Le Chastel de Saint-Floret
Dominant la vallée de la rivière Couze Pavin se dresse la colline du Chastel. C’est là que les hommes du néolithique vinrent s’installer, suivis des celtes, des gallo-romains, puis des premiers chrétiens. Le haut de la butte fut de tout temps considéré comme sacré, et c’est là que les hommes construisirent leur sanctuaire.
L’endroit devint un castrum (camp fortifié), autour du castellum (château). La première mention d’une chapelle castrale apparait en 1293, sous le vocable de Saint-Flour, évangéliste de l’Auvergne au Ve siècle. Le Chastel devint le siège d’un prieuré dépendant de l’abbaye de Chantoin. Au XIVe siècle un nouveau château fut construit en contrebas, autour duquel le nouveau village s’étendit, de chaque côté des rives de la Couze Pavin.
Entrons dans l’ancien sanctuaire. Un sentier en pente douce nous amène à l’église, mais là n’est pas l’entrée véritable. Les hommes des mégalithes suivaient l’allée qui passe entre les rochers, en pente plus raide. Comme dans tout sanctuaire, il faut savoir se dépenser physiquement, se vider avant de se remplir de sacré.
Nous voici arrivés sur le sommet de la butte, qu’encercle maintenant le mur de l’ancien cimetière paroissial.
A l’intérieur, sur la gauche du sommet, un large bassin fut creusé dans la roche. C’est un vestige de l’ancien culte mégalithique, où l’on récupérait l’eau lustrale utilisée pour ses valeurs curatives, de l’esprit et du corps.
Sur la droite, un ossuaire couvre un puits de plus de 5 mètres de profondeur, entièrement comblé par des ossements dont les derniers datent de l’époque de Napoléon Ier. Le bâtiment de forme pyramidale date du IXe siècle, mais l’endroit lui-même à une origine bien plus ancienne, qui pourrait remonter au Ier siècle.
Pourquoi nos anciens choisirent-ils cet endroit, jouxtant l’ancien autel des druides, et pourquoi l’ont-ils coiffé d’une pyramide ? Peut-être que le serpent, dépositaire de la connaissance, aurait pu nous répondre.
L’ancien lieu de culte devint nécropole celte : des tombes « anthropomorphes céphaloïdes » (qui prennent la forme d’un corps avec la tête bien marquée) furent mise à jour, dont certaines furent retrouvées sous les fondations de l’église.
Les tombes creusées dans le granite, toutes orientées la tête vers le couchant, étaient recouvertes d’un couvercle de basalte. Ce couvercle, scellé, a permis la bonne conservation des ossements. Les tombes étaient réutilisées pour les nouveaux arrivants, ne conservant de l’ancien occupant que quelques os.
Tous les corps retrouvés de cette époque mérovingienne (du Ve siècle jusqu'au milieu du VIIIe siècle) possédaient des caractéristiques particulières : une grande taille (1m 80 en moyenne, l’un d’eux dépassant 1m 95), une suture frontale non-fermée chez l'adulte, et un déhanchement particulièrement prononcé. Les tombes anthropomorphes ne furent que rarement utilisées en Auvergne, la plupart de celles qui nous sont parvenues se trouvent dans le sud, comme à Montmajour.
L’ancien lieu de culte celte fut, comme souvent, repris par le christianisme. Une petite église romane dédiée à saint Flour fut érigée au XIIe siècle par Jehan de Bellenaves, seigneur de Saint-Floret et chambellan du duc d'Auvergne. Son passé celte se retrouve dans les chapiteaux représentant des feuilles de chêne.
Recouverte de lauzes, l’église se compose d’une nef simple voûtée en berceau et d’un chœur à chevet plat, percé de trois fenêtres ogivales.
Au XIVe siècle furent rajoutées deux chapelles latérales et le portail sud à trois rang de colonnettes portant des feuillages.
L’église fut remaniée au XVIe siècle, et le haut du clocher, aux baies géminées, fut reconstruit en 1548. Le porche fut rajouté côté sud bien après.
Dans la chapelle nord, une peinture murale du XIVe siècle représente le donataire agenouillé, Jehan de Bellenaves, accompagné de sa femme et de ses deux filles. Saint Jean-Baptiste tenant l’agneau pascal au dessus d’eux les présente à la Vierge assise sur sa cathèdre, l’enfant bras ouverts sur les genoux.
À l'entrée de la sacristie se tient une Vierge à l'oiseau du XIVe siècle en marbre de Nonette. Dans ses bras, l’enfant touche de sa main gauche le bec, ses deux pieds étant posés sur la gorge et la patte de l’oiseau.
http://www.saint-floret.fr/spip.php?article29
http://saintfloret.free.fr/Chastel.htm
Notre-Dame du Pont
On arrive à Saint-Floret en remontant la Couze Pavin depuis Issoire. Le bourg et son château du XIIIe siècle, situés dans la vallée qu’empruntaient les pèlerins de Compostelle, font déjà partie d’une belle histoire.
Mais passez le pont médiéval de la Pède, et vous comprendrez que cet endroit mérite vraiment le détour. A commencer par une vierge romane polychrome du XIIIe siècle, ayant toutes les caractéristiques d’une vierge noire, qui se tient dans le petit oratoire : c’est Notre-Dame du Pont.
Elle est proche de la grotte dont la légende raconte que la source avait le pouvoir de guérir les maladies des enfants dont les linges, jetés en l’air, restaient collés sur la voûte. Un autre miracle eut lieu durant la dernière guerre : la vierge aux grandes mains protégea le pont des bombardements de l’aviation allemande en 1944. La seule bombe qui n’explosa pas fut celle qui tomba sous l’arche unique du pont de la Pède.
La vierge en majesté, assez rustique, possède un visage austère, mais empli de bonté.
L’enfant, plus riant, bénit de sa main droite, et tient le livre fermé de la gauche.
Elle n’est pas dans une crypte, bien qu’étant située aux pieds de la butte féodale du Chastel, mais elle rayonne quand même de toute sa puissance. Peut-être est-ce dû à sa position au milieu du verrou rocheux formé par les deux éperons qui dominent la rivière... Elle fait partie des vierges noires travaillant sur l’eau, comme sa voisine de Vassivière.
La source de la Tête-de-Lion
Pour plus de compréhension, aller lire le reportage sur la provenance géologique des sources. Sur la commune de Saint-Floret se trouve la source de la Tête-de-Lion, autrement appelée de la Tour Rambaud (nom de la tour médiévale en ruine dominant le site) ou du Casoar.
Cette source se trouve le long de la Couze Pavin, qui traverse Saint-Floret en aval. Une fois traversé le pont, le sentier monte jusqu’au griffon principal en traversant le bois.
En montant, on rencontre plusieurs sources de moindre importance, qui rendent parfois le sentier un peu boueux. L'aspect luisant de l'eau en surface n'est pas dû à des pollutions de mazout, mais à la présence d'un film d'oxydes ferriques déposé en surface par des bactéries ferroxydantes planctoniques. L'irisation est liée aux oxydes de fer. La présence de ces bactéries favorise et accélère la précipitation des hydroxydes ferriques qui donnent la couleur rouge.
L’eau sort du griffon chargée de gaz carbonique qui la rend pétillante.
Elle contient aussi du calcium, de l’arsenic, et surtout du sel, qui va permettre la prolifération de plantes halophiles (de halos, le sel, et philo, amour), comme le carex à épis distants ou la présence de la libellule agrion élégant.
La source est fortement chargée en carbonates (calcaire) qui vont se déposer un peu plus loin et former le travertin en forme d’animal fabuleux qui fait sa renommée.
Pour cela, l'eau suit un petit ru qui l'amène en haut de la falaise.
Ce n’est pas la tête de lion qui est spectaculaire, mais la présence d’un gardien, ce qui fait que le site accueille ou repousse le visiteur suivant son degré de conscience.
http://www.petit-patrimoine.com/fiche-petit-patrimoine.php?id_pp=63342_6
http://saintfloret.free.fr/Source.htm#Ancre2
http://www.eauvergnat.fr/source-tete-de-lion
http://www.lac-chambon-guide.com/index.php?fh=487