Notre-Dame de Baffie
La rivière d'Aix, prenant naissance dans les Bois Noirs, coule en amont de Saint-Germain-Laval et de Pommiers en passant sous le pont de Baffie. Il fut édifié à partir de 1309. Grâce à un dénivelé de 3m, il joint des rives d'une inégale hauteur.
Le chemin qui descendait jusqu'à un niveau inférieur à celui de l'Aix servait de déversoir en cas de crue. Sa construction ayant duré quelques décennies, il possède la particularité d'avoir une arche en plein cintre et l'autre ogivale.
Entre les deux, un avant-bec et un arrière bec, sur lequel se dresse un calvaire, réduisent les remous de la rivière.
C'est en aval du pont que se trouve la chapelle de Notre-Dame de Baffie, plus connue sous le nom de Notre-Dame de Laval. D'après certains, un premier édifice aurait été construit au VIIe siècle afin de remplacer un ancien autel druidique que les Celtes auraient élevé en bord de rivière. Personnellement je sens plus l'ancien lieu sacré au sommet de la colline surplombant l'Aix se rapportant à Gargan.
L'édifice actuel date en grande partie du XIIIe siècle, lorsque les seigneurs de Baffie (Guillaume le vieux puis Guillaume le jeune en 1238, coseigneurs de Saint-Germain-Laval) exerçaient leur pouvoir sur place. La légende raconte que Saint-Louis aurait fait le déplacement jusqu'en Forez en rentrant de croisade, où il aurait donné une statue de la Vierge au propriétaire des lieux en 1254.
La présence d'une ancienne chapelle est quand même attestée dans un document de 1270 mentionnant que le seigneur Guigues V, comte de Forez, avant de partir en croisade, fit le legs d'un luminaire à la chapelle, en ordonnant que la lampe soit toujours ardente en l'honneur de la Vierge, "comme on avait coutume de l'y tenir d'ancienneté".
La chapelle reçut ensuite de généreuses donations des comtes de Forez et sa renommée s’étendit jusqu' aux provinces voisines. Elle fut agrandie à la fin du XIIIe siècle, les travaux se poursuivant jusqu'au premier quart du XIVe. Louis XI, connu pour sa dévotion aux vierges noires, s’y arrêta en revenant de son pèlerinage au Puy en 1470. Elle fut en grande partie restaurée à la fin du XVe siècle. Les habitants de Feurs, suite à un vœu, puis ceux de Balbigny, vinrent en procession jusqu'à la chapelle. Le pèlerinage prit de l'ampleur, et la vierge noire se vit attribuer de nombreux miracles.
Anne d'Urfé, en 1606, déclarait dans sa description du pays du Forez que " Le plus remarquable qu'il y ait en cette ville, est qu'il y a au pied de la montagne, où elle est assise, l'église de Notre-Dame de Laval, fort renommée par les grands miracles qui s'y font, et à laquelle la plupart de ceux du pays de Forez ont une grande dévotion".
En 1627, les chapelains n'étant plus en nombre suffisant, le couvent des Recollets de Saint-Germain-Laval envoya du renfort. Au XVIIe siècle, on comptait 160 pèlerinages chaque année.
A la Révolution, la commune racheta la chapelle et ses terres, puis des particuliers se partagèrent l'ensemble. La chapelle fut laissée au culte, même si les meubles furent vendus. La statue de la Vierge fut cachée par la famille Jacob et fut transportée en 1792 dans l'église de Saint-Germain-Laval. C'est seulement en 1805 qu'elle retrouva sa place à Baffie.
La chapelle fut peu à peu laissée à l'abandon, devenant grange à foin. En 1893, la toiture de la nef s'effondra. En 1894, la Diana devint propriétaire, et une souscription publique aida à entreprendre les premiers travaux de restauration.
Description
La façade sud est percée d'une petite porte surmontée d'un arc aigu qui retombe sur des colonnettes aux chapiteaux en calcaire, ornés d'un double rang de feuillages. Le tympan était orné, au XIVe siècle, d'une peinture de la Vierge, debout entre deux chandeliers, tenant l'enfant sur son bras gauche.
La façade ouest possède un portail de deux baies en anse de panier séparées par un trumeau, cantonné de deux hauts pinacles en application.
Deux contreforts d'angle terminent l'édifice, deux autres contiennent la poussée de l'arc triomphal intérieur.
De plan rectangulaire, la chapelle mesure 22,45 mètres sur 7,20. Elle est divisée en trois travées voûtées d'ogives dont les deux premières forment la nef, la troisième, plus haute (8,50 m) formant le chœur.
Au fond de l'église, un portrait de Jean-Louis Bonnard, saint et martyr. Cet homme pieux, né à Saint-Christo-en-Jarez le 2 mars 1824, fut ordonné prêtre en 1848 et partit comme missionnaire au Tonkin occidental. Séjournant à Boï-Xuyen, il fut dénnoncé, arrêté pour avoir prêché la foi catholique. Conduit à Nam-Dinh, il fut condamné à mort et décapité le 1er mai 1852. Des chrtétiens receuillirent son corps et sa tête, jetés à la mer, pour les inhumer au séminaire de Ke-Vinh. Jean- Louis Bonnard fut béatifié par Léon XII et canonisé par Jean-Paul II en même temps que 116 autres martyrs du Viet-Nam. Victor Hugo lui consacra quelques vers dans son poème "Les Martyrs":
« Ô saint prêtre ! grande âme ! oh! je tombe à genoux !
Jeune, il avait encor de longs jours parmi nous ;
Il n'en a pas compté le nombre ;
Il était à cet âge où le bonheur fleurit ;
Il a considéré la croix de Jésus-Christ
Toute rayonnante dans l'ombre.Or il est loin de nous une autre humanité,
Qui ne le connaît point, et dans l'iniquité Rampe enchaînée,
et souffre et tombe.Il s'est dit qu'il est bon d'éclairer dans leur nuit,
Ces peuples égarés loin du progrès qui luit,
Dont l'âme est couverte de voiles ;
Puis il s'en est allé dans les vents, dans les flots,
Vers les noirs chevalets et les sanglants billots,
Les yeux fixés sur les étoiles. »
La vierge noire
Remplaçant l’ancienne déesse celte, la statue, volée en décembre 1997, possédait bien toutes les caractéristiques des vierges noires. Datant du XIIe siècle, elle était de la même veine que les vierges auvergnates, en majesté, l’enfant sur les genoux.Elle était sculptée dans du bois de genévrier, probablement issu de Phénicie. Le voile sculpté autour de son visage devait se déployer en plis concentriques sur son torse et ses bras et se prolonger par une tunique, comme ses sœurs de Vauclair et de Gervazy. Les visages sont graves, celui de l’enfant porte des traits d’adulte.
C’est au XVIe siècle que l’ancienne statue fut mutilée. Un nouveau corps fut alors refait grossièrement, sur lequel on colla les deux têtes, et que l’on cacha par un vêtement. De Vierge en majesté, elle devint vierge debout. Il nous en reste heureusement une vieille photo.
Passons aux légendes. Comme beaucoup de Vierges noires, la première parle de saint Louis la rapportant des croisades en 1254 et l’offrant à Guillaume de Baffie. Il me semble qu’il a du trainer depuis ces contrées lointaines un plein chariot de statues le pauvre homme.
La deuxième raconte l’histoire d’un ménétrier (musicien des fêtes de village) qui, voulant chanter devant la Vierge, ne put que jouer de son violon puisqu’il était empli de péchés. La Vierge lui sourit, pencha la tête, et il put de nouveau reprendre sa chanson.
La troisième nous fait part de la propension de la statue à revenir sur le lieu qu’elle avait choisi : 3 fois elle fut déménagée, trois fois elle revint seule au bord de l’Aix. La dernière fois, elle posa le genou sur un rocher qui garda sa trace. Cette légende était si ancrée dans l’esprit des gens, qu’après la révolution, quand la statue fut mise dans l’église de Saint-Genis-Laval, on l'attacha avec des chaînes à l'autel sur lequel elle était posée.
Une autre légende raconte dans les « Mystères de la Loire » qu’un dénommé Hugues Baffie, seigneur-brigand, déroba la statue. Les fleurs de lys d’or tombèrent alors petit à petit du manteau de la Vierge, laissant au sol une trace sur le chemin emprunté. Pris de remords, Hugues rendit la statue et lui fit construire la chapelle.
Notre-Dame de Baffie était invoquée pour la bonne santé des enfants, pour les malformations osseuses, surtout des jambes. C’est elle qui, toujours selon la légende, empêcha la peste d'atteindre Saint-Germain-Laval. Elle était protectrice des unions, et aujourd’hui encore, les jeunes mariés lui apportent le bouquet de la mariée en hommage.
Dernière chose, Notre-Dame de Baffie, au rythme des saisons, porte une robe de soie blanche au printemps et une de velours bleu foncé à l’automne. Je vous laisse le soin d’étudier plus profondément le symbolisme de tout ceci.
Et bien sûr, qui mieux que Jacques pouvait rendre hommage à la belle Dame...
http://www.ladiana.com/Monuments/chapelle%20notre%20dame.html
http://patrimoine-de-france.com/loire/st-germain-laval/chapelle-notre-dame-de-laval-1.php
La commanderie de Verrières
Verrières faisait partie des commanderies de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, avec celle de Montbrison et de Chazelles-sur-Lyon. En France, les commanderies étaient réparties en trois « langues » ou « nations » : celles de Provence, de France et d’Auvergne.
Celle de Verrières relevait de la langue d’Auvergne. Dans une charte de 1238, Geoffroy de Saint-Maurice concède aux Hospitaliers de Verrières les droits de pâturage. Le plus ancien commandeur connu est Girin de Roussillon en 1318.
Cette église, datée du début du XIII ème siècle, placée sous le double vocable de saint Jean-Baptiste et de la nativité de Notre-Dame, fut bâtie d’un seul jet.
Elle appartient à l’architecture de transition entre le roman et le gothique.
Les formes générales et les procédés d’exécution sont tous romans, mais l’arc brisé s’est substitué au plein cintre.
Les bâtiments de la commanderie, vaste quadrilatère accolé à l’église du côté sud, étaient entourés de fossés et d’un pont-levis.
Il en reste une tour possédant une fenêtre du XVI ème siècle. La girouette porte la croix de l’ordre de Malte.
Le portail d'entrée de la cour provient de l'ancienne église de Boën.
C’est maintenant devenu un gîte.
Sur la place, une haute croix de pierre, œuvre du XVI ème siècle, présente un Christ en croix et une Vierge couronnée par un ange.
La porte d’entrée, ouverte dans le mur ouest, est abritée sous une double voussure en arc brisé.
Les chapiteaux des deux colonnes sont meublés de têtes plates et de crochets. Les 2 chapiteaux de cette porte gothique pourraient représenter l'étoile et les têtes des 3 rois mages. Une ligne de corbeaux placés au dessus du portail indique l’existence d’un porche en charpente. Une fenêtre en plein cintre, longue et étroite, occupe le centre de la façade.
Le clocher, rectangulaire et ajouré sur chaque face de deux fenêtres jumelles, à plein cintre, s’élève à l’aplomb de celle-ci. La toiture repose sur des merlons qui lui donnent un faux air de tour fortifiée. Cet exhaussement ne date que de 1731 et a été réalisé pour une meilleure diffusion du son de la cloche
Le chevet à cinq pans est percé d’étroites ouvertures.
On descend à l’intérieur par cinq marches. Il règne en ce lieu une grande sérénité. Les protections énergétiques sont encore détectables, et la pierre d’abaissement opérationnelle. Il semblerait qu’un gardien soit présent.
Le plan comporte une nef unique divisée en trois travées, la première étant surmontée d’un clocher, avec abside en cul de four semi-circulaire à l’intérieur, pentagonale à l’extérieur.
Elle fait 20 m de long, 7 de large et 9,50 de hauteur sous voûte.
La première travée, qui supporte le clocher, est recouverte d’une coupole sur trompes octogone surbaissée. De style roman, elle a une base rectangulaire.
Une tribune en bois, à laquelle on accédait depuis les bâtiments de la commanderie, et qui pouvait servir à entendre la messe aussi bien qu'à défendre l'édifice en cas d'attaque, la masquait en partie.
Les deux travées suivantes sont voûtées en berceau approchant le plein cintre, mais les arcs prennent la forme bisée. L’abside voûtée est un peu moins large et moins élevée que la nef.
Au milieu du passage entre la première et la deuxième travée, un bénitier porte quatre coquilles Saint-Jacques, le chemin passant par cet endroit, alternant avec des rameaux d’olivier. Dans la 2ème travée, à gauche, se trouvent les fonds baptismaux.
Les deux autels latéraux dédiés à la Vierge et à St Antoine datent de 1610. L’autel central semble posséder un trou à relique, belle énergie.
Les murailles et les voûtes conservent des traces de décoration peinte de la deuxième moitié du XVII ème siècle, des croix de consécration de chaque côté de la porte et la croix de Malte au-dessus du chœur.
Sur la droite, à la fin de la deuxième travée, j’ai détecté la possibilité d’un début d’escalier menant à une crypte cachée, sous toute réserve bien évidemment.