Saint-Gaudens, historique
Dans l'antiquité, une voie romaine reliant Toulouse à Dax passait à proximité du site actuel de la ville, où se trouvait un domaine rural appelé Mansus. Des lieux de cultes païens existaient à l'emplacement de la collégiale. Le nom changea lors de la christianisation, et devint le Petit Mas, ou Mas-Saint-Pierre.
Ce fut dans les troubles consécutifs aux invasions au VIème siècle qu'on situe la légende de saint Gaudens. Ce jeune berger de 13 ans fut sommé de renoncer à sa religion chrétienne par un parti de guerriers envahisseurs sous les ordres d'un général nommé Malet, ou bien de Abd-el-Rahman. La tradition populaire semble hésiter entre des Romains ou des Sarrasins, ennemis traditionnels de la foi chrétienne, mais historiquement les envahisseurs étaient plutôt des Wisigoths, adeptes de l'arianisme.
La légende rapporte que Malet demanda au jeune Gaudentius de renier sa foi chrétienne. Face à son refus, Malet, ordonna à un de ses soldats de lui trancher la tête, ainsi qu'à sa mère Quitterie. Se produisit alors le "miracle" : le jeune berger se relevant prit sa tête entre ses mains et courut jusqu'au Mas-Saint-Pierre, se réfugiant dans l'église dont les portes se refermèrent aussitôt derrière lui.
En 475 le lieu accueillit la sépulture du martyre décapité. À cette époque l'évêché de Lugdunum Convenarum (le futur Saint-Bertrand de Comminges) fut détruit. L'évêque se réfugia alors au Mas. Une communauté religieuse se forma. Une église et un monastère furent construits vers le VIIIème siècle, les religieux suivant les règles de vie de saint Chrodegand.
Le bourg prit son nom actuel au IXème siècle, Castrum Sancti Gaudentii, en raison du culte développé autour du martyr et de sa mère, sainte Quitterie (à ne pas confondre avec Quitterie, la fille d'Aetius, roi wisigoth de Toulouse, qui, refusant la main de Germain, l'exécuteur des basses œuvres de son père, s'enfuit à Aire-sur-l'Adour. Germain finit par la retrouver et la décapita. La légende dit que quand sa tête toucha terre, une fontaine jaillit. Quitterie aurait pris sa tête bien lavée dans ses bras pour la déposer en haut du plateau du Mas, où se trouve aujourd'hui son sarcophage. Plusieurs similitudes quand même...).
Au XIème siècle, la communauté religieuse se donna le statut de chapitre collégial. L'église, devenant collégiale, fut reconstruite à cette époque en s'inspirant de la Basilique Saint-Sernin de Toulouse. On conserva le gros œuvre des débuts de la construction de 1084, on commença à édifier les tribunes dans les deux premières travées du chœur. La voûte fut surélevée. Des tailleurs de pierre venus d'Aragon et de Navarre sculptèrent les chapiteaux de la deuxième travée du chœur. Puis, les ressources s'épuisant rapidement, les programmes seront quelque peu modifiés. Entre 1180 et 1185 on édifia au sud de l'église un cloître.
Les conflits dûs au catharisme amenèrent, outre les guerriers croisés, de nouveaux ordres religieux, dont les frères prêcheurs, dits Jacobins, et avec eux des styles architecturaux venus du Nord. Les chanoines construisirent ainsi une salle capitulaire à l'angle nord du cloître.
Lors des guerres de Religion, les troupes de Montgomery, le 2 août 1569, détruisirent l'intérieur de l'église et y mirent le feu. La toiture et le clocher furent détruits. La collégiale restera dans cet état, avec une toiture sommairement reconstruite, le clocher à la flèche octogonale vaguement consolidé, jusqu'en 1874. Au XVIème siècle, on édifia le portail latéral Nord.
À la Révolution, en 1791, l'église désaffectée est vendue comme bien national. Le cloître fut démoli pour servir de carrière de matériaux. L'église fut rendue au culte en 1804. La collégiale sera restaurée progressivement à la fin du XIXème siècle. La toiture à deux pentes fut remplacée par un toit à décrochements suivant la nef et les bas-côtés. La base carrée du clocher fut rehaussée pour lui donner son aspect actuel.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Saint-Gaudens
http://www.mairiestgaudens.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=34&Itemid=51
http://www.tourisme-stgaudens.com/web/fr/39-la-collegiale.php
Saint-Gaudens, intérieur de la collégiale
La collégiale présente une nef à collatéraux, avec une longueur totale
de 40 m, une largeur de 21m, et une hauteur sous voûte de 16 m. La nef
se compose de cinq travées inégales, sous une voûte en berceau sur
doubleaux reposant sur des piles cruciformes, avec des colonnes entre
les grandes arcades et vers la nef, et un pilastre vers les
collatéraux, qui sont, eux, voûtés en quart de cercle.
Le narthex
comprend une travée voûtée d'ogives, beaucoup plus basse que la nef. Il
est éclairé par cinq oculi. Le chœur possède deux travées inégales, à
bas-côtés couverts de voûtes d'arêtes, surmontés de tribunes, l'abside
et les deux absidioles ont une voûte en cul de four.
Les chapiteaux,
œuvres des tailleurs de pierre aragonais et navarrais, sont parmi les
plus beaux de la sculpture romane des débuts : ils figurent « la chute
d'Adam et Eve », le monde médiéval, des animaux.
Très détériorés par
l'incendie de 1569, ils ont subi des grattages et nettoyages trop
radicaux au XIXème siècle.
Parmi les sculptures, nous retrouvons le singe encordé. La même symbolique qu'à Thuret :Il est attaché par le cou (chakra de la gorge) à une corde reliée à la
terre (bloquage des énergies par l'ancrage au tellurisme seul). L'homme
doit ouvrir sa partie spirituelle et équilibrer ses cycles
cosmo-telluriques. Et pour bien nous faire comprendre, les imagiers du
moyen-âge ont représenté les énergies telluriques, lourdes, sortant par
l'anus du singe...
Saint-Gaudens, extérieur de la collégiale
L'abside et la façade latérale nord, ainsi que le clocher à l'ouest, sont parfaitement visibles depuis la place. Les murs portent la trace des multiples remaniements effectués. Le toit à décrochement montre la disposition intérieure de la nef centrale et ses bas-côtés. Jusqu'en 1867 une toiture à deux pentes reposait sur les murs gouttereaux rehaussés en brique, avec des espacements qui donnaient l'illusion d'une église fortifiée, avec des créneaux.
Sur la façade nord, percée de quatre petites fenêtres en plein cintre, entre les contreforts, se trouve un portail du XVIIème siècle, construit en remplacement d'un portail roman détruit. Un tourelle en saillie abrite un escalier menant aux tribunes.
le portail est flanqué de deux dais qui ne semblent jamais avoir abrité de statues. Il présente un arc brisé en accolade. Le tympan porte un chrisme du XIIème, sans doute provenant du portail primitif, taillé dans un bloc de marbre carré et présentant dans son décor les caractéristiques de la sculpture toulousaine.
Le chevet a lui aussi été fortement remanié. Il est surmonté d'une petite tour carrée sans utilité précise, dont les ouvertures et le décor ont été réalisés au XIXème siècle.
Le clocher, à toiture octogonale, fut démoli en 1804 à 4 m au-dessus de la toiture de l'église. On lui substitua un toit très plat, soutenu par une charpente à claire-voie sur deux côtés. En 1874, on élève, dans le style néo roman, les trois étages supérieurs et la flèche pyramidale, qui porte la hauteur du clocher à 45 m. La petite porte à la base du clocher, très endommagée en 1569, a été refaite au XIXème siècle.Dans le mur de l'église on peut voir des remplois de pierres gallo-romaines.
Tout en haut du clocher, une tête de taureau regarde les passants. La sculpture date-t-elle du XIIème siècle ? En ce cas, il faudrait penser, pour l'ancien sanctuaire païen, au culte de Mithra.
L'un des modillons nous montre un monstre 'avalant' un pécheur. Non non. C'est un initié, sortant de la gueule de la bête, représentant la matière, l'émotionnel. Un autre nous présente un acrobate, les jambes rejoignant le ciel.
Une porte à plein-cintre, ouverte dans l'axe de l'édifice et devant laquelle se trouve l'ancien puits, date de l'époque même de la construction de l'église. Elle est très étroite et cependant plus monumentale que la porte principale côté nord..
On a rattaché à cette porte des souvenirs antérieurs de près de sept siècles à sa construction. C'est là, en effet, que l'on montre les fers du cheval du farouche Abd-el-Rahman. Selon la légende populaire, il poursuivait l'enfant martyr Gaudentius, qui, ramassant la tête que le Sarrasin venait de lui trancher et s'enfuyant à toutes jambes, put entrer dans l'église, en fermer la porte; et le fer du cheval de celui qui le poursuivait, heurtant le bois, y demeura enfoncé.
Un autre récit, tout aussi légendaire, mais plus conforme à la disposition des fers sur cette porte, les y fait planter et adhérer par les ruades qu'Abd-el-Rahman faisait lancer par son cheval pour l'enfoncer, et piller les trésors renfermés dans l'église depuis longtemps consacrée au jeune martyr saint Gaudentius.
L'un des chapiteaux nous présente la tentation d'Adam et Eve...que l'on retrouvera à l'intérieur de l'édifice.
Un modillon nous présenterait-il ... le Graal ?
Le cloître de Saint-Gaudens
Sur la façade sud de la collégiale était adossé le cloître du XIIème siècle, démoli en 1810 et reconstitué en 1989 à l’aide de chapiteaux authentiques ou de moulages des chapiteaux dispersés aujourd’hui dans des collections du monde entier.
Il comporte, outre ses arcades, de splendides chapiteaux historiés, tandis que l'emplacement de l'ancien collège des chanoines est symbolisé au sol par le dallage.