L'abbaye de Valmagne, historique
Valmagne est située sur la commune de Villeveyrac, prés de Mèze et de l'étang de Thau. Depuis les temps anciens cette contrée est habitée.
Bernard Aton IV Trencavel, vicomte d’Albi et de Nîmes, favorise en 1124 l’installation d’un petit groupe de moines bénédictins venant de la communauté de Cadouin en Dordogne dans une combe déserte du causse d’Augmontel et fonde l'abbaye de Sainte-Marie d’Ardorel.
Rapidement, en une quinzaine d’années, l’abbaye possède un rayonnement considérable. Son influence spirituelle suscite la création de trois autres monastères, Notre-Dame de Valmagne, Saint-Sauveur de Sira et Notre-Dame du Jau.
Ce fut donc Raymond Trencavel, vicomte de Béziers et fils de Bernard Aton, qui fonda Valmagne en 1138. L'abbaye romane est construite sur l'immense territoire de Tortoriera, sur un tènement appelé Vallis Magna, près d'une source abondante et abrité par une barre rocheuse, appelée "dentelle de valmagne", non loin de la Via Domitia.
Le second abbé de Valmagne, Pierre, veut incorporer l'abbaye à Citeaux. Les abbés de Cadouin et d'Ardorel, ainsi que Cécile de Provence, épouse de Bernard Aton, ne sont pas de cet avis. Ce fut le pape Adrien IV qui finalement affilia Valmagne aux cisterciens en 1159. Dès lors l'abbaye observera la règle morale, mais aussi architecturale définie par St Bernard.
La nouvelle église, bâtie en 1257, sera épurée, construite sur le point le plus élevé du terrain, pour une communauté de 80 moines. Les donations et acquisitions se succèdent. L'abbaye s'enrichit, protégée par les familles de Trencavel et par les rois d'Aragon. Le nouveau cloître voit le jour, au début du XIVème siècle.
Puis l'Abbaye fut confrontée à la Guerre de Cent ans. Un certain Pierre de Badafol, chef d'une compagnie de routiers qui terrorise la région, oblige l'abbé à faire des fortifications. Petit à petit, les propriétés de l'abbaye disparaissent. Après la mise en commende de 1477 et les guerres de religions en 1571, l'abbaye fut abandonnée et livrée aux brigands. Il faudra deux siècles pour qu'elle retrouve sa splendeur passée.
Les vitraux, par manque d'argent, se seront jamais remplacés, et toutes les ouvertures, afin de ne plus laisser passer le vent, furent maçonnées.
Le cardinal Pierre de Bonzi, de noblesse florentine, administrera Valmagne de 1680 à 1697. Il en fera un palais épiscopal, rehaussera le cloître d'un étage, aménagea des chambres, construira un magnifique escalier, perça une porte sur des jardins à la française, fit une terrasse exposée au midi, bordée par un bassin.
Il est servi par une armée de domestiques, et tout le monde vit dans l'aisance et le raffinement, grâce à sa fortune personnelle. A la veille de la révolution, l'abbaye est endettée. les derniers moines s'enfuient, emportant le mobilier précieux et l'argenterie. les paysans insurgés envahirent alors l'abbaye, et brûlèrent les archives, les tableaux et le mobilier. L'abbaye devint un bien national et fut vendue trois ans plus tard, en 1791, à M. Granier-Joyeuse dont les héritiers cédèrent le monastère au comte de Turenne en 1838. L'abbaye aujourd'hui propriété des héritiers du Comte ne sera ouverte au public qu'en 1975.
http://www.valmagne.com/index2.html
http://www.decouvrir-l-herault.com/abbaye-de-valmagne.htm
Abbaye de Valmagne aux éditions Gaud
La cour d'honneur
Entourée de grilles et de murs datant du XVIIIème siècle, elle présente un bassin, ancien viviers des moines.
En face, le logis des hôtes, ancien bâtiment des convers. Trois marches plus haut, le parvis de l'église.
L'église abbatiale
Flanquée de deux tours enserrant le narthex orné d'une balustrade, de plan basilical en forme de croix latine, elle date de 1257.
Le narthex
De style gothique classique, elle s'élève sur les fondations de l'ancienne église romane devenue trop petite et reprend le style des grandes cathédrales du Nord de la France.
Sous le narthex, trois travées, séparées par des arcs doubleaux, présentent des chapiteaux et des culots intéressants.
Le secret de la sagesse, la dualité du moine partagé entre le bien et le mal,
un moine soutenant des pêcheurs,
ou saint Louis soutenant l'archivolte.
Pourtant, un visiteur ne semble pas très impressionné...
L'église
Les voûtes culminent à 24,50 mètres, 30 dans le transept, et la longueur de l'édifice dépasse 83 m. La nef principale est couverte de 7 travées sur croisée d'ogives, décorées de clefs de voûte.
Les clefs représentent le couronnement de la vierge, ou bien saint Bernard et saint Benoit tenant leur crosse d'évêque, ou bien encore saint Benoit et son disciple Placide.
Pour créer un effet de profondeur, l'écartement des piliers du choeur diminuent vers le chevet. Les bas-côtés se poursuivent par un déambulatoire, autour duquel s'agencent 9 chapelles rayonnantes. Dans le chevet, une vierge du XVII ème siècle.
A droite, la porte des matines, permettant eux moines de descendre directement du dortoir au transept, à gauche, la porte des morts, conduisant au cimetière.
Les collatéraux ont été solidifiés par des parois entre les arcs doubleaux. Aujourd'hui, l'église abrite des foudres de chêne où mûrissent les vins.
Le cloître
Le nouveau cloître, construit au XIVème siècle sur l'emplacement de l'ancien, conserve quelques parties romanes :
-l'armarium (c'était la bibliothèque des moines. Il nous parait petit, mais au XIIème siècle, les livres étaient rares. Il est couronné d'un arc en plein cintre à dents de scie)
- la sacristie : la porte est aussi surmontée d'un arc en plein cintre en dents de scie. Voûtée d'un berceau en plein cintre, elle servait souvent de chapelle à l'abbé.
- la salle capitulaire : sans aucun pilier intérieur, la salle est ornée d'une voûte d'arête surbaissée d'une seule portée.
Les vases du cardinal de Bonzi sont placés entre les baies.
- le parloir, le sciiptorium et le chauffoir : ces deux dernières pièces n'existent plus depuis les transformations du cadinal de Bonzi.
- la salle des frères convers : restaurée au XIXème siècle, de vaste dimension, elle possède une cheminée renaissance, rapportée du château de Cavillargues, qui fut vendu pour restaurer Valmagne à la fin du XIXème siècle.
Les retombées d'ogives du cloître gothique sont-elles ainsi accrochées sur de vieux murs romans. Les arcades sont surmontées d'un oculus, tantôt circulaire, carré ou triangulaire.
Bordant l'église, la galerie nord, galerie de la lecture, où s'effectuait la cérémonie du lavement de pieds. Au fond de la galerie se trouve un autel dédié à la vierge, et contre le mur de l'église, un enfeu : probablement celui d'un abbé.
Les ouvertures sont séparées par des groupes de colonnettes à chapiteaux, décorés de feuillage. Certaines sont en marbre, récupérées dans les fouilles de la fondation qui, on s'en souvient, ont été faite sur l'emplacement d'une villa romaine. On y retrouve de nombreux fragments sculptés en réemploi, provenant du jubé.
Le lavabo
Il se trouve devant le réfectoire, afin que les moines puissent se purifier les mains avant d'aller manger. Son eau provient de la source de Diane, déjà découverte par les romains. C'est cette source, passant sous l'église, qui alimente tous les bassins de l'abbaye, avant d'aller se perdre dans l'étang de Thau.
L'eau, sortant de la gueule de "griffouls", se déverse dans un bassin octogonal.
La clôture octogonale est composée des éléments du premier cloître :
des colonnettes jumelées coiffées par 8 nervures fermées au centre par une clef pendante.
Le clocher
Ce clocher mur de pure tradition toulousaine comporte 3 ouvertures. Les trois cloches se prénomment Louise, Suzanne et Marie.
Le croisillon sud est flanqué de deux tours fortifiées, l'une ronde, l'autre polygonale.