19 février 2007

Crypte du parvis de Notre-Dame (Paris)

paris_287La Crypte archéologique sous le parvis de Notre-Dame de Paris a été aménagée pour protéger les vestiges découverts lors des fouilles réalisées à partir de 1965, par la Commission du Vieux Paris (département d'histoire de l'architecture et d'archéologie).





paris_227Il ne s'agit pas d'un musée mais de la présentation des ruines conservées dans le sol de l'Ile de la Cité couvrant la période comprise entre le IIIème et le XIXème siècle.

paris_228Cet espace, le plus vaste du genre à l'époque, a ouvert ses portes en 1980 avec pour objectif la présentation des éléments des bâtiments qui se sont succédés sur le site de l'Antiquité au XIXe siècle : quai gallo-romain, sections de la fondation du rempart érigé au IVe siècle,  vestiges d'une grande maison urbaine datant du IVe siècle) dont plusieurs pièces comportent des hypocaustes (système de chauffage que les Romains utilisaient dans les thermes publics et privés),

paris_229fondations d'un grand bâtiment de forme basilicale à cinq nefs  (peut-être la basilique Saint-Etienne (VIe siècle) dont les dimensions (36 m de large sur 70 m de long) laissent penser qu'elle était la plus grande église de Gaule), fondations de l'église Sainte-Geneviève des Ardents (Ixe siècle), sous-sol de l'ancienne chapelle de l'Hôtel-Dieu,  fondations de l'hospice des Enfants-Trouvés, tracé des égouts haussmanniens.



paris_230Le site est né dans l’Ile de la Cité, au croisement d’une route fluviale et d’une route terrestre. La Seine et ses affluents donnaient les moyens de communication par eau, le sous-sol fournissaient la pierre à bâtir et la pierre à plâtre.

paris_256Lutèce gauloise :

Les Parisii semblent s’être fixés au milieu du IIIè siècle av. J.C. César tient une assemblée dans leur ville, Lutèce, en 53 av. J.C. Ils se soulèvent en 52 à l’appel de Vercingétorix. Labiénus, lieutenant de César les écrase.
Lutèce gallo-romaine :
Les conquérants romains installent une ville nouvelle sur la hauteur de la rive gauche L’Ile de la cité semble avoir joué alors un rôle secondaire.

paris_271Les invasions barbares - Le Bas Empire :

Les invasions germaniques de la fin du IIIè siècle ap. J.C. ravagent la ville gallo-romaine. Aux IVè et Vè siècles, Paris joue un grand rôle stratégique. Les empereurs militaires, qui défendaient la frontière du Nord et de l’Est, y séjournent : Julien l’Apostat en 357-358, puis en 359-360, Valentinien en 365 et en 366. Vers le moment où, à Lutèce, Julien est élevé au rang d’Auguste par ses soldats (360 ap. J.C.), la ville commence à perdre son nom pour prendre celui de Paris.

paris_260Du Haut-Empire subsistent des traces d'habitat (parmi lesquelles les archéologues ont découvert une statuette en bronze du dieu Génius), des tronçons du quai et du port antiques de Lutèce ainsi qu'un puissant mur à contrefort, pour lequel il est difficile de donner une interprétation.

paris_275Du Bas-Empire sont conservées des sections de la fondation du rempart érigé au IVe siècle de notre ère, après les invasions barbares de la fin du IIIe siècle. Elle est composée de gros blocs dont certains sont des remplois. C'est au pied de ce rempart qu'un trésor a été découvert en 1970, une céramique brune qui contenait plus de 800 monnaies.


paris_237

La capitale du royaume de Clovis :

Elle devient véritablement une capitale quand Clovis, roi des Francs (482-511) y établit le siège de son royaume. Son fils, Childebert 1er (511-588), fait construire dans la Cité la grande église cathédrale Saint-Etienne, dont le plan à cinq vaisseaux était semblable à celui du premier Saint-Pierre de Rome. Les fondations qui mesuraient 36 m de large et au moins 70 m de long et qu’on retrouve sous la cathédrale actuelle, ont été mises au jour dans les fouilles - notamment une partie de la façade. Ses dimensions en faisaient probablement la plus grande église de Gaule.

paris_248Le Moyen Age :

A l’époque carolingienne, les souverains, tournés vers l’Est, délaissent la capitale à tel point que c’est le Compte de Paris, Eudes, ancêtre des Capétiens, qui défend la ville contre les Normands. Après le très long siège de 885 la ville est réduite à l’Ile de la Cité. En 1163, l’évêque de Paris, Maurice de Sully, commence la façade de Notre-Dame. La cathédrale mérovingienne Saint-Etienne est abattue. Une voie, la rue Neuve Notre-Dame est tracée afin d'acheminer les matériaux nécessaires à la construction de la cathédrale. Conduisant au Parvis, au centre de la façade de Notre-Dame, c’est le sous-sol de cette voie qui est présenté dans la crypte. Cette rue de sept mètres de largeur a été ouverte par Maurice de Sully, vers la fin du XIIème siècle, afin d'acheminer les matériaux nécessaires à la construction de la cathédrale.

paris_252Le Parvis jusqu’au milieu de XVIIIè siècle

• En bordure de la Seine, entre celle-ci et la rue Neuve Notre-Dame, l’ancien Hôtel-Dieu. Il communiquait avec ses dépendances de la rive gauche par deux édifices (la chapelle Ste-Agnès, du XVè siècle), la salle du Légat, du XVIè ;
• à l’Est près de Notre-Dame, était sa propre chapelle. Une petite rue et des maisons le séparaient de la rue Neuve Notre-Dame.
• Au Nord de la rue Neuve Notre-Dame (côté des bâtiments actuels de l’Hôtel-Dieu) étaient des maisons et deux églises, Sainte-Geneviève des Ardents (dont on voit des fondations dans la crypte), à l’Ouest, et Saint-Christophe, vers Notre-Dame.



paris_238L’aménagement du Parvis en 1750 :

Au milieu du XVIIIè siècle, l’architecte Boffrand fut chargé de construire un nouvel hospice des Enfants-Trouvés, côté nord de la rue Neuve Notre-Dame. Il agrandit un peu le parvis, élargit la rue Neuve Notre-Dame vers le nord pour construire son bâtiment. En 1772, un grand incendie ravage l’Hôtel-Dieu : la chapelle Ste-Agnès, la salle du Légat sont détruites. Les bâtiments hospitaliers du long de la Seine seront rebâtis.

paris_233Le Parvis d’Haussmann et le Parvis actuel :

Haussmann étendit le parvis de façon démesurée, éleva une caserne (aujourd’hui la Préfecture de Police) au fond de la place et, en bordure de celle-ci, l’actuel Hôtel-Dieu. Le Parvis devint un espace bitumé au bout duquel la cathédrale semblait rapetissée.

paris_272L’aménagement du Parvis (1970) :

La construction de la crypte archéologique a permis de donner au Parvis un relief et un aspect qui évoquent son état ancien. Une dénivellation marque la limite occidentale du Parvis antérieur aux travaux de Boffrand (de là on peut apprécier les dimensions colossales des tours de la cathédrale). L’espace occupé par l’ancienne rue Neuve Notre-Dame est marqué par de gros pavés; la ligne des façades est signalée par des pierres blanches sur lesquelles sont gravées les noms de leurs enseignes. Un pavage différent figure le plan de l’église mérovingienne Saint-Etienne (à l’exception du 5è vaisseau, au Nord, à l’emplacement duquel passe la chaussée.

paris_232http://www.parissweethome.com/parisrentals/art_fr.php?id=34
http://www.paris.fr/portail/Culture/Portal.lut?page_id=6468&document_type_id=5&document_id=19971&portlet_id=14628
http://www.insecula.com/salle/MS00993.html

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Notre-Dame de Paris III

Le portail royal et l'alchimie


paris_034aLe Portail royal était et est donc encore revendiqué par les partisans de l'astrologie et les hermétistes. - La porte voisine, celle de Sainte-Anne et de Saint-Marcel, l'était et l'est encore par les alchimistes.

A les entendre, le récepte, le secret de la sublime pierre des sages est inscrit sous la statue qui se dresse sur le trumeau, tranchant en deux la baie. Cette statue, - qui n'est qu'une reproduction, car l'original est placé dans la salle des Thermes, au Musée de Cluny portraiture un évêque, debout, mitré et crossé, bénissant d'une main ses visiteurs et foulant aux pieds un dragon sorti d'une sorte de chapelle funéraire où une femme morte est assise dans un linceul enveloppé de flammes.

La lecture de cette scène est très simple. Il suffit d'ouvrir les Bollandistes. La légende de saint Marcel, neuvième évêque de Paris, raconte, en effet, que ce saint délivra la ville d'un horrible dragon qui avait établi son gîte dans le cercueil d'une femme adultère, décédée, sans avoir eu le temps de se repentir et sans avoir reçu les sacrements; le saint frappa de sa crosse le monstre, lui entoura le cou de son étole, l'emmena à quelques lieues de Paris, dans un désert, et là, lui intima l'ordre, auquel d'ailleurs il obéit, de ne jamais plus retourner dans la ville.

saintmarcelAjoutons ce détail, qu'aux processions des Rogations, le clergé de Notre-Dame faisait autrefois porter, en souvenir de ce miracle, un grand dragon d'osier dans la gueule ouverte duquel le peuple jetait des gâteaux et des fruits. Cette coutume, qui remontait au moyen âge, a pris fin en 1730.

Telle est la version de l'Église; autre est celle des alchimistes. Dans son cours de philosophie hermétique, Cambriel explique ainsi cette figure:

paris_165_copieaSous les pieds de l'évêque, sur le socle même de sa statue, de chaque côté, deux ronds de pierre sont sculptés. Les ronds de droite seraient les simulacres de la nature métallique brute, telle qu'on l'extrait de la mine, les ronds de gauche, négligés comme les premiers par la symbolique chrétienne, seraient la même nature métallique mais purifiée; et celle-là se rapporterait à la figure humaine, assise, dans la chapelle sépulcrale, et qui a pris naissance dans le feu dont son linceul s'entoure. De cette fournaise tombale qui serait l'oeuf philosophique, inséré dans l'athanor, le dragon, né à son tour de la figure humaine, serait, en s'élevant hors du fourneau, en plein air, sous les pieds du saint, le dragon babylonien dont parle Nicolas Flamel, autrement dit, le mercure philosophal, le lion vert, le lait de la vierge, la substance même qui change par une projection le plomb en or.

Dans cette interprétation, saint Marcel ne nous bénirait plus, mais il ferait un geste de circonspection, qui signifierait: taisez-vous, gardez le secret si vous l'avez compris.

Si bizarre qu'elle paraisse, cette glose se conçoit pourtant, car les préparateurs du grand oeuvre peuvent se placer sous le patronage de ce saint qui a, en effet, opéré plusieurs transmutations.

paris_026aUne fois, alors qu'il n'était encore que sous-diacre et qu'il servait la messe de l'évêque Prudence, il transmua en un vin qui manquait, l'eau qu'il venait de puiser à la Seine; une autre fois aussi, il changea cette même eau en une liqueur parfumée comme le saint chrême.

Le choix que les alchimistes firent de cet Élu pour lui attribuer la possession du fameux secret pourrait donc jusqu'à un certain point se justifier; cependant, il convient d'observer que le patron officiel des spagyriques, au moyen âge, ne fut pas saint Marcel, mais bien saint Jean l'Évangéliste, soit parce qu'une très ancienne légende nous le montre savant dans l'art de traiter les minerais de fer; soit parce que deux vers, pris en un sens éperdument littéral (Qui de virgis fecit aurum, Gemmas de lapidibus.), de la séquence tissée en son honneur par Adam de Saint-Victor, nous le représentent fabriquant avec du bois de l'or et avec des cailloux des gemmes.

paris_178Plus fabuleuse encore nous apparait cette autre légende relatant qu'un scrupule de la pierre des sages a été caché par l'évêque Guillaume de Paris dans l'un des piliers du choeur que l'on reconnaitra si l'on suit la direction de l'oeil d'un corbeau qui le regarde, sculpté sur l'un des porches, il ne nous en chaut pas davantage; ce qu'il sied simplement de retenir, c'est que, plus que ses congénères, Notre-Dame de Paris est mystérieuse, plus experte peut-étre mais moins pure, car elle est à la fois catholique et occulte et elle greffe sur la symbolique chrétienne les réceptes de la Kabbale.



L'inflexion de l'axe du choeur

notre_dame_de_paris_plan_Lecomtesi l'on se place dans la nef de Notre-Dame l'on peut remarquer que l'axe du choeur incline légèrement sur la gauche.

Cette inflexion, nous la retrouvons presque partout, à Saint-Ouen et à la cathédrale de Rouen, à Saint-Jean de Poitiers, à Notre-Dame de Chartres et de Reims, à Saint-Galien de Tours, à Saint-Germain-des-Prés, à Paris, à Saint-Nicolas-du-Port, près de Nancy, dans presque toutes les grandes basiliques du moyen âge.
La répétition constante de cet artifice est donc voulue et elle a sa raison d'être.
Or, jusqu'à présent, il était admis que cette déviation de l'axe du choeur était une allusion à l'attitude de Jésus expirant sur le bois du supplice; c'était la traduction, en langue architecturale, du passage de l'Évangile selon Saint-Jean: "Et inclinato capite, tradidit spiritum."
A l'heure actuelle la symbolique est reléguée par elle dans les -rancarts et l'on y enseigne le matérialisme archéologique dans ce qu'il a de plus bas.
Une brochure intitulée "La déviation de l'axe des églises est-elle symbolique?" et qui a pour auteur M. de Lasteyrie, membre de l'Institut et l'un des podestats de l'École, est, à ce point de vue, typique.
M. de Lasteyrie répond par la négative à sa question, déclare qu'il n'a découvert aucun texte du moyen âge relatif à ce sujet et il ajoute aussitôt: "Si jamais le hasard en faisait sortir quelqu'un des arcanes de nos bibliothèques, je ne crois pas qu'on dût y prêter grande attention, car il serait assez isolé pour qu'on pût hardiment en contester la valeur."
Voilà qui est simple. Cette façon de prendre les devants pour nier l'importance de tout document qui réduirait sa thèse à néant est pour le moins ingénue; elle est, dans tous les cas, prudente.

paris_010aMais en même temps qu'il nous atteste que l'inclinaison du chevet des cathédrales n'est pas intentionnelle et n'a été inspirée par aucun dessein mystique, il tente de nous fournir les raisons de cette constante anomalie des axes et de nous expliquer les causes pour lesquelles les architectes des basiliques du moyen âge la commirent.
Et c'est alors que ce vétéran de la paperasse nous exhibe des arguments dont l'extraordinaire indigence désarçonne.
Après avoir raconté ce que nous savons déjà - que les cathédrales ont été bâties par étapes successives et non d'un seul jet - très sérieusement, il nous dit:

"Il en résulte que les architectes qui présidaient à la suite des travaux avaient à raccorder les maçonneries nouvelles avec les parties antérieurement construites et c'était là un problème dont on comprendra toute la difficulté, si l'on songe que la célébration du culte dans une partie de l'église obligeait à élever, entre cette partie et le chantier où se poursuivaient les travaux, des cloisons ou des murs qui interceptaient complètement la vue.
Or les gens du moyen âge, ne connaissant aucun des instruments qui permettent aux modernes de se repérer avec précision et de raccorder, malgré tous les obstacles, les lignes les plus compliquées, éprouvaient le plus grand embarras pour prendre leurs repères et une erreur minime avait pour conséquence une déviation très marquée dans les alignements."

paris_017aEt ce n'est pas plus malin que celà ! Les permanentes irrégularités des cathédrales tiennent simplement à ceci que les architectes du moyen âge ne savaient pas leur métier et n'étaient pas pourvus d'instruments modernes.
Un tablier de bois tendu entre la partie construite et celle à construire suffisait pour leur faire perdre la tête et tous se trompaient, aucun dans ses calculs ne tombait juste.
Évidemment les tire-lignes qui ont bâti, au XIXe siècle, Saint-François-Xavier, Notre-Dame-des-Champs et Saint-Pierre de Montrouge étaient fort supérieurs, comme science, aux pauvres architectes qui ont édifié les cathédrales de Chartres, de Reims, de Paris, car eux, n'ont pas commis d'inadvertances; ils ont respecté les règles intangibles du cordeau, ils n'ont pas fait pencher le choeur de leurs églises!
Telles sont les leçons d'orthopédie monumentale qui se débitent maintenant à l'école de Chartes. (huysmans)

paris_039aUne explication de Monsieur Guingamp : "Cette variation d'axe découle d'un décalage d'une part entre le méridien terrestre et le jalon célèste de base, d'autre part de la différence existant à l'horizon entre les levers du soleil et les couchers, un même jour. Le 21 Juin, le soleil se lève en quadrature solaire et se couche en quadrature lunaire et le 22 Décembre c'est le contraire. Le jour du printemps, il y a 3°5 environ de décalage."

Il suffit alors à la suite d'une dédicace, de déplacer du nombre de degrés voulus l'axe de la nef, en fonction du jour du saint.



L'astrologie et le zodiaque du portail central

paris_057aSur le portail de la Vierge de la Cathédrale de Notre-Dame de Paris (façade ouest) se trouve représenté un Zodiaque pouvant paraître quelque peu étrange.
Sur le côté gauche, nous retrouvons dans un sens descendant les signes du Lion, des Gémeaux, du Taureau, du Bélier, des Poissons et du Verseau (ces deux derniers signes échappent au plan resserré présenté). Sur le côté droit se trouvent représentés, toujours dans un sens descendant, les signes du Cancer (anciennement nommé l'Ecrevisse, ce qui figure effectivement sur le monument), de la Vierge, de la Balance, du Scorpion, du Sagittaire et du Capricorne (ces deux derniers signes échappent au plan resserré présenté). Cet ordre de présentation peut paraître surprenant. Si nous nous reportons à la Roue zodiacale, l'ordre de succession des signes au cours de l'année ne fournit aucune explication sur la séquence proposée .

En revanche, si nous nous reportons à l'ordre intérieur du Zodiaque, la difficulté disparaît. Cet ordre est fondé sur deux branches, l'une marquée par le Lion, l'autre par le Cancer. Cette organisation répond au principe de polarisation entre Ciel et Terre, actif et passif, masculin et féminin, yang et yin, essence et substance, etc. Son diagramme général est obtenu en plaçant les deux signes principiels (Lion pour le masculin, Cancer pour le féminin) en haut. Ces deux signes ouvrent chacun une branche comprenant cinq signes placés sous leur juridiction respective, comme autant d'attributs compris dans leur nature.

   

Les deux branches du Zodiaque

paris_034bLa branche marquée par le Lion ouvre une série voyant se succéder Vierge, Balance, Scorpion; Sagittaire et Capricorne et que la branche marquée par le Cancer préside à la succession des Gémeaux, du Taureau, du Bélier, des Poissons et du Verseau. Nous retrouvons dans ces deux ordres ceux figurant sur les petites colonnes du portail de la Vierge, à une exception près. En effet, sur le monument, les bas-reliefs du Lion et du Cancer sont inversés. Sous le Lion se situent les signes des Gémeaux, du Taureau, du Bélier, des Poissons et du Verseau, appartenant à la branche Cancer. Sous le Cancer prennent place les signes de la Vierge, de la Balance, du Scorpion, du Sagittaire et du Capricorne, relevant tous de la branche solaire. Il ne s'agit ici nullement d'une erreur, mais de ce que René Guénon a appelé un "échange hiérogamique". Ce dernier consiste dans l'échange entre les attributs masculins (célestes) et les féminins (terrestres).

paris_040aRené Guénon cite l'exemple, tiré de la Tradition chinoise, de Fo Hi (figure céleste) et Niou Koua (figure terrestre). Le premier donne à la seconde le compas (le cercle étant une forme symbolisant le Ciel) et la seconde donne au premier l'équerre (le carré étant une forme symbolisant la Terre). L' "échange hiérogamique" met en exergue la rencontre du Ciel et de la Terre, engendrant la manifestation. Cet aspect ressort ainsi dans le portail de Notre-Dame : le principe masculin (Lion) donne les signes sous sa juridiction au principe féminin (Cancer) et réciproquement.

paris_052Il paraît intéressant de constater que seuls les quatre premiers signes de chaque branche prennent place sur les colonnes latérales. Les signes situées en partie basse de l'organisation interieure du Zodiaque (Poissons et Verseau, d'une part, Sagittaire et Capricorne de l'autre) sont disposés sur le socle sur lequel reposent lesdites colonnes. Ce positionnement symbolise une proximité avec le principe substantiel, passif (la Terre des extrêmes-orientaux). Celui-ci consiste dans le support servant à l'essence pour se manifester, ce qui est exprimé par la composition architecturale de la partie du portail étudiée, analogue de celle du Zodiaque. Rappelons que, dans une société traditionnelle, tout se subordonne aux principes. Toute chose manifestée ne constitue qu'un symbole de réalités supérieures. Ainsi, l'architecture sacrée, art duquel relève la construction des cathédrales, applique ce principe : un monument sert à symboliser certaines vérités. Nous trouvons dans le recours au symbolisme zodiacal au sein des édifices catholique le rattachement de l'astrologie occidentale à cette Tradition, traduisant en ceci la parole biblique (Genèse) :

paris_177"1.14 Dieu dit: Qu'il y ait des luminaires dans l'étendue du ciel, pour séparer le jour d'avec la nuit; que ce soient des signes pour marquer les époques, les jours et les années;
1.15 et qu'ils servent de luminaires dans l'étendue du ciel, pour éclairer la terre. Et cela fut ainsi.
1.16 Dieu fit les deux grands luminaires, le plus grand luminaire pour présider au jour, et le plus petit luminaire pour présider à la nuit; il fit aussi les étoiles.
1.17 Dieu les plaça dans l'étendue du ciel, pour éclairer la terre,
1.18 pour présider au jour et à la nuit, et pour séparer la lumière d'avec les ténèbres."

Le Zodiaque lui-même, sa figuration sur certains monuments religieux et ce texte sont autant d'expressions différentes de la même réalité, présentant des points de vue différents sur ce même objet, se complétant tous pour faire accéder à une connaissance.

Notre-Dame de Paris est l’abrégé le plus satisfaisant de la science hermétique. »
(Victor Hugo)

Pendant que Quasimodo errait sur les hauteurs de Notre-Dame, partageant ses souffrances avec les gargouilles, l’archidiacre Claude Frollo, quant à lui, se gorgeait des symboles hermétiques contenus sur la façade de la cathédrale ou, plus précisément, d’un symbole aujourd’hui disparu : le corbeau.

Victor Hugo décrit Frollo « calculant l’angle du regard de ce corbeau qui tient au portail de gauche et qui regarde dans l’église un point mystérieux où est certainement cachée la pierre philosophale ».  Hugo ajoute que c’est à l’évêque Guillaume de Paris qu’on doit « cette page de grimoire écrite en pierre ». C’est lui qui aurait caché la pierre (peut-être celle de Nicolas Flamel) dans l’un des piliers de la nef.

paris_221Une autre tradition, rapportée au XVIIe siècle par Gobineau de Montluisant, parle d’un corbeau de pierre sur les voussures de la porte centrale qui aurait l’œil dirigé vers le lieu où sont cachés « les rayons de soleil qui se transformeront en or au bout de mille ans et diamant au bout de trois mille ans ». L’alchimiste Fulcanelli, dans le Mystères des cathédrales (1926), confirme ces croyances.

Mais plusieurs questions demeurent. Tout d’abord, qui fut ce Guillaume de Paris ? S’il y a bien eu un évêque correspondant à celui dont parle Hugo, Guillaume d’Auvergne (professeur de théologie et évêque de Paris de 1228 à 1249), on sait peu de choses sur sa quelconque vocation alchimique ou ésotérique et participation à la construction de la cathédrale si ce n’est qu’il offrit la cloche de la tour sud. On évoque également le nom de l’évêque Guillaume Chartier, mais il ne correspond en rien aux dates de la construction de Notre-Dame (il est mort en 1472 alors que la cathédrale était quasiment achevée à la fin du XIIIe siècle). Ou pourrait-il s’agir de Guillaume, grand Inquisiteur de Paris, à qui Philippe IV confia, en cette date fameuse du 13 octobre 1307, l’arrestation de tous les Templiers du royaume de France ?

La pierre philosophale serait-elle alors une sorte de symbole du mystérieux trésor des Templiers, objet de toutes les convoitises et de toutes les fictions au cours des siècles ?

paris_201Ensuite, quant au corbeau lui-même - si tant est qu’il ait jamais existé - il a aujourd’hui disparu (comme beaucoup d’autres éléments architecturaux) de la façade de la cathédrale. Hugo précise qu’il se trouvait sur le portail de gauche, le portail de la Vierge, mais à quel emplacement exact ? Faut-il considérer le médaillon à la colombe, allégorie de l’Humilité, dans lequel Fulcanelli voit le corbeau des alchimistes, symbole de la materia prima et de la putréfaction ? Ou encore l’une des colombes du portail de la Vierge ?
« C’est dans cette partie du porche que se trouvait sculptée autrefois l’hiéroglyphe majeur de notre pratique : le corbeau. Principale figure du blason hermétique, le corbeau de Notre-Dame avait, de tout temps, exercé une attraction très vive sur la tourbe des souffleurs : c’est qu’une vieille légende le désignait comme l’unique repère d’un dépôt sacré. » (Fulcanelli, op. cit.)

paris_184Une tradition invoque les Vierges Sages contenues dans le piédroit du portail central, sous la scène du Jugement dernier, dont l’une d’elles désignerait l’oiseau de pierre par sa position explicite. Mais les indications sont imprécises, et le discours se brouille souvent entre symbolisme ésotérique et réalité architecturale. Peut-on exclure une interprétation profane du mot corbeau, qui désigne en architecture un élément saillant de pierre, bois ou métal destiné à soutenir une poutre ou un linteau ?

On sait que Notre-Dame de Paris a longtemps été un lieu de rendez-vous des alchimistes qui se rencontraient sous les portails de St Marcel, de St Anne et du Jugement dernier. Mais est-elle plus que ce livre de pierre qu’évoquait Hugo ? Ses pierres renferment-t-elle quelque inimaginable trésor ? Le créateur d’Esmeralda avait-il compris que la cathédrale renfermait quelque inimaginable trésor, et fait de son héroïne l’incarnation de cette « émeraude des sages » ou « mercure philosophique » de la tradition spagirique ?

Laissons donc le dernier mot aux Vers dorés de Gérard de Nerval :

« Souvent dans l’être obscur habite un Dieu caché ;
Et comme un œil naissant couvert par ses paupières,
Un pur esprit s’accroît sous l’écorce de pierre. »

La symbolique de la cathédrale

paris_289l'élévation verticale de la cathédrale reproduit la superposition des trois niveaux de l'univers. La crypte symbolise alors le monde souterrain, les murs et le sol, l'espace des hommes, et les flèches et tours, le monde divin, de telle sorte que l'harmonie universelle soit conservée.

Horizontalement, les architectes faisaient appel à une symbolique solaire. Le chœur est orienté vers l'est, au lever du soleil, faisant logiquement dos à l'ouest, symbole de la fin des temps. Ainsi, le côté nord, tombé dans l'ombre du soleil, exprimera le péché et le mal, tandis que le côté sud, richement illuminé, sera consacré à la gloire du Christ.

Notre-Dame est particulièrement riche en symboles alchimiques. Elle nous conduit sur le chemin de la sagesse qui débute par une profonde connaissance de soi, par la détermination de la matière à transmuter. Il suffit d'étudier plus précisément sa façade occidentale pour mieux comprendre cette dimension occulte.

paris_030aLa façade Ouest de la cathédrale est associée aux trois rosaces intérieures, l'ensemble décrivant le chemin initiatique des alchimistes, un itinéraire extérieur à la dimension cosmique et un itinéraire intérieur à la dimension humaine.
Les rosaces sont en effet le symbole de la voie entre les ténèbres originelles et l'accomplissement de l'œuvre. Elles portent en elles par leur forme concentrique l'idée du perpétuel recommencement.
Pour mieux comprendre, il faut partir du pilier central et de la statue de Cybèle, déesse phrygienne de la sagesse. Elle porte deux livres pouvant représenter l'Ancien et le Nouveau Testament. Plus précisément, le premier, en position ouverte, évoque la connaissance par les Textes et le second, fermé, la connaissance intérieure. Cette combinaison alchimique, démarche spirituelle et connaissance des écritures, portera le novice jusqu'à la sagesse.À l'extérieur, le parcours commence par le portail de Sainte Anne, mère de la Vierge, où est figurée la naissance du Christ. C'est pourquoi la rosace sud qui lui correspond représente le Christ Architecte du monde. Nous sommes au début du chemin, aux origines du Monde. C'est précisément à ce commencement que peut être associée la putréfaction des alchimistes, l'œuvre au noir. Il s'agit d'ôter les impuretés de la matière ce qui signifie spirituellement de purifier l'âme.
Le parcours se poursuit avec le portail de la Vierge représentant le cycle temporel des saisons et du travail. La rosace Ouest évoque réciproquement le ciel nocturne et la synthèse de l'œuvre. Il s'agit alors de spiritualiser la matière (ici l'homme), de restituer son âme au corps purifié précédemment.

Enfin, le portail central présente le jugement dernier, l'œuvre accomplie, autrement dit le "Grand Œuvre". Ses médaillons nous guident dans les étapes à suivre.
Au sens alchimique, le portail central est la balance entre la vertu et le défaut, une confrontation de sa propre nature bilatérale.

paris_583L'iconographie du portail reprend en effet les symboles employés par les alchimistes de l'époque. Chaque médaillon possède son complément face à lui, symétriquement par rapport à l'axe central.
Ils sont une invitation à la transmutation de soi : il s'agit de considérer les défauts comme une matière première et malléable afin de les transformer en vertus.

Par exemple, à l'orgueil et l'inconstance s'opposent l'humilité et la persévérance. Ces deux vertus doivent permettre de combattre les deux défauts associés et ainsi de suite avec la liste donnée dans le tableau suivant :
Nord:
Vertus: Job sur son fumier, Humilité, Sagesse ou prudence, Justice, Charité, Espérance, Foi.
Défauts: Orgueil, Folie, Injustice, Avarice, Désespoir, Impiété.
Sud:
Vertus: Abraham près de l'autel, Persévérance, Obéissance ou soumission, Concorde ou Paix, Douceur, Patience, Force ou courage.
Défauts: Inconstance, Esprit de révolte, Discorde, Dureté, Colère, Lacheté.

L'univers alchimique de Notre-Dame reprend très bien l'idée d'homme en tant que matière et acteur du Grand Œuvre, une dimension à la fois matérielle et spirituelle.

La numérologie

paris_584Rappelons les proportions e la cathédrale:
Longueur 127m50                         1+2+7+5=15=1+5=6  Nombre solaire
Largeur de la nef centrale 12m50    1+2+5=8                  Nombre de l'évolution des êtres vivants
Hauteur de la nef centrale 32m50    3+2+5=10                Nombre de la plénitude

Ces dimensions ésotériques doivent rappeler aux hommes qu'ils atteindront la plénitude au ciel et non pas sur la terre, et de ce fait ils doivent diriger leurs regards vers le ciel... raison de la la hauteur de la nef centrale.


Les courants telluriques

paris_598D'après André Bouchet, ils sont au nombre de 4:

-Un premier, à 69m de profondeur, passe au pied de la tour nord et se dirige en diagonale vers le noeud tellurique de Notre-Dame vers l'Est. (Mannheim, Hagueneau, Sarreguemines, Metz, Verdun, Reims, Meaux, Paris, Versailles, Dreux, Mortagne, Alençon, Mayenne, Autrain, Dol-de-Bretagne, Saont-Malo, Jersey, Guernesey, Bournemouth et Stonehenge)
-Le deuxième, à 78m, se dirige vers le nord. ( Bruxelles, Oudemaarde, Lille, Arras, Amiens, Beauvais, Senlis, Paris, Versailles, Chartres, Orléans, Bourges, Moulins, Clermont-Ferrand, Rodez, Albi, Toulouse, Bourg-Madame, Andorre et termine en Espagne)
-Le troisième, à 92m, en direction de l'Est. ( Stuttgart, Sarrebourg, Strasbourg, Metz, Chalons-sur-Marne, Paris, Evreux, Lisieux, Caen, Carentan, Cherbourg, Bournemouth)
-Le quatrième, à 83m, aussi en direction de l'Est.( Tyrol, Zurich, Lucerne, Bâle, Mulhouse, Belfort, Vesoul, Chaumont, Troyes, Melun, Paris, Chartres, le Mans, Laval, Rennes, Saint-Brieuc, Guingamp, Morlaix, Brest, Atlantique)

Le courant acquifère le plus important, chargé en tellurisme éléctro-magnétique, donc à l'eau radio-active et curative, se dirige vers l'Est. ( Allemagne, Apperwiller, Erstein, sud de Strasbourg, Bar-le-Duc, Nancy, Toul, Vitry-le-François, Sézanne, Paris, Chartres, Chateaudun, Vendôme, Tours, Poitiers, Niort, La Rochelle où il se divise en deux branches: Ile de Ré, ile d'Oléron, Atlantique et Angoulême, Bordeaux, Saint-Jean-pied-de-Port et Espagne )



paris_599http://www.cathedraledeparis.com/FR/0.asp
http://ndparis.free.fr/
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cath%C3%A9drale_Notre-Dame_de_Paris
http://www.huysmans.org/troiseglise/dame.htm
http://www.astro-tradition.com/zodiaque-notre-dame.html
http://www.paris-pittoresque.com/monuments/6b.htm
http://endirectdelacave.wordpress.com/2007/02/06/ou-est-passe-le-corbeau-de-notre-dame/
http://www.cathedrale-paris.net/histoire.html#alchimie
L'ésotérisme des cathédrales de René et Claudine Bouchet
Mystérieuses cathédrales de Maurice Guingand

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Notre-Dame de Paris II

notre_dame_de_paris_plan_LecomteComme la plupart des cathédrales françaises, Notre-Dame de Paris a un plan en forme de croix latine. En voici les principales dimensions : façade, 40 mètres ; longueur totale dans œuvre, 130 mètres ; largeur d'une extrémité à l'autre du transept, 48 mètres ; élévation de la maîtresse voûte, 35 mètres ; élévation des tours au-dessus de la maîtresse voûte, 34 mètres ; hauteur totale des tours, 69 mètres ; longueur du chœur, 28 mètres sur 12 mètres de largeur. Superficie totale, 6,240 mètres carrés, donnant un cube de 218,400 mètres dans œuvre, non compris la surélévation des tours.


La cathédrale contient 5 nefs, 37 chapelles, 3 roses dont le diamètre est pour chacune de 13 mètres et demi,  113 fenêtres, 75 colonnes ou piliers libres, non compris les colonnes engagées, une tribune à jour régnant le long des murs de la nef centrale, et dont les baies sont séparées par 108 colonnettes.
La nef comporte dix travées, le chœur cinq. L'axe de celui-ci est légèrement dévié par rapport à l'axe de la nef. L'abside est semi-circulaire à cinq pans. La nef est flanquée de doubles collatéraux qui se prolongent par un double déambulatoire, le tout avec chapelle latérales (sauf sur les trois premières travées) et rayonnantes (soit 37 au total).







La nef

paris_152Construite avant le chœur, la nef relève du premier style gothique, avec voûtes sexpartites, cependant sans alternance de piles fortes et de piles faibles comme on le voit à Sens.




















paris_103Le transept, bien identifiable de l'extérieur du monument, ne fait pas saillie par rapport aux collatéraux et aux chapelle latérales. Il n'a pas de collatéraux.
L'élévation intérieure est à trois niveaux, avec grandes arcades, tribunes et fenêtres hautes.





paris_118Les façades nord et sud du transept s'ornent de magnifiques rosaces ornées de vitraux, parmi les plus grandes d'Europe (diamètre : 13 m).






 


Les tours

paris_024Au fil des ans, il a été suggéré à plusieurs reprises que les plans originaux de Notre-Dame prévoyaient deux flèches qui s’élèveraient des tours. Les solides clochers auraient pu sans aucun doute supporter de telles structures. Mais ce n’est pas pour autant qu’ils étaient censés être dotés de flèches. La cathédrale d’Amiens ainsi que d’autres cathédrales suivirent le modèle de Notre-Dame et ne possèdent pas non plus de flèches (cependant, la cathédrale de Reims aurait dû en posséder, selon les plans initiaux, mais elles ne furent jamais achevées). Pendant la restauration qui eut lieu entre 1844 et 1864, l’idée des flèches fut à nouveau suggérée. Le restaurateur Viollet-le-Duc, voulant à tout prix faire échouer le projet, dessina un plan très précis de la cathédrale avec de telles flèches afin de montrer à la population le résultat cauchemardesque auquel ce projet aboutirait. Ironiquement, certains experts ont affirmé depuis, sur la base de ses plans, que Viollet-le-Duc était lui-même en faveur de ces flèches.
L'assymétrie des tours est due le plus souvent aux forces cosmo-telluriques passant sous elles. L'une est dédiée au soleil, l'autre à la lune. Masculin, féminin, comme à Chartres.



La galerie des rois

paris_037bÀ vingt mètres du sol, une série de vingt-huit personnages royaux représente les vingt-huit générations des rois de Judée qui ont précédé le Christ. Chaque statue mesure plus de trois mètres cinquante de haut. Les têtes des statues datent du XIXe siècle et sont le produit des ateliers de sculpture du restaurateur Viollet-le-Duc. En effet, les statues d’origine furent décapitées en 1793 pendant la Révolution française par les Sans-Culottes , qui, à tort, croyaient que ces statues représentaient des souverains du royaume de France. Il ne reste aujourd’hui que des fragments des statues médiévales. Les têtes originales ont été retrouvées en 1977, à l'occasion de travaux entrepris pour la rénovation de l'hôtel Moreau dans le IXe arrondissement de Paris, et sont actuellement exposées au Musée de Cluny.

Le portail du Jugement Dernier

paris_581Il s’agit du portail principal de la cathédrale. Son imagerie est saisissante. Il représente le jugement dernier –lorsque, selon la tradition chrétienne, les morts ressuscitent et sont jugés par le Christ. Sur le linteau inférieur, on peut voir les morts sortir de leurs tombes. Au-dessus, un ange utilise une balance pour peser les péchés et les vertus. Les élus sont à gauche, et à droite, poussés par des démons aux regards diaboliques, les damnés enchaînés sont menés en enfer. Sur le tympan supérieur, le Christ préside cette cour divine.
Il s’agit là d’une démonstration bien concrète de l’imagerie chrétienne développée au Moyen Âge par l'Église, qui influence alors grandement le peuple.
La scène du Jugement Dernier figure également sur de nombreuses autres cathédrales.

Le parvis

paris_625_1Le parvis est la grande zone ouverte se trouvant juste devant la façade ouest. Le mot parvis vient du latin paradisius, paradis. Lorsque la cathédrale fut construite, le parvis était assez étroit. La cathédrale était située parmi d’innombrables bâtiments en bois de petite taille, telle que des maisons, boutiques et auberges. Le parvis conserva des dimensions modestes jusqu’au XVIIIe siècle, époque à laquelle l’architecte Beaufrand l’agrandit. Il fut remodelé à plusieurs reprises par la suite, notamment depuis 1960.

La façade ouest

paris_576La façade ouest est grosse, à la fois rigoureuse et linéaire, met en valeur de façon étonnante le cercle du vitrail de la rosace. De nombreux observateurs ont remarqué que l’effet général est semblable à celui d’une hostie. Trois portes donnent accès dans la cathédrale ; la plus vaste, celle du milieu, s'appelle la porte du Jugement ; à gauche, au pied de la tour du nord, s'ouvre la porte de la Vierge ; à droite, la porte Sainte-Anne s'ouvre au pied de la tour du midi.







Le portail de la Vierge

paris_033aCe portail est dédié à la Vierge Marie. La Vierge Marie se trouve en haut du tympan, assise à la droite du Christ; et un ange, se trouvant au-dessus d’elle, place une couronne en or sur sa tête. Notez la cannelure pointue dans le mur autour des arcs du tympan. Les bâtisseurs voulaient que ce portail soit différent des autres en l’honneur de la Vierge. Au-dessus du pilier trumeau se dresse une Vierge de pierre sculptée au XVe siècle, provenant de l'ancienne église de Saint-Aignan au Cloître ; elle a été placée là en 1818 ; elle y remplace une belle statue du XIIIe siècle représentant la Vierge portant son fils dans ses bras et foulant aux pieds le dragon, laquelle a été reléguée, on ne sait quand ni pourquoi, dans les magasins de l'église du chapitre, à Saint-Denis.


Le portail de Sainte Anne

paris_034aCe portail, dédié à la vie de Sainte Anne, la mère de la Vierge, est connue principalement en raison de la polémique concernant les deux personnages figurant sur le tympan. Autour d’un groupe comprenant une Vierge majestueuse tenant Jésus-Christ enfant dans ses bras et deux anges se trouvent deux personnages : un évêque et un roi. La tradition veut que ces personnages représentent l’évêque Maurice de Sully, fondateur de Notre-Dame, et Louis VII, roi de France à l’époque. Mais certains experts mettent en doute cette théorie et soutiennent que le personnage religieux est Saint Germain, évêque de Paris au VIe siècle, et que le roi est Childebert Ier, fils de Clovis. D’autres experts affirment même que ces personnages ne peuvent pas être identifiés.



Le balcon de la Vierge

paris_578Cette statue de la Vierge consacre la totalité de la façade à la mère du Christ. Elle fut commandée par Viollet-le-Duc pour remplacer la statue originale de l’époque médiévale, sévèrement endommagée par les années et les conditions climatiques. La rosace ouest se trouvant derrière cette statue constitue une auréole magnifique.

paris_604Viollet-le-Duc plaça également des statues d’Adam et Ève devant les baies de chaque côté de la rosace. Il s’agit là, d’après la plupart des experts, de l’erreur principale de Viollet-le-Duc dans une restauration qui, sinon, peut être qualifiée de remarquable.

paris_600 Tout semble prouver qu’aucune statue n’ait existé à cet emplacement. Les statues d’Adam et Ève auraient en fait dû être placées dans des renfoncements du mur le plus éloigné du bras sud du transept.

paris_605La Rose de la Vierge et son auréole de pierre: Il suffit d'être dans le bon axe et avec le recul nécessaire pour que la Vierge, Notre Dame finalement, ait la plus mémorable couronne qui soit : une rose pierre de 9,60 mètres de diamètre, édifiée entre 1220 et 1225.

Ce petit chef d'oeuvre, d'une grande pureté, n'est visible que d'un point précis du parvis, à une trentaine de mètres de la façade. Souvenons-nous qu'au Moyen Age, Notre Dame s'élevait au milieu des maisons et que le parvis n'avait qu'une trentaine de mètres de profondeur. La statue a donc été placée sur un piédestal très précisément calculé pour que le visiteur, en débouchant sur la place, soit immédiatement frappé par le spectacle de la Vierge couronnée... Oui, oui, ça c'est ce que disent les livres! Mais...

Mais deux petites remarques: la perspective ne joue vraiment que lorsqu'on se place plus loin, à un endroit où s'élevaient des maisons; ensuite, ces statues ne sont pas d'origine, mais ont été dessinées, comme beaucoup, par Viollet-le-Duc. Alors... Qu'importe, après tout. L'histoire est belle, même si elle prête un peu trop au génie de nos architectes du moyen âge.

Les rosaces

paris_023aAu Moyen-Age, toutes les baies de Notre-Dame de Paris étaient garnies de vitraux magnifiques. Tout a été détruit au 18ème siècle, à l'exception des trois grandes roses, de qualité exceptionnelle. Au 19ème siècle, Viollet-le-Duc et son équipe ont créé de nouveaux vitraux dans le style médiéval pour les chapelles latérales et celles du déambulatoire.

paris_579aLes trois grandes roses de Notre-Dame de Paris sont la rose Ouest (1220), au-dessus du grand orgue qui la cache à moitié, et les deux roses symétriques des transepts Nord (1250) et Sud (1270) qui, selon la tradition, auraient été données par saint Louis. Les vitraux des trois roses sont restés en grande partie d'origine, malgré les indispensables nettoyages et restaurations.

paris_111La rose Ouest est constituée d'un médaillon central représentant la Vierge à l'Enfant, entourées de trois bandes circulaires concentriques. En partant du centre on observe tout d'abord la série des douze petits prophètes, qui ont annoncé l'Incarnation de Jésus. Les deux bandes circulaires extérieures opposent en haut douze vertus et douze vices; en bas, elles associent les travaux des mois aux douze signes du zodiaque. Le nombre douze, produit de trois par quatre (trois, symbole de la Trinité, quatre, symbole des choses terrestres) est le symbole de l'Incarnation.

paris_140aLa rose Nord est consacrée à l'Ancien Testament. Sa dominante violette est signe d'attente et d'espérance de la venue du Messie. En trois cercles sont représentés quatre-vingts personnages: prophètes, rois, juges et grands prêtres. Au centre se trouve à nouveau la Vierge à l'Enfant, réalisation de la promesse et de ce fait jonction entre l'Ancien et le Nouveau Testament.

paris_113La rose Sud est celle du Nouveau Testament, à dominante rouge et beaucoup plus lumineuse du fait de son orientation. Elle comprend quatre-vingt-quatre médaillons répartis sur quatre cercles et figurant des apôtres, des martyrs, des évêques, ainsi que des scènes de l'Évangile. Le médaillon central, création de l'atelier de Viollet-le-Duc, représente le Christ de l'Apocalypse entouré du tétramorphe.
Les claires-voies sous les deux roses représentent l'une les dix-huit rois de Juda, l'autre les seize prophètes, les quatre du centre portant sur leurs épaules les quatre évangélistes. Ces vitraux ont été refaits au 19ème siècle par l'atelier de Viollet-le-Duc.

Le portail de Saint Étienne

Cparis_063aette porte se situe au niveau du bras sud du transept. Le tympan raconte la vie du premier martyr chrétien, Saint Étienne, selon les actes des apôtres.






Le portail du cloître

paris_076Ce portail se situe au niveau du bras nord du transept. Le linteau inférieur représente des scènes de l’enfance du Christ. Ces sculptures sont parmi les plus belles œuvres sculptées sur ce thème.

Le portail rouge

Le maître d’œuvre Pierre de Montreuil construisit cette petite porte, appelée pour des raisons évidentes «le portail rouge», entre 1250 et 1270. Louis IX, mieux connu sous le nom de Saint Louis, l’avait commissionnée. Il est présentée sur le tympan à gauche de la Vierge, couronné par un ange. L’épouse de Saint Louis, Marguerite de Provence, se trouve à droite du Christ.




Portail méridional de Notre-Dame de Paris

paris_064aLa porte de la Vierge, comme la porte Sainte-Anne ou du Midi, est garnie d'admirables ornements ou pentures en fer forgé, qui recouvrent les vantaux de bois. Travaillées en arabesques légères, fleurs et feuillages, rinceaux et animaux, elles tiennent le premier rang parmi les pièces capitales de la serrurerie aux XIIe et XIIIe siècles. Elles ressortent gracieusement sur l'enduit rouge dont on a recouvert les vantaux. Ces merveilles de l'art du fer forgé sont si belles que le peuple ne voulut pas croire qu'elles eussent été exécutées par le marteau d'un simple forgeron. Celui-ci aurait eu recours au diable, ce qui lui valut le surnom de Biscornette. Mais l'assistance du malin ne servit de rien pour la porte centrale par laquelle sort le saint sacrement les jours de solennité ; Biscornette ne parvint jamais à la ferrer, Il paraît que les architectes de nos jours usaient de sortilèges plus puissants, car ils ont ferré la grande porte avec des pentures très habilement copiées sur les portes latérales.



L’abside

paris_081L’abside est constituée par un demi-cercle situé dans la partie la plus à l’est de la cathédrale. Elle fut bâtie durant la première phase de construction, de 1163 à 1180. Une série d’arcs-boutants admirables soutient son mur supérieur arrondi. Elle est décorée de sculptures et de panneaux représentant entre autres des épisodes de la vie de la Vierge.







Le toit

paris_212Dans son testament, Maurice de Sully laissa la somme de cinq mille deniers pour le toit de la cathédrale, qui n’était recouvert que de matériaux temporaires jusqu’à sa mort en 1196. Le toit est recouvert de 1326 tuiles de plomb. Le poids total de ces tuiles est estimé à plus de deux tonnes.


La flèche

paris_016La première flèche fut construite au-dessus de la croisée du transept au milieu du XIIIe siècle. Des flèches aussi hautes souffrent du vent qui plie et affaiblit leurs structures. La flèche est déformée lentement, les solides se faussent, jusqu’à l’écroulement total. La flèche d’origine fut démontée en 1786, après plus de cinq siècles d’existence. La cathédrale resta sans flèche jusqu’à la restauration dirigée par Viollet-le-Duc au milieu du XIXe siècle. Cette flèche est gardée par les statues des 12 apôtres (disposées en quatre rangées - une à chaque points cardinaux - de 3 apôtres, ceux ci étant placés les un dessous des autres). Tous sont tournés vers Paris, excepté l'un d'eux, Pierre. Celui ci ressemble étrangement à Viollet-le-Duc, l'architecte de la flèche. Il s’agit là d’une petite plaisanterie historique de ce grand architecte et restaurateur.




La cloche

paris_186Le grand bourdon dont parle François Villon dans son Grant Testament, daté de 1461, avait été donné en 1400 à la cathédrale par Jean de Montaigu, frère de l'évêque de Paris, qui l'avait baptisé Jacqueline, du nom de sa femme Jacqueline de La Grange. Jacqueline fut refondue en 1686 par les maîtres fondeurs Chapelle, Gillot, Moreau et Florentin Le Guay, et reçut un nouveau baptême au nom de Louise-Marie-Thérèse, reine de France, femme de Louis XIV. Jacqueline ne pesait que quinze milliers (7,500 kilogrammes). Marie-Thérèse pèse un peu plus du double (16,000 kilogrammes ou 16 tonnes métriques). Le battant pèse à lui seul 485 kilogrammes. L'épaisseur de la cloche est de 28 cm ; le périmètre en est de 4 mètres. Une inscription latine, placée en relief, relate ses aventures et ses transformations.

paris_189 Le bourdon "Emmanuel-Louise-Marie-Thérèse" est situé en haut des 422 marches de la Tour sud. On racconte que quand elle fut refondue en 1631, les femmes jetèrent dans le métal fondu leur bijoux en or, donnant à la cloche son ton unique en Fa dièse.
Il ne sonne qu'aux grandes fêtes de l'année: Noël, les Rameaux, Pâques, l'Ascension, la Pentecôte, l'Assomption et la Toussaint, ainsi qu'à l'occasion de cérémonies exceptionnelles.
Quatre autres cloches sont dans la tour Nord depuis 1856, en remplacement de celles du Moyen Age envoyées à la fonte en 1791 pour faire des canons.
Elles sonnent trois fois par jour pour l'Angélus à 8 heures, 12 heures et 19 heures et aussi pour l'Office cathédral en semaine. Les dimanches et jours de fête, elles sonnent à 9h 45 et 15h 45.
La volée "à la corde" a été remplacée par l'utilisation d'un pédalier au 19ème siècle.
Maintenant la sonnerie est télécommandée électriquement.

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Notre-Dame de Paris I

paris_007La cathédrale actuelle n’est pas le premier édifice construit sur ce site.






paris_012aDes éléments sculptés datant du règne de l’empereur Tibère (14-37 après J-C) et retrouvés sous le chœur de la cathédrale  permettent de penser que la partie orientale de l’île de la Cité abritait déjà dans l’Antiquité un lieu de culte dédié à des divinités gauloises et romaines.

Paris_000En 1711, les architectes du roi, voulant construire dans le chœur un caveau pour la sépulture des archevêques, y creusèrent une tranchée ; on fouilla jusqu'à cinq mètres, et le 16 mars, la pioche des ouvriers rencontra, à deux mètres du sol, deux anciens murs appliqués l'un à l'autre, qui traversaient ensemble toute la longueur du chœur ; un de ces murs avait un mètre et demi d'épaisseur, l'autre environ quatre-vingts centimètres ; celui-ci paraît avoir été le plus ancien, car ce fut là qu'on trouva employées, au lieu de libage, neuf pierres antiques, chargées de bas-reliefs ou d'inscriptions.

paris_300aCes précieux monuments, taillés dans une pierre analogue à la pierre tendre de Saint-Leu, sont placés dans la grande salle du palais des Thermes, dépendant du musée de Cluny, sous le nom de ‘‘pilier des Nautes’’.


paris_062aL 'obscurité qui enveloppe les commencements de notre histoire s'étend également sur l'origine de Notre-Dame. Il est difficile de découvrir, au milieu des récits contradictoires que l'on trouve dans nos anciens historiens, quel fut le saint ou le roi qui jeta les fondations de cette église. On rencontre beaucoup de fictions, on se perd dans une foule de conjonctures. Ainsi, les uns prétendent que saint Denis posa la première pierre de l'église Notre-Dame. Est-ce dans la cité, est-ce dans les faubourgs ? c'est ce qu'ils ne décident pas. Lui donna-t-on d'abord le nom de Notre-Dame ou celui de Saint-Denis du Pas ? c'est ce qu'ils ignorent. Or, tout porte à croire que l'intervention de saint Denis dans la construction de cette église doit être complètement écartée.
En effet, Grégoire de Tours nous apprend que saint Denis est venu à Paris lorsque cette ville n'était encore que « Lutèce, entourée de la Seine, située dans une île peu étendue, où l'on aborde des deux côtés par des ponts en bois, » comme dit Julien, dans le IIIe siècle, sous l'impérialat de Dèce.

Paris_00fDans ce temps, Paris avait pour pontifes les Druides ; pour cérémonies religieuses, des sacrifices humains ; pour foi, l'idolâtrie et la haine du christianisme. Saint Denis et ses néophytes ne pouvaient célébrer les saints mystères que dans des souterrains, dans des endroits écartés de la ville, appelés cryptes, que l'on suppose avoir été dans l'emplacement où se trouve le quartier Saint-Germain-des-Pré : il est donc très peu probable que les Gaulois, qui auraient sacrifié les chrétiens sur l'autel des Druides, eussent toléré la construction d'une église catholique dans l'enceinte même de la ville naissante.


paris_008A quelle époque l'autel de Jupiter fut-il renversé ? On l'ignore, mais évidemment sa disparition coïncide avec l'introduction du christianisme dans la ville ; des titres authentiques prouvent qu'il était remplacé par une église dès la fin du IV ème siècle. Cette église primitive fut reconstruite par Childebert Ier avec une magnificence que décrit l'évêque poète Fortunatus. En 1847, les substructions de cette splendide basilique aux colonnes de marbre furent mises au jour par des fouilles entreprises au parvis Notre Dame de Paris. Les fondations de l'église de Childebert, enfouies là depuis dix siècles, se confondaient avec celles de plusieurs maisons romaines qu'on avait rasées pour élargir son emplacement.

paris_575aOn retrouva une partie de la mosaïque en petits cubes de marbre de diverses couleurs dont le sol des nefs était pavé, trois colonnes en marbre d'Aquitaine, qu'on appelle grand antique, et un chapiteau corinthien en marbre blanc de sculpture mérovingienne. Les colonnes et le chapiteau sont exposés au musée de Cluny, qui les indique sur son catalogue non pas comme provenant de la basilique de Childebert, selon l'opinion de Guilhermy, mais du temple païen qui aurait précédé cette basilique. La plus complète de ces colonnes a conservé son astragale et son chapiteau corinthien dans le style latin, particularité qui semble donner raison au catalogue de Cluny.

paris_578Ceci ne doit pas nous surprendre, en effet, il n’est pas rare de retrouver des vestiges de temples païens à l’emplacement des églises actuelles, l’Église ayant pris l’habitude d’évangéliser les populations en conservant la localisation des anciens lieux de culte, tout en modifiant le sens de la démarche des fidèles, en les christianisant.



paris_022aDes fouilles plus récentes ont permis de mettre au jour des fragments de mosaïques, de colonnes et de chapiteaux antiques ainsi que d’un chapiteau d’époque mérovingienne et ont révélé les soubassements d’une ancienne église à cinq nefs construite sur le modèle des basiliques constantiniennes (IV ème siècle).
La première église de Paris, reconnue pour cathédrale per le célèbre Grégoire de Tours, était située sous les premières travées actuelles de Notre-Dame, mais alors dédiée à Saint Etienne, le premier des martyrs. Les documents historico-religieux nous présentent cette première cathédrale comme possédant un narthex avec un clocher-porche, couverte de charpentes en bois. On nous décrit son intérieur comme particulièrement luxueux, tant par la décoration que par le mobilier qu'elle contenait.

paris_069Vers la fin du VI ème siècle, l'emplacement actuel de la cathédrale était occupé par deux édifices distincts : l'un,  Saint-Étienne,  le plus important, s'élevait au midi ; l'autre, titré de Sainte-Marie, plus à l'orient et vers le nord. C'est dans la nef de Saint-Étienne que s'assembla, en l'an 829, le célèbre concile de Paris. En 857, alors que Paris était ravagé par les Normands, l'évêque Énée ne put racheter que Saint-Étienne et laissa brûler Sainte-Marie. Celle-ci ne tarda cependant pas à sortir de ses ruines et fut généralement désignée sous le nom d'église neuve, par opposition à celle de Saint-Étienne, qui était beaucoup plus ancienne. Les rois capétiens avaient pris en affection l'église de la Vierge, à laquelle l'archidiacre Étienne de Garlande, mort en 1142, fit faire d'importantes réparations, et à laquelle l'abbé Suger donna un très beau vitrail. Ce fut Maurice de Sully, évêque de Paris de 1160 à 1196 et le soixante-douzième successeur de saint Denis, qui conçut le projet d'édifier une grande cathédrale sur l'emplacement des deux églises, en les réunissant.

paris_067aToujours est-il qu’au début du XII ème siècle, il s’avérait indispensable de rénover ce bâtiment devenu vétuste. L’archidiacre de Paris, Étienne de Garlande fit faire à l’édifice des travaux importants notamment un portail consacré à la Vierge qui a été remonté par la suite dans le portail Sainte-Anne de l’actuelle cathédrale.

paris_072Il faut aussi s’imaginer que le fidèle du début du XII ème ne se trouvait pas face à un édifice unique: il y avait déjà, jouxtant la cathédrale au nord, un baptistère, Saint-Jean-le-Rond, cité dans les textes dès le VI ème siècle, ainsi qu’un vaste enclos réservé aux maisons des chanoines. De plus, il existait aussi un palais épiscopal, à l’est de l’île, et un hôpital.

paris_088À Paris au XII ème siècle, l’initiateur du projet est sans conteste l’évêque Maurice de Sully. Fils de paysans de Sully sur Loire, il ne disposait pas de revenus personnels pour financer les travaux, par contre il a remarquablement bien géré les biens ecclésiastiques affectés à sa charge (la mense épiscopale) et sa participation financière a été capitale. Ses successeurs: Eudes de Sully, mais aussi des hommes comme Guillaume d’Auvergne ou Simon Matifas de Buci auront à cœur de mener le chantier à son achèvement ou d’apporter à l’édifice des modifications d’envergure.

paris_171L’évêque était secondé dans sa tâche par le chapitre, institution qui depuis le IX ème siècle regroupe tous les chanoines desservant la cathédrale. Faute de documents, on ne sait pas si le chapitre est intervenu de façon régulière dans le financement du chantier au XII ème siècle. En revanche, au XIII ème siècle, ce chapitre qui dispose d’une partie de la mense épiscopale et de biens propres prend une part de plus en plus importante dans la gestion du chantier, particulièrement en ce qui concerne l’hôtel-Dieu.


paris_183Contrairement à certaines idées reçues, le roi n’intervient pas dans l’édification de Notre-Dame de Paris. Même si Louis VII a fait un don avant sa mort en 1180, même si les personnages royaux agenouillés au tympan de la ‘‘porte Rouge’’ sont traditionnellement considérés comme saint Louis et Marguerite de Provence, laissant penser que la royauté aurait participé directement au chantier de Notre-Dame, ce pour quoi nous n’avons malheureusement aucun document, la cathédrale ne peut pas être considérée comme un chantier royal.

paris_199Quant à la participation des bourgeois (sont bourgeois ceux qui habitent à l’intérieur des murs de la ville), elle est d’ordre financier et prend la forme d’offrandes; cette pratique des offrandes ne fait d’ailleurs pas l’unanimité parmi le clergé et Pierre le Chantre, doyen du chapitre vers 1180, la critique vivement.

paris_215Si la participation financière du peuple est bien réelle, sa participation au chantier relève plus du mythe que de la réalité. La conception d’un ouvrage aussi grandiose nécessite l’intervention de spécialistes et ce sont des corps de métiers spécialisés et organisés qui travaillent sur le chantier, les tâches de manoeuvres étant confiées à des hommes recrutés sur place et payés à la journée.

Parmi ces hommes de métiers, les architectes sont les plus importants: véritables hommes de science, on leur attribue même le titre de ‘‘maîtres lapicides.’’

Malheureusement, à Notre-Dame, nous ne connaissons pas les noms des premiers architectes des XII ème et XIII ème siècles. Le premier nom qui nous soit parvenu est celui de Jean de Chelles. Il agrandit le transept nord et entreprit la construction du transept sud, mais il disparut en 1258 et c’est son successeur, Pierre de Montreuil, qui poursuivit les travaux. Puis vinrent Pierre de Chelles qui modifia le chevet et lui donna son aspect actuel, et Jean Ravy, qui termina la clôture du chœur.



I er siècle  La partie orientale de l’île de la Cité abritait déjà dans l’Antiquité un lieu de culte dédié à des divinités gauloises et romaines
IV ème      Construction d'une église par Childebert
VI ème      Présence de deux églises: St Etienne et Ste Marie
829      Premier concile de Paris
857      Destruction de Ste Marie par les Normands
1142    Étienne de Garlande, mort en 1142, fit faire d'importantes réparations sur St Etienne,  l'abbé Suger donna un très beau vitrail.
1163     Pose de la première pierre de Notre Dame par Louis VII et le pape Alexandre III
1177     Fin de la construction du choeur
1182     Consécration du maître-autel devant cardinal légat du pape
1182     Fin de la construction de la nef et du transept
1196     Mort de l'évèque de Paris Maurice de Sully, nomination de son successeur, Eudes de Sully
1208     Fin de la construction et de la décoration des portails de la façade
1230     Agrandissement des fenêtres de la partie haute de la nef
1240     Fin de la construction de la tour sud - abandon du projet de flêches sur les tours
1250     Fin de la construction de la tour nord et de la galerie reliant les deux tours
1258     L'architecte Jean de Chelles prend la direction des travaux : on lui doit la façade nord du transept
1265     L'architecte Pierre de Montreuil succède à Jean de Chelles : on lui doit le façade sud du transept
1296     L' architecte Pierre de Chelles succède à Pierre de Montreuil
1318     L'architecte Jean Ravy succède à Pierre de Chelles : on lui doit les chapelles au nord du choeur et les arcs-boutants
1344     L'architecte Jean le Bouteiller, neveu de Jean Ravy, prend sa suite
1363     L'architecte Raymond du temple prend la direction des travaux
1430     Couronnement d'Henri VI roi d'Angleterre
1455     Début du procès de réhabilitation de Jeanne d'Arc
1572     Mariage d'Henri de Navarre, futur Henri IV, avec Marguerite de Valois
1638     Naissance de Louis XIV. Son père prononce alors un voeu et promet de "reconstruire le Grand Autel de l'église cathédrale de Paris"
1699     Louis XIV confie à Robert de Cotte la réalisation des travaux pour respecter le voeu de Louis XIII. Il en résultera la destruction du jubé, des stalles et du maître-autel. Quant aux murs, ils seront badigeonnés de blanc.
1730     Installation du Grand orgue de François Thierry
1741     Poursuite des travaux pour le voeu de Louis XIII : Levieil remplace les vitraux du choeur par du verre blanc
1771     Soufflot détruit le trumeau du portail central qui gênait les processions et empêchait le passage du dais
1783     François-Henri Clicquot entreprend la transformation du grand orgue
1792     Les émeutiers de la révolution abattent les statues de la galerie des rois et font démonter la flêche - La cathédrale est rebaptisée "temple de la Raison" puis transformée en entrepôt.
1802     Bonaparte rétablit le culte dans le cathédrale, conséquence de la signature du concordat
1804     Sacre de Napoléon 1er en présence du pape
1831     Victor Hugo publie Notre Dame de Paris
1843     Les architectes Jean-Baptiste Lassus et Eugène Viollet-le-Duc se voient confier la restauration de    la cathédrale
1857     Mort de Jean-Baptiste Lassus. Viollet-le-Duc prend seul la direction des travaux
1864     Achèvement des travaux de restauration
1868     Restauration du grand orgue de Cliquot par Aristide Cavaillé-Coll
1871     Des chaises et des bancs sont arrosés de pétrole et enflammés. L'incendie est évité de justesse.
1970     Nettoyage des façades
1977     Les têtes des rois de la galerie de la façade ouest, décapitées par les révolutionnaires en 1792, sont retrouvées dans les sous sol de
            la Banque française du commerce extèrieur et transportées au musée de Cluny
1988     L'architecte Bernard Fonquernie prend la direction des travaux de restauration qui se poursuivent
            encore

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