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lieux sacrés

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10 septembre 2010

L'église Saint-Philibert de Dijon

Dijon_Saint_Philibert_3Construite en annexe de Saint-Bénigne au XIème siècle sur l'emplacement d'une petite basilique mérovingienne, et ne fut érigée en paroisse qu'au XIème siècle. Remaniée au XIIème, entièrement couverte de voûtes d'arêtes, Saint-Philibert est le seul édifice roman de Dijon.














Dijon_Saint_Philibert_5La tour de style gothique flamboyant fut élevée au XVème siècle sur la croisée du transept.


























Dijon_Saint_Philibert_10A son sommet, une magnifique flèche octogonale de pierre aux arêtes festonnées de crochets fut élevée en 1513. La croyance populaire veut que le Diable ait érigé celui-ci en une seule nuit. Actuellement, on peut observer que le clocher présente une légère inclinaison.















Dijon_Saint_Philibert_6Le porche fut remanié aux XVIème et XVIIIème siècles. Les chapelles latérales furent édifiées dans la seconde moitié du XVIIIè siècle.

















Dijon_Saint_Philibert_4Désaffectée à la Révolution, l'église servit, entre autres, de dépôt militaire avant de subir une vraie mutilation : la destruction de son abside et de ses deux absidioles pour créer la rue des Vieilles-Étuves. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle servit d'entrepôt à sel. Celui-ci s'incrusta lentement dans le sol, sans toutefois provoquer immédiatement de dégâts. Dans les années 1970, des travaux d'aménagement intérieurs furent effectués afin de rendre l'église aux fidèles.






Dijon_Saint_Philibert_8Malheureusement, la mise en marche du chauffage par le sol condamne l'édifice : le sel remonte dans les piliers et ronge la pierre. Devenue instable et dangereuse, Saint-Philibert fut fermée au public en 1979.
Depuis 1980, toute une série de mesures utilisant les méthodes les plus modernes ont été prises  pour permettre d’enrayer la dégradation de l’église. Depuis 2002, elle est rouverte exceptionnellement pour les journées du Patrimoine.

Voir la carte ici.

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10 septembre 2010

L'église Saint-Étienne de Dijon

Dijon_Saint_EtienneSaint-Étienne fut le siège d'une communauté de clercs séculiers, et ponctuellement le lieu de résidence des évêques de Langres entre la fin du Vème et la fin du VIème siècle. Reconstruite au milieu du XIème siècle et remaniée à la fin du XVème par l'abbé Richard Chambellan, elle s'élevait au cœur d'un vaste enclos monastique. L'abbaye Saint-Étienne rivalisait alors de puissance avec Saint-Bénigne. De l'église médiévale, il reste le chœur et le transept auxquels on accède en pénétrant dans le musée Rude. Dans le chœur, on voit les substructions de la crypte consacrée en 1077, ainsi que celles du mur d'enceinte primitif de la ville, le castrum gallo-romain. La nef fut entièrement rebâtie, dans la seconde moitié du XVIIème siècle.
Devenue cathédrale en 1731 lors de la création de l'évêché de Dijon, l'église perdit son statut à la Révolution et de ce fait, son tympan sculpté du martyre de Saint-Étienne fut alors déplacé à Saint-Bénigne. Transformée en halle aux blés en 1793, elle perdit aussi son clocher à cette époque. Désaffectée à la fin du XIXème siècle, Saint-Étienne fut réutilisée et restaurée pour héberger la Chambre de Commerce et d’Industrie.

http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-%C3%89tienne_de_Dijon

Voir la carte ici.

6 septembre 2010

L’église Notre-Dame de Talant, historique

Talant_15Jusqu’au XIIème siècle, le "mons de Talant", situé aux portes de Dijon et appartenant au domaine de l’abbaye de Saint-Bénigne fut un lieu inhabité, presque maudit, fréquenté par les fées. Sur les pentes descendant au lac se trouve la fontaine aux fées...
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Talant_1En 1208, Eudes III entreprit la construction de la forteresse de Talant dans le but d’assurer un abri plus sûr à ses trésors et à ses archives qu’en son palais ducal de Dijon. Il fonda au nord du château une ville neuve fortifiée et un prieuré pour quelques moines de Saint-Bénigne. L’église fut l'une des toutes premières églises gothiques du duché de Bourgogne.










Talant_3L’enceinte terminée (1100 mètres de long flanquée de 33 tours), Eudes III y accueillit tous les serfs qui fuyaient l’oppression de leur seigneur, et notamment les paysans attirés par la liberté et le travail affranchi de toute entrave. En 1216, il accorda aux habitants le droit de s’administrer eux-mêmes en promulguant « la charte de Commune », les dispense d’impôt et de service militaire.





Talant_29Jean sans Peur, fils ainé de Philippe le Hardi, rentrant de la croisade en 1396, rapporta en trophée la « Vierge de saint Luc » qu’il offrit à Talant. Elle est exposée dans l’église. En 1443, l’évêque de Langres vint consacrer l’église à Notre-Dame.
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Talant_6En 1585, les partisans des Guise s’emparèrent par ruse de la forteresse. Après son retour aux mains du roi, en 1598, adjudication fut faite de la démolition du château et des remparts de la ville. Talant fut réduite à la condition de simple village. Le 24 juillet 1598, marque la démolition du château et des remparts de la ville. Le travail est achevé en 6 mois et Talant fut réduit à la condition de simple village.
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Fascicule à disposition dans l’église
http://www.ville-talant.fr/21/TALANT/

Voir la carte ici.

6 septembre 2010

L’église Notre-Dame de Talant, description

Talant_planL'église paroissiale de Talant, située sur le point culminant de la ville dans la cour de l’ancien château et dominant le lac Kir, fut donc construite en 1208 à l'initiative du Duc de Bourgogne Eudes III. De forme basilicale, dédiée à la Vierge Marie, elle est orientée est/ouest.
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Talant_18Au cours des siècles, elle a fait l’objet d’aménagements et d’adjonctions. Terminée au XIVème siècle, elle fut consacrée le 2 juillet 1430 par Charles de Poitiers, archevêque de Langres, ainsi que le porte une inscription gravée sur l’un des piliers de la nef principale.









Talant_10Elle fut d'abord conçue plus courte, d'au moins deux travées. Les avantages d’Eudes III, attirant de plus en plus de population, elle fut donc agrandie. Un clocher fut ajouté, la contrebutée de la nef principale fut réalisée par l'appui de bas-côtés qui se révélèrent trop peu élevés.
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Talant_14Sous les poussées de la voûte et du clocher, les murs gouttereaux de la partie orientale s'inclinèrent vers l'extérieur. Pour éviter la chute, des arcs-boutants extérieurs furent construits au XVème siècle, puis refaits au XIXème.
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Talant_12Jadis coiffé d'un petit toit carré à quatre pans, le XIXème siècle attribue au clocher la flèche que nous connaissons aujourd'hui.

























Talant_7Vers 1865, c'est au tour de l'entrée de l'église d'être modifiée. Le porche de bois qui l'abritait de la pluie et des intempéries est retiré. Une grande campagne de travaux menée de 1973 à 1975 par la Conservation régionale des Monuments Historiques a assuré la consolidation de l'ensemble de l'église. Des colonnes menaçant de s'effondrer ont également été consolidées.








Talant_11La grande fenêtre Renaissance, percée vers 1535, a été rouverte.
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6 septembre 2010

L’église Notre-Dame de Talant, le labyrinthe

Talant_labyrinthe_2aÉtonnant. Ce labyrinthe, situé sur le parvis de l’église côté nord, existe parait-il, depuis plusieurs siècles… Celui que l’on peut voir aujourd’hui fut refait récemment.
Il est fait de briques de granit gris disposées en un cercle avec plusieurs chemins intérieurs dessinés avec le même matériau. Un tout petit couloir fabriqué avec les mêmes couleurs et types de pierre se trouve dans l’ancienne entrée ouest de l’église.

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6 septembre 2010

L’église Notre-Dame de Talant, les sculptures


La Vierge à l’enfant

Talant_29La plus belle pièce abritée par cet édifice. Après avoir subi une phase de restauration, la statue a réintègré l'église Notre-Dame. Cette Vierge peut être apparentée à celle de Châteauneuf-en-Auxois, que l'on considère généralement comme une sculpture de Jehan de Marville (fin du XIV ème siècle). Si cette statue ne peut directement lui être attribuée, elle provient certainement d'un atelier dijonnais contemporain.















La chasse de saint Hubert

Talant_26Bas-relief, pierre, XVI ème siècle (avant 1547). Il était, à l'origine, le retable d'un autel adossé au premier pilier près du chœur.





La mise au tombeau

Talant_28C'est une mise au tombeau du début du XVI ème siècle certainement, mais de facture très proche de la statuaire bourguignonne du XV ème siècle. Elle est considérée comme une des œuvres régionales les plus remarquables en la matière. Sans être attribuée à un sculpteur renommé, elle est certainement due à un artiste de cette école bourguignonne, encore peu influencée par l'Italie. Un détail significatif : au moyen-âge, on ne sculpte que ce qui se verra. Si on regarde bien, seuls les personnages du premier plan sont sculptés en pied. Les restes de polychromie, puisqu'alors toutes les statues étaient peintes de couleurs vives, permettent d'imaginer son aspect initial. Composée de sept personnages autour du Christ, visages expressifs, nez souligné, yeux bombés en amande, cette mise au tombeau est typique de l'école bourguignonne.
A gauche Nicodème - son turban a glissé dans l'effort - plisse les yeux en s'arc-boutant pour tenir le linceul et poser délicatement le Christ. Avec Joseph d'Arimathie, il retient le linceul car le corps du Christ est prêt à rouler sur le côté. Il a enfilé un pan de sa tunique dans sa ceinture pour être plus à l'aise et dégage son pied botté. A droite Joseph d'Arimathie est donc richement vêtu : il porte un pourpoint festonné ; son turban est plus soigné, ses cheveux et sa barbe soigneusement taillés et fournis. A l'arrière, les femmes et Jean. Au centre Marie. A sa droite, deux femmes, un vase à parfum en main, la tête couverte d'un voile. Il s'agit probablement de Marie, mère de Jacques (le cousin de Jésus), et de Salomé. Entre elle et Marie, Jean se tourne vers Marie. Son visage est imberbe, suivant la tradition. Marie, au centre, visage fermé, porte des vêtements de veuve semblables à ceux des religieuses. Le réalisme de la sculpture sacrifie certainement la beauté des traits des différents personnages mais souligne au contraire leur authenticité. Authentique aussi, le Corps du Christ. Il est presque traité de façon anatomique : c'est un cadavre que l'artiste a représenté.

Les piéta

Talant_27Il y a deux "Piéta" dans l'église, du XVI ème siècle toutes deux, et pas très loin l'une de l'autre. Elles se situent dans le bas-côté gauche en entrant par la grande porte. Pour les piéta, deux difficultés étaient à vaincre : garder des proportions justes et donner une attitude vraisemblable au Christ dans la mort.














Talant_24Ni l'une ni l'autre des "Piéta" de Talant n'arrive à résoudre ce problème. Naïvement, peut-être maladroitement, ces "Piéta" nous parlent de la piété de leur époque qui se reconnaissait dans ce visage douloureux de Marie. Pas de pathos à l'italienne avec bouillonnement des tissus et exaltation des sentiments mais une statue simple où la douleur transparaît.









Marie Madeleine

Talant_ste_Marie_MadeleineCette statue en pierre est le chef d'œuvre de maîtrise des quatre frères Péchinot, sculpteurs à Talant. La longue chevelure, le vase de parfum, tous ces objets lui donnent son identité : Marie-Madeleine. Très tôt la tradition populaire a confondu en une même personne la pécheresse anonyme Marie de Magdala, présente lors de la crucifixion et de la mise au tombeau, et Marie de Béthanie, sœur de Lazare et de Marthe. La légende la fait arriver en Provence où elle suscite de nombreuses conversions avant de se retirer dans la grotte de la Sainte Baume. Légende peut-être forgée, en tout cas propagée dès le XI ème siècle, par les moines de Vézelay pour authentifier les reliques de leur abbaye. Marie-Madeleine est, dès lors, l'image exemplaire de la pécheresse repentie et sanctifiée.


















Saint Denis

Talant_st_DenisSaint Denis est reconnaissable entre tous avec sa tête coupée, coiffée de la mitre. La légende s'est emparée de bonne heure de ce martyr décapité à Paris au IIIème siècle, le confondant avec un autre évêque, Denys, converti par saint Paul et devenu le premier évêque d'Athènes. Il porte donc des habits épiscopaux. Lors de son exécution, il ramassa sa tête coupée et marcha jusqu'à l'endroit de sa sépulture. En 639, le roi Dagobert fit transporter les reliques dans l'église de Saint Denis qui devint progressivement le sanctuaire de la monarchie française. L'artiste l'a représenté de front, le bas du corps animé d'un mouvement de rotation entraînant les vêtements en oblique de la gauche vers la droite. Son visage rond, au nez abîmé, ses yeux mi-clos pour exprimer la bienveillance s'éclairent d'un léger sourire. Il est coiffé d'une mitre qui laisse apparaître sa chevelure et il présente sa tête sur sa main gauche, ouverte comme un plateau, à mi-poitrine. Sa main droite est levée et bien que les doigts en soient cassés, on peut voir qu'elle bénissait.














Saint Étienne

Talant_st_EtienneA proximité de Marie-Madeleine un groupe, saint Étienne et la donatrice, c'est-à-dire la personne qui a commandé la statue et en a fait don à l'église, vraisemblablement une Talantaise. Le groupe est figuré en position frontale, mais le saint se retourne sur la gauche, vers la femme, et tout le haut de son corps se trouve de face. C'est une œuvre dijonnaise du début du XVI ème siècle. Étienne est un jeune homme imberbe, le visage un peu poupin, aux traits réguliers, les cheveux courts aux mèches régulièrement alignées. Traditionnellement, il est toujours représenté ainsi, portant la dalmatique du diacre. Dans sa main, quelques pierres aux angles vifs, posées sur un livre, rappellent son supplice. Depuis le XIIème siècle en effet, il tient à la main les pierres de sa lapidation.

















Saint Paul

Talant_st_PaulEn fait rien ne permet de la dénommer Paul. Certes il a les pieds nus, comme on représentait les apôtres, mais s'il tenait une épée, l'instrument de son martyre, elle a disparu et il aurait tout aussi bien pu tenir une palme, ou tout autre objet. La tradition représente Paul tantôt comme un vieillard chauve, tantôt comme un homme vigoureux à la barbe taillée. Si les apôtres, simples pêcheurs, étaient de condition modeste, Paul, artisan, était citoyen romain... mais l'artiste n'a pas hésité à le vêtir d'un gilet trop étroit, qui tire sur les boutons plissant dangereusement le tissu et laissant apercevoir la peau entre chaque boutonnière. C'est un détail trivial, amusant, comme saisi sur le vif, d'un personnage mal fagoté. Il est pieds nus, mais sur sa jambe droite tire-bouchonne une chausse visiblement décrochée. Est-ce Paul prêchant ? Ou arrêté sur le chemin de Damas ? Libre à chacun de préférer telle ou telle hypothèse.
















Saint Roch

Talant_st_RochOn remarque vite que l'animal tient dans la gueule un objet rond, sans doute un pain, que l'enfant porte des ailes - c'est donc un ange - et qu'il découvre la jambe droite du personnage central. Tous ces éléments nous renvoient à Saint Roch, né à Montpellier vers 1350, qui se fit ermite et passa une grande partie de sa vie en pèlerinage. Atteint par la peste, il se retira dans un bois où il fut nourri par le chien d'un seigneur voisin et soigné par un ange. Le culte de Saint Roch s'est répandu à partir du XVème siècle et le bubon de la peste qu'il exhibe en fait le saint guérisseur de cette maladie et de toutes celles qu'on englobait sous le même terme. Culte d'autant plus répandu que le souvenir de la peste noire (XIVème siècle) restait vivace. Barbu, le saint porte un large chapeau rejeté sur les épaules, marqué de deux clés entrecroisées signalant un pèlerin de Rome. Une longue pèlerine est attachée sur sa poitrine par-dessus une tunique rouge. Il est chaussé de bottes à revers, montant jusqu'aux genoux. L'arrière n'est pas sculpté, c'était donc une statue adossée. L'ange, de trois quarts sur la droite, soulève la tunique de la main gauche pour dégager la plaie qu'il va soigner de la main droite. Au pied droit du saint, le chien est couché, un pain dans la gueule.










Sainte Marguerite

Talant_ste_MartheIsolée, cette statue est souvent désignée comme sainte Marthe. Les rapports étroits entre les légendes relatives à sainte Marguerite et sainte Marthe expliquent cette confusion. L'œuvre abritée en l'église de Talant représente une jeune femme en prière, les mains jointes, un animal couché à ses pieds. La tête et la queue de la bête ont disparu, mais les pattes terminées par de longues griffes, l'allure générale efflanquée, un peu sauvage, la trace de la tête au bout d'un long cou replié sur le dos, l'amorce d'une queue que l'on devine puissante, se terminant en fouet sur la cuisse de la femme, tout cela permet d'identifier un dragon. Une légende provençale fait arriver Marthe avec Lazare et Marie-Madeleine en France après l'Ascension. Elle vainc, avec une croix et de l'eau bénite, la Tarasque, dragon fluvial, qu'elle mène ensuite en laisse. Quant à Marguerite, martyre grecque du IIIème siècle, sa légende a été popularisée en Occident par Jacques de Voragine dans sa "Légende Dorée". Lors de son supplice, elle est dévorée par un dragon alors qu'elle était en train de prier. Toutefois, ayant gardé une petite croix, elle réussit à percer le ventre de la bête et à sortir vivante. Elle est représentée avec le dragon couché à ses pieds.

2 septembre 2010

La cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Maguelone, historique

Maguelone_0L'île de Maguelone (insula Magalona en latin, Magalouno en provençal) s’est formée à la suite d’une éruption volcanique surtseyenne au pliocène (caractérisée par l'émission d'une lave à fleur d'eau lorsque le volcan de type explosif est une île maritime ou lacustre de faible altitude : le contact de l'eau et de la lave engendre un choc thermique qui provoque la vaporisation de l'eau et la fragmentation de la lave). Une fois l'activité magmatique terminée, l'érosion fit son travail. L’eau, le feu, la terre et l’air. Tout cela me rappelle un certain Mont-Saint-Michel d’Aiguilhe….




Maguelone_1L’île fut habitée dès le premier âge du Fer. Les fouilles ont permis de situer un habitat étrusque situé sous l’église funéraire paléochrétienne, à 200m de la cathédrale. Le commerce maritime se développa au VIIème siècle avant notre ère. Des traces gallo-romaines montrent une exploitation de saline. La religion chrétienne s'y imposa peu à peu, et dès 533, un évêché fut fixé sur l'île, malgré son éloignement de la voie Domitienne : l’explication pourrait en être la récupération d’un ancien lieu sacré.  En 589 son évêque Boetius fut convoqué au concile de Tolède. Génésius prit la suite en 597.




Maguelone_17Les Wisigoths s'emparèrent en 673 de la contrée de Maguelone : des sarcophages et des restes d'une nécropole wisigothique furent retrouvés. Au VIIIe siècle, les Sarrasins conquirent la Septimanie. Maguelone, en raison de sa position clef, devint « Port Sarrasin », sans doute une place fortifiée. Des quais furent établis permettant aux navires d'accoster.








Maguelone_4En réaction, les Francs entamèrent la reconquête : la première cathédrale transformée en mosquée fut entièrement détruite en 737 sur ordre de Charles Martel. Le site fut alors abandonné durant trois siècles. L'évêque s'installa à quelques kilomètres, sur l'oppidum antique de Substantio  (Castelnau-le-Lez), proche de la future ville de Montpellier, et le comte se fixa à Melgueil (Mauguio).





















Maguelone_3Dès la fin du IXème siècle, les comtes de Maguelone-Melgueil mirent la main sur l’évêché, disposant des revenus et nommant les évêques. En 1030, l’évêque Arnaud décida le retour de l’évêché sur l’île. Il fit construire une nouvelle cathédrale, consacrée en 1054, ainsi que les bâtiments du chapitre et une ceinture de fortifications, appelée « enceinte des portes de fer », puis le pont d'un kilomètre de long reliant Maguelone à Villeneuve, réunissant ainsi l'île au continent. De ce premier édifice roman subsiste encore la chapelle Saint-Augustin, sur le flanc sud. C’est dans cette chapelle que le corps d’Arnaud, mort en 1060, fut transféré du cloître au XIIème siècle.









Maguelone_9En 1085, le comte Pierre de Melgueil se plaça sous la protection du pape en faisant don de son comté et des droits dont il jouissait dans l'évêché de Maguelone "aux apôtres Pierre et Paul, au pape Grégoire VII et à ses successeurs". Le Pape Urbain II vint visiter l'île en 1096 et déclara cette cathédrale "seconde après celle de Rome". Il lui accorda le port des armes pontificales : les clés de saint Pierre, et octroya une indulgence plénière à tous ceux qui recevraient sépulture dans son cimetière. De plus, Maguelone devint terre d’asile pour les papes fuyant les luttes à Rome.



Maguelone_plan_2Prestige et richesse amenèrent au XIIème siècle l'édification d'une nouvelle cathédrale plus vaste, d'un cloître à deux étages, de logis pour l'évêque et les chanoines (ils seront jusqu’à 60), ainsi que de nouveaux bâtiments pour assurer une large hospitalité.







Maguelone_32Le chœur et le transept furent bénis par les évêques Galtier (1104-1129) et Raymond (1129-1158), le maître-autel fut consacré en 1162 par Jean de Montlaur. De nombreuses personnalités y furent reçues : l'abbé de Cluny, et Suger, abbé de Saint Denis par exemple.























Maguelone_10Maguelone, recevant alors de nombreuses donations, devint un grand centre de rayonnement intellectuel, et fut à l’origine des futures facultés de Montpellier : Médecine, Droit. La faculté des Arts, qui groupait alors Lettres et Sciences, fut créée sous Jean de Montlaur II (1234-1247) qui établit leurs règlements.









Maguelone_7Le point de départ de l'essor universitaire de Montpellier fut l'année 1289, quand le pape Nicolas IV érigea en "studium generale" ces diverses écoles et conserva à l'évêque de Maguelone le droit de décerner le titre de chancelier de l'université et le droit de délivrer la licence.









Maguelone_46Mais Montpellier allait détrôner Maguelone : les évêques, attirés par une vie plus facile, s’y installèrent, abandonnant l’île austère et laissant la gestion entre les mains d'un Prévost.











Maguelone_21En 1536, François 1er fit transférer définitivement le Chapitre au Diocèse épiscopal de Montpellier.
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Maguelone_45Les chanoines vendirent progressivement les bâtiments. L'île fut progressivement laissée à l'abandon et au pillage jusqu'à ce que Richelieu, en réaction à l’épisode où  les protestants, en 1562, trouvèrent un asile favorable dans les fortifications vacantes, ordonne  le démantèlement "au canon" du siège épiscopal.
Maguelone_20













Maguelone_34Les ruines de la cathédrale devinrent biens de la République vers 1790. Elles furent vendues à des particuliers qui cédèrent en partie les pierres pour la construction du Canal du Rhône à Sète. Les derniers propriétaires laïcs furent les membres de la Famille Fabrège qui rachetèrent l’île en 1852, et à qui l'on doit la préservation et la restauration du monument, ainsi que les fouilles. Le culte fut rétabli dans la cathédrale en 1875.













Maguelone_12L’île est maintenant rattachée à la terre ferme par un lido sablonneux, entre mer et étang. Ce fait donna à la cathédrale le nom de « cathédrale des sables ». Du point de vue tellurique, la cathédrale est traversée du sud au nord par un courant puissant venant d'Afrique. Ressortant de l'édifice, il continue vers Montpellier, Aniane, Saint Guilhem le désert, Rodez, Aurillac et Clermont-Ferrand.











Maguelone_18http://www.decouvrir-l-herault.com/mag-cathedrale.htm
http://villeneuve.les.maguelone.guerrero.pagesperso-orange.fr/private/Maguelone/Maguelone.htm
http://www.art-roman.net/maguelone/maguelone.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cath%C3%A9drale_Saint-Pierre-et-Saint-Paul_de_Maguelone
http://jean-francois.mangin.pagesperso-orange.fr/capetiens/capetiens_maguelone.htm
http://muselat.chez.com/maguelone.htm         
http://chamboredon-tribu.spaces.live.com/?_c11_BlogPart_BlogPart=blogview&_c=BlogPart&partqs=cat%3DHistoire
http://www.compagnons-de-maguelone.org/histoire.htm
Extrait du « guide du visiteur » de Robert Saint-Jean

Voir la carte ici.

2 septembre 2010

La cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Maguelone, l’extérieur

Maguelone_61Peu accessible aujourd’hui pour des raisons de sécurité (comme d’habitude…) l’extérieur de la cathédrale se présente sous l’aspect d’une énorme bâtisse de pierre grise gardant les vestiges du système défensif détruit en 1632. Les murs supportent de puissants contreforts qui portaient jadis de grands arcs formant mâchicoulis, créneaux et chemin de ronde.
Des tours qui surmontaient à l’origine les croisillons du transept et qui flanquaient la façade ne subsistent plus que la tour de l’évêque à l’ouest, et celle du Saint-Sépulcre au nord. Les bâtiments du chapitre ont complètement disparu.





La façade ouest

Maguelone_24A l'origine, elle était divisée verticalement en trois parties par deux contreforts qui supportaient trois arcs brisés qui formaient mâchicoulis protégeant la porte et la fenêtre haute.
















Maguelone_23La tour dite de la chambre de l'évêque fut construite au XIIIème siècle contre la façade romane. Une seconde tour s'élevait au sud-ouest de la façade.












Le portail

Maguelone_25Le portail, qui s'ouvrait autrefois au fond d'un passage étroit prolongé par les deux tours, présente un tympan de facture déjà gothique, sculpté dans un marbre blanc antique au XIIIème siècle. 












Maguelone_28Le Christ en gloire est assis sur un trône cannelé. Sa silhouette massive, drapée à l’ancienne, s’inscrit dans une gloire polylobée. Il est entouré du tétramorphe : l’ange (Matthieu), l’aigle (Jean), le lion (Marc) et le bœuf (Luc), tenant de longs phylactères.  Une mince frange ondulée de nuages entoure la composition dont le style antiquisant et le réalisme dénotent l’influence tardive des ateliers de Saint-Gilles dans un esprit déjà gothique.










Maguelone_26Les deux bas-reliefs enchâssés dans les piédroits (représentant les saints patrons de la cathédrale : saint Pierre à droite et saint Paul à gauche) sont des fragments d'un tympan du début du XIIème siècle.
















Maguelone_27Ils appartenaient à l'origine à un grand tympan.


















Maguelone_31Les deux consoles qui supportent le linteau semblent de la même origine. Elles représentent également Pierre et Paul.
Maguelone_30
















Maguelone_linteauLe linteau, orné d'un rinceau d'acanthes stylisées, est également un remploi, daté de 1178. Il fut sculpté dans un ancien milliaire romain en marbre.


Texte de l'inscription du linteau :

+ AD PORTU(M) VITE : SITIENTES QUID(UE) VENITE / HAS INTRANDO FORES : COMPONIYE MORES : HINC INTRANS ORA : TUA SE(M)PER CRIMINA PLORA : QUICQ(UI)D PECCATUR : LACRIMAR(UM) FONTE LAVATUR.
Sur le bandeau vertical, à gauche :
+ B.(ERNARDUS) D. (E) III VIIS FECIT HOX + AN(N)O INC(ARNATIONIS) D(DOMINI) M.C.LXX.VIII. +

A ce havre de vie, venez, vous qui avez soif : en franchissant ces portes, corrigez vos mœurs. Toi qui entre ici, pleure toujours  tes fautes. Quel que soit ton péché, il est lavé par une fontaine de larmes.
Bernard de Tréviers a fait cela, en l'an de l'Incarnation du Seigneur 1178.

La chapelle Saint-Blaise

Maguelone_19Située sur le côté sud de la cathédrale, la chapelle Saint-Blaise fut réédifiée par Frédéric Fabrège en 1852. Il planta sur l’île, alors dénudée, de nombreuses essences méditerranéennes. En Le 15 juin 1930, lors du centenaire du poète Frédéric Mistral, une plaque commémorative fut apposée sur la vieille chapelle où Fabrège avait installé sa bibliothèque. On peut y lire le 1er couplet de la Respelido : 
Pour la Sainte Estelle de MAGUELONE, Le 27 Mai 1900, Frédéric MISTRAL fit retentir LA RESPELIDA ("LA RENAISSANCE")
"Nous autres en plein jour, Nous voulons toujours parler La langue du Midi Voici le Félibrige!"

2 septembre 2010

La cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Maguelone, l’intérieur

Maguelone plan 2a

 

La nef

Maguelone_56aLa nef unique, bâtie par Jean de Montlaur dans la seconde moitié du XIIème siècle, est caractéristique des grands vaisseaux romans languedociens : ampleur des proportions (largeur 10 m, hauteur 19 m 50), épaisseur considérable des murs (entre 2 m et 2 m 50), éclairage mesuré et sobriété extrême du décor sculpté. Cette austérité est compensée par la qualité de la maçonnerie. Bâtis en calcaire coquiller, d’une patine ocre, les murs de la nef sont divisés en trois travées par des demi-colonnes engagées qui montent d’un trait jusqu’aux arcs doubleaux de la voûte. De simples chapiteaux à feuille d’acanthe et une large corniche classique sont les seuls ornements.

La nef demeure relativement sombre : pas d’ouverture au nord, l’éclairage étant réservé à la partie noble, c'est-à-dire la tribune, pourvue de 3 fenêtres au sud et 2 baies superposées à l’ouest.






Maguelone_36Un ensemble de bas-reliefs et d'épitaphes, retrouvés par Fabrice Fabrège lorsqu'il rénovait le dallage de la cathédrale, est fixé sur le mur de la 2ème travée.  Ils proviennent du cloître, du cimetière ou ont été apportés comme éléments décoratifs, notamment pour les pièces de l'époque antique.
Maguelone_37









La tribune 

Maguelone_40Construite probablement en deux étapes dans la seconde moitié du Xlle siècle pour réciter l’office, et sans doute aussi pour fuir le froid et l’humidité, les chanoines y placèrent leurs stalles.
Maguelone_41















Maguelone_39On y accède par un escalier droit à pente douce et larges marches, entièrement pris dans l’épaisseur du mur nord de la nef (il permettait aux chanoines, comtes de Maguelone, d'accéder à cheval jusqu'à la tribune). A son sommet, deux portes donnaient l’une sur la tribune, l’autre sur le cloître supérieur aujourd’hui détruit. Contrairement à la nef, la tribune des chanoines est éclairée par cinq fenêtres décorées. Deux petites chapelles hautes prises dans les murs de la nef s'ouvrent de chaque côté de la tribune.












Maguelone_43L’autel était à l’époque dédié à saint Nicolas. Fabrèges le remplaça par la pierre tombale de l’évêque jean de Montlaur, mort en 1190, retrouvée en 1912. Il s’agit du couvercle de son sarcophage dont les 4 côtés sont gravés d’une longue épitaphe en vers latins, faisant allusion aux écoles créées par le prélat.










IN HOC VASE JOANNIS  w A
LUX SEMPER CLARESCAT PERENNIS
QUI SPIRITUS SANTI DONIS
PAUPERES INTRODUXIT IN SCOLIS
ET CUJUS NOBIS EFUSUS EST SANGUIS
ILLIUS PURGET CRIMINA CARNIS

BERTRANDUS VOCATUR ILLE
QUI SIBI ELEGIT DE MILLE
HIC EUMDEPOSUIT
SICUTI AD PRESENS POTUIT
IN PRIMA HEBDOMADA QUADRAGESIME
ANNO INCARNACIONIS DOMINICE
SICUTI SUCEPTUS EST IN SILICE
QUI POSITUS EST IN CAPITE
IN DIE PENULTIMO POSTREMO IN MERCURIO
AB HOC MIGRAVIT SECULO FINITO NONDUM FEBRUARIO

Maguelone_41b"Dans ce tombeau repose le corps de Jean. Que l’Alpha et l’Omega, lumière éternelle, resplendisse toujours pour lui, qui dans les écoles ouvrit les pauvres aux dons de l’esprit, et que celui dont le sang fût versé pour nous lave ses fautes charnelles.









Maguelone_41aCelui qu’il avait choisi entre mille s’appelle Bertrand. Ce fut lui qui l’ensevelit, comme il put encore le faire, dans la première semaine du Carême de l’an de l’incarnation du Seigneur (1191). Ainsi qu’il est écrit sur la pierre qui est posée sur sa tête, il quitta ce siècle un mercredi, avant dernier jour de février"







Maguelone_47Vers l’ouest, au niveau du sol, une large fente sous un arc de décharge. Véritable mâchicoulis intérieur, il permettait, outre le tir plongeant, de manœuvrer une herse qui doublait le portail.












Le transept

Maguelone_54aCommencé avec l’abside au début du XIIème siècle par l’évêque Galtier et achevé par son successeur Godefroy, il comporte une vaste travée rectangulaire voûtée d’un berceau brisé, flanqué de deux chapelles plus basses formant les croisillons, composées d'une grande voûte sur croisée d'ogives.









Maguelone_48Au nord, la chapelle du Saint-Sépulcre : son mausolée de type gothique date du XIVème siècle, et fut construit pour le cardinal de Canillac, ancien prévôt de Maguelone.
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Maguelone_49Le tombeau, très dégradé, abrite un sarcophage wisigoth (VIème siècle) en marbre gris sculpté. Trouvé au siècle dernier et baptisé « tombeau de la belle Maguelonne », héroïne d’un roman légendaire, il est orné de souples rinceaux où se mêlent les feuilles d’acanthe et de vigne.









Maguelone_55Au sud, la chapelle Sainte-Marie : elle communiquait à l'origine avec le cimetière attenant par la "porte des morts", percée dans l’angle sud ouest. C’est au pied de l’autel roman en marbre noir que repose Frédéric Fabrèges. Des sarcophages y sont aujourd'hui entreposés. 















Maguelone_44Le sol est tapissé de tombes, pour la plupart anonymes. Les quatre gisants d'évêques en marbre blanc sont remarquables. Du nord au sud on trouve successivement :

























Maguelone_50Antoine de Subjet, évêque de Montpellier (1573-1596), représenté en bas-relief, vêtu de la chape, mains croisées et longue barbe.

















Maguelone_51Izarn Barrière (1488-1498), célèbre pour avoir réorganisé l'université. Son effigie, traitée en haut-relief, se détache dans une niche d'architecture Renaissance.
















Maguelone_53Jean de Bonald (1472-1487), lettré et humaniste, il légua sa bibliothèque au chapitre. Une élégante plate-tombe de style gothique simplement gravée dans le marbre blanc, d'un dessin très pur.
















Maguelone_54Guitard de Ratte (1596·1602) le dernier évêque enseveli dans la cathédrale. Son effigie est lourde, d'un réalisme appuyé (vêtements, crosse, coussins).

















L'abside

Maguelone_35Édifiée au début du XIIème siècle, elle est caractéristique du style roman primitif. Polygonale, elle est éclairée par 3 fenêtres avec des colonnettes, et le tour de l'abside est décoré par une couronne de petits arcs surmontée par un cordon de dents d'engrenage (similaire aux "bandes lombardes"). Elle est décorée d'une arcature à hauteur des fenêtres.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Maguelone_33Une banquette de pierre (banc presbytéral, héritage de la tradition paléochrétienne) fait le tour de l'abside : au dessus, on  distingue la trace triangulaire du trône épiscopal.  Rétabli par Fabrèges, le maître autel n’est pas antérieur au XVIIème siècle. Par un privilège réservé aux basiliques romaines, il était jadis orné des flabella, éventails en plume de paon, symbole d’appartenance au Saint-Siège et de la vigilance apostolique.















La chapelle Saint-Augustin 

Maguelone_58Seul témoin de la première cathédrale romane édifiée par l’évêque Arnaud au XIème siècle, elle communique avec la nef par un grand arc en plein cintre formé de trois voussures épaisses. Sur le piédroit de droite, on peut lire, en caractères romains, l’épitaphe d’Anibert, évêque d’Avignon mort à Maguelone au début du XIIème siècle. Cette chapelle, qui pouvait constituer le croisillon sud de la cathédrale d’Arnaud, est voûtée en berceau. A l’étage se trouvait jadis la chapelle Saint-Michel, aujourd’hui ruinée.











Maguelone_59Elle abrite un autel en marbre blanc aux armes de l’évêque Jean de Bonald, mort en 1487, dont la tombe se situe dans le transept. Au dessus, une dalle inscrite : l’épitaphe reconstituée d’Arnaud. « Ci-gît Arnaud, père et bâtisseur de cette église durant les trente années de son épiscopat. Il mourut à Villeneuve au retour d’un pèlerinage à Jérusalem. Transporté ici, il fut d’abord déposé au bas de l’escalier, devant la porte du cloître. L’évêque Godefroy, instruit par une vision, le fit transférer plus dignement ici ».   

2 septembre 2010

La cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Maguelone, les légendes

Vous savez que les légendes en apprennent bien plus sur l’histoire d’un lieu que tous les manuels scolaires. Maguelone en possède de nombreuses.

Les plumes de paon

Maguelone_52On les retrouve vers l’autel. Ce sont des flabella. L'usage de ces éventails se retrouve en Égypte antique, où sous le nom de nékhekh, ils faisaient partie des attributs du pharaon. Dans l'Église catholique, ces éventails étaient portés devant le pape, jusqu'à la simplification des cérémonies induites par le dernier Concile sous le pontificat de Paul VI. Les plumes de paon dont ils étaient confectionnés, à cause de leurs ocelles, symbolisaient le regard, et donc la vigilance du pape sur l'ensemble de l'Église.











Maguelone_l_gende_6Mais le paon peut représenter plusieurs symboles: pour les premiers chrétiens, il est considéré de façon bienveillante car sa chair passait pour être imputrescible comme le corps du Christ au tombeau. La chute et la repousse de ses plumes au printemps était interprétée comme symbole de renouveau et de résurrection. Il faut donc voir le paon comme symbole d'immortalité.







Maguelone_52aSelon une croyance populaire, le sang du paon passait aussi pour écarter les démons. Le paon a souvent été représenté sur les images de la nativité. Deux paons buvant à une coupe indiquent la renaissance spirituelle, la dualité harmonisée et l'initié libéré des désirs et du pouvoir de l'égo et les ailes des anges sont souvent en plumes de paon.














Maguelone_l_gende_7La plume, symbole de justice chez les Égyptiens, dont le poids suffit à rompre l'équilibre, est associée à un symbole lunaire représentant la croissance de la végétation. Symbole de puissance aérienne, la force ascensionnelle de la plume libère l'homme des pesanteurs de ce monde. Mais aussi symbole solaire, lié au déploiement de sa queue en forme de roue. Par la multitude de ses "yeux", et les couleurs de ses plumes, c'est la manifestation d'un principe de totalité, de plénitude solaire.




Maguelone_l_gende_8Les Égyptiens appelaient aussi la plume « le traceur de tout ». C'est le symbole de l'expression de la parole divine délivrée par l'écriture. Mais, comme la plume est l'attribut exclusif des oiseaux, elle symbolise aussi des vertus anthropomorphiques prêtées à certaines espèces d'oiseaux comme l'aigle, qui est symbole de sagesse et messager spirituel entre les dieux et l'homme. Pour les peuples nord-amérindiens, la plume d'aigle apporte la sagesse à celui qui la porte.







Maguelone_Junon_MoreauDans la Religion romaine antique, des bijoux à base de plumes ou des plumes étaient déposés dans les sanctuaires de Junon. Cette tradition, venue vraisemblablement d'Orient, était équivalente à celle retenue pour le culte grec d'Héra. Dans la mythologie, c'est Junon/Héra qui a placé les ocelles sur les plumes du paon. À Rome, les plumes de paon symbolisaient Junon (IVNO REGINA) puisque justement sa beauté résidait, paraît-il surtout dans ses yeux.














Les clés de saint Pierre

Maguelone_27aOn se souvient que le Pape Urbain II vint visiter l'île en 1096 et déclara cette cathédrale "seconde après celle de Rome". Il lui accorda alors le port des armes pontificales : les clés de saint Pierre.
Symbole double, ouverture et fermeture, la clé a à la fois un rôle d'initiation et de discrimination. La clé ouvre la voie initiatique. Le pouvoir des clés est celui qui permet de lier et de délier, d'ouvrir ou de fermer le ciel. Selon la terminologie alchimique, c'est le pouvoir de coaguler et de dissoudre.









Maguelone_Janus_2La clé d'or et la clé d'argent furent les emblèmes de Janus, le dieu romain, gardien des portes. Ces clés ouvraient entre-autres, les portes solsticiales, c'est-à-dire l'accès aux phases ascendante et descendante du cycle annuel qui trouvent leur équilibre aux équinoxes. Janus était considéré comme le guide des âmes (d'où son double visage : l'un tourné vers la terre et l'autre vers le ciel). Janus garde toutes les portes et gouverne toutes les routes. Le double aspect du pouvoir (diurne et nocturne) de la clé correspond à l'autorité spirituelle et aux fonctions royales dont le but respectif est, selon Dante, l'accession au paradis céleste et au paradis terrestre. La clé est aussi symbole du chef, du maître, de l'initiateur, celui qui détient le pouvoir de décision et la responsabilité.






Maguelone_cl_sElle est donc aussi l'attribut de saint Pierre qui ouvrait et fermait l'accès au Royaume des Cieux. Selon la terminologie hermétique, la clef est reliée aux Grands Mystères et Petits Mystères. Dans les contes et légendes, elles marquent les étapes de la purification et de l'initiation.
















La légende de la Belle Maguelone

Maguelone_49On se souvient aussi que dans la chapelle du Saint-Sépulcre se trouve un sarcophage wisigoth du VIème siècle en marbre gris sculpté. Trouvé au siècle dernier il fut baptisé « tombeau de la belle Maguelonne ». Ce roman courtois composé au XIIème siècle connut un franc succès lors de sa première impression en 1478.








Maguelone_l_gende_2Au Moyen Âge, Pierre, fils d'un comte de Provence aurait entendu parler de la beauté d’une princesse napolitaine qui s’appelait Maguelonne. Il décida de partir pour la cité italienne afin de la rencontrer. Lorsqu’il arriva sur les lieux, il participa à un tournoi qu’il finit par gagner. Sa victoire lui permit d’être invité chez le roi et d’enfin rencontrer la princesse. Dès qu’ils se virent, les deux jeunes gens tombèrent éperdument amoureux l’un de l’autre. Pour prouver son amour, Pierre offrit trois anneaux d’or à sa promise. Une vie de richesse ne les intéressait pas ; aussi, un soir, décidèrent-ils de s’enfuir à cheval. Toute la nuit durant, le cheval galopa. Lorsque le soleil commença à se lever, ils firent une halte au bord de la mer afin de se reposer. C’est alors qu’un oiseau déroba les trois anneaux d’or de la princesse et s’enfuit en direction du large. Avec tout son courage, Pierre décida de poursuivre l’oiseau sur une barque, mais soudain, une tempête se leva et fit chavirer la petite embarcation. C’était la fin, Pierre était voué à disparaitre, il était perdu en pleine mer. Mais heureusement, un navire maure venant d’Afrique passa par là et sauva Pierre d’une mort certaine.

Maguelone_l_gende_3Pendant ce temps, Maguelonne attendait désespérément. Inquiète, triste, elle marchait sur la plage attendant le retour de son bien-aimé. Elle arriva sur une petite île qu’on appelait alors « Port Sarrazin ». Dans toute sa détresse, elle comprit qu’elle ne pouvait compter que sur Dieu, aussi décida-t-elle de fonder un hôpital et une église sur ce tout petit îlot. Lorsqu’elle donna un nom à l’église, elle n’hésita pas et ses pensées se figèrent sur son amour disparu : l’édifice allait s’appeler Saint-Pierre, en hommage à son courageux bien-aimé.
Pierre était quant à lui parvenu à accomplir de grands faits d’armes auprès de l’armée du sultan. Pour le récompenser, celui-ci lui redonna sa liberté.
Pierre prit aussitôt la décision de partir pour retrouver sa princesse mais il fut abandonné sur une île déserte par son propre équipage ! Il fut une nouvelle fois chanceux puisque des pécheurs le retrouvèrent et le ramenèrent à l’hôpital de « Port Sarrazin » où il retrouva la belle Maguelonne.

Maguelone_clocheUne autre légende qui rôde autour de la cathédrale est celle de la cloche, "la Campana de Magalouna". Cette cloche avait la faculté de porter bonheur aux futures mariées. Les jeunes filles devaient grimper sur le toit de la cathédrale et la faire tinter. C'était le gage d'un mariage heureux accompagné de beaucoup de bonheur. En effet, la "Maguelonne" de la légende, symbole de l'amour, veillerait sur elles et exaucerait tous leurs vœux.







Maguelone_VenusVénus, l’étoile du berger, est surnommée par les Provençaux ……  Magalouno.

Quand Magalouno a soun mantèu
E lo Mount Ventour son capèu
Bouié, destalo e courre lèu.
Quand Maguelone a son manteau
Et le Mont Ventoux son chapeau
Laboureur, dételle et cours vite.











Simon le Lépreux, premier évêque de Maguelone, Marie de Magdala et sa grotte

Maguelone_l_gende__le_repas_ches_Simon__Philippe_de_Champaigne__9Marc 14 : 3-9 : " Comme Jésus était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux, une femme entra, pendant qu'il se trouvait à table. Elle tenait un vase d'albâtre, qui renfermait un parfum de nard pur de grand prix; et, ayant rompu le vase, elle répandit le parfum sur la tête de Jésus…"









Maguelone_Marie_Madeleine_2La légende rapporte que Simon, après avoir converti à la religion chrétienne grand nombre de peuples riverains du Rhône, apporta la bonne nouvelle dans l’île de Maguelone qui renfermait un temple desservi par des vestales. Sa mission terminée, il se disposait à passer en Espagne, quand par un dernier effort des divinités païennes expirantes, le martyre vint couronner sa vie. Les vestales de l'île, poussées par leur haine contre les apôtres du Christ, le précipitèrent dans l'étang, dont les eaux profondes n'éteignirent pas l'ardente clarté de l'apôtre, qui reçut dans le ciel la couronne d'immortalité. (Extrait de l’ouvrage de J. B. Rihet--Boismery, « La prisonnière des sables », Arnaud, 1993)
H. Buriot-Darsiles, dans son livre "Maguelone petite île-grand passé", nous parle d'une légende se rapportant aux premiers temps du christianisme :





Maguelone_marie_madeleine« Le nom de Maguelone viendrait tout simplement de celui de Marie-Madeleine (Magdala ayant donné Maguelone). Marie Madeleine, en effet, aurait suivi Simon le lépreux et les saintes Maries, puis se serait retirée dans une grotte près de Villeneuve : la grotte de la Madeleine. Ce seraient alors, probablement, les habitants de Massilia (Marseille) qui auraient dénommé ainsi cette île. Ce n’est pourtant que dans le premier tiers du IIIème siècle de l’ère chrétienne que nous trouvons la première mention d’une « cité de Maguelone », dans le fameux « Itinéraire » dit d’Antonin. La tradition fait de Simon le lépreux l’Apôtre et le premier évêque de la cité maguelonaise ».

Une cathédrale, surtout au titre de deuxième après Rome, est souvent bâtie sur le sanctuaire d’un saint… même si ce sanctuaire est loin des routes et des bourgades. Peut-être une explication àa la situation de Maguelone ?

Située à 4,5 km de Maguelone, et à proximité de l'étang de Vic, se trouve l'entrée d’une vaste caverne qui dominait autrefois une partie du littoral. Remarquable par ses stalactites et par les cristallisations des gouttes d'eau minérale qui suintent à travers le rocher de la voûte, elle est le terminus d'une rivière souterraine, dangereuse par ses émanations de gaz(Une Pythie ?). La source qui l'alimente et qui coule avec un bruit de cascade, d'une caverne supérieure, aurait pour origine une partie des eaux de la rivière Mosson. Fréquentée dès 2 700 avant notre ère, cette grotte fut nommée Madeleine, en souvenir de l'amie du Christ, Marie-Madeleine qui l'aurait choisie pour retraite après son débarquement à Maguelone. Des documents parlent de « La Baume » pour désigner la grotte de la Madeleine. Ça rappelle une autre histoire.

La fondation de Montpellier

Maguelone_l_gende_1Pépin le Bref, en l’an 752, vint en Septimanie et trouva les places de cette province occupées par les seigneurs wisigoths qui, les ayant recouvrées sur les sarrasins, s’en étaient fait autant de seigneuries sous le titre de comtés. De ce nombre était le père de Benoit d’Aniane qui avait pris le titre de comte de Maguelone. Pépin les confirma dans leurs possessions. Le nom du père de Benoit est inconnu, Aygulf est une invention moderne. On sait seulement qu’il rendit à Pépin d’importants services, notamment lors du siège de Narbonne. L’éducation de Benoit (Qui s’appelait Wittiza) fut faite à la cour de Pépin, puis à celle de Charlemagne.
Le comte de Maguelone donc, Aygulf, consulta un jour un talmudiste qui était à la fois son médecin et son familier. Celui-ci lui montra la nuit, au milieu d'un bois, deux arbustes mystérieux qui, d'abord éloignés l'un de l'autre, se réunirent en un grand arbre aux doubles racines. Ensuite apparut une jeune fille à deux têtes qui, à leur tour, se transformèrent en une seule, d'une ravissante et rayonnante beauté. Elle prophétisa, et c'est à cet endroit que le comte Aygulf décida de fonder Montpellier.

Les variolites

Variolite_1Sur la plage de Maguelone, on trouve de petits galets verdâtres, tachetés et marbrés. Ce sont des variolites. Ces pierres proviennent de la haute vallée de la Durance et ont été entraînées par le  Rhône. Elles sont roulées par la mer jusqu’à la plage de Maguelone. Il s'agit de feldspaths qui résultent de la cristallisation rapide du magma en contact avec l'eau.
Depuis l'Age de Bronze, elles furent considérées en Gaule méridionale, à l'instar des haches préhistoriques en pierre polie, comme amulettes et talismans, sorte de porte-bonheur ayant un pouvoir magique de protection contre les dangers, les maléfices et certaines maladies. 
Plus près de nous, les bergers du Midi, tant en Provence qu'en Languedoc et en Cévennes, employaient très fréquemment ces pierres pour protéger et guérir le moutons menacés ou atteints de la clavelée (picota, en langue d'Oc). Ils les appelaient pierres à la picote. On prétendait même que ces pierres pouvaient également protéger les hommes de tous les malheurs.

http://villeneuve.les.maguelone.guerrero.pagesperso-orange.fr/private/Maguelone/Croyancesetlegendes.htm
http://www.berry-passion.com/symbolisme_et_patrimoine.htm
http://www.compagnons-de-maguelone.org/legendes.htm
http://villeneuve.les.maguelone.guerrero.pagesperso-orange.fr/private/Village/lagrottedelaMadeleine.htm
http://variolite.fr/

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