées en linéaire A.

 

 

 

 

 

Qu’est le linéaire A ? Les Minoens utilisèrent l’écriture depuis le début de la période Proto-palatiale, c’est-à-dire vers 2 000 avant notre ère. Il y eut tout d’abord les hiéroglyphes crétois, utilisés entre -2 000 et -1 650, puis le linéaire A, entre -1 850 et -1 450, qui n’ont jamais été déchiffrés, suivis du linéaire B, développé à partir du linéaire A et utilisé entre -1 500 et -1 200, qui fut déchiffré en 1952 et qui transcrit la langue mycénienne.

Un peu plus au nord se trouvaient les magasins où ont été découverts de nombreux vases et d’énormes jarres.

 

 

 

 

 

 

Dans l’aile est, centre administratif du palais, se trouvaient les appartements royaux.

 

 

 

Les appartements de la reine ou mégaron, au nord, comprenait une zone interprétée comme les « bains de la reine », complexe de pièces avec un bassin aux parois décorées de fresques. Les personnes royales devaient s’en servir comme bain de purification. Plus au sud, le mégaron du roi. Les deux pièces principales possédaient un polythyron et des puits de lumière. À l’étage se trouvaient les chambres.

 

 

 

 

 

 

 

À l’est du mégaron du roi une grande salle à 5 colonnes, sans toit, appelée salle de la citerne. Elle contenait un bassin, cette fois circulaire, d’un diamètre de 7 m, qu’on atteignait en descendant encore une fois 8 marches. Ses parois étaient revêtues d’un mortier et le fond dallé.

Un autre réservoir situé au sud du bassin précédent, cette fois-ci rectangulaire, alimenté par une source, la fontaine Tyktè krènè, possède 14 marches. Un peu plus loin, vers l’ouest, un puits à 8 marches où furent retrouvés des offrandes, comme un vase plein d’olives.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans l’aile sud, indépendante, se trouvaient des ateliers, des magasins et les salles des parfumeurs.

L’aile nord dont une grande partie de la façade était composée d’un portique pavé à deux colonnes, comprenait une grande cuisine et une salle des banquets à l’étage équipée de lampes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au nord-ouest se trouvaient les maisons des artisans, tailleurs de pierre, potiers, et des forgerons.

 

 

 

Un four à métaux, équipé de quatre canaux d’aération, est encore visible.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tout autour du palais se regroupaient les maisons d’habitation. L’ensemble était doté de puits et réservoirs, d’égouts, de latrines, ce qui montre un urbanisme élaboré.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plusieurs routes sont très bien conservées autour du palais, notamment celle qui partait au nord/est vers le port.

 

 

 

 

De nombreux objets, découverts lors des différentes fouilles, sont regroupés au musée d'Héraklion.

 

 

 

 

 

Il semblerait que le palais de Zakros ait été orienté sur un arrêt lunaire majeur (major lunar standstill), ce qui correspond au moment où la lune se lève et se couche à ses points les plus extrêmes sur l'horizon.

 

Les gorges de Kato Zakros (Κάτω Ζάκρος)

 

Les gorges de Zakros  furent creusées par les eaux du ruisseau Lygia dans une roche calcaire comprenant de nombreux fossiles marins.

 

 

 

 

 

Des mastodontes comme Gomphotherium, l’ancêtre des éléphants du Miocène, y furent retrouvés.

 

 

 

 

 

Les parois escarpées de la vallée furent creusées de nombreuses grottes, utilisées aux époques pré-minoenne et minoenne pour loger des tombes. C’est la raison pour laquelle les gorges furent appelées la vallée des morts.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La vallée se termine à proximité du site du palais minoen et s’ouvre vers le soleil levant, à l’est, ce qui pourrait avoir également une connotation cultuelle. Une tombe, datant de -2 300, fut découverte intacte. Elle contenait cinq squelettes de femmes.

 

 

 

https://antikforever.com/palais/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Zakros

https://www.lonelyplanet.fr/poi/crete-lassithicretecg-palais-de-zakros

https://www.incrediblecrete.gr/fr/place/palais-de-zakros/

https://iledecrete.wordpress.com/2018/05/21/le-palais-de-zakros/

https://www.universalis.fr/encyclopedie/zakros/

http://druine.free.fr/crete/palais_zakros.htm 

https://www.destinationcrete.gr/fr/archaeological-sites-crete/zakros/

http://www.minoancrete.com/zakros.htm

https://lovecrete.org/fr/crete-map/

10 juin 2024

La symbolique du taureau minoen

Le taureau est omniprésent dans l’architecture et la vie quotidienne des Minoens. Peut-être est-ce dû à l’ère zodiacale du Taureau qui débuta vers -4 500/4 300 et se termina vers – 2 150/-1 700 (selon différentes études), dates auxquelles la civilisation minoenne débuta et s’épanouit. C’est la période où le taureau prend de l’importance au niveau de la symbolique : fécondité, puissance, force et courage.

L’origine des bovins domestiques se trouve dans la région du nord de l’Iran actuel aux environs de 10 000 ans avant notre ère (comme pour beaucoup d’autres choses, comme le blé ou la vigne par exemple). Ces animaux migrèrent avec leurs propriétaires et à la sélection naturelle s’ajoutera celle des hommes avec les croisements. La symbolique des bovidés est toujours en rapport avec la puissance, la fertilité et les forces créatrices et nourricières, avec le renouveau.

 

On retrouve le culte du taureau, devenu animal sacré, chez les Égyptiens avec Apis et Hathor, fils et fille de Râ. Dans le bassin de l’Indus, le védisme présente le roi des dieux Indra comme un taureau et la vache est considérée comme éminemment sacrée. Audhumia, la vache nourricière du premier être vivant, le géant Ymir, est une divinité nordique primitive. L’indouisme en fait Nandi, la monture du dieu Shiva.

 

 

 

Dans le croissant fertile, entre Tigre et Euphrate, en Assyrie, le taureau est l’animal symbole du dieu de l’orage, Adad. Chez les Hittites c’est aussi Tarhūnah, dieu de l’orage, principal dieu du panthéon, qui est accompagné d’un taureau. Akkad le représente en génie protecteur ailé aux portes des palais, le Lamassu.  Chez les Hébreux, le veau d’or revient à la charge. Zeus, dans ses premières amours, se transforme en taureau pour séduire Europe qui donnera naissance au roi Minos. Les bovins, qui portaient souvent les dieux fondateurs sur leur dos, représentaient la structure de l’univers et son renouvellement.

 

 

Le taureau sera sacrifié lors de l’ère suivante, quand apparaitra dans le ciel la constellation du Bélier. Ram le bélier (Ram : racine indo-européenne qui veut dire bélier) apparait en Celtie et devient Belenos. Ab Ram, fils de Ram, devient Abraham. Gilgamesh tue le taureau céleste envoyé par la déesse Inanna, Khnoum entrera en Égypte ainsi qu’Amon auquel il est associé, Mithra répandra son sang et la tauromachie verra le jour.

 

L’ère actuelle, celle des poissons, a commencé avec l’apparition du Christianisme.

 

 

Des poissons, que Jésus va multiplier pour ses disciples pêcheurs, que l’église romaine primitive va prendre comme signe de reconnaissance avec l'acronyme ICHTUS, poisson en grec, Iêsoûs Khristòs Theoû Uiòs Sōtḗr, c’est-à-dire Jésus Christ, fils de dieu, sauveur.  Le bélier laisse sa place, Jason part à la recherche de la toison d’or de Chrysomallos, l’agneau est sacrifié, le bélier est diabolisé, perd sa symbolique et devient un Baphomet cornu androgyne.

 

 

 

 

Ainsi vont les cycles.

Revenons à la Crète. Chez les minoens, à l’époque de l’ère du Taureau, apparut la taurokathapsia (tαυροκαθάψια) ou taurocatapsie, le saut du taureau, l’une des scènes les plus représentées dans l’art minoen. La plus connue est une fresque trouvée à Cnossos, où trois acrobates, dont deux femmes, exécutent les trois phases du saut par-dessus le taureau : prise des cornes, saut en salto sur le dos de l’animal et réception.

À Cnossos également fut retrouvé la célèbre représentation d’une tête de taureau sous forme de Rhyton, c’est-à-dire un vase servant lors de repas de gala, de cérémonies rituelles ou libations (lorsqu’on verse quelques gouttes de liquide sur le sol en l’honneur des dieux).

 

 

 

 

 

 

 

Le taureau minoen est aussi représenté dans les mythes et légendes qu’il ne faut pas prendre à la légère en sachant que derrière ces récits se tiennent toujours des vérités et des symboles universels. Le mythe du Minotaure en fait partie et même si ces légendes ne font pas partie de l'époque minoenne (aucune trace du minotaure dans cette civilisation), elles en découlent.

 

 

 

Au début de l’histoire, Zeus, toujours très actif sexuellement, jeta son dévolu sur Europe, une belle princesse Phénicienne fille du roi Agénor de Tyr, lui-même fils de Poséidon. Pour arriver à ses fins et se protéger de la jalousie de sa femme Héra, il se métamorphosa en un magnifique taureau blanc. La jeune fille, attirée par la beauté de l’animal, se rapprocha et monta sur son dos. Zeus en profita et partit en Crète avec sa conquête, à Gortyne plus précisément. C’est là, sous un platane, qu’ils s’unirent. Certains disent qu’elle fut consentante, d’autres non. Quoi qu’il en soit, Europe, enceinte, fut confiée par Zeus à Astérion, roi de Crète. De cette union avec Zeus naquirent Minos, Radhamante, futur juge des enfers avec son frère, et Sarpédon, tué par Patrocle lors de la guerre de Troie, tous trois élevés par Astérion.

 

 

 

 

 

Minos, à la mort de son père adoptif, réclame la couronne et pour évincer ses deux frères, demande l’aide de Poséidon. Le dieu de la Mer lui accorde sa protection et lui envoie, pour sceller leur pacte, un magnifique taureau blanc qu’il devra sacrifier après son couronnement. Minos devint roi, épousa Pasiphaé, qui avait pour sœur Circé la magicienne et pour frère Eétès, gardien de la Toison d’or. Pasiphaé est la fille du titan Hélios, le soleil, et de Persé, elle-même fille du titan Océan. Mais Minos, trouvant le taureau très beau, voulut le garder et le remplaça par un simple taureau qu’il sacrifia à sa place. Poséidon, pas né de la dernière pluie, s’en aperçut et pour se venger, rendit le taureau blanc furieux pour qu’il détruise une grande partie de l’ile, puis il inspira à Pasiphaé une passion dévorante pour l’animal. Celle-ci, afin d’assouvir son désir, fit construire par Dédale, l’architecte du palais, une génisse en bois et en cuir dans laquelle elle entra. L’accouplement eut lieu et de cette union contre nature naquit Astérios, l’homme à tête de taureau, le Minotaure. 

Le Minotaure en grandissant devint féroce. Minos demanda à Dédale de construire un labyrinthe afin qu’il puisse l’y enfermer. Quelque temps après, le fils de Minos, Androgée, excellent athlète, fut tué par les athéniens à la demande du roi Égée, jaloux que le crétois gagne tous les prix aux fêtes Panathénées.  Le roi de Crète attaqua alors la cité grecque qui, vaincue, dut lui payer un tribut : tous les 9 ans, Athènes devra livrer à Minos 7 jeunes hommes et 7 jeunes filles qui seront donnés en sacrifice au Minotaure.

 

 

C’est Thésée, fils d’Égée, qui viendra venger son peuple en empruntant le labyrinthe pour tuer la bête. Ariane, la fille du roi Minos, séduite par le beau jeune homme, va l’aider à en sortir en lui fournissant un fil qu’il va dérouler le long du chemin, ce qui lui permettra de sortir facilement, et en lui donnant l’épée de son père qu’elle a dérobée (offerte à Minos pour son mariage par Héphaïstos), tout cela contre la promesse d’un mariage.

 

 

 

Thésée tua le Minotaure, sortit du labyrinthe et s’enfuit avec Ariane, mais l’abandonna sur l’ile de Naxos ou de Dia selon Homère (ile située à quelques kilomètres au nord d'Héraklion). Certains mythographes disent qu’il n’était pas lâche mais fut obligé de le faire suite à une tempête qui emporta le navire après qu’il eut débarqué Ariane, ou bien en obéissant à un ordre d’Athéna qui lui apprit qu’elle était promise à Dionysos. Ariane se consola effectivement avec Dionysos et Thésée épousa Antiope, reine des Amazones, puis Phèdre, la propre sœur d’Ariane, qui eut des démêlés avec Hyppolite, le fils que Thésée eut d’Antiope, tout le monde connait l’histoire.

Entre temps, Égée, qui avait demandé à ce que la couleur des voiles du navire de son fils soit blanche en cas de victoire et noire en cas de défaite contre le Minotaure, attendait des nouvelles. Thésée ayant oublié de changer les voiles, à cause du chagrin d’avoir perdu Ariane ou des soucis du voyage, Énée, voyant les voiles noires, se jeta du haut d’un rocher dans la mer qui prit son nom en hommage.

Comment ne pas voir, dans ces récits, la démarche initiatique du héros qui se trouve lui-même, et l’allégorie de la Grèce se libérant du joug crétois par le meurtre du taureau (montrant aussi la fin de l’ère lui correspondant) et la domination et la séduction des femmes crétoises, qu’elles soient amazones ou pas, ne montre-elle pas dans le même temps la fin du matriarcat et son remplacement par l’hégémonie masculine des dieux guerriers ?

 

 

 

 

Mais ce mythe fut élaboré au VIIe siècle avant notre ère, bien après que la civilisation minoenne eut disparu. Thésée, représenté au départ affrontant des Centaures, devint roi d’Athènes. Le mythe le fit même en devenir son fondateur, ainsi que celui de la démocratie. 

 

 

 

 

 

La symbolique du labyrinthe fut utilisée dans les siècles suivants, de la Rome antique jusqu’au XIIe siècle aux sols de nos cathédrales. En son centre, Astérios, l’homme à tête de taureau est très souvent représenté. Le voyage qu’il propose est bien entendu initiatique, c'est une quête à la recherche de la vérité, partant de la matière pour arriver au spirituel. Le héros devra parcourir ce dédale et trouver son chemin, qui mène au centre du monde, au centre de lui-même, là où il devra vaincre les forces du mal ou sa propre animalité.

 

 

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Cr%C3%A8te

https://fr.wikipedia.org/wiki/Civilisation_minoenne#Culture

https://www.histoire-pour-tous.fr/civilisations/2986-la-civilisation-minoenne.html

https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9s%C3%A9e

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10 juin 2024

Les palais minoens

L’adjectif minoen vient du nom d’un roi légendaire de Crète, Minos, issu de l’union de Zeus et d’Europe, fille du roi de Tyr, dont on dit qu’il fit construire le premier labyrinthe. L’architecture minoenne se répartit en plusieurs phases historiques :

 

 

 

 

 

  • Le Minoen ancien, ou Pré-palatial, du début de cette civilisation vers –3 500 à –2 000 ans avant notre ère. L’architecture reste rudimentaire, la base des constructions est en pierre et les murs en argile.
  • Le Minoen moyen, ou Proto-palatial, de -2 000 à –1 600 ans, des palais sont construits autour d’une cour centrale entourée de bâtiments de différentes fonctions. Les pièces sont nombreuses et reliées par des couloirs, ce qui peut leur donner un air labyrinthique. Différents quartiers, résidentiels, commerciaux et artisanaux, viennent se regrouper autour du palais. Les palais détruits vers -1 750 sont reconstruits. L’apogée architectural se trouve vers –1 700.
  • Le Minoen récent, ou Néo-palatial, de –1 600 à –1 450 ans. Peu de changements, l’art prend de l’importance.
  • La période Créto-mycénienne et dorienne, ou Post-palatial, de -1 450 à -1 100, où l’esprit minoen disparait petit à petit ; l’architecture devient plus massive et défensive.

Ces palais immenses possèdent de nombreuses caractéristiques communes et utilisent des techniques qui leur sont propres.  Non fortifiés, ils possèdent tous une grande cour centrale rectangulaire.

 

 

Les murs sont couverts d’un enduit à la chaux orné de fresques aux couleurs vives réalisées à base de pigments naturels, les sols sont recouverts de gypses ou de stucs.

 

 

 

 

Les différentes parties du palais sont réparties par fonction, religieuse, administrative, sanitaire, artisanale. On trouve autour de la place centrale des sanctuaires avec bains lustraux ou bassins de purification, des appartements royaux, des salles d’apparat et d’audience, des salles du trésor et des salles du trône, des salles des archives et des sceaux, des cuisines et des salles de banquets, des magasins et des maisons d’artisans, notamment des parfumeurs.  Le raffinement se retrouve jusque dans les systèmes de tuyauterie en terre cuite permettant d’amener l’eau depuis sa source et son évacuation. On trouvait des termes mais aussi des salles de bain avec baignoire et même des toilettes.

Les étages des bâtiments, reposant sur de grandes poutres de bois, sont faits de moellons liés au mortier.  Les colonnes, toujours de nombre impair, sont évasées vers le haut et les chapiteaux ressemblent à une galette aplatie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Certaines pièces sont ouvertes sur plusieurs côtés et sont éclairées par de grandes baies séparées par des colonnes. Elles sont alors appelées polythyrons. Les puits de lumière sont aussi utilisés.

 

 

 

 

 

Les fouilles archéologiques ont permis de dater les différentes phases de construction de ces palais, qui commence vers 2 000 avant notre ère. J’ai, quant à moi, la sensation qu’il y en eut de bien plus anciens.

 

 

Les différentes périodes de destruction ont eu des causes différentes. En –1 750 ou en -1 450, ce furent des causes naturelles comme des tremblements de terre ou des incendies volontaires à la suite d’insurrections ou d’invasions. Celle de -1 600 correspond à l’éruption de Théra, ou Santorin, datée actuellement avec précision (dendrochronologie, C14, étude des céramiques, etc.) entre -1606 et-1 589.

 

 

Les sites furent recouverts de pierre ponce et reçurent un tsunami qui fit des vagues de 20m de hauteur. La catastrophe épargna pourtant de nombreux endroits, dont le principal palais, Knossos, qui perdura jusqu’en -1 370, et les études les plus récentes montrent que la civilisation minoenne ne fut pas détruite à ce moment-là.

10 juin 2024

Brève histoire de la Crète

 

 

La Crète fait partie de la chaine de montagnes qui s’est formée au début de l’ère tertiaire, il y a 66 millions d’années, en même temps que les Alpes, les Pyrénées, et jusqu’à l’Himalaya. Les premières traces de la présence d’êtres humains en Crète semblent remonter au Paléolithique, il y a 130 000 ans, alors que le niveau des océans était plus bas de 120 mètres.

Le Néolithique vit l’arrivée de gens venus d’Anatolie (Turquie) et apporte un peu plus de vestiges, notamment dans la plaine de Messará. L’habitat passa de huttes en bois à des maisons aux toits plats et aux murs de pierres et de briques couverts d’enduits. Les nombreuses grottes des massifs calcaires de l’ile servirent aussi d’habitat puis de lieu de sépulture.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La civilisation que l’on appelle minoenne débuta aux environs de 3 500 avant notre ère pour finir vers -1 100. La Crète prit vite une place importante dans le bassin méditerranéen grâce à son agriculture et son élevage (vin, olive, blé, fromage de chèvre et tissus de laine), à son artisanat (comme les pithoi, jarres monumentales en céramique à petit col étroit et nombreuses poignées) et à sa flotte commerciale (il n’existait pas de flotte de combat).

 

 

 

 

 

 

Les ports se développèrent, les villes s’étendirent sans fortifications, les premiers palais furent bâtis vers – 2 000. Plusieurs évènements détruisirent en partie les constructions, vers -1 750, -1 600 (éruption de Théra), -1 520 et – 1 450. L’affaiblissement de la civilisation minoenne permit alors aux Mycéniens de prendre place, introduisant les cultes grecs, puis les Doriens envahirent l’ile vers – 1 100.  Ensuite l’ile fut occupée par les Ptolémées (Égypte).

Vers – 67, ce sont les Romains qui envahirent la Crète et installèrent leur capitale administrative à Gortyne. La légende raconte qu’au Ier siècle, saint Paul fut le premier évangélisateur à accoster au sud de l’ile et christianisa une partie des Crétois avec l’aide de Tite, son disciple nommé premier évêque de Crète. L’ile passa sous contrôle byzantin vers 395. Les Arabes prirent le contrôle entre 824 et 961 et furent délogés par l’empereur byzantin Nikiphoros Phokas.

 

 

 

 

 

 

 

En 1204, la 4eme croisade va permettre à Venise de prendre le contrôle de l’ile. En 1453, avec la prise de Constantinople, la Crète devint terre d’asile pour les Byzantins qui construisirent de nombreuses églises. Les Ottomans prirent finalement l’ile en 1669. L’occupation ottomane durant 230 ans fut oppressive et de nombreux crétois entrèrent en résistance. En 1898 les Turcs furent battus avec l’aide de puissances occidentales et cela amena à l’indépendance de la Crète qui déclara en 1908 son union avec la Grèce. En 1923, les derniers musulmans crétois furent expulsés et remplacés par des réfugiés orthodoxes d’Asie mineure.

3 septembre 2023

L’Ile de Ré

 

Étymologie

 

Ile de Ré carte 2aSur une ancienne carte maritime gallo-romaine, l’ile est appelée Arica Insula. C’est dans un ouvrage du VIIe siècle, La cosmographie de l’anonyme de Ravenne (publié à Paris sous le titre d'Anonymi Ravennatis de geographia libri V en 1688), qu’elle se trouve mentionnée pour la première fois sous le nom de Ratis.

 

 

 

 

 

 

Ile de Ré 6Elle fut appelée Radis dans les annales de Metz, Rodi dans une charte du IXe siècle. Beaucoup de provenances furent proposées : du gallois ryde, lieu d’ancrage, qui donna le mot rade et donc insula Radis. Ou bien du gaulois ratis, la fougère, qui existe dans d’autres langues celtiques comme le breton radenn, ou l’irlandais raith, qui pourrait être confondu avec ràith, muraille, fort. Plus tard, l’ile fut appelée Regum insula Reta ou Retia (du latin rete, filet de pêcheur). Puis Rea, Reacum et Reorum Insula, lieu d’exil pour les criminels (du latin reus, accusé).

 

Ile de Ré 7

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Légendes et folklore

RâCertains voient dans le toponyme de Ré une allusion au dieu égyptien du soleil, Rê, démiurge d’Héliopolis créateur de l’univers ou bien à la déesse grecque Rhéa, personnification des forces naturelles, titanide fille de Gaïa et d’Ouranos, épouse de Cronos et mère d’Hestia, Déméter, Héra, Hadès, Poséidon et Zeus.

Rhéa 1

 

 

 

 

 

 

 

 

Une légende parle même de Ramsès II. Il aurait envoyé des bateaux qui se seraient échoués au Martray, isthme de l’ile proche du village d’Ars-en-Ré où ils auraient construit une petite pyramide.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pertuis d'Antioche 1Une autre légende rétaise parle d’un tremblement de terre ayant englouti la cité romaine d’Antioche. Lors de ce séisme destructeur seules deux iles survécurent, Ré et Oléron. Un dicton raconte que « quand Antioche réapparaitra, Ré disparaitra » et les anciens disent que les ruines de la cité mythique sont toujours visibles sous l’eau lorsque le temps est clément ! Une légende nous raconte qu’en 1809, le capitaine d’un bateau échoué sur le récif de Chanchardon au sud de l’ile a vu un dallage de calcaire qui avait bien l’air des restes d’une construction romaine.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Antioche 1D’autres expliquent que le pertuis d’Antioche, détroit situé au sud de l’ile donnant sur le golfe de Gascogne, tirerait son nom du fait que les croisés l’utilisaient au départ de leur voyage de la Saintonge vers le Proche-Orient où se trouve la principauté d’Antioche.

 

 

 

 

 

 

 

 

CoqJusqu’au XIXe siècle, les rétais participaient à la fête du coq. Des combats de coqs se déroulaient sur l’ile et les propriétaires des animaux vainqueurs prenaient le titre de roi, dauphin, duc ou marquis. Ils devaient se déguiser et défilaient dans les rues en trainant un grand coq de bois monté sur roulettes et dont le bec s’ouvrait pour recevoir les offrandes des passants.

 

 

 

 

 

 

Boeuf 2Encore récemment, lors du carnaval (du latin carne levare, retirer la chair), les jeunes se maquillaient le visage en noir, s’habillaient en chemise et bonnet de nuit et allaient réclamer aux villageois des œufs et de la farine pour faire des crêpes. Un bœuf couronné de fleurs était promené dans les rues était ensuite sacrifié chez le boucher et tout le monde mangeait sa viande lors de la semaine grasse, période festive avant le jeune du Carême (le mardi gras en est l’apothéose, calculé en fonction de la date de Pâques, le premier dimanche qui suit la pleine lune qui suit l’équinoxe de printemps, et se situe 47 jours avant, 41 jours + 6 dimanches). Bon, là ce n’est pas un bœuf, c’est une Highland, mais j’aime bien.

 

 

 

Ile de Ré 3Cette fête païenne, anciennement les Calendes de mars, célébrait la fin de l’hiver, le début du printemps et le renouveau de la Nature. Cette période, comme lors les bacchanales (liées aux mystères dionysiaques) ou les lupercales (rites initiatiques liés au dieu des troupeaux et de la forêt, Faunus), donnait lieu à des fêtes débridées durant lesquelles on se déguisait et où tous les interdits étaient transgressés et l’ordre social inversé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Historique

Ile de Ré carte 1aLes légendes sont souvent basées sur des faits historiques. L’ile de Ré fut autrefois, au Jurassique (il y a 150 millions d’années), un archipel de 3 iles différentes. Avec la période glaciaire de Würm, les eaux reculèrent, l’archipel de roches calcaires disparut et devint une partie du continent, l’océan se retrouvant à plus de 150 km à l’ouest. Les premiers humains arrivèrent vers – 20 000 ans avant notre ère. Des traces de l’Âge du Fer puis du Bronze furent retrouvées. Arriva une période de réchauffement climatique et les eaux, suite à la fonte des glaciers, remontèrent.

 

 

 

Ile de Ré 11L’archipel se reforma et quatre ilots réapparurent : Saint-Martin, Loix, Ars-en-Ré et Les Portes-en-Ré. Des restes d’habitations datant de – 5 000 avant notre ère furent mis à jour. Les géographes nous expliquent que les iles se soudèrent progressivement avec la dépose d’alluvions argileux, les mouvements du sable et plus tard les digues des marais salants.

 

 

 

 

 

 

 

Ile de Ré 17Pourtant les écrits anciens ne parlent jamais de Ré comme d’une ile : Ptolémée, le savant grec du IIe siècle, parle d’un promontoire rocheux. Il se pourrait alors que l’insularité de Ré ait été provoquée ensuite (c’est-à-dire durant l’Antiquité gallo-romaine tardive) par un séisme, ce qui serait à la base des légendes. Quoi qu’il en soit, l’endroit fut occupé par des gaulois de la tribu des Lémovices (ils ont donné leur nom au Limousin et à Limoges). Les Vikings au IXe siècle y firent quelques excursions : il reste des traces de pillages et d’incendies de cette époque à Sainte-Marie.

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 10Le peuplement dense de l’ile ne date que du Moyen-âge. Au XIIe siècle, l’abbaye cistercienne Notre-Dame-de-Ré prit une importance considérable et maitrisa la plus grande partie des terres rétaises. Les moines introduisirent la culture de la vigne puis la fabrication du sel et les écluses à poissons. La population diminua lors de la guerre de Cent ans puis lors des guerres de Religions. L’ile, afin de se protéger des ennemis, commença la construction du fort de la Prée en 1625.

 

 

 

 

Ile de Ré 38Sous Louis XIV, Vauban fut chargé de la construction d’un complexe défensif impressionnant, murailles, places fortes, fortification du port de Saint-Martin. Au XIXe siècle, une partie de la forteresse servit de prison, escale pour les bagnards avant leur transfert en Guyane ou en Nouvelle-Calédonie, et ce jusqu’en 1938. De célèbres prisonniers tels que le capitaine Alfred Dreyfus, Guillaume Seznec ou Henri Charrière, dit Papillon, y furent incarcérés.

Ile de Ré 43

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ile de Ré 31La construction du phare des Baleineaux commença en 1849 ainsi que celle du phare des Baleines, à côté de la vieille tour érigée entre 1669 et1682 sur l’ordre de Colbert d’après le programme de Vauban. Les deux phares furent mis en service en 1853.

 

 

 

 

 

Ile de Ré 34La position stratégique de l’ile de Ré lors de la guerre de 40 intéressa les autorités allemandes installées à La Rochelle et Saint-Martin devint un de leurs centres principaux. De nombreux bunkers furent construits avec des batteries d’artillerie. En 1942, la marine allemande installa son quartier général à la Couarde. La résistance s’organisa et l’ile fut libérée lors du protocole de reddition le 9 mai 1945.

 

 

 

 

 

Ile de Ré le jour le plus long 1À noter que quelques scènes du film Le jour le plus long furent tournées en 1961 sur la plage de Rivedoux et à la conche des Baleines aux Portes. Le XXe siècle fut marqué par la construction du pont de Ré qui relie l’ile au continent. Il fut inauguré en 1988.

 

 

 

 

Les lieux sacrés

Les mégalithes

MégalitheL’ile possédait quelques mégalithes, aujourd’hui disparus : le menhir de la Pierre-qui-vire, au Bois-Plage-en-Ré. Le site de T4T35 en raconte la légende : « à la veille de Noël, les pêcheuses de varech déposaient dans les cavités du menhir du pain destiné aux oiseaux. Elles espéraient ainsi faire bonne pêche toute année. Toutefois, elles devaient parler à la pierre en lui disant trois fois ‘’Tourne ou vire‘’. La pierre avait la réputation de tourner trois fois sur elle-même quand sonnait minuit au soir du 24 décembre de chaque année ». Cette pierre était faite de roche jurassique et était en grande partie ensablée. Dans son voisinage, se trouvait le tumulus du Peu-Pierroux, lui aussi disparu.

 

 

Les chapelles, temples et églises

Ile de Ré Chapelle de la Redoute 1aLes chapelles sont au nombre de 4 :

-       La chapelle de La Redoute aux Portes-en-Ré, à l’origine fort carré sous Vauban en 1674, devenu un magasin à poudre sous la Révolution

-       La chapelle Notre-Dame à Sainte-Marie-en-Ré. Selon la tradition, une dame espagnole sauvée d’un naufrage la fit ériger. Devenue lieu de pèlerinage elle devint prieuré en 1236 jusqu’aux guerres de Religion. Elle fut relevée de ses ruines en 1838 et à nouveau consacrée en 1912.

-       La chapelle Saint-Sauveur à Sainte-Marie-en-Ré. Construite à la fin du Moyen-âge, ruinée en 1604, elle fut démolie après la Révolution et rebâtie en 1913.

-       La chapelle du couvent de la congrégation des Filles de la Sagesse datant de 1838. Cédée à la municipalité d’Ars-en-Ré en 1997, elle sert de lieu d’exposition pour les artistes.

Ile de Ré temple 2aIl existe 2 temples :

-       Plusieurs lieux de culte à Saint-Martin dès 1560, puis seule l’ancienne église Saint-Louis, ancien couvent des Capucins, jusqu’en 1811. Le nouveau temple fut érigé en 1836 place de la République.

-       À La Flotte, un temple dans le quartier du Puits Lizet dès 1600, puis dans un ancien chai où un nouveau bâtiment fut édifié en 1828.

 

 

 

Ars-en-Ré Saint-Étienne 15Les églises sont plus nombreuses.

-       Saint-Etienne à Ars-en-Ré.

-       Saint-Eutrope aux Portes-en-Ré

-       Saint-Clément à Saint-Clément des Baleines

-       Sainte-Catherine d’Alexandrie à Loix

-       Notre-Dame de l’Annonciation à la Couarde

-       Eglise de Tous-les-Saints au Bois-Plage

-       Saint-Martin à Saint-Martin-en-Ré

-       Notre-Dame de l’Assomption à Sainte-Marie-en-Ré

-       Sainte-Catherine d’Alexandrie à La Flotte

-       Notre-Dame-de-Ré, abbatiale à la Flotte

-       Notre-Dame de Lourdes à Rivedoux

26 août 2023

L’abbaye de Sénanque

L’abbaye de Sénanque, historique

 

Sénanque 3En juillet 1148, à la demande de l’évêque de Cavaillon Alfant, une communauté de 12 moines venus de l’abbaye cistercienne de Mazan en Vivarais, conduit par leur abbé Pierre, s’installa dans la vallée de la Sénancole où un terrain leur avait été donné par Guirand de Simiane, seigneur de Gorde, issu d’une de la famille comtale d’Apt, l’une des plus anciennes de la noblesse provençale.

 

 

 

 

 

 

Sénanque 12Les moines s’installèrent tout d’abord sur cette terre de 1 kilomètre de long sur 300 mètres de large dans des cabanes en bois, en attendant de commencer les travaux de la future abbaye.

 

 

 

 

Sénanque 13Les familles de Simiane (Guirand et son fils Raimbaud d’Agout, revenus de Compostelle) et de Venasque (Geoffroy de Venasque fut inhumé dans l’église où son tombeau est toujours présent) les soutinrent matériellement par des donations foncières, des financements pour les constructions.

 

 

 

 

 

Sénanque 9Pierre de Mazan entama la première campagne de construction, principalement l’abbatiale : le chœur et son abside, le transept et ses chapelles, la croisée et sa coupole. Puis vint la nef, le dortoir, le cloitre, le réfectoire, la demeure des convers et les bâtiments annexes. L’église fut consacrée en 1178. À la mort de l’abbé Pierre, en 1184, la majeure partie de l’abbaye est terminée.

 

 

 

Sénanque 4L’abbaye fut achevée en 1220. Sénanque prospéra rapidement et accrut son influence avant de décliner après une période de troubles. En 1439, il ne restait plus que trois moines.

 

 

 

 

 

 

 

 

Sénanque cloitre 1En 1544, les Vaudois attaquèrent l’abbaye qui fut pillée et incendiée. Le réfectoire, la fontaine du cloitre et tous les bâtiments méridionaux des convers furent détruits, et les moines pendus. Le réfectoire fut reconstruit à la fin du XVIIe siècle et la partie méridionale fut restaurée.

 

Sénanque cloitre 8

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sénanque cloitre 17En 1781, avec la mort du dernier cistercien, l’abbaye resta vide. En 1791, lors de la Révolution, le domaine fut vendu comme bien national. Son nouveau propriétaire s’efforça de sauvegarder les bâtiments : il enleva tout signe extérieur à caractère religieux, retira les cloches et les croix afin de les protéger de la vindicte populaire, renforça et consolida les parties les plus abimées. En 1854, quelques moines se réinstallèrent.

 

Sénanque cloitre 11

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sénanque 7En 1857, le monastère fut racheté à son propriétaire, Barthélémy de Pluvinal, par l’abbé Barnoin de Lérins. Il y installa une petite communauté affiliée à l’ordre de Cîteaux qui prospéra. De nouveaux bâtiments furent construits.

 

 

 

 

Sénanque dortoir 1En 1903, après la loi sur les congrégations religieuses, les moines furent expulsés et l’abbaye vendue et transformée en ferme. Les moines ne revinrent qu’à partir de 1926 à Sénanque, qui devint prieuré dépendant de l’abbaye de Lérins. Ils repartirent pour leur maison mère sur l’ile de Saint-Honorat de Lérins en 1956 et l’ancienne abbaye, louée par Pierre Berliet, servit de centre culturel pendant près de 20 ans. Une nouvelle communauté se réinstalla en 1988, avec l’aval de Pierre Berliet dont le bail courrait toujours. À l’heure actuelle, le prieuré est occupé par six moines de la congrégation cistercienne de l’Immaculée Conception.

Sénanque dortoir 4

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Description

Sénanque 1Une légende raconte que Sénanque fut construite vers l’an 400 à l’instigation de saint Castor (du grec ancien Kástôr, étoile brillante, nom du jumeau de Pollux dans la mythologie grecque), devenu évêque d’Apt, qui demanda à son ami Jean Cassien, fondateur de l’abbaye Saint-Victor de Marseille, d’envoyer une douzaine de moines en ce lieu. Au VIIIe siècle, l’abbaye était habitée par des bénédictins qui cédèrent leur place quand arrivèrent les moines de Cîteaux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sénanque 19Quoi qu’il en soit, l’abbaye fut construite dans une vallée étroite où coule la Sénancole, rivière au cours fluctuant. Son nom pourrait provenir du latin sana aqua, l’eau saine, ou bien du gaulois sagna acum, lieu marécageux. Les moines reléguèrent le torrent sur un côté de la future abbaye, et son flux fut contenu et divisé par deux grandes arcades cintrées qui permirent à l’eau, même en période de fortes crues, de passer sous les bâtiments sans dommages avant de retrouver son lit unique au sortir des murs de l’abbaye.

 

 

 

L’orientation

Sénanque plan 4dLes églises romanes ont presque toutes leur chevet orienté au soleil levant, à l’est et leur entrée au soleil couchant, à l’ouest. Cet axe solaire symbolise la naissance de la conscience et de son expérimentation sur terre, la mort et la résurrection. C’est aussi l’axe des grands courants magnétiques qui parcourent la terre. Les églises peuvent être déviées de leur axe naturel solaire pour suivre les courants d’eau souterrains, l’eau étant source de vie, moyen de purification et de régénération, mais aussi pour correspondre avec le jour du saint de la dédicace. Ici, à Sénanque, l’axe est totalement inversé : l’église, et donc tous les bâtiments monastiques qui y sont adossés, est orientée sur un axe nord/sud, décalé vers l’est de 20°.

 

 

 

 

 

 

 

Sénanque 2Pourquoi ? Certains disent que c’est par souci de perspective, l’église orientée à l’est aurait fait un verrou dans la vallée étroite. Le plan d’ensemble d’une abbaye cistercienne étant à peu près carré, l’argument ne tient pas. D’autres parlent d’une réponse aux contraintes topographiques avec les bords de la vallée trop proches.

 

 

 

 

 

Sénanque 17Il suffit de regarder Orcival où l’architecte a dû entamer les pentes de la montagne pour construire la façade ouest alors qu’il suffisait de décaler le plan de quelques mètres, ou Notre-Dame du Puy agrandie à l’ouest dans le vide alors qu’il restait de la place au nord et au sud, pour comprendre que ce genre de problème n’étaient pas du tout insurmontable pour les bâtisseurs de cette époque et qu’il était impératif de suivre des règles qui échappent à notre temps. D’autres encore, plus prudents, disent que l’orientation fut déterminée par le sens de la vallée.

 

Sénanque 21

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sénanque cloitre 5Effectivement, les flux énergétiques présents sur place sont orientés nord/sud, les rivières souterraines présentes dont l’une, qui sert de Jourdain dans la première travée de l’abbatiale et qui alimentait le lavabo du cloitre, est orientée est/ouest. Mais cette explication, même si elle semble juste, ne me parait pas suffisante. Les maitres d’œuvre du Moyen-âge en ont vu bien d’autres et ont même su s’adapter au manque total d’eau.

 

 

 

 

sénanque plan 8Normalement la dédicace des abbatiales cisterciennes est faite à Marie, c’est-à-dire que l’axe est en rapport avec le carré solsticial calculé le 15 août, ce qui donne une orientation bien précise. Ici, tout est inversé…

Selon la symbolique des orientations, on pourrait imaginer que cette église ait eu pour fonction non pas la transformation du vivant, mais celle des morts, c’est-à-dire la résurrection.

 

 

 

L’abbatiale

Sénanque église 8aL’église, de plan en croix latine, fait 38,52 de long sur 17,75 de large, le transept mesure 27,27m et la coupole culmine à 16,50 m.

 

Sénanque église 6

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sénanque église 9aSa construction commença vers 1150 par le chevet comme il se doit. Contrairement aux églises cisterciennes habituelles et comme souvent ses sœurs méridionales, elle a remplacé le chevet plat par une abside semi-circulaire aussi large que la nef centrale, flanquée de chaque côté par deux absidioles prises dans un mur droit.

 

 

 

 

 

 

Sénanque 24L’abside est éclairée par trois baies en plein cintre à simple ébrasement, surmontées d’une corniche moulurée.

 

 

 

 

 

 

 

Sénanque 23Les absidioles ont conservé l’autel d’origine. Sur le mur est, près de l’absidiole, le tombeau de Geoffroy de Venasque.

 

 

 

 

 

 

 

Sénanque église 15aLe mur est du transept est percé de deux fenêtres et d’un grand oculus orné d’une roue.

 

 

 

 

 

 

Sénanque église 21aLa croisée est recouverte d’une coupole reposant sur quatre trompes, surmontées de quatre petites voûtes en cul-de-four, entourées d’un arc à six lobes, qui permettent de passer du plan carré de la croisée du transept à l’octogone du sommet de la coupole et au rond central, réussissant la quadrature du cercle.

 

Sénanque église 22

 

 

 

 

 

 

 

Sénanque église 14aLes bas-côtés sont éclairés côté sud par une fenêtre cintrée. La nef de cinq travées, plus tardive, est couverte d’un berceau.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sénanque marque lapidaire 4aCaché aux yeux des hommes, un chapiteau en hauteur est sculpté de signes très mystérieux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sénanque 5

Le clocher carré à quatre fenêtres est surmonté d’un toit pyramidal.

 

Sénanque 6

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sénanque 8Terminée la dernière, la façade principale, flanquée de deux contreforts, ne possède pas de portail central mais deux petites portes. En hauteur, deux fenêtres en plein cintre sont surmontées par une rose de 12 lobes qu’entoure une archivolte.

 

 

 

 

 

 

 

 

Le cloitre

Sénanque cloitre 2En forme de quadrilatère presque régulier (23,42 x 21,70), ses galeries voûtées en berceau sont rythmées aux angles par 4 gros piliers carrés et par 12 arcs de décharge abritant 16 triplets d’arcades en plein cintre supportées par 64 colonnettes jumelles dont les chapiteaux, tous différents, sont décorés de feuilles d’eau, de palmettes, d’entrelacs, de torsades et de volutes.

 

 

 

 

 

Sénanque cloitre 14Les feuilles d’eau sont la forme la plus simplifiée et la plus géométrisée de ce que l’on appelle la feuille d’acanthe qui est en réalité une feuille de chélidoine.

Sénanque cloitre 15

 

 

 

 

Sénanque armarium 1Près de l’entrée de l’église, dans la galerie est, se trouve l’armarium où étaient rangés les manuscrits.

 

 

 

 

 

 

Sénanque cloitre 9L’emplacement de l’ancien lavabo, détruit par les Vaudois, est marqué par une simple vasque en pierre.

 

Sénanque cloitre 12

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sénanque cloitre 6Des traces de l’ancienne voûte du lavabo sont encore visibles dans l’angle.

 

 

 

 

 

 

Sénanque cloitre 13Ce que l’on appelle le préau, du latin pratellum, le petit pré (espace couvert ou non à l'intérieur de bâtiments à habitation collective utilisé pour la promenade), est orné de fleurs entourées de buis et d’un bassin carré central.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sénanque cloitre 16aDans la galerie nord, l’arc de décharge face à l’entrée de la salle capitulaire est orné, selon les guides, d’une face de diable. L’abbé, placé au centre de la salle, devait donc lui faire face. En regardant de plus près, je trouve que ce diable ressemble fortement à un chat à grande moustache et à longues dents, les oreilles et les yeux grands ouverts. Les chats toujours porteurs de mystère, sont représentés aux endroits desquels se dégage une puissante énergie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La salle capitulaire

Sénanque capitulaire 9Appelée aussi salle du chapitre, c’est la pièce où se réunissent les moines chaque matin pour lire et commenter un chapitre de la règle de saint Benoit (rédigée en 530, comportant un prologue, 72 chapitres et un épilogue), où se prennent les décisions importantes concernant l’abbaye, où sont élus les abbés.  

 

 

 

 

 

Sénanque capitulaire 2L’entrée, qui n’est pas fermée, est flanquée de chaque côté de deux arcatures séparées par un gros pilier rectangulaire, elles-mêmes divisées en deux arcatures soutenues par de fines colonnettes.

 

Sénanque capitulaire 1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sénanque capitulaire 8La salle, rectangulaire (presque carrée) située en contrebas de la galerie nord du cloitre, est entourée de trois rangées de banc de pierre.

 

Sénanque capitulaire 4

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sénanque capitulaire 6Elle comprend six travées voûtées d’ogives. L’acoustique y est excellente, grâce aux nervures des voûtes d’arêtes.

 

Sénanque capitulaire 10

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sénanque capitulaire 5Les nervures sont renforcées de deux tores juxtaposés reposant sur des piliers cantonnés de quatre colonnes aux chapiteaux décorés de fleurs de lys renversées.

Sénanque capitulaire 3

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le scriptorium ou chauffoir

Sénanque chauffoir 3

C’est dans cette petite pièce où les quatre voûtes d’arrête convergent au centre sur un pilier rond massif au chapiteau orné de feuilles d’eau et de fleurs de lys inversées que les moines copistes œuvraient.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sénanque chauffoir 2Posée contre le mur nord, une belle cheminée semi-circulaire dans laquelle les troncs étaient positionnés à la verticale. Le linteau est posé sur deux colonnes dont le tailloir déborde, ce qui permettait aux moines de poser les encriers afin d’éviter à l’encre de geler en hiver.

 

Sénanque chauffoir 1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sénanque chauffoir 4Sur le toit, la présence de deux conduits indique qu’il existait dans l’angle nord/ouest une autre cheminée, peut-être un four dans un étage inférieur ou plus probablement une cheminée dans le dortoir à l’étage supérieur, que l’on imagine proche des paillasses des malades. C’est un fait rare chez les cisterciens.

 

 

 

 

 

Le dortoir

Sénanque dortoir 5On accède au dortoir par deux escaliers. L’un, l’escalier de nuit, part du bras du transept, permettant aux moines d’aller directement dans l’église.  L’autre, l’escalier de jour, part de la galerie nord du cloitre et jouxte le passage vers le jardin.

 

Sénanque dortoir 1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sénanque dortoir 10Mesurant près de 30 mètres de long et 9 mètres de large, le dortoir est couvert par une voûte en berceau brisé soutenue par des arcs doubleaux.

 

 

 

 

 

 

Sénanque dortoir 2Le mur ouest est percé d’une rosace à 12 lobes.

 

 

 

 

Sénanque dortoir 3

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sénanque dortoir 7Les fenêtres en plein cintre des murs nord et sud apportent beaucoup de lumière à l’immense pièce où plus d’une trentaine de moines ont dormi sur leurs paillasses. La chambre de l’abbé se situait dans la partie est, proche de l’église, alors que les latrines se situaient dans la partie ouest, au-dessus de la Sénancole.

Sénanque dortoir 6

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le réfectoire

Le réfectoire, qui ne se visite pas, est une grande salle dont la voûte en berceau fut reconstruite après l’incendie de l’abbaye provoqué par les Vaudois en 1544.Il fut restauré dans les années 70

Les signes lapidaires

Sénanque marque lapidaire 8La plupart des signes gravés sur les pierres de Sénanque sont ce que l’on appelle des marques de tâcheron (travail à la tâche ou à la pièce).

 

 

 

 

 

 

 

 

Sénanque marque lapidaire 9Ces marques, signes géométriques, lettres, monogrammes ou dessins plus élaborés parfois, servaient de signature aux tailleurs de pierre qui pouvaient, par ce moyen, comptabiliser le nombre de pierres travaillées et ainsi se faire payer en conséquence, mais aussi d’indication de pose ou d’assemblage, ou bien un message tout à fait abstrait et symbolique.

   

 

 

 

 

Sénanque marque lapidaire 5aCertains signes peuvent représenter les bases d’une connaissance opérative, architecturale, alchimique ou magique.

 

 

 

 

 

 

 

Sénanque main gravée

Dans la voûte de l’escalier du dortoir est gravée une main ouverte, au symbolisme profond. (Appel à ceux qui l’ont en photo, je l’ai ratée … J’en donne juste un dessin). L’homme dispose de sa main pour mesurer l’univers et établir des rapports dimensionnels entre lui et le monde, ce qu’il transposa dans la coudée. Les bâtisseurs romans utilisaient les doigts de la main pour tracer de façon approximative le principe de quadrature présidant à l’élaboration des œuvres des ymagiers et tailleurs de pierre (voir Le berceau des cathédrales de Maurice Guinguand). Ici, la main pourrait véhiculer, outre le nombre d’or, les unités de mesure de l’abbaye.

 

 

 

Sénanque marque lapidaire 7nombreux dessins furent gravés à Sénanque sur des pierres inaccessibles. Que dire du paon (remarquez le zig-zag sous son bec), ou de cette grille ?

Sénanque marque lapidaire 2a

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La colonne gothique

Sénanque colonne 5

Au flanc de la colline, à l’est de l’abbaye, se dresse une colonne gothique dont le tronc est sculpté de motifs en hélice.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sénanque colonne 4Elle supporte une statue récente de la Vierge Marie.

 

 

 

 

 

 

 

 

Sénanque colonne 2aLe chapiteau corinthien porte sur ses quatre faces de la représentation allégorique des évangélistes, le tétramorphe : le taureau (Luc-le corps), le lion (Marc-le cœur), l’aigle (Jean-l’âme) et l’homme/ange (Matthieu-l’esprit).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sénanque colonne 1aLa base de la colonne est également sculptée de représentations du combat contre le mal : saint Michel terrassant le dragon, scène d’exorcisme, des anges et le Christ en mandorle.

 

 

 

 

 

 

 

 

https://www.senanque.fr/

http://jalladeauj.fr/provencecistercienne/styled/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_Notre-Dame_de_S%C3%A9nanque

https://provence-alpes-cotedazur.com/que-faire/culture-et-patrimoine/monuments/abbaye-senanque/

https://www.provence7.com/portails/religion/architecture-religieuse-en-provence/abbaye-de-senanque-a-visiter-84/

https://divinebox.fr/abbaye-senanque-histoire-produits/

https://islesurlasorguetourisme.com/page/abbaye-notre-dame-de-senanque+4462.html

http://jeanmarieborghino.fr/temoins-passe-abbaye-dame-de-senanque/

http://www.georgesprat.com/telechargements/larchitectureinvisible.pdf

Quelques photos de l’abbatiale tirées de http://randojp.free.fr/0-Diaporamas/Chapelles/AbbayeSenanque.html

Le Luberon de Hervé Aliquot

Revue archéologique de septembre 1845, article de Jules Courtet

28 juillet 2023

L'abbaye Notre-Dame-de-Ré de La Flotte-en-Ré

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 3

L’abbaye cistercienne Notre-Dame-de-Ré, dite des Châteliers, fut fondée en 1156 par l’entremise d’Isaac, abbé de l’Étoile à Archigny en Poitou et de Jean, abbé de Trizay, et ce grâce aux dons du seigneur de l’ile de Ré, Eble de Mauléon, seigneur de Châtelaillon et de Ré. Elle doit son nom au lieu-dit où elle fut bâtie, le Breuil Chasteliers, le bois du petit château. Effectivement, une place forte existait déjà à l’époque, qui fut détruite plus tard.

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 5Affiliée à Pontigny en Bourgogne, ce fut l’une des rares implantations de l’Ordre de Cîteaux en Aunis et en Saintonge. Isaac de l’Étoile vint y trouver refuge en 1166 lorsqu’il prit parti pour l’archevêque Thomas Becket face à Henri 1er, roi d’Angleterre.

Abbaye des Châteliers ND de Ré 24

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 10Aux XIIe et XIIIe siècles, l’abbaye, qui bénéficie d’un site stratégique, non loin du lieu d’accostage principal de l’ile, prit une importance considérable. Elle reçut nombre de dons successifs et prit le contrôle de la plus grande partie des terres rétaises. Sous l’impulsion des moines, les bois et forêts reculèrent au bénéfice de la vigne et les premiers marais salants ainsi que les écluses à poissons virent le jour.

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 8Dès la fin du XIIIe siècle, l’abbaye subit de nombreuses destructions lors d’attaques successives : durant la Guerre de Cent ans, lors de l’attaque de la flotte anglaise en 1294, et au cours des Guerres de Religion, en 1388 puis en 1462. Lassés, les moines abandonnèrent définitivement le site en 1574 après une dernière attaque des Huguenots. Données en 1623 à l’Oratoire Saint-Honoré de Paris, l’abbaye servit de carrière de pierres pour la construction du fort la Prée en 1625 : les bâtiments conventuels furent détruits. Seul de chœur fut conservé pour servir de chapelle dédiée au culte de saint Laurent, dont les Oratoriens favorisaient la dévotion. D’importantes cérémonies eurent lieu lors de la fête patronale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 7A partir du XVIIe siècle, l’église Notre-Dame fut donc appelée chapelle Saint-Laurent. Désaffectée en 1793, vendue comme bien national, ce fut la commune de La Flotte qui récupéra ses vestiges dès 1795.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 1aDe 1850 à 1960, le sommet de la façade fut peint en noir pour servir d’amer (un amer est un point caractéristique à terre, utilisé par les marins comme repère, qui se distingue de la côte par sa hauteur ou sa couleur. Il s'agit souvent d’un phare, d'une église, d’un château d'eau, d'une antenne). Depuis les années 1960, des travaux de consolidation, de reconnaissance archéologique et de mise en valeur sont entrepris par la municipalité et les services de l’État.

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 2aLes fouilles archéologiques permirent de mieux connaitre l’aménagement du site et son décor. Dans les années 1990, des campagnes mirent à jour, dans l’église, de nombreuses sépultures du XIIe siècle ainsi que des carreaux de pavage de la fin du XIIIe siècle en argile rouge et blanche, estampés de motifs végétaux et animaliers. L’abbaye des Châteliers est la seule abbaye cistercienne de Charente-Maritime à avoir conservé quelques vestiges de ses murs originels.

 

 

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 21De la première construction romane de l’abbatiale il ne subsiste que quelques chapiteaux. Les ruines actuelles sont celles d’une grande église gothique à la fin du XIIIe siècle, au début du XIVe et transformée au XVe.

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 19

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré plan 1

Le plan (à nef unique de deux travées dont les voûtes d’ogives se sont écroulées, le chœur à chevet plat et les chapelles rectangulaires alignées sur le transept) est conforme aux schémas des églises cisterciennes des XII et XIIIe siècles dans l’ouest de la France.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré plan 2Voici une reconstitution de l’abbaye telle qu’elle devait être au XIIIe siècle.

 

 

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 12Les deux types de fenêtres latérales, de la nef et du chœur, les moulures des voûtes ainsi que les chapiteaux ornés de motifs végétaux stylisés en crochets vont dans le sens d’une datation de la construction dans la première moitié du XIVe siècle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 22On trouve dans le chœur trois petites niches. L’une servait aux ablutions, et les deux autres, ornées de barreaux, recueillaient les objets liturgiques et sacrés.

 

 

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 20La grande fenêtre du chevet témoigne des réparations effectuées au XVe siècle, à l’issue de la Guerre de Cent ans.

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 9

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 17Le transept présente deux croisillons dotés de petites chapelles rectangulaires dont il ne reste que les fondations.

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 13Devant l’église, un escalier s’enfonce dans une ancienne cave, probablement à l’emplacement du cellier qui fermait le cloitre à l’ouest. Entre le cellier et le réfectoire se trouvait sans doute la cuisine.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 14Des bâtiments conventuels il ne reste pratiquement plus rien. On distingue le carré du cloitre avec un jardin en son centre.

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 16Au nord du cloitre s’élevait le réfectoire dont il ne reste qu’un pan de mur.

 

 

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 11La salle capitulaire est représentée par des murs arasés et un sol empierré.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 6L'ensemble fait l’objet d’un classement au titre des Monuments Historiques depuis 1901.  

Abbaye des Châteliers ND de Ré 18

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_Notre-Dame-de-R%C3%A9_dite_des_Ch%C3%A2teliers

https://www.cestenfrance.fr/abbaye-notre-dame-de-re-dite-des-chateliers/

https://www.ile-blanche.com/actualites/abbaye-des-chateliers/

https://www.patrimoine-histoire.fr/P_PoitouC/IledeRe/Ile-de-Re-Abbaye-des-Chateliers.htm

https://www.bernezac.com/Re_Chateliers.html

http://www.lesportesdutemps.com/archives/2020/09/14/38534620.html

https://www.fondation-patrimoine.org/les-projets/abbaye-des-chateliers-la-flotte

https://www.sudouest.fr/charente-maritime/la-flotte/l-abbaye-des-chateliers-a-la-flotte-en-re-une-histoire-mouvementee-8653691.php

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