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31 mai 2023

Manosque, Notre-Dame-de-Romigier

 

Manosque, historique

 

Manosque fouilles 1On sait, d’après les vestiges retrouvés en centre-ville près de l’église de Notre-Dame-de-Romigier, que le site de Manosque fut occupé dès le Néolithique (IIIe millénaire avant notre ère) et que cette occupation fut poursuivie de façon continue jusqu’à l’époque romaine (des fouilles archéologiques ont mis à jour les vestiges d’un premier centre urbain du IIIe siècle dans ce secteur), et le haut Moyen-âge.

 

 

 

 

Manosque 1D’autres habitats castraux étaient établis sur les hauteurs des cinq collines avoisinantes, comme les castrums du Mont d’Or, de Toutes Aures, de Montaigut, Saint-Pierre et Saint-Maxime. Vers l’an 900, les Sarrasins pillèrent et incendièrent la ville. Les habitants revinrent peu à peu s’installer et Manosque en se développant se dota de remparts ouverts par des portes posées aux quatre points cardinaux. Deux ont survécu au temps.

Manosque 2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’église Notre-Dame-du-Romigier

 

Manosque église ND de Romigier 3C'est vraisemblablement au cinquième siècle que la première église de Manosque fut construite et dédiée à Notre-Dame. Cette église primitive fut bâtie sur l’emplacement d’un ancien sanctuaire dédié à Cybèle, déesse de Phrygie dont le nom signifie la caverne. C’est la personnification des forces naturelles, la Magna Mater, la Grande-Déesse, mère des Dieux, l’initiatrice adoptée par la suite par les Grecs puis les Romains.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cybèle 2Les anciens mystères phrygiens comprenaient un rituel d’initiation où un taureau était sacrifié. Pour de nombreux historiens, la Vierge Marie aurait hérité de ses symboles et de ses fonctions. De cette époque furent retrouvés, concentrés autour de l’église, des éléments qui témoignent d’une vie communautaire déjà organisée (céramique fine estampée grise des Ve et VIe siècles, des sculptures du VIIIe).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque église ND de Romigier 2C’est après la destruction de la ville par les Sarrasins vers l’an 900 que l’église fut reconstruite. On a fêté le millénaire de l’église en 1960 mais les travaux de construction ne furent achevés qu’autour de 980. L’église de Notre Dame devint le lieu le plus important de la ville autant sur le plan religieux que sur celui des affaires de la cité. Une charte de l’abbaye de Saint-Victor datée de 984 relate la présence de Guillaume 1er, comte de Provence, dans l’église où il tenait ses cours de justice. Guillaume 1er, dit le Libérateur, est célèbre pour avoir vaincu et chassé les Sarrasins de Provence en 979.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque église ND de Romigier 10A cette époque, l’église et ses dépendances constituaient un prieuré placé sous l’autorité de l’abbaye Saint-Victor de Marseille. Jusqu’au XIIe siècle, Notre-Dame restera la seule église paroissiale de la ville. De nombreux miracles furent attribués à la Vierge noire de Notre-Dame de Romigier. Cette reconnaissance suscita la jalousie de l’autre église de Manosque, Saint-Sauveur, construite entre le XIIe et le XIVe siècle et dépendante du chapitre de Forcalquier, qui devait recevoir beaucoup moins de dons.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque église ND de Romigier 21Au début du XVIIe, la voûte, effondrée suite à un tremblement de terre, fut reconstruite. L’église fut transformée en magasin de fourrages durant la période de la Révolution après le pillage et le saccage du mobilier. Heureusement, encore une fois, la Vierge noire fut cachée et protégée de la fureur destructrice des hommes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque église ND de Romigier 26aDans la deuxième moitié du XIXe siècle (entre 1886 et 1890) elle fut entièrement rénovée par des artistes italiens et la Vierge noire fut posée dans une niche tapissée d’un tissu bleu qui ne la mettait pas en valeur.. Restaurée dans les années 1970, elle n’est véritablement réouverte au culte qu’en l’an 2000.

Manosque église ND de Romigier 27a

 

 

 

 

 

 

 

Description

 

Manosque église ND de Romigier 18L’église Notre-Dame-de-Romigier est un édifice de style roman remanié au cours des siècles.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque église ND de Romigier 6Les travées 2 et 3 sont les seuls vestiges de l’édifice du Xe siècle. Elles sont séparées par des pilastres flanqués de quarts de colonnes engagées et surmontés de frises-chapiteaux très finement décorés.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque église ND de Romigier 7Les murs latéraux, massifs, dont on remarquera le dévers, sont ornés d’arcs de décharge à double rouleau très large et pas très haut.

Manosque église ND de Romigier 19

 

 

 

Cette nef romane en voûte d’arêtes nervurées se prolonge par une travée de chœur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque église ND de Romigier 22Se substituant très vraisemblablement au sanctuaire du Xe siècle, le chœur actuel, composé d’une abside pentagonale flanquée d’absidioles également pentagonales, précédées de petits croisillons réunis par un passage assez étroit à la travée de chœur, correspond à une extension du monument réalisé dans la première moitié du XIIIe siècle.

 

 

 

 

 

Manosque église ND de Romigier 8L’abside centrale, éclairée par trois baies qui s’ouvrent sur une arcature de plein cintre, est couverte d’une voûte d’arêtes dont les nervures, rayonnant autour d’une clef ornée de l’Agneau pascal, prennent appui sur des colonnettes.

Manosque église ND de Romigier 5

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque église ND de Romigier 20Les bas-côtés ainsi que la première travée de la nef, bien que du XVIIe siècle, sont également couverts d’une voûte d’arêtes nervurées.

Manosque église ND de Romigier 19

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque église ND de Romigier 25Le portail occidental, très sobre, présente un tympan sans sculpture et un encadrement renaissance. Cet encadrement, abimé au cours des ans, se trouvait dans un état lamentable il y a 30 ans. Il a été restauré ainsi que le parvis.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque église ND de Romigier 3Le chevet roman est décoré de petites arcatures saillantes portées par des modillons historiés.

Manosque église ND de Romigier 1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le pentagramme

 

Manosque église ND de Romigier 23Sur le parvis de l’église apparait un pentagramme, une étoile à 5 branches fabriquée en mosaïque de cailloux noirs et blancs et de briques rouges, les trois couleurs du Grand Œuvre. Ici, ce pentacle (étoile à cinq branches composée grâce au tracé des diagonales du pentagone régulier) est censé, d’après les guides de voyage, être la représentation des 5 plaies du Christ. Le pentagramme est fondé sur le nombre 5, union du 2, principe féminin et du 3 masculin. Il représente donc l’union des contraires ou l’androgynie. Le pentagramme droit (pointe en haut) représente l'esprit sur la matière, le pentagramme inversé (pointe en bas) représente le contraire, la matière sur l'esprit.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque église ND de Romigier 24Déjà utilisé chez les Sumériens chez qui il représentait les cieux et les 4 directions de l’espace, il devint signe de reconnaissance chez les pythagoriciens (selon Pythagore, le pentacle est un signe symbolisant l'harmonie, la beauté et la santé et il ouvre la voie du secret). Chez les gnostiques, il était le symbole des 5 éléments (esprit, terre, eau, feu et air). Plus tard, il prendra, en plus de sa représentation symbolique de la connaissance, une connotation magique et les adeptes de magie s’en serviront comme moyen de conjuration et d’acquisition.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Vierge noire

 

Manosque église ND de Romigier 10Sculptée dans une seule pièce de bois d’aulne, elle mesure 70 cm de haut, 24 de large, 18 d’épaisseur.

C’est une Vierge en majesté, assise sur une cathèdre. Elle tient l’enfant sur son genou gauche. Elle est vêtue à la mérovingienne d’une tunique, d’une longue robe ornée d’une large bordure (stola), et d’un manteau fermé d’une agrafe ronde (pallium). Sa tête, portant une couronne, est couverte et encadrée d’un voile court. Sa main gauche repose sur la cuisse de l’enfant, sa main droite a disparu.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque église ND de Romigier 12L’enfant est vêtu d’une robe longue et d’un manteau revenant sur ses genoux et décoré d’un col à large bordure. Il porte lui aussi une couronne de style mérovingien.  

Lors de sa restauration en 1993 elle perdit sa couleur noire et des traces de polychromie apparurent sur les vêtements : du bleu pour la robe de la Vierge, du rouge pour celle de l’enfant.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque église ND de Romigier 11Les experts délégués par les Monuments historiques l’ont datée du Xe siècle ce qui fait que Notre-Dame du Romigier est l’une des plus anciennes Vierges noires de France.

Elle est classée aux Monuments Historiques depuis 1909.  Au XIXe siècle, la statue était recouverte de vêtements et d’étoffes luxueuses comme on peut encore le voir sur les ex-voto qui la représentent.

Elle avait le pouvoir de ramener à la vie les enfants mort-nés le temps de leur baptême. Cette Vierge Noire était particulièrement invoquée pour protéger les femmes en couches, pour redonner la vie aux enfants mort-nés et contre les chutes mortelles.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La légende de la Vierge noire

 

Manosque église ND de Romigier 8Une très ancienne légende parle de la vénération des habitants de Manosque pour une antique statue de la Vierge. Beaucoup de gens venaient en pèlerinage l’invoquer pour sa protection. Vers l’an 900, Manosque fut pillée et incendiée par les Sarrasins. La statue fut cachée puis oubliée. Les habitants, qui s’étaient réfugiés dans les collines environnantes du Mont d’Or, de Toutes Aures et de Montaigut, revinrent peu à peu s’établir dans le bourg. Dans la ville, en partie reconstruite, les jardins et les petits champs labourés étaient nombreux.

Un jour vers l’an 973, un paysan défrichait et labourait près des ruines de l’ancienne église dédiée à la Vierge. Ses bœufs soudainement s’arrêtèrent devant un roncier (roumi en provençal). Le laboureur mit le feu au buisson et reprit son travail mais son attelage refusa d’avancer et les bœufs s’agenouillèrent. Stupéfait, le paysan appela les passants et ensemble ils décidèrent de creuser là où se trouvait le roncier. Ils trouvèrent alors un sarcophage sculpté en marbre blanc. Ils firent venir un prêtre qui procéda à son ouverture. Le sarcophage contenait, enveloppé d’étoffes précieuses, une statue de la Vierge tenant son enfant sur ses genoux. Aussitôt la foule réclama la construction d’une église pour abriter la statue. Il fut décidé de relever de ses ruines l’antique église dédiée à Notre-Dame et on y installa la statue qui fut appelée Notre-Dame-de-Romigier en souvenir de sa découverte miraculeuse.

Le sarcophage a servi d’autel à la statue de la Vierge puis est devenu l’autel majeur de l’église.

 

 

 

 

 

 

Le sarcophage de l’Anastasis

 

Manosque église ND de Romigier 14Classé monument historique le 25 janvier 1898, l’autel majeur est un sarcophage paléochrétien en marbre de Carrare attribué aux ateliers d’Arles et daterait de la fin du IVe siècle ou du début du Ve.

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque église ND de Romigier 15En haut relief, sous la voûte céleste suggérée par des étoiles, sont représentés les 12 apôtres faisant le geste d’acclamation vers le signe de la résurrection, la croix de l’Anastasis (mot grec signifiant résurrection, action de se relever, utilisé pour dénommer le sanctuaire de la Résurrection abritant, à Jérusalem, le tombeau du Christ). Cette croix coiffée d’une couronne a disparu lors de la restauration du tombeau. De part et d’autre de son emplacement, le soleil et la lune. Au pied, deux soldats à qui il manque la tête sont les gardiens du sépulcre.

 

 

Manosque église ND de Romigier 17Sur la face latérale gauche, le péché originel : Adam et Eve au jardin d’Eden.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque église ND de Romigier 16Sur la face droite, 3 hébreux ayant refusé d’adorer la statue d’or de Nabuchodonosor, sont jetés dans la fournaise : ils chantent et ne brûlent pas. Le roi reconnait alors qu’il n’y a pas d’autre Dieu qui puisse délivrer ainsi (Livre du prophète Daniel, ch.3).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La croix de pierre

 

Manosque église ND de Romigier 13C’est une croix du début du XVIe siècle qui se trouvait dans le cimetière de l’église Notre-Dame, placée à l’intérieur de l’église au XIXe siècle. Du côté visible elle porte l’image de la Vierge, de l’autre le Christ en croix posant les pieds sur un crâne. Elle est entourée d’un décor gothique, le seul de tout l’édifice.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

https://notre-dame-de-romigier.jimdofree.com/historique/

https://www.ville-manosque.fr/

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Notre-Dame-de-Romigier_de_Manosque

http://www.paleotime.fr/rue-sans-nom-manosque-alpes-de-haute-provence/

 

 

 

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31 mai 2023

La chapelle Saint-Pancrace de Toutes Aures

La chapelle Saint-Pancrace

 

Manosque chapelle Toutes Aures 9Dominant la ville de Manosque, la colline de Toutes Aures porte en son sommet, à 416 mètres d’altitude, une grande chapelle dédiée à saint Pancrace, appelé san Brancaï en provençal. Son nom lui vient de sa situation sur une hauteur exposée à tous les vents.

 

 

 

 

 

 

 

Manosque chapelle Toutes Aures 11Le bâtiment, tout en longueur, possède une entrée ornée d'un portail daté du XVIIe siècle. Il est abrité par un porche qui fut rajouté en 1756.

 

Manosque chapelle Toutes Aures 10

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque chapelle Toutes Aures 13Le bâtiment se prolonge côté ouest par un ermitage, proche du puits.

 

 

 

 

 

 

Manosque chapelle Toutes Aures 12Toutes Aures est le nom d’un village aujourd’hui disparu, celui-là même où s’étaient réfugiés une partie des habitants de Manosque lors de l’attaque des Sarrasins en 900. Il comptait deux églises et un château.

La première indication de l’existence d’une chapelle dédiée à Notre-Dame est fournie par une charte de donation de Guigues, comte de Forcalquier, aux Hospitaliers de Saint-Jean, en juin 1149.

En 1377, le village, déserté par ses habitants à cause du danger des bandes armées, est en ruine et ses églises est en très mauvais état. L’une d’elles fut restaurée en 1422 en utilisant les pierres des deux bâtiments puis elle fut dévastée par les Huguenots en 1561.

 

 

Manosque chapelle Toutes Aures 14En 1631, Manosque est victime d’une épidémie de peste qui dure d’août à novembre et emporte une grande partie des habitants. Les consuls font alors le vœu de reconstruire l’église de Toutes Aures et de venir en procession le 21 novembre de chaque année, jour de la présentation de la Vierge. Le sanctuaire, toujours sous la titulature de la Vierge, est reconstruit entre 1634 et 1637, mais les travaux ne sont vraiment achevés qu’en 1665. Le service dominical est assuré par des Carmes puis par un chapelain.

En 1708, suite à un tremblement de terre qui ébranle Manosque, les consuls font le vœu de venir en pèlerinage tous les ans, le dimanche suivant le 15 août (date de l’Assomption ou Dormition de la Vierge).

En 1710, les patrons de Manosque, saint Sébastien et saint Roch, furent détrônés par saint Pancrace dont le culte a été introduit par les Carmes.

Manosque chapelle Toutes Aures 4bLe culte du petit martyr prit de l’ampleur. Les Carmes de Rome offrirent à Manosque quelques fragments de ses os et le 12 mai 1712, la première fête de San Brancaï est célébrée à Toutes Aures. Les reliques firent naitre un pèlerinage annuel qui débuta en 1725. A l’occasion de ce premier romérage (pèlerinage ou encore roumavagi en provençal), un buste reliquaire de saint Pancrace en bois doré est installé en grande pompe dans la chapelle. Durant la Révolution l’édifice est dévasté et pillé, le buste est brûlé, mais les reliques furent sauvées. La chapelle considérée comme bien national fut mise en vente et achetée par quatre manosquins. Le romérage put reprendre dès 1795, le buste actuel du saint est installé en 1796.

 

 

Manosque chapelle Toutes Aures 15En 1921 la chapelle, alors propriété privée est acquise par le syndicat d’initiative qui la cède en juillet 2011 à la ville de Manosque.

Les derniers travaux de restauration ont été effectués de 2002 à 2004.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Légendes et histoires singulières

 

Manosque chapelle Toutes Aures 5aUne légende se mit en place lors de l’installation du buste reliquaire de saint Pancrace en 1796. Elle prétend que le sculpteur reçut le jour même la commande de la ville de Volx dont la patronne est sainte Victoire et que, confondant les deux commandes, il livra à Manosque l’effigie de la sainte. Effectivement… Le buste de saint Pancrace représente une personne ressemblant plus à une femme qu’à l’adolescent de Phrygie que fut saint pancrace à sa mort en martyr à 14 ans en 304. Et inversement, le buste que reçut l’église de Vox (anciennement l’église abbatiale Notre-Dame de Baulis) ressemble plus à un jeune homme qu’à une Victoire !

Manosque chapelle Toutes Aures 5b1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque chapelle Toutes Aures ErmiteDepuis le XIIe siècle un ermite réside presque sans interruption et assure l’accueil. Le dernier ermite de Toutes Aures, le frère Cyril Barbier et son neveu, furent assassinés le 17 août 1900. Le meurtrier fut arrêté puis relâché à cause d’une erreur du médecin légiste sur l’heure de la mort de l’ermite.

 

 

 

 

 

Manosque chapelle aioliLa procession des reliques fut installée chaque 21 novembre à partir de l’épidémie de peste de 1631. A la suite du tremblement de terre de 1708, une nouvelle procession annuelle fut instaurée chaque dimanche suivant le 15 août. Puis une autre fête prit place le 12 mai, fête du saint patron de la ville (fête actuelle le deuxième week-end de mai), puis chaque lundi de Pâques. Aux XVII et XIIIe siècles, les pèlerinages d’inspiration religieuse s’accompagnaient de défilés militaires et de festivités profanes d’inspirations beaucoup plus païennes. Il est vrai qu’à Pâques, les paysans, ayant tué le cochon en hiver, sortaient les saucissons prêts à être dégustés. Les Manosquins, aimant les réjouissances et les traditions populaires, mirent vite en place, après la messe et la bénédiction des champs, une vraie fête avec des jeux, des danses, des concours (le meilleur aïoli), des cavalcades et surtout… la pastissade !

 

Saint Pancrace

 

Pancrace 3aNé en Phrygie dans une famille noble, devenu orphelin, il fut élevé par son oncle Denis à Rome. Devenu fervent chrétien, il fut décapité en 304 sur l’ordre de Dioclétien après avoir refusé de renoncer à sa foi. Son corps fut enterré et en 604, le pape saint Symniaque fait ériger sur son tombeau une basilique. Pancrace est devenu le saint patron des enfants, mais il est aussi en France le protecteur des troupeaux, des animaux domestiques et en Allemagne celui des chevaliers.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pancrace 1aEn Corse il est le patron des bergers et des bandits qui, à partir du 12 mai, jour de sa fête, respectent une trêve de 8 jours. Il protège toujours les gens de bonne foi et dévoile les parjures, les menteurs et les calomniateurs. Il est invoqué pour la guérison des rhumatismes, des crampes et des engelures.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pancrace 4aIl fait partie des saints de Glace où il est en deuxième position entre saint Mamert et saint Servais.  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

https://www.mouv-in.com/A-Manosque-les-traditions-pascales-sont-toujours-dans-le-vent_a995.html

https://fr.wikipedia.org/wiki/Chapelle_Saint-Pancrace_de_Manosque

http://graphiques.over-blog.com/la-chapelle-toutes-aures-%C3%A0-manosque

http://dignois.fr/Manosque-St-Pancrace/

28 mai 2023

Fontaine-de-Vaucluse

 

Fontaine-de-Vaucluse, historique

 

Fontaine_de_Vaucluse_3Le pittoresque village de Fontaine-de-Vaucluse s’est développé près de l’exsurgence de la rivière Sorgue. Cette source jaillit d’un gouffre creusé au fond d’une vallée en cul-de-sac dominée par des falaises abruptes de 230 mètres de hauteur. Le nom de la commune provient du latin Vallis clausa, la vallée close, devenu en provençal Vau cluso. Le village de Vaucluse est à l’origine du nom du département.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pi_ce_de_NimesCet endroit, fort en énergies telluriques donc empli de magie, a attiré les gens depuis fort longtemps puisque le site fut occupé dès le Néolithique. Les vestiges d’un canal gallo-romain utilisant les eaux de la rivière existent toujours et de nombreuses pièces de monnaie votives furent remontées des profondeurs du gouffre (comme un Dupondius de Nîmes frappé du crocodile datant de -28 avant notre ère),

 

 

 

 

 

 

 

Fibule_1aainsi que des clous de fer, des bijoux ou des fibules, ce qui montre que la source était déjà l’objet d’une dévotion païenne du temps des Gaulois, certainement le culte d’une divinité de l’eau. C’est vers le IV e siècle qu’apparurent le plus de monnaies en or, ce qui indique une fréquentation du site par les classes aisées de la population. Cette pratique s’arrêta vers le Ve siècle, ce qui correspond à la période d’évangélisation poussée du pays.

 

 

 

Fontaine_de_Vaucluse_par_Hubert_Robert__mus_e_d_Avignon_1Il est dit qu’au VIe siècle, saint Véran, évêque de Cavaillon, y détruisit un ancien temple et rebâtit sur son emplacement la première église où il fut inhumé à sa mort. Son tombeau devint un lieu de pèlerinage très fréquenté.

 

 

 

 

 

Fontaine_de_Vaucluse_peinture_2aUn acte daté du 12 mai de l’an 979 dans le cartulaire de l’abbaye Saint-Victor de Marseille indique que Valcaudus, successeur de saint Véran sur le siège épiscopal, envoya des moines s’installer dans la Vallée Clause pour fonder un monastère près de l’ancienne église. Il fut restauré au XIe siècle par Isarn, abbé de Saint-Victor.

 

 

 

 

 

Fontaine_de_Vaucluse_peinture_aLe château date aussi de cette époque où Fontaine-de-Vaucluse comprenait trois parties distinctes : le monastère sur la rive droite, l’ensemble castral protégé par des remparts et le village sur la rive gauche.

 

 

 

 

 

Pétrarque 2aL’endroit fut la résidence, au XIVe siècle, du poète et humaniste Pétrarque. Comme Dante avec Béatrice, Pétrarque est passé à la postérité pour la perfection de sa poésie qui met en vers son inaccessible amour pour Laure de Sade, ancêtre du fameux marquis. Pétrarque est considéré, avec Dante et Boccace, comme l’un des premiers grands auteurs de la littérature italienne.

 

 

 

 

Fontaine_de_Vaucluse_2Après son passage, le village fut dévasté par des pillards et les villageois, désirant se protéger, construisirent une muraille défensive. Vaucluse perdit son attrait et il fallut attendre le XVIIIe siècle pour qu’il retrouve une fréquentation après le passage de Mirabeau et plus tard de Chateaubriand, Lamartine, Stendhal ou encore Amantine Aurore Lucile Dupin de Francueil, baronne Dudevant, dite George Sand ou encore Frédéric Mistral.

Fontaine-de-Vaucluse devint, après la dévotion à saint Véran, un lieu de pèlerinage littéraire et romantique. 

 

 

Fontaine_de_Vaucluse_1_Sur la place centrale du village est érigée une colonne en granit. Elle fut mise en place en 1804 en face du gouffre pour commémorer le 500e anniversaire de la naissance de Pétrarque. Elle fut transférée sur la place du village en 1827.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le château des évêques de Cavaillon

 

Fontaine de Vaucluse château 1Ce sont les moines de l’abbaye de Saint-Victor de Marseille qui construisirent le château avant l’an 1000 afin de protéger le tombeau et les reliques de saint Véran. Il est fait mention d’un château à Vaucluse dans un acte de donation datant de1034.

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse château 3Il est fort probable qu’il fut reconstruit à la fin du XIIe siècle puisque les ruines ont été datées de cette époque. Au XIIIe siècle, il devint la propriété des évêques de Cavaillon.

Fontaine de Vaucluse château 2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse château 4Philippe de Cabassolle en fit sa résidence d’été et c’est là qu’il rencontra le célèbre François Pétrarque. Ils devinrent amis. Le château appartint ensuite aux seigneurs de Vaucluse dès le XVe siècle. Il fut détruit au XVIe siècle par le baron des Adrets.

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse château 7Les ruines du château, inscrit sur la liste des monuments historiques en 1931, surplombent le village de Fontaine-de-Vaucluse et le piton rocheux sur lequel il est perché suit la vallée de la Sorgue jusqu’au gouffre.

 

 

 

 

 

 

Le gouffre et la source de Fontaine-de-Vaucluse

 

Fontaine de Vaucluse 3La source de Fontaine-de-Vaucluse, la plus importante exsurgence d’Europe, classée au 5ème rang mondial, donne naissance à la rivière Sorgue aux pieds d’une falaise de plus de 240 mètres de hauteur.  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse gouffre plan 1C’est une curiosité hydrogéologique, l’émergence d’un immense réseau souterrain, qui a donné son nom aux autres sources de même type que l’on appelle vauclusiennes (sources karstiques de type vauclusien pour être exact). Son débit annuel atteint les 700 millions de m3 et sa température varie entre 11 et 14°. Son débit minimum est de 4m3/seconde, le maximum de 120 m3 /seconde.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse 9C’est l’unique point de sortie des eaux de pluie infiltrées dans le massif du mont Ventoux, des monts de Vaucluse, du plateau d’Albion et de la montagne de Lure qui forment ce que l’on appelle un impluvium (aire de collecte des eaux de pluie et de la fonte des neiges).

Fontaine de Vaucluse 15

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse 14L’eau s’infiltre en profondeur dans le calcaire des formations rocheuses, jusqu’aux strates de pierres plus dures ou non perméables comme l’argile, et forme alors des rivières souterraines ainsi que des réservoirs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse 13Lorsqu’elle est en crue, la fontaine se déverse directement du gouffre. En période de basses-eaux, l’eau s’écoule par diverses sources et sort par plusieurs griffons qui alimentent la rivière même en période de grande sécheresse.

Fontaine de Vaucluse 16

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse 17Pas étonnant que la source de la Sorgue fut qualifiée par Pline l’Ancien, dans son Histoire Naturelle, de nobilis fons Orgae.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Saint Véran

 

Véran 3aVéran est originaire de Barjac, ou de Lanuéjols en Gévaudan. Il est aussi connu sous le nom burgonde de Wrain, francisation de Veranus. Ordonné prêtre en 540 par l’évêque Evanthe, il se retira dans un ermitage proche de la source de la Sorgue, à Vaucluse. Il partit en pèlerinage à Rome, devint prédicateur. Il fut choisi par Sigebert Ier comme évêque de Cavaillon en 568.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 17Véran siègea au concile de Mâcon en 585, reprocha à la reine Frédégonde le meurtre de l’archevêque de Rouen Prétextat, ce qui le mit dans les bonnes grâces de Childebert II dont le père Sigebert Ier avait été assassiné sous les ordres de la même Frédégonde. Il devint même le parrain de son fils Thierry II en 587. Il assista à un concile à Arles en 590 et serait décédé là-bas de la peste le 13 novembre. Son corps fut rapatrié à Vaucluse où il fut inhumé dans l’église. Son tombeau devint un lieu de pèlerinage célèbre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Véran 4aSaint Grégoire de Tours, qui l'a connu, a écrit de lui : « Ce pontife était pourvu de grandes vertus en sorte que, souvent, avec la grâce de Dieu, il guérissait les malades par un signe de croix ».

Plusieurs légendes parlent de Véran et de la Coulobre ou du Gargolium qu’il terrassa, ce qui fait de lui un saint sauroctone. Nous verrons plus loin à quoi correspondent ces histoires au niveau symbolique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jargeau CassiniUne partie des reliques du saint furent transportées en Orléanais au XIe siècle à la demande des moines de Jargeau après le saccage de leur monastère (monasterium Gergogiliense) par les Normands. Il est connu là-bas sous le nom de saint Vrain. Les reliques furent tout d’abord déposées dans un hameau près d’Orléans, La Fontaine-Saint-Vrain, puis dans l’église de Jargeau dont il devint le patron du chapitre, et enfin celle de Donnery.

 

 

cavaillon notre-dame et saint-veranAu XVe siècle, Pons Augier de Lagnes, évêque de Cavaillon, fit transférer ce qui restait des reliques du saint dans sa ville, au cœur du diocèse. J’imagine qu’il espérait en tirer grand profit, aussi bien spirituellement que financièrement (suis-je mauvaise langue… Mais les pèlerinages n'ont-ils pas toujours été d'un bon raport ?). Quoi qu’il en soit, la légende rapporte que lors du passage du cortège, les eaux de la Sorgue s’ouvrirent.

 

 

 

 

 

Véran 5aDans l’imagerie populaire, Véran est représenté tenant enchainé cette fameuse Coulobre qui n’en demandait pas tant. Vénéré à Cavaillon, il l’est aussi dans le diocèse de Mende, et dans l’Orléanais, à Jargeau et à Donnery. Saint patron des vignerons de l’Orléanais et des bergers en transhumance, saint Véran est invoqué contre le delirium tremens.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Véran 6bSes attributs seront bien sûr la grappe de raisin et le dragon qu’il foule aux pieds. Il est fêté le 10 novembre, mais aussi le 19 octobre, date de l’arrivée de ses reliques dans le diocèse d’Orléans, et enfin le 1er octobre, premier dimanche après la Pentecôte, date de leur translation solennelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’église Notre-Dame-et-Saint-Véran

 

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 2Fontaine-de-Vaucluse fut, aux alentours du Ier siècle, une colonie romaine, où se trouvaient certainement édifiés de riches domus ainsi que des temples. Tout a disparu mais certains éléments architecturaux ont été conservés en réemploi dans la construction de l’église qui fut classée au titre des Monuments Historiques en 1840.

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 19Il est d’ailleurs fort probable que l’église primitive fut construite sur l’emplacement d’un antique sanctuaire dédié à une divinité païenne, certainement une divinité liée à l’eau. Comme la Vierge a souvent remplacé les divinités aquatiques, il n’est pas étonnant que la première dédicace de l’église ait été à la Vierge Marie.

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 9

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 22Elle est gravée sur le montant droit de l’arc d’ouverture de l’abside : XV (?). KL. NOVEMBRIS/DEdICACIO.SCE/ MARIÆ  ( le 15 des calendes de novembre [18 octobre], dédicace à Sainte-Marie). La dédicace fut plus tard partagée avec saint Véran.

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 13La chapelle possède plusieurs pierres intégrées dans ses murs, des fragments d’un ancien chancel (barrière qui sépare le chœur des autres parties d'une église) du Xe siècle avec des décors d’entrelacs, de rinceaux de pampres en hélice et des frises de crossettes, des fragments de frise carolingiennes du VIIIe siècle.

A l’ouest de l’église furent retrouvés plusieurs sarcophages mérovingiens, non loin d’une autre église, Saint-Etienne, qui serait peut-être sur l’emplacement du premier ermitage de saint Véran.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 4L’église actuelle, de style roman provençal, fut bâtie au XIe siècle (certaines parties du mur sud de la nef sont même attribuables au Xe siècle) sur le même emplacement et fut restaurée au XIIe par les moines de l’abbaye de Saint-Victor de Marseille. Elle faisait partie d’un ensemble monastique comprenant aussi un cloitre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran plan 1aDe plan en croix latine, elle comprend une nef à trois travées et un transept qui s’ouvrait sur 3 absides en cul de four.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 7Bien placée sur la gauche en entrant, la cuve baptismale date du XIIe siècle. Elle fut retaillée et moulurée au XVIIe.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 26aDans la troisième travée se trouve une statue de la fin du XVe siècle représentant sainte Anne, la Vierge et l’enfant.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 14La colonne de la partie sud du chœur et le chapiteau de la colonne opposée ont appartenu à l’ancien temple.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 25La table de l’autel principal fut taillée dans une pièce de marbre gris-jaune d’origine romaine.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 16A la fin du XIIe siècle une petite chapelle fut construite entre l’abside et l’absidiole droite qui abrite un sarcophage mérovingien daté du Vie siècle. Posé sur deux anciennes colonnes romaines, il est considéré comme celui de saint Véran et devait contenir ses reliques.

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 15

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 18La table d’autel en marbre est contemporaine du sarcophage. Elle fut taillée dans la pierre tombale d’un certain Sextus Aemilius Nigrinus dont on peut voir le nom sur la face inférieure de la table.

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 23À l’extérieur, les murs gouttereaux de la nef sont ornés d’une corniche saillante reposant sur des modillons figurant des masques humains ou des animaux : lion, bœuf, renard, aigle, chauve-souris. Les modillons furent très restaurés au xixe siècle : ils reproduisent néanmoins des modillons abimés qui existaient à l’époque.

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 24

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 5Le portail occidental fut remanié au XVIe siècle mais la partie haute de la porte avec un arc en plein cintre a été conservée.

 

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 6

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les légendes

 

La légende de la Coulobre et de saint Véran

 

coulobre 2aComme tout saint sauroctone, (du grec saûros, le lézard, et ktonos, le tueur) Véran terrassa un dragon. Les sauroctones se retrouvent à proximité d’un point d’eau, près d’une ville en expansion, combattant les menaces naturelles ou surnaturelles mettant en danger la population et/ou la religion.

 

 

 

 

 

 

coulobre 3aLe point d’eau, c’est le gouffre, la source bouillonnante de la Sorgue, imprégnée des puissantes forces telluriques des roches traversées par l’eau. La ville en expansion, c’est Vallis Clausa, la vallée close. Ici, nous sommes en présence du Coulobre, vilain dragon ailé que maitrisa notre saint qui, rappelons-le, selon la tradition, détruisit l’ancien temple païen dédié à la divinité capricieuse de la source afin de construire une église dédiée à la Vierge, la sainte chrétienne qui remplace le plus souvent les anciennes divinités aquatiques.

 

 

 

coulobre 9aL’étymologie de Coulobre proviendrait du latin coluber, la couleuvre, ou bien, selon Dauzat et Rostaing, de racines celto-ligures, kal, la pierre et briga, la colline, ce qui ferait du dragon une divinité ligure des eaux tumultueuses. Elle était appelée sous divers noms : Colobrice, Cobraz, Couloubre ou bien Colobrix.

Dans l’hagiographie de saint Véran, redoutable prédicateur et grand guérisseur qui convertit la région au christianisme, cette légende est considérée comme le symbole de son succès : il se débarrassa du dragon qui incarnait le mal, c’est-à-dire l’ancienne religion, l’antique culte pastoral célébrant la force des eaux et de la pierre.

La légende populaire parlait d’elle comme d’une pauvre bête aquatique qui, s’étant laissée séduire par un dragon, mit au monde des bébés salamandres noirs tachetés d’or. Le papa, peu délicat, la quitta et la laissa seule s’occuper de sa progéniture. Voulant se consoler de pareille infortune, elle chercha à séduire tout bel homme qui passait près de son trou afin qu’il devienne son compagnon et un père pour ses enfants. Étant très moche, ce fut plutôt difficile, et les malheureux qui se refusaient à elle étaient dévorés tout crus.

 

 

 

 

 

 

 

 

coulobre 7aNous avons sa description, faite en 1665 par le chanoine François Mathieu :

« Il y avait pour lors en ces quartiers-là, un dragon d’une prodigieuse grandeur, lequel désolait tout son voisinage, et rendait la campagne presque inhabitable. Ce monstre avait sa tanière dans une caverne des rochers du Vaucluse, d’où venant à sortir avec impétuosité, lorsqu’on y pensait le moins, il se ruait sur le bétail et sur les hommes qu’il trouvait dans les champs, égorgeant, dévorant tout ce qu’il rencontrait sans qu’il fût possible d’esquiver sa furie, à cause qu’il avait des ailes, et qu’aussi on n’avait pas le loisir de se mettre à l’écart. Outre son énorme grosseur, il était tout couvert d’écailles impénétrables à toutes sortes de traits ; son dos bigarré d’une multitude de couleurs jetait une lueur effroyable ; ses yeux rouges et étincelants ressemblant à deux soupiraux d’une fournaise ardente, et quand il ouvrait sa gueule pour hurler, on en voyait sortir une haleine fumeuse qui faisait juger de loin qu’il vomissait des flammes ».

Plusieurs versions de la fin de l’histoire nous sont présentées. Véran se présenta devant la Coulobre, et, d’un signe de croix, l’obligea à se coucher à ses pieds. Là, il l’enchaina et la traina jusqu’en Lubéron où il lui ordonna de quitter la région pour ne plus jamais revenir. Blessée, la bête s’enfuit en laissant tomber des gouttes de sang. C’est en ces endroits que naquirent les villages portant le nom de saint Véran. Ou bien elle partit en suivant la Durance et vint mourir à plus de 2 000 mètres d’altitude dans le village de Saint-Véran, dans les Hautes-Alpes, où se trouvaient d’antiques mines de cuivre de l’âge du Bronze et où les bergers et leurs troupeaux se plaçaient sous la protection du saint. Certains disent que la sculpture qui porte la colonne du porche d’entrée de l’église est une représentation de la Coulobre, ce n’est qu’un lion stylophore accompagné de son jumeau, vestiges de l’ancienne église détruite pendant les guerres de Religion.

 

 

La légende de Raymond de Provence

 

Raymond_IV_de_ToulouseUne autre légende plus tardive parle de saint Véran. Au XIe siècle, le marquis de Provence, Raymond IV de Toulouse, décida d’aller chasser sur ses terres dans le Lubéron. Avant de partir, il demanda à l’évêque de Cavaillon, Benoit, grand donateur de l’abbaye de Sénanque, de l’attendre pour célébrer la messe. À son retour, bien évidemment, la messe avait été dite sans lui. Très en colère, il botta le cul de l’évêque. Mal lui en prit, sa jambe devint toute sèche ce qui l’empêchait de bien marcher. Il se rendit alors à Fontaine-de-Vaucluse implorer les moines pour qu’ils intercèdent en sa faveur auprès de saint Véran le guérisseur. Les moines, pas si bêtes, lui dirent que son pardon et la guérison lui seraient accordés contre la moitié du fief de Fontaine-de-Vaucluse. Ce qu’il fit immédiatement. Il repartit sur ses deux jambes, peut-être un peu moins lourd qu’à son arrivée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La légende du Gargolium

 

Jargeau CassiniEst-ce saint Véran lui-même où la procession de ses reliques qui vainquirent le dragon qui s’était installé à Jargeau ? Cette bête aquatique abominable s’appelait le Gargolium et terrorisait ceux qui s’approchaient des rives de la Loire (racine GRG, comme gargouille, du grec gargareôn, gorge, qui devint le synonyme d’avaler, dévorer, mais il pourrait aussi, comme Gargan, l’antique dieu solaire, provenir du celte gar, pierre, gan, géant, et tua, l’homme).

 

 

JargeauLe toponyme Jargeau pourrait se rapprocher de ce Gargolium mais aussi du prénom Georges, autre saint sauroctone.

 

 

 

 

 

 

Varan du NilLe prénom de Véran est lui aussi intéressant. Il provient du burgonde Wrain, en langue d’Oïl Vrain, francisation du nom Veranus ou du latin vérus, vrai, légitime, juste. On peut penser aussi au latin varanus, latinisation du mot égyptien waran qui signifie avertisseur. Les varans du Nil, espèce de gros lézard semi-aquatique, étaient censés avertir les hommes de la présence de crocodiles.  

 

 

 


La Coulobre et Pétrarque

 

Pétrarque dessinFrançois Pétrarque, inconditionnel personnage de Fontaine-de-Vaucluse, y a vécu pendant une quinzaine d’années. Il y possédait une maison avec une importante bibliothèque où il écrivit la plupart de ses œuvres dont les fameux poèmes d’amour à Laure de Noves. Il parle de Vaucluse comme de la reine des fontaines : « Un rocher âpre et menaçant, qui reçoit les vents et les nuages, s’élève ici et va se cacher dans les airs. C’est à ses pieds que les sources de la fontaine ont un abîme, où les nymphes tiennent leur empire mobile. La Sorgue y voit sourdre les eaux majestueuses qu’elle conduit avec un doux murmure ». Il en a même laissé un dessin.

 

 

 

 

 

Il a lui aussi sa légende, probablement liée au pétrarquisme et à son influence sur le renouveau littéraire.

Pétrarque 1aLa Coulobre n'était pas insensible au charme du bel Italien. Elle nourrissait en secret la chimère de l'emmener vivre avec elle et ses enfants. Mais elle n'osait l'effrayer en se montrant à lui brusquement, comme elle l'avait fait à d'autres jeunes gens qu'elle avait dû croquer ensuite. Elle se tenait donc juste en dessous de la surface des flots, frôlant les rives des jardins, où elle le contemplait amoureusement, tandis qu'il écrivait et rêvait sous les feuilles.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Laure de Sade 2Par un bel après-midi, la Coulobre vit entrer chez son bien-aimé, une femme si merveilleuse qu'elle comprit aussitôt qu'aucun rêve ne lui était permis. Jamais le bel Italien ne déciderait de son plein gré de venir vivre avec une créature monstrueusement laide sous les eaux.

Folle de rage et de douleur, elle bondit à la surface au moment où le poète se penchait sur la main de son invitée pour y déposer un baiser. Voyant surgir le monstre devant elle, Laure poussa un cri et tomba évanouie dans l'herbe tandis que Pétrarque, saisissant son épée, transperçait l'animal sans autre forme de procès. Afin d'éviter à la dame de son cœur une vision affreuse, le jeune homme rejeta le dragon à l'eau, avant qu'elle n'eût repris conscience. Et le cadavre vogua au gré des flots jusqu'au gouffre de la vallée close où il fut englouti à nouveau.

 

 

 

 

 

Laure de Sade 1La nouvelle de cet exploit passa de bouche en bouche et le bel Italien devint bientôt aussi fameux que saint Véran parmi les gens du pays. Cela n'empêcha pas sa belle de demeurer aussi vertueuse et fidèle à son époux, auquel elle donna onze enfants.
Devenu célèbre par ses écrits, le poète repartit en Italie. Par un beau matin d'avril, il apprit que Laure était morte le jour de ses quarante ans, empoisonnée par une épidémie de peste dont le souffle avait pris naissance, à ce que l'on disait, dans les vapeurs du gouffre de la vallée close.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le secret de la source, les nymphes, Mistral et Chateaubriand

 

Mistral 1Les deux écrivains, après Pétrarque, ont visiblement été marqués par l’ambiance mystérieuse de la source et y ont reconnu eux aussi la présence d’une nymphe, divinité féminine personnifiant les forces vives de la Nature.

« Parti pour faire danser les filles de l’Isle-sur-Sorgue, le vieux ménétrier Basile s’endormit à l’ombre un chaud jour sur le chemin de Vaucluse. Apparut une nymphe, qui, belle comme l’onde claire prit la main du dormeur et le conduisit au bord de la vasque où s’épanouit la Sorgue.

Devant eux l’eau s’entrouvrit et les laissa descendre entre deux murailles de liquide cristal au fond du gouffre.

Après une longue course souterraine, la nymphe, au milieu d’une souriante prairie semée de fleurs surnaturelles, arrêta le ménétrier devant sept gros diamants. Soulevant l’un d’eux, elle fit jaillir un puissant jet d’eau.

Voilà, dit-elle, le secret de la source dont je suis la gardienne, pour la gonfler, je retire les diamants, au septième l’eau atteint le figuier qui ne boit qu’une fois l’an et elle disparut en réveillant Basile » ...

 

Extrait de Mirèio (Mireille, 1859) de Frédéric Mistral

 

Chateaubriand 1a« J’allai à Vaucluse cueillir, au bord de la fontaine, des bruyères parfumées et la première olive que portait un jeune olivier. Cette claire fontaine, dans ce même bocage, sort d’un rocher ; elle répand, fraîches et douces, ses ondes qui suavement murmurent. À ce beau lit de repos, ni les pasteurs, ni les troupeaux ne s’empressent ; mais la nymphe et la muse y vont chantant ». 

Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, 1849

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Coulobre 1

https://www.horizon-provence.com/fontaine-de-vaucluse/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fontaine-de-Vaucluse

https://www.fontainedevaucluse.fr/

https://islesurlasorguetourisme.com/decouvrir/terre-de-patrimoine/nos-villages/fontaine-de-vaucluse

https://clan-du-dragon.com/blogs/blog-le-clan-du-dragon/coulobre

https://www.saintveran.com/decouvrir/le-village-de-saint-veran/histoire

https://www.avignon-et-provence.com/sites-naturels/gouffre-de-fontaine-de-vaucluse

https://www.lasorgue.fr/la-sorgue/la-fontaine-de-vaucluse/la-source-de-la-sorgue-386.html

https://www.mas-seraphin.com/presentation/fontaine-de-vaucluse.html

http://eprimaire.free.fr/contes/tradi/recits_fr.html#r2

L’église Sainte-Marie et Saint‑Véran de Fontaine‑de‑Vaucluse de Guy Barruol et Yann Codou

23 février 2023

Le menhir de Fohet

Le_Vernet_Sainte_Marguerite_9Aydat est une petite commune proche de Clermont-Ferrand située au milieu du parc naturel régional des volcans d’Auvergne. Elle est entourée de lieux magiques, comme Saint-Nectaire, Saint-Saturnin, Cournols, Saulzet-le-Froid ou encore le Vernet-Sainte-Marguerite et sa fontaine miraculeuse que vous voyez à gauche.

 

 

 

 

 

 

Saulzet-le-FroidQue de mégalithes, d’églises romanes, de pierres et de sources guérisseuses, de Vierges noires (ici la Vierge noire de Saulzet-le-Froid) ! L’endroit est comme béni des Dieux. Sidoine Apollinaire, homme politique, écrivain et évêque du Ve siècle ne s’y trompa pas, lui qui passa plus de sept années dans sa villa d’Avitacum, posée sur une ile du lac d’Aydat pour travailler et méditer.

 

 

 

 

 

 

 

 

Fohet_13C’est au bord de la route des Templiers (les Templiers possédaient une maison à Aydat encore visible en 1814, dépendance de la Maison du Temple d'Olloix), entre les villages de Phialeix et du Fohet, que se trouve l’un des plus grands menhirs d’Auvergne. L’endroit est particulier, se trouvant sur un replat au sommet d’un col à 960 mètres d’altitude, entre la vallée de la Monne au sud et celle de la Veyre au nord, et entre deux collines à l’est et à l’ouest. Au loin, vers le nord, l’imposant Puy-de-Dôme nous appelle, et au sud, le Puy de Sancy au milieu des Monts Dore nous fait un clin d’œil.

Fohet_11Le monolithe en granite semi-porphyroïde de forme ogivale, appelée Pierre longue ou Pierre couchée, menhir de Fohet ou bien menhir d’Aydat, au choix, mesure 4,75 mètres de long et pèse 12,1 tonnes.

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Fohet_2Il est restépendant longtemps couché au sol. La première étude connue a été faite au début du XXe siècle par le docteur Gaston Charvilhat, membre de la Société Préhistorique Française.

Le village de Fohet n’ayant pas de cimetière, les corps étaient emmenés à Saint-Julien-sur-Aydat. Le cortège funéraire s’arrêtait alors à mi-chemin, près du menhir couché. Le cercueil était alors posé sur la pierre pendant que le curé récitait les prières appropriées, avant d’être descendu à Saint-Julien. La pierre était considérée comme un « reposoir des âmes ».

 

 

Fohet_12Le menhir, non classé aux Monuments historiques, a été redressé le 31 décembre 1991 par des géobiologues clermontois avec l’accord du propriétaire du terrain.

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Fohet_16Difficile de dire si la pierre a retrouvé son implantation d’origine, mais quoi qu’il en soit, elle fonctionne parfaitement : les réseaux souterrains se sont réalignés. Il me semble qu’elle devait être un peu plus enterrée, ou bien que le sol devait remonter plus haut.

 

 

 

 

Côté nord/est, une petite dépression dans la roche a pu servir pour les soins de la Fohet_15colonne vertébrale, alors que la face sud/ouest était réservée à l’appareil génital féminin et à la fertilité. Peut-être aussi un rapport avec les enfants.

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19 décembre 2022

L'église romane

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19 décembre 2022

Le portail roman

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19 décembre 2022

Le chapiteau

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19 juin 2022

La spirale

escargot_54aNous retrouvons cette « courbe qui tourne autour d'un point fixe en s'en éloignant » un peu partout dans la nature, de l’infiniment petit de la coquille du bébé limaçon aux nuages formant un cyclone, aux bras des galaxies.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

escargot_68aCette formation naturelle est aussi fréquente dans le règne végétal, comme dans les vrilles de la vigne ou les crosses de la fougère.

 

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Escargot_45La spirale est liée au mouvement et au temps. Elle figure un mouvement cyclique infini, partant d’un point central en évolution ou retournant au point central en involution. C’est une énergie qui part d’un point fixe, avec ses polarités, solaire dans un sens et lunaire dans l’autre, porteuse de vie et porteuse de mort.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chartres_labyrinthe_9aElle peut devenir labyrinthe initiatique, comme le jeu de l’oie, comme la lieue de Chartres.

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escargot_57On retrouve la représentation de ce symbole chez nos anciens, sur tous les continents. Il sera gravé sur les mégalithes, comme sur la pierre d’entrée de Newgrange. La spirale fut reprise abondamment par les Celtes dans leur iconographie, symbolisant le mouvement et la vie. Elle deviendra même double, à l’instar des serpents du Caducée, et triple dans le triskel.


 

 

 

 

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1 mai 2022

Les différentes parties de l'église romane

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27 novembre 2021

Les statues-menhirs

Statue_menhir_24Les statues-menhirs sont des pierres levées sculptées de façon anthropomorphe, c’est-à-dire qu’elles représentent ou suggèrent un humain. Ces statues sont présentes partout en Europe, du Portugal à l’Ukraine même si certaines régions sont plus riches que d’autres, comme la Crimée ou le sud de la France.

 

 

 

 

 

 

Filitosa_6Les plus anciennes de ces statues-menhirs, que l’on nomme parfois stèles ou dalles, sont datées, selon les archéologues, du Néolithique, vers 3 800 avant notre ère. Les statues corses font parties des plus récentes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Statues_menhirs_carte_1Celles des steppes de l’Europe de l’est seraient à l’origine du concept, montrant l’apparition de nouveaux outils comme les poignards en cuivre et les haches plates. Certains parlent de la culture de Maïkop comme leur berceau. Cela a pour moi son importance, m’intéressant de près à cette région, entre Turquie, Arménie et Iran.

 

 

 

 

 

 

 

statue_menhir_la_verriere_766x1024Après la Corse, Filitosa et le plateau de Cauria, c’est au musée Soulages de Rodez que j’ai découvert une de ces statues. En effet, bien mise en valeur au milieu de l’immense salle, la statue-menhir de la Verrière accompagne de ses stries les peintures en « outrenoir » du peintre qui déclara dans son livre Statues-menhirs, des énigmes de pierre venues du fond des âges, aux éditions du Rouergue :

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« Lorsque pour la première fois j'ai vu les stèles gravées du musée Fenaille ce fut un choc. Ces pierres venant de loin allaient loin en moi. J'y lisais certes une volonté d'aller à l'essentiel pour arracher au bloc inerte une présence humaine. Mais surtout je me suis senti proche de l'homme qui avait gravé ainsi, sculpté ainsi. …

…Ces statues-menhirs se présentent comme des œuvres hors d'un temps, d'une consistance indéfectible. C'est la densité, la frontalité, l'impression d'une puissance permanente. On sait qu'elles sont préhistoriques, mais leur présence, leur force surgies du passé, les fait aussi y échapper et nous en oublions leur origine. Elles sont là, devant nous, énigmatiques et fascinantes. Ce qui me touche c'est la charge d'émotion portée par ce monolithe grossièrement, péniblement mais fortement gravé, élevé à la dignité de figure. ...

…Au-delà d'une représentation, ce qui m'anime c'est la force de cette présence. Ces statues-menhirs nous atteignent indépendamment de l'époque et du lieu de leur création. … Ce ne sont pas les significations, connues ou non, qu'elles pouvaient avoir pour leurs auteurs qui nous concernent. Nous n'avons ni les mêmes religions, ni les mêmes mythes, nous vivons dans des sociétés différentes, et pourtant elles ont le pouvoir de provoquer et de répondre à ce que nous y investissons de nous-mêmes, maintenant. La vie d'une œuvre est faite par ceux qui la voient.
Les statues-menhirs du musée Fenaille sont suffisamment allusives pour ne pas appartenir à un art "abstrait" (dans l'acception actuelle de ce mot) et, bien qu'allusives, elles ne représentent pas, elles présentent. Elles n'expriment pas, elles sont. »

« C’est peut-être à cause des émotions que j’ai eues devant ces objets que j’ai été amené à regarder ailleurs et peut-être même à guetter, pendant que je peignais, ces moments d’origine. »

Conques_SoulagesSoulages a donc ressenti des émotions particulières en présence de ces statues, comme il en a eu devant l’abbatiale de Conques, ce qui n’est pas sans rappeler Andrée Putman et son amour pour Fontenay. Je suis donc allée visiter, après le musée Soulages, le musée Fenaille.

 

 

 

 

 

Statue_menhir_9La première partie du musée est effectivement consacrée aux statues-menhirs du Rouergue. Et la première, celle qui nous accueille, s’appelle la Dame de Saint-Sernin.

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Cette statue-menhir fut découverte en 1888 par un jeune vicaire, Frédéric Hermet, abandonnée le long d’un chemin à Saint-Sernin-sur-Rance, en Aveyron. C’est à partir de cette découverte que l’intérêt de la communauté scientifique pour ces stèles commença.

 

 

 

 

 

Statue_menhir_plan_1aLa Dame possède, comme ses sœurs, des caractéristiques bien particulières, même si ces statues ne sont jamais les mêmes. Cette statue-menhir féminine est sculptée dans un bloc de grès rose, mesure 113 cm de haut, 56 cm de large et 18 cm d’épaisseur. Représentée debout, ses quatre faces sont sculptées. Les traits du visage sont sommaires : seuls les yeux et le nez sont représentés, ainsi que des traits sur les joues que l’on devine être des scarifications, des peintures ou des tatouages.

Ses cheveux, tirés en arrière, semblent se diviser en deux nattes. Autour de son cou, cinq colliers et ce que les archéologues appellent une « pendeloque » qui se termine en forme de Y. Ses seins sont bien marqués, ses bras sont prolongés dans le dos par des épaules en forme de crosse, ses mains sont posées sur son ventre. Elle porte une ceinture et un long manteau qui forme de grands plis. Ses jambes, bien droites, sont terminées par des pieds nus dont les orteils ne touchent pas le sol.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Si on applique le principe d’universalité du symbole, il y a là matière à réflexion. Partons du haut de la statue :

-       Les cheveux représentent la force physique ou vitale et sont considérés comme des capteurs naturels de l’énergie cosmique. Les nattes, qui peuvent avoir un lien avec l’au-delà, canalisent cette énergie.

-       Les yeux, miroirs de l’âme, sont symbole de connaissance universelle, de perception intellectuelle, de communication et de clairvoyance (troisième œil). De nature solaire, ils sont associés à la lumière.

-       Le nez procède de la même symbolique que l’œil. Il montre une certaine lucidité, la prémonition, l’intuition (avoir du pif).

-       Les tatouages autorisent une identification aux représentants du monde céleste, permettant de communiquer avec elles.

-       La bouche représente la parole (vérité mais aussi mensonge) et le souffle (puissance créatrice). Son absence peut indiquer la maitrise de l’expression de la pensée (comme l’aveugle devient visionnaire).

-       Les oreilles ont la capacité d’entendre les messages. Plus elles sont longues, meilleure est la compréhension. Contrairement à la bouche, la communication, reçue et non transmise, est passive. Leur absence, par analogie, montre peut-être la capacité d’écoute maitrisée.

-       Les colliers, en plus de marquer la fonction ou la dignité, couvrent le chakra de la gorge, le centre de la parole, de l’émotion. Le 5, somme du principe céleste (3) et terrestre de la mère (2), manifeste l’énergie créatrice à l’œuvre dans la matière ; il est symbole de l’être humain (les deux bras, les deux jambes et la tête de l’homme de Vitruve). Le Y, en forme de coupe, pourrait rassembler ces énergies et les conserver, ou bien les envoyer par son pied vers la terre.

-       Les épaules nous montrent la puissance d’agir dans le monde physique, la force de réalisation.

-       La main est l’emblème de la transmission du pouvoir, spirituel ou temporel. Les mains transmettent l’énergie de transformation, comme chez les magnétiseurs. Plus elles sont grandes, plus elles ont de pouvoir.

-       La ceinture est liée à la sexualité, à la fécondité et au plaisir (ceinture d’Aphrodite), mais aussi à la chasteté et à la fidélité, à la maitrise des instincts : elle contient les reins, elle coupe l’énergie tellurique matérialisante captée par les jambes des plans supérieur de l’être. L’homme portant alors la ceinture peut se consacrer aux choses de l’esprit : c’est la fonction du cordon des moines par exemple.

-       Les jambes et les pieds, organes de la marche, permettent d’être en contact avec les énergies terrestres. Ils correspondent à la nature profonde de l’homme : avoir les pieds nus ou porter des chaussures ne laisse pas la même trace. Ici, les pieds ne touchent pas le sol, preuve d’une volonté de se rapprocher du ciel, ou signe de la divinité ? Il se pourrait aussi que la taille très petite des jambes par rapport au corps indique que la femme soit représentée en position assise. Ou bien les jambes, reliées aux plans inférieurs, n’ont que peu d’importance.

Statue_menhir_4Tout laisse à penser que cette statue-menhir représente, à défaut d’une déesse, une initiée portant les symboles de ses pouvoirs. Petite précision : les paléobotanistes pensent que les statues rouergates ont été érigées au milieu de forêts denses où dominaient les chênes. Taillées le plus souvent dans des roches exogènes, elles ont donc été transportées, parfois sur près de 20 km.  

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Statue_menhir_7Plus loin, nous trouvons cette fois-ci la représentation d’hommes, portant haches, parfois un arc et des flèches, poignards et baudriers (où est souvent suspendu un ustensile de forme triangulaire pourvu d’un anneau, appelé « objet ». Comme avec la « pendeloque », nous voilà bien avancés. Peut-être un fourreau pour un poignard ?

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Certaines de ses statues ont été transformées au cours des siècles : le sculpteur leur a fait changer de sexe. Le plus souvent l’homme est devenu femme par ajout de seins, de colliers, de ces fameuses pendeloques en forme d’Y, et effacement des attributs d’origine. L’inverse existe mais est bien plus rare.

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Statue_menhir_6Quelques statues-menhirs n’ont plus rien d’humain et se bornent à représenter les attributs. Point d’yeux, de nez, de jambes ou de bras, mais des représentations d’armes, de colliers ou de vêtements, comme la statue de Verrière, la préférée de Soulages.

 

 

 

 

 

St_le_KourganeRevenons sur l’origine de ces statues menhirs. Les archéologues pensent qu’elles proviennent de la culture de Maïkop, située entre la mer Noire et la mer Caspienne (Caucase, Anatolie, Iran) entre 4 000 et 3 000 avant notre ère.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ukraine_1Cette culture, apparentée à celles de Yamna (proto-iraniens et arméniens, à origine de la population proto-indo-européenne) et celle de Kouro-Araxe, fut influencée par celle de Shulaven-Shomu (Arménie, Géorgie, Azerbaïdjan) qui remonte à plus de 6 000 ans avant notre ère. Elle doit son nom au site de Shomutepe dans l'ouest de l'Azerbaïdjan.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

gobekli_tepe_1Ce qui m’a tout de suite fait penser à Göbekli Tepe, en Turquie du sud-est. Les fouilles de ce site ont mis à jour des structures que l’on pense être des temples, datées pour les plus anciennes d’environ 10 200 ans avant notre ère. Au milieu, des « piliers » en forme de T d’une hauteur impressionnante de 3 à 4 mètres de haut, pouvant peser jusqu’à 10 tonnes. Certains d’entre eux présentent des formes anthropomorphes.

 

 

 

Gobekli_Tepe_3aSur le pilier, qui représente le corps, sont représentés des bras très longs et filiformes, terminés par des mains posées au-dessus d’une ceinture à boucle tenant parfois un pagne en peau d’animal (renard). La tête est représentée par le haut du T, barre horizontale sans aucun signe distinctif (absence des yeux, du nez, de la bouche ou des oreilles).La face ventrale est creusée d’une bande verticale se terminant en haut par un sillon en V qui pourrait styliser un vêtement attaché par une boucle autour du cou.

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Ces différentes cultures qui se sont succédées dans cette région du monde se sont-elles transmis cet héritage, le transportant, au cours de leurs migrations plus tardives, jusqu’aux rivages atlantiques de Bretagne ou du Portugal ? Les recherches se basant sur la linguistique, l’archéologie et d’autres sciences comme l’étude de l’ADN (haplogroupes) semblent le confirmer.

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marija_gimbutasC’est en 1956 que Maria Gimbutas a parlé la première de l’hypothèse de la culture Kourgane (mot d’origine tatare désignant les tumuli que bâtissaient ces gens). Gimbutas, l’auteur du livre très connu « Le langage de la déesse », pensait que l’origine de cette nouvelle culture patriarcale et guerrière se situait en Ukraine, d’où serait partie l’invasion des peuples pratiquant le matriarcat. Depuis les études se sont affinées et les hypothèses anatolienne (Remco Bouckaert, Philippe Lemey et Quentin Atkinson) ou iranienne (Maria Ivanova-Bieg) gagnent du terrain.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quand on regarde tout cela d’une façon plus globale, en prenant du recul et en oubliant ce que veulent bien nous apprendre les universitaires, on se rend bien compte quand même qu’il s’est passé quelque chose d’intéressant dans cette partie du monde : plus anciennes structures semblant être des temples (Göbekli Tepe, près de Şanlıurfa -appelée Urhai, Osroé puis Édesse- où, dit-on, Adam et Eve séjournèrent, et qui serait, selon la légende, la ville natale d’Abraham et le lieu de sépulture de sa femme Sarah), premières traces d’agriculture, premières traces d’élevage, découverte des plus anciens pressoirs à vin, preuve de l’amélioration voulue des espèces avec l’arrivée du blé et de l’épeautre, plus ancienne écriture connue (tablettes cunéiformes) , plus anciennes villes connues (Çatal Höyük), mythes et légendes se rapportant à Gilgamesh et sa quête de l’immortalité, Utanapishtim ou bien Noé, le déluge et le mont Ararat, lieu de villégiature d’Adam et Eve, d’Abraham et de Sarah, etc.

Alors que s’est-il passé il y a 12 000 ans dans cette région du monde ?

 

https://musee-fenaille.rodezagglo.fr/preparer-sa-visite/circuits/les-statues-menhirs/

https://musees-occitanie.fr/articles-decouverte/les-statues-menhirs/

https://www.tourisme-aveyron.com/fr/decouvrir/les-territoires-aveyron/rougier-aveyron-sud/voir-visiter/statues-menhirs

https://musee-archeologienationale.fr/collection/objet/statue-menhir

https://musee-archeologienationale.fr/figures-de-pierre-du-neolithique-les-statues-menhirs-de-labbe-hermet

https://www.panoramadelart.com/statue-menhir-aveyron

http://archives.pierre-soulages.com/pages/psecrits/statuesmenhirs.html

https://journals.openedition.org/dam/2674

https://fr.wikipedia.org/wiki/Statue-menhir

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