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9 octobre 2010

La cathédrale Saint-Lazare d'Autun, historique

Autun_6aSur le site se trouvait l'ancienne Bibracte, capitale des Éduens, l'une des villes les plus importantes de la Gaule, qui comportait à l’époque un sénat des Druides et une école druidique où l'on venait de très loin. Puis Augustodunum fut bâtie sous le règne de l'empereur Auguste par les Romains comme sœur et émule de Rome.
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Autun_8Ils construisirent une enceinte de 6km de long, un théâtre et un amphithéâtre pouvant contenir jusqu'à 20 000 personnes. La ville devint la capitale gallo-romaine des Éduens en remplacement de Bibracte : au premier siècle, le temple dit de Janus fut élevé. Il semblerait que ce soit un fanum de tradition gauloise, bâti  avec la technique romaine.
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Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_85Puis Autun devint rapidement un évêché. Une première domus ecclesiae fut élevée au cours du III ème siècle, qui devint abbatiale, partie d’un futur groupe épiscopal. Au X ème siècle, à Vézelay, les reliques de sainte Madeleine, provenant de la Sainte Baume, attirèrent nombre de pèlerins.










Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_58La foire commerciale de Vézelay fit de l’ombre au marché d’Autun. Gérard, l’évêque d’Autun, négocia alors avec celui de Marseille en 965 pour faire venir le corps de Lazare, qui pourrait faire concurrence. Après bien des tractations, le corps arriva en 972. Il fut exposé à la dévotion des fidèles dans la cathédrale saint Nazaire. Mais…
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Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_41Au temps de saint Augustin, à Aix en Provence, siégeait un évêque qui s’appelait Lazare. Il administrait sagement son diocèse. Devant se rendre à un synode à Jérusalem, il en profita pour visiter les lieux saints et aller se recueillir sur la tombe de son saint patron, l’ami de Jésus. De retour en Gaule, il rapporta le culte de ce saint, culte qui se répandit alors dans toute la Gaule Narbonnaise. Les évêques de la région furent contrariés par ce succès, par la notoriété qu’acquit ainsi l’évêque d’Aix…







Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_46Jaloux, ils le contraignirent à démissionner. Lazare obtempéra et se retira à l’Abbaye Saint-Victor de Marseille, fondée par Cassien. Il y mourut le 31 août 441. On l’ensevelit dans la crypte du monastère et l’on grava sur sa tombe une épitaphe. Au temps de Charlemagne on redécouvrit, dans l’Abbaye Saint-Victor de Marseille, le tombeau de Lazare. La confusion se fit instantanément. On ne consulta pas les archives… Comme quoi, les histoires de gros sous s’arrangent depuis longtemps pour nous faire avaler des couleuvres.











Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_10Quoi qu’il en soit, la ville devint un lieu de pèlerinage important. Étienne de Bagé, évêque de la ville et ancien moine de Cluny, décida de construire une nouvelle église, sur le modèle de l'église clunisienne de Paray-le-Monial : commencée vers 1120, consacrée par le pape Innocent II le 28 décembre 1132, elle fut terminée en 1146. Les reliques de Lazare y furent transférées le 20 octobre 1148, et elle prit alors le nom du saint. Elle devint cathédrale en 1195 en remplacement de Saint-Nazaire, toujours inachevée.











Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_21Au XIII ème siècle, les arcs-boutants furent mis en place pour soutenir la voûte en berceau brisé de la nef qui remplaçait la voûte d’origine, en bois. En 1469, la flèche de 80 mètres de haut fut construite par le cardinal Rolin (fils du chancelier Nicolas Rolin qui construisit les Hospices de Beaune) en remplacement du clocher roman détruit par la foudre. La partie supérieure du chevet et les chapelles du bas-côté droit datent du XV ème siècle. Les chapelles du bas-côté gauche furent édifiées au XVI ème siècle.
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Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_7 Sous l’impulsion des chanoines, qui trouvaient leur cathédrale de “mauvais goût et inesthétique”, disparurent en 1766 le tombeau de saint Lazare avec sa superbe sculpture romane, le tympan du portail du transept, le jubé du XV ème siècle avec une grande partie de ses sculptures, les stalles médiévales, la plupart des pierres tombales et des peintures murales.








Autun_9Tout l'espace du chœur fut détruit, y compris la mosaïque du XII ème siècle, remplacée par un pavé neuf. Le fameux tympan du Jugement Dernier de Gislebert fut recouvert de plâtre. Sûr, c’était bien plus joli, n’est-il pas ?  Cette dernière bêtise (pour ne pas être grossière) lui valut d'être préservé du vandalisme de la période révolutionnaire. Il fut redécouvert et dégagé en 1837.  La tête du Christ, ayant été sectionnée au cours du  plâtrage et conservée au musée Rolin, ne fut remise en place qu'en 1948.












Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_4En 1858, les deux tours du portail principal furent achevées sur le modèle de Paray-le-Monial, à l'occasion de travaux de restauration contrôlés par Viollet-le-Duc qui fit refaire la voûte, consolider la flèche et retirer les marbres des autels qui étaient autrefois accolés aux piliers de la nef.
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Autun_11http://architecture.relig.free.fr/autun.htm
http://abbaye-veniere.fr/2b-lazare.php
http://www.art-roman.net/autun/autun.htm

























Autun_10http://fr.wikipedia.org/wiki/Cath%C3%A9drale_Saint-Lazare_d%27Autun
http://www.terres-romanes.lu/autun_interieur.htm
http://www.cityzeum.com/cathedrale-saint-lazare-dautun

Pour voir la carte, cliquer ici.

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9 octobre 2010

La cathédrale Saint-Lazare d'Autun, l’extérieur


Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_16Personne ne peut imaginer, de la place de la cathédrale où se trouve la fontaine Saint-Lazare, du XIV ème siècle, que l’église est romane. Pourtant, nous sommes devant un édifice de type clunisien. Les 14 chapelles de style gothique flamboyant entourant la nef furent construites au XVI ème siècle.
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Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_20La croisée est couverte d'une flèche de 80 mètres de haut, construite sur une base carrée en 1469 par le cardinal Rolin en remplacement du clocher roman détruit par la foudre.
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Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_19Le chevet porte de grandes baies longilignes séparées par de simples contreforts.
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Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_17Au nord, le portail roman du transept est surmonté d'arcatures aveugles et de trois baies cintrées disposées en triangle.
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Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_22Il est entouré de quatre chapiteaux historiés reposant sur des colonnes ornées de motifs géométriques.
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Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_13La façade ouest, surmontée des deux tours romanes restaurées au XIX ème siècle, possède un vaste porche à trois vaisseaux, voûtés en berceau au centre et voûtés d'arêtes dans les collatéraux, ouvert sur le côté nord par des baies géminées.
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Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_6Il protège le joyau de la cathédrale qui a fait sa renommée, le portail roman et son tympan. Le tympan fait partie des œuvres majeures de l'art roman, au même titre que ceux de Vézelay , Conques, Beaulieu-sur-Dordogne ou Moissac.
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9 octobre 2010

La cathédrale Saint-Lazare d'Autun, l’intérieur

 

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Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_57Le bâtiment ne fut pas conçu comme les églises de pèlerinage : il n’y a pas de déambulatoire, les collatéraux s'achèvent sur les chapelles latérales gothiques.
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Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_47La tribune d'orgue au niveau du portail central est d'un gothique assez tardif, très chargé.
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Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_54L’escalier montant dans le clocher date de la même époque.


















Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_50La nef possédant sept travées est précédée d'un narthex.



























Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_51Elle est voûtée en berceau brisé, les collatéraux étant voûtés d'arêtes.
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Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_52L’élévation se fait sur trois niveaux, avec des pilastres cannelés, un triforium aveugle et une frise de rosaces qui décore la base.
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Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_74Les chapiteaux historiés ornent les colonnes de la nef centrale. 
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Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_48Le chœur, composé de deux travées et éclairé par deux niveaux de fenêtres, fut refait au XV ème siècle en style gothique. Les vitraux datent des XIX ème et XX ème siècles.
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Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_55La croisée des transepts est couverte par une coupole sur trompes.












Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_59Peu avant l'entrée de l’escalier montant à la salle capitulaire, dans le transept nord, se trouvent les statues funéraires de Pierre Jeannin et d'Anne Guéniot qui sauvèrent de nombreuses vies lors du massacre de la Saint-Barthélemy.
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La salle capitulaire

 

Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_66Occupant l’étage d’un bâtiment construit en 1520 dans le prolongement du bras sud  du transept, l’ancienne bibliothèque surmontait la grande sacristie, la chambre des archives et la chambre du trésor. Les manuscrits du chapitre y ont été conservés jusqu’au XIX ème siècle, moment de leur transfert au séminaire. Ils sont maintenant à la bibliothèque municipale.







Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_63On accède à cette salle du XVI ème siècle par un escalier à vis. Elle rassemble aujourd'hui 23 chapiteaux et deux corbeaux, réalisés pour la plupart par Gislebertus et extraits lors de la rénovation des piliers soutenant le clocher.

9 octobre 2010

La cathédrale Saint-Lazare d'Autun, le tympan du portail

Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_5Il est le plus souvent attribué au sculpteur Gislebertus, dont le nom apparaît gravé sous la mandorle entourant le Christ, mais il se pourrait, comme le pense Linda Seidel, que l'incise « gislebertus hoc fecit » (Gislebertus a fait cela) ne soit que le témoignage d’un commanditaire ou d’une personnalité locale impliquée dans la mise en œuvre de l’édifice. Selon Pierre Alain Mariaux, professeur ordinaire d’Histoire de l’art du Moyen Âge et de Muséologie, cette hypothèse est plausible, en y apportant cependant quelques nuances. Il n’exclut pas que Gislebertus soit bien le nom du sculpteur. Toute cette histoire n’a pas beaucoup d’importance devant la réalisation de ce chef d’œuvre, et de l’admiration que l’on peut porter à l’artiste, qu’il s’appelle Gislebertus ou Marcel.

Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_11Le tympan est consacré au Jugement dernier. Les interprétations qui en sont faite généralement font état de la dualité paradis/enfer, avec un jugement (passant par la balance de saint Michel) qui condamne les mauvais qui vont directement chez le Diable, alors que les élus sont amenés par saint Pierre aux portes du paradis.












Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_12Au centre, le Christ en majesté dans une mandorle portée par quatre anges. Avez-vous remarqué les rayons au niveau de ses oreilles ? L’inscription est traduite par : « Seul, je dispose toute chose, seul, je couronne le mérite ». Il couvre toute la hauteur du tympan, étant le principal détenteur du pouvoir. 














Autun_17En-dessous, sur le bandeau supérieur du linteau, l'incise « GISLEBERTUS HOC FECIT », la signature du sculpteur ?












Autun_14A sa gauche (notre droite) Saint-Michel pesant les âmes, accompagné du Diable (les deux trichent en appuyant sur la balance), l’enfer, qui occupe une place plus petite que celle du paradis. Gislebert était bien optimiste : signe de son temps ?  Dans l’écoinçon supérieur, les prophètes Enoch et Elie.
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Autun_16A sa droite (notre gauche) Saint Pierre conduit un élu à l’entrée de la Jérusalem céleste, un groupe de 8 apôtres (plus Pierre =9). Dans l’écoinçon supérieur, la Vierge en majesté accompagnée d’un ange.
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Autun_12Sur le linteau, à gauche, les ressuscités émergent de leurs cercueils au son d’une corne dont joue un ange (Raphaël est l’ange qui doit signaler l’arrivée du Jour du jugement en soufflant dans sa corne le souffle de la vérité. Est-ce lui ?). Ils attendent le jugement céleste le regard tourné vers le Christ. Au milieu des anonymes, deux évêques, un pèlerin de Jérusalem avec une croix sur son sac et un pèlerin de saint Jacques de Compostelle avec une coquille sur sa besace.

Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_33Un premier ange est entouré d’enfants (Gabriel est l’ange de la naissance, de la résurrection, des mystères de l’âme, de la pitié, de la vérité et des relations) un deuxième armé d’une épée (saint Michel ?) semble séparer les bons des damnés (et donc avant le jugement du Christ). Parmi ces derniers, sur la droite, un avare portant sa bourse, un ivrogne son tonneau, une dévoyée dévorée par deux serpents.






Autun_20Ce qui me chagrine, c’est que les imagiers de cette époque avaient un message ésotérique à faire passer, en plus de l’exotérique. Par exemple, si l’on inverse le symbole, la femme ne se fait pas dévorer par les serpents, mais les serpents formant un début de caducée (connaissance) boivent le lait de ses mamelles (symbolique du lait).














Autun_19La bourse ne représente pas la possession de l’avare mais, de part les pièces qu’elle contient, un symbole lunaire et solaire de vie et de pouvoir maitrisé dans son contenant. Le serpent (connaissance) sur la jambe de l’avare tient sa tête sur la bourse.
Le tonneau, symbole de la survie, peut correspondre à l’un des attributs du dieu gaulois Sucellos (intercesseur et interlocuteur des dieux avec les mortels), mais aussi à ce qui contient le vin, symbole de la récolte mûrissant au repos, de la connaissance et de l’ivresse mystique (mythe de Dyonisos).











Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_32Et même j’irai plus loin : les personnages du linteau sont tous tournés vers l’entrée de l’enfer, même ceux qui sont sur la droite. Il me semble que tous, après avoir été amenés devant saint Michel psychostase et psychopompe, doivent passer par cette porte… symbolisée par la main géante qui tire la tête d’un personnage. Saint Michel représenterait alors une aide pour que les humains puissent connaître ce qu’il y a vraiment en eux, qu’ils puissent jeter un regard rétrospectif sur les évènements vécus durant leur vie pour les évaluer et en tirer les leçons correspondantes.



Autun_13Le premier ange d’ailleurs montre aux enfants de sa main droite l’entrée directe au paradis, et pointe bien de son doigt l’entrée des enfers, comme pour indiquer le chemin aux autres. Après, ils passent à la balance. Les méchants ne sont peut être pas ceux que l’on pense. L’apparition d’Enoch et d’Elie n’est pas anodine non plus, puisque ce sont les deux seuls personnages bibliques ayant eu accès à la Jérusalem Céleste sans passer par la mort physique (ils seraient les seuls de l'Ancien Testament à être des témoins au jour du jugement dernier. « Je maudis l'ignorance » dit Dieu s'adressant à Enoch). La Dame non plus d’ailleurs, qui figure à la droite du Christ, ce qui démontre son importance. Un peu tordue madame_dulac. J’assume.

La traduction de l’inscription latine : "C’est ainsi que ressuscitera quiconque ne sera victime d’une vie de péché – pour lui brillera sans fin la lumière du jour" et "Que semblable terreur terrifie ceux que détient l'erreur terrestre – car l’horreur de ces images annonce ce qui les attend".

Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_39La première voussure au-dessus du tympan est vide : elle contenait des rois d'Israël et les 24 vieillards de l'Apocalypse. La voussure supérieure présente les travaux des mois et les signes du zodiaque.
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Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_9Les ébrasements sont occupés par trois colonnes ornées de motifs géométriques ou végétaux. Elles supportent des chapiteaux historiés, parmi lesquels se trouvent les représentations de fables.











Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_39Vers le commencement du XII ème siècle, on trouve par exemple sur les édifices religieux et civils des représentations sculptées de quelques apologues attribués à Ésope, fort populaires en France. Ici, « Du loup et de la grue » par Esope :















Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_35"Un loup s’étant enfoncé par hasard un os dans la gorge, promit une récompense à la grue, si elle voulait avec son bec retirer cet os, dont il se sentait incommodé. Après qu’elle lui eût rendu ce bon office, elle lui demanda le salaire dont il était convenu. Mais le loup avec un rire moqueur et grinçant les dents : « Contentez-vous, lui dit-il, d’avoir retiré votre tête saine et sauve de la gueule du loup, et de n’avoir pas éprouvé à vos dépens combien ses dents sont aiguës. "









Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_30Et là un lion qui semble se faire retirer une épine de la patte. Aulu-Gelle, compilateur romain, écrivit dans  "nuits attiques" son "Histoire racontée par Apion, surnommé Plistonicès, qui affirme avoir vu à Rome un lion et un esclave se reconnaître mutuellement." L'esclave enleva une épine de la patte du lion. L’animal reconnaissant l'épargna quand ils se retrouvèrent au milieu du cirque.










Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_8aLe trumeau quand à lui date du XIX ème siècle. Il est orné de trois statues colonnes représentant saint Lazare et ses deux sœurs.
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http://medievales.revues.org/index741.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Gislebert_%28sculpteur%29

9 octobre 2010

La cathédrale Saint-Lazare d’Autun, les chapiteaux de la salle capitulaire

Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_65Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_64Les 23 chapiteaux et les deux corbeaux qui supportaient le linteau du grand portail ont été déposés dans la salle capitulaire en 1865 lors des restaurations du transept et des travées attenantes. Les chapiteaux sont vraisemblablement contemporains du sculpteur du tympan sont des originaux réalisés pour la plupart par le sculpteur du tympan, Gislebertus, qui travailla sur le chantier de 1125 à 1135. Huit de ces sculptures illustrent des épisodes de l’Ancien et du Nouveau  Testament, quatre figurent des êtres fantastiques, deux des scènes symboliques. Neuf sont à décor exclusivement végétal.
Les chapiteaux forment un trapèze dont les sculptures occupent les faces avant et latérales.








La mort de Caïn

Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_Capitulaire_1Tiré des évangiles apocryphes, le thème (qui correspond à l’histoire de Judas dans le Nouveau Testament) est connu des artistes romans par l’intermédiaire d’œuvres byzantines. Cet épisode est repris deux fois à Vézelay, mais aucune des représentations n’atteint cette intensité dramatique. Lamech, malgré sa cécité et son grand âge, continue de chasser, aidé de son fils Tubalcaïn. Par erreur, ce dernier oriente le bras et la flèche de son père vers Caïn qu’il confond avec un animal sauvage. Caïn, atteint à la gorge, les traits figés par la souffrance, les yeux grands ouverts, s’écroule. Le chapiteau est associé à celui des vices et des vertus.








La pendaison de Judas

Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_Capitulaire_2Attaché à une branche, pend le corps nu de Judas. Deux diables ailés tirent sur la corde à laquelle est fixé un objet (une bourse ?) qui symbolise, dans l’art du XII ème siècle, la force ou la méchanceté de la personne qui la porte. L’histoire est relatée par Matthieu et les Actes des Apôtres. Ce chapiteau fait pendant à celui de la mort de Caïn.












Dieu interrogeant Caïn

Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_Capitulaire_3Dans une attitude de défi, Caïn se dresse face à Dieu, une main sur la hanche, un bâton dans l’autre. Dieu l’interroge : « Où est Abel, ton frère ? ». le corps d’Abel est dissimulé dans les feuillages, on en distingue les jambes dans l’angle du chapiteau. Par convention, Gislebertus représente le corps nu et ne troue pas les pupilles d’Able car ses yeux sont fermés : le personnage est bien mort.











La fuite en Égypte

Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_Capitulaire_4Ce chapiteau appartient au cycle de l’enfance du Christ, illustré également par les trois chapiteaux du voyage des mages. Joseph, averti par un ange, fuit avec sa famille vers l’Egypte afin d’échapper au massacre des enfants ordonné par Hérode, épisode relaté dans Matthieu et les évangiles apocryphes. Les 5 médaillons perlés au sol rappellent les roulettes des statues en bois que l’on promenait à l’occasion de l’Officium Stellae, mystère ou pièce de théâtre de rue qui relatait la venue des mages à Jérusalem, et qui se déroulait le 6 janvier, jour de l’épiphanie. Dans la cathédrale, ce chapiteau faisait face à celui du sommeil des mages.







Le sommeil des mages

Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_Capitulaire_6Les mages sont avertis dans leur sommeil de ne pas retourner auprès d’Hérode. Tout en montrant l’étoile qui les guidera vers leur pays, un ange touche la main du premier des mages qui ouvre les yeux alors que son voisin n’en ouvre qu’un et que le troisième dort encore. Le sculpteur adopte ce procédé non dénué d’humour pour évoquer une décomposition du mouvement, voire un déroulement dans le temps. Quelques traces de polychromie subsistent.











Les mages devant Hérode

Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_Capitulaire_5Très abimé, ce chapiteau faisait face, dans la nef, à l’adoration des mages. Le sculpteur a choisi le moment où les mages, avertis de la naissance du Christ, arrivent devant Hérode, dont on distingue le riche manteau. Hérode leur ordonne de se rendre auprès de l’enfant.













L’adoration des mages

Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_Capitulaire_7Les mages se rapprochent de l’enfant, assis sur les genoux de la Vierge. Le premier mage s’agenouille, le second lève sa couronne en signe de respect. Chacun tient un vase contenant de l’encens ou de la myrrhe. Le troisième, en retrait, porte une cassette, probablement remplie d’or. En retrait de la scène, saint Joseph, assis sur un tronc d’arbre, la main gauche sur la hanche et le menton reposant sur la main droite, assiste, perplexe, à la scène.








Deux vertus et deux vices

Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_Capitulaire_8Le combat des vices et des vertus, inspiré de la Psychomachie de Prudence (452-598) , est un thème récurrent de la sculpture romane. Debout sur la tête de l’avarice et de la colère trônent la charité portant un calice et la patience, proclamant ainsi leur victoire.
Le choix du sujet du chapiteau a fait l’objet de grands soins : les deux vices et les deux vertus sont en effet applicables aux fautes de Caïn et de Judas, dont la mort est représentée sur les chapiteaux qui leur sont consacrés.








Présentation d’une église

Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_Capitulaire_9Deux personnages (un laïc et un évêque identifiable à sa crosse aujourd’hui brisée) portent la maquette d’une église. Selon les chercheurs, l’un des deux personnages pourrait figurer Hugues II duc de Bourgogne, donateur du terrain sur lequel fut érigée la cathédrale, et l’autre l’évêque Etienne de Bagé. Au-dessus d’eux un personnage sorti des nuages. Sur le côté gauche du chapiteau, un enfant nu mange un fruit alors qu’un oiseau est perché sur une branche. Sur le côté droit, on peut identifier un jeune homme endormi sur son trône et coiffé d’un diadème, le second personnage est très altéré. Parmi les interprétations  possibles de l’iconographie, on pense à l’évocation d’un songe ayant entrainé la construction de la cathédrale Saint-Lazare.







Hippogriffe

Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_Capitulaire_10C’est un animal fantastique dont la partie avant est celle d’un oiseau, avec plumes, ailes et griffes, tandis que la partie postérieure est celle d’un mammifère avec des sabots et une queue rappelant celle des félins. Un personnage, partiellement conservé, est assis sur son dos. Tout en lui tirant la barbiche, il s’apprête à le frapper avec un gourdin. Il s’agit d’une illustration du combat entre le bien et le mal.
Évoqué par le poète latin Virgile dans ses Églogues, l'hippogriffe était lié chez les Grecs au culte d'Apollon où il était confondu avec le griffon. Sa figure est issue du bestiaire fabuleux des Perses et de leur Simorgh, au travers du griffon. Il est ensuite nommé pour la première fois dans les romans de chevalerie médiévaux qui le décrivent comme extrêmement rapide, monture de magiciens et de nobles héros.

L’oiseau tricéphale

Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_Capitulaire_11Cet oiseau palmipède à trois têtes (deux d’entre elles ont été mutilées) appartient au bestiaire fantastique médiéval. Il est fréquemment représenté dans la sculpture monumentale bourguignonne du moyen âge, comme à Cluny et à Vézelay.













Le basilic

Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_Capitulaire_12C’est un monstre hybride constitué de la moitié d’un coq et de la moitié d’un serpent. Son regard peut tuer et seul un écran de verre permet de s’en prémunir. Issu de la mythologie grecque, cet animal est considéré au moyen âge comme une incarnation du démon.
Le basilic est attaqué par un homme nu coiffé d’un casque et muni d’un bouclier et d’une épée. Cet assaut illustre le combat du bien contre le mal.










Combat d’un pygmée et d’une grue

Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_Capitulaire_13Cité par Homère dans l’Illiade, repris plus tard par Rabelais et Boileau, le combat des pygmées et des grues trouve ses racines dans la haute antiquité. Gérane, reine des pygmées, orgueilleuse, vaniteuse et prétentieuse, aurait été transformée en grue. Ce fut le point de départ d’une guerre entre nains et grues. Connus des pharaons d’Egypte, les pygmées étaient considérés au moyen âge comme un peuple extraordinaire qu’un apôtre devait convertir.



L’ânesse de Balaam

Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_Capitulaire_22Cet épisode est tiré de l’Ancien Testament. Balaam, célèbre devin, est chargé par le roi de Moab de maudire les Hébreux qui arrivent dans son royaume après 40 années passées dans le désert. Balaam s’apprête à se rendre sur la montagne pour accomplir sa tâche mais un ange (dont on voit les ailes et le bras dans l’angle droit) barre le chemin à l’ânesse qui refuse d’avancer, en dépit des coups de bâton de Balaam.

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9 octobre 2010

La cathédrale Saint-Lazare d’Autun, les chapiteaux de la nef et du chœur

Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_94Les érudits s’accordent à dire que la grande majorité des chapiteaux historiés est l’œuvre de Gislebertus. La partie des piliers qui donne sur la nef centrale n'est pas sculptée, et la plupart des chapiteaux qui donnent sur les collatéraux sont végétaux. L'essentiel des scènes historiées sont donc en vis-à-vis entre les piliers. Beaucoup de chapiteaux du chœur sont des copies dont les originaux sont exposés dans la salle capitulaire.






Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_98Corps de saint Vincent martyrisé, protégé par des aigles.













Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_100Chute de Simon le Magicien, encadré par Pierre et Paul   













Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_99Envol de Simon le Magicien













Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_102La musique, le quatrième ton













Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_101Le lavement des pieds   













Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_104Samson combattant le lion   













Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_106Samson renversant le temple













Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_105Arche de Noé    













Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_88Daniel dans la fosse aux lions. Avez-vous remarqué le tourbillon de son vêtement ?   


















Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_72aTentations du Christ
Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_77a
















Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_71aSaint Pierre visité par un ange dans sa prison   

















Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_91Le sacrifice d'Isaac    













Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_69aNativité

















Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_89Apparition du Christ à Marie-Madeleine













D’autres chapiteaux montrent des êtres fantastiques, d’autres des scènes symboliques

Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_79aUn centaure armé d'un arc (un sagittaire) combat une sorte de dragon ailé sur lequel est juché un petit homme.














Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_67aLe verseau ?

















Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_87Deux personnages couronnés tiennent dans leurs mains le fruit de la connaissance













Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_90Le combat de coqs

















Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_92Un homme-singe se nettoie de l’intérieur afin de devenir un homme pur ?

















Autun_Cath_drale_Saint_Lazare_96La parole

5 octobre 2010

Notre-Dame de Mailhat



Mailhat_Notre_Dame_4Autrefois, l’église de Mailhat possédait deux vierges en majesté, Notre-Dame de Mailhat et Notre-Dame des Varennes, du XIIIe siècle, volée en 1974.



 

 

 

 

 

 

 

Mailhat_Notre_Dame_1La statue de Notre-Dame de Mailhat fait partie des vierges noires. En bois marouflé, polychrome, elle date du XIIe siècle. Les moines, au XIVe siècle, la posaient dans la chapelle funéraire dédiée à la Vierge. Elle fut restaurée en 1994, et fait l'objet d'une procession dans le village chaque 15 août.


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mailhat_Notre_Dame_3Afin de la préserver, la statue originale, gardée par les familles du village en secret, fut copiée. C’est cette copie, bénie en 2004 par le  Père Ayel, responsable de la Commission de l'Art Sacré et représentant l'archevêque de Clermont, qui est présentée dans l’église.

Mailhat_Notre_Dame_5

1 octobre 2010

Saint-Denis

La vie de saint Denis

Saint_Denis_3Grégoire de Tours raconte qu’aux environs de l’an 250, le pape Fabien envoya en Gaule plusieurs missionnaires : Paul à Narbonne, Trophime à Arles, Saturnin à Toulouse, Martial à Limoges, Gatien à Tours, Austremoine à Clermont et Denis à Paris. Denis, Rustique le diacre et Eleuthère le prêtre apportèrent donc d’Italie la bonne parole à Lutèce.















Saint_Denis_2Denis devint le premier évêque de la ville avant d’y subir le martyre avec ses compagnons, sous la persécution de Dèce ou de Dioclétien. Montmartre serait le lieu de la décapitation, dont l’étymologie propose le Mons Martis, mont de Mars, ou Mons Mercurei, mont de Mercure, ou bien le Mons Martyrium, mont des martyres. Les fouilles archéologiques montrent que de nombreux chrétiens furent inhumés sur la butte Montmartre.














Saint_Denis_8Quoi qu’il en soit, selon l'hagiographie carolingienne, Denis se serait relevé, aurait mis sa tête sous le bras, et aurait marché vers le nord jusqu'au lieu de sa sépulture. Parfois, il est dit qu’à la fin de son trajet, il aurait donné sa tête à une pieuse femme originaire de la noblesse romaine nommée Catulla, ce qui rejoint le nom du propriétaire terrien du Saint-Denis de l’époque.














Saint_Denis_4Denis fait partie des saints céphalophores, dont il est le plus illustre représentant (Bon, y’a aussi saint Tropez…).  « On a pu interpréter cette particularité de porter sa tête entre ses mains par une considération iconographique : l'artiste aurait trouvé cette solution pour représenter dignement, avec toute sa tête, celui qui en fait l'avait perdue. Et la légende se serait ensuite créée afin de justifier de telles images. » Bof. Je n’y crois pas trop.














Saint_Denis_7Je préfère me pencher sur la symbolique qui entoure ces saints : leur légende se développe selon des schémas récurrents : le saint part de l’endroit du martyre, traverse une rivière, gravit une côte, gagne un lieu élevé avant de parvenir au lieu qui lui accordera enfin le repos. Il lave sa tête dans une fontaine, la pose sur une pierre. La distance est toujours indiquée avec précision.














Saint_Denis_1Puis un personnage féminin se charge des derniers soins à lui donner. Le lieu d’arrivée correspond à un ancien sanctuaire païen qu’il s’agit de christianiser : un mont sacré, un mégalithe, un arbre, une fontaine.  En étudiant la légende, en lisant entre les lignes, on peut retrouver le culte préchrétien.










DionysosDenis, c’est aussi la forme latine du grec Dionysos. Dionysos est le fils de Zeus et de la mortelle Sémélé. C’est le dieu de la renaissance et de l'éternel recommencement, de la fécondité, de la végétation et de la vigne et surtout du vin, boisson des dieux.















dionysos_2Il est aussi le dieu de la transgression, le dieu d’un ancien et lointain rapport immédiat et parfois violent à la nature, mais en même temps il est le dieu central et indispensable du renouveau, de la joie et de la vie, de l'ouverture à l'autre, qui va contre la tendance de l'homme et de la cité à se replier sur les certitudes de leur maîtrise et de leur identité autochtone. Il est le dieu des grands arbres, ses fidèles brandissant le thyrse (bâton terminé par une pomme de pin) et du lierre (feuillage restant vert en hiver). On voit que Denis nous apporte une symbolique puissante.












Si vous voulez passer un bon moment, je vous propose un conte, écrit par Quinel et de Montgon, qui nous emmène à Catulliacus au temps de Denis : http://www.histoire-en-ligne.com/spip.php?article289

30 septembre 2010

Saint Patrick

Saint Patrick et la christianisation de l'Irlande
par Jean Guiffan, chargé d’enseignement à l’université de Nantes

Saint_Patrick__11_aUne très ancienne tradition irlandaise fait de saint Patrick, de son nom chrétien de naissance Maewyn Succat, l'évangélisateur de l'Irlande dans le second tiers du Vème siècle.
Amplifiées avec le temps, de nombreuses légendes courent autour de ce saint patron mais, faute de repères historiques précis, il est difficile à son sujet d'extraire la réalité du merveilleux.
Saint_Patrick__7_aLes documents anciens attribués à Saint Patrick ou à ses disciples, deux écrits latins : la Confession et la Lettre aux soldats de Coroticus, sont sujets à caution et les récits de ses premiers biographes, Muirchu et Tirechan, ne sont pas très fiables : rédigés au VIIème siècle, lors du conflit entre Rome et les chrétientés celtiques, ils épousent manifestement les thèses de la cause romaine. C'est donc avec une extrême prudence que Jean Guiffan, auteur d'une Histoire de l'Irlande, a tenté de retracer la vie de saint Patrick.










La vie et la mission de saint Patrick

Saint_Patrick__4_a"Issu d'une famille bretonne romanisée et christianisée (son père était décurion et diacre), Patrick serait né vers 385-390 près de Dumbarton, au nord de l'Angleterre actuelle. Il aurait été enlevé à seize ans par des pirates scots, c'est-à-dire à cette époque irlandais, et emmené en Ulster, dans le comté d'Antrim, devenant pendant six ans l'esclave d'un druide. Saint_Patrick__3_aObéissant à une vision divine, il se serait évadé, réussissant à rejoindre sa famille en Grande-Bretagne. Là, si l'on en croit la Confession, il aurait eu une autre vision dans laquelle les Irlandais l'imploraient pour qu'il revienne parmi eux.

Saint_Patrick__8_aPatrick va acquérir en Gaule la formation religieuse qui lui manque. Selon certaines sources, il aurait rendu visite à saint Martin de Tours, ce qui n'est chronologiquement pas possible. Une autre tradition tardive qui le fait séjourner à Lérins, fondation monastique du sud de la Gaule, semble également dépourvue de tout fondement. En revanche, il est possible qu'il se soit fixé à Auxerre, comme l'affirme "La vie de Saint Patrick de Muirchu", et même qu'il ait été consacré des mains de saint Germain avant d'être envoyé en Irlande par le pape Célestin.

Saint_Patrick__9_aD'après les Annales d'Ulster, Patrick serait arrivé dans l'île en 432, débarquant à Saul, près de Downpatrick. Selon la tradition, c'est lui qui aurait converti l'île païenne au christianisme en défiant les druides dans des joutes singulières comme l'épreuve du feu et en expliquant le mystère de la Sainte Trinité par la feuille trilobée du trèfle qui deviendra, avec la harpe celtique, le symbole de l'Irlande. S'adressant de préférence aux rois et à leur famille pour convertir ensuite plus facilement le reste de la population, il aurait été pendant une trentaine d'années, avec quelques disciples, l'infatigable propagateur de l'Évangile en Irlande, baptisant des milliers de personnes, fondant de nombreuses églises et l'évêché d'Armagh.
Saint_Patrick_aSi des incertitudes planent sur la date exacte de sa mort, sans doute vers 461, (la légende parle du 17 mars, jour de sa fête actuelle) il n'en demeure pas moins qu'à la fin du Vème siècle, l'Irlande païenne était bien entièrement christianisée. On pense que la plupart des druides devinrent moines, adoptant la religion chrétienne. Il est enterré aux côtés de sainte Brigitte et de saint Columcille, tous deux également patrons de l'Irlande."














La tradition face à l'histoire

Saint_Patrick__1_a"Sans vouloir offenser la tradition irlandaise ni diminuer les mérites de saint Patrick, il est difficile de croire qu'il ait trouvé en 432 l'Irlande vierge de toute influence chrétienne alors que l'île voisine, la Grande-Bretagne, avait été touchée par la nouvelle religion au moins deux siècles plus tôt. Il est probable que le message chrétien avait en fait déjà été introduit dans l'île par des missionnaires venus de Grande-Bretagne, d'Aquitaine, d'Espagne ou même d'Orient dès la fin du IVe siècle ou les débuts du Ve siècle.

La chronique de Prosper d'Aquitaine, source généralement digne de confiance, nous apprend d'ailleurs qu'en 431 le pape Célestin avait envoyé en Irlande un certain Palladius comme évêque pour les Irlandais "croyant dans le Christ", in Christum credentes. Cela implique l'existence de communautés chrétiennes en Irlande avant l'arrivée de saint Patrick et souligne la volonté de Rome de les faire entrer dans l'obédience pontificale. On ne sait malheureusement rien de plus sur la mission de ce Palladius mais, comme le montre la création de l'évêché d'Armagh vers 445, c'est bien une Église épiscopale de type continental que Rome a cherché à implanter en Irlande.

Saint_Patrick__6_aOr c'est sous la forme du monachisme que le christianisme va se développer dans l'île aux VIème et VIIème siècles. Sans remettre en cause l'organisation diocésaine existante, l'Irlande se couvre alors de nombreux monastères indépendants les uns des autres qui deviennent les véritables centres de la vie religieuse. Leurs saints fondateurs ne se réfèrent jamais à Palladius ou à Patrick dont on semble même oublier le nom. Isolée de la papauté romaine par les invasions barbares, l'Irlande, comme les autres pays celtiques, va être pendant près de deux siècles le grand refuge du christianisme occidental face à un continent retombé en partie dans le paganisme, mais un foyer original que Rome ne tardera pas à reprendre en main."


http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/saint_patrick_et_la_christianisation_de_l_irlande.asp

30 septembre 2010

Saint Saturnin

Le nom de saint Saturnin, ou saint Sernin après évolution, provient de Saturne, qui vient du latin « serere » = ensemencer.
Saturne était dans la mythologie le dieu de l’agriculture et du temps. Signification : le semeur.

st_saturninSaint Saturnin de Toulouse, aujourd'hui connu sous le nom de saint Sernin, est le premier évêque chrétien de Toulouse connu. Il est fêté le 29 novembre. Le nom de Saturnin (Saturninus) a subi de multiples évolutions que l'on retrouve dans de nombreux toponymes et patronymes aujourd'hui.
Saturnin est envoyé de Rome par le pape Fabien, pour évangéliser la Gaule. En passant par Nîmes, un disciple se joint à lui, Honest. Ensemble, ils vont jusqu'à Pampelune, en Espagne. Ils y rencontrent et consacrent le futur saint Firmin. Honest subit le martyre, et Saturnin, accompagné de Hilaire, son futur successeur, revient sur ses pas pour s'arrêter à Toulouse. Saturnin sillonne la région à des fins d'évangélisation. En 250, attribuant le silence des oracles à ses passages fréquents devant le Capitole (temple majeur de la cité antique, dédié à Jupiter), des prêtres païens lui demandèrent d'honorer l'empereur en lui sacrifiant un taureau. Son refus valut à Saturnin d'être attaché au taureau du sacrifice.





Saint_Saturnin_bLes historiens ont longtemps débattu pour savoir où se situait le Capitole à l'époque antique. Ce n'est qu'en 1993 grâce aux fouilles archéologiques du parking de la place Esquirol qu'on a pu déterminer que le temple se situait à cet endroit. La Passion de saint Saturnin, probablement écrite au cinquième siècle, nous apprend qu'il était pourvu d'un escalier monumental. La légende raconte que le taureau, pris d'une rage folle, descendit à toute allure les marches du Capitole, traînant derrière lui l'évêque. Sa tête explosa sur les marches du temple. Le taureau aurait rejoint la campagne en passant par la porte nord de la ville, la Porterie, alors protégée par des remparts, suivant le « cardo » romain (rue Saint Rome).

saint_Saturnin_cLe taureau aurait abandonné Saturnin sur la route de Cahors, la rue du Taur, lui donnant ainsi le nom qu'on lui connaît aujourd'hui. Le corps sans vie du malheureux fut recueilli par les saintes Puelles, deux jeunes femmes. Elles l'inhumèrent à l'endroit exact où son corps fut trouvé, dans un fossé assez profond pour que les païens ne puissent pas profaner la dépouille.


Saint_Saturnin_a

La légende dit que, battues par la foule, les saintes Puelles quittèrent la ville pour se réfugier dans le petit village près de Castelnaudary qui porte leur nom, le Mas-Saintes-Puelles. Hilaire, évêque au quatrième siècle, fit construire une petite église en bois, un oratoire, sur la tombe du martyr. C'est l'emplacement de l'église du Taur que nous connaissons aujourd'hui.








Saturne_4Saturne est une ancienne divinité romaine, agraire à l'origine (on lui attribuait notamment la protection des semailles), qui a été peu à peu assimilée au grec Cronos. Il régnait sur les cieux et sur la terre avant que Jupiter ne l'en chasse : il avait été prédit que l'un de ses enfants le détrônerait un jour. Et pour éviter cela, il dévora chacun de ses enfants à leur naissance.











saturne_3Mais un jour, son épouse Cybèle et sa mère Tellus réussirent à sauver Jupiter en lui faisant avaler une pierre enveloppé dans des langes à la place de son fils. Plus tard, ce dernier réussira effectivement à chasser son père du pouvoir et l'obligera à régurgiter ses frères et sœurs (Neptune, Pluton, Cérès, Junon et Vesta).






jupiterJupiter, dieu romain du Ciel, est aussi le père des dieux. On retrouve également des divinités semblables dans d'autres panthéons : Taranis chez les Gaulois, Thor et Odin chez les Scandinaves ou encore Dyaus Pitar et Varuna chez les hindous. Parmi les divinités, Jupiter tenait toujours le premier rang et son culte était le plus solennel et le plus universellement répandu. Ses trois plus fameux oracles étaient ceux de Dodone, de Libye et de Trophonius. Les victimes les plus ordinaires qu'on lui immolait étaient la chèvre, la brebis et le taureau blanc dont on avait eu soin de dorer les cornes. On ne lui sacrifiait pas de victimes humaines; souvent on se contentait de lui offrir de la farine, du sel et de l'encens. L'aigle, qui plane en haut des cieux et fond comme la foudre sur sa proie, était son oiseau favori. Le jeudi, jour de la semaine, lui était consacré (Jovis dies).

janus_aNous avons donc à Toulouse Saturne (Saturnin-Sernin), tué par les adeptes de son fils Jupiter...  Et pourtant, Saturne, ou Cronos, était souverain de l'âge d'or de l'humanité. C'est pour lui que Janus, le dieu à deux têtes, qui l'avait recueilli quand il fut chassé par Jupiter, créa les Saturnales, afin de commémorer son règne.
Ces fêtes consistaient principalement à représenter l'égalité qui régnait primitivement parmi les hommes. Elles commençaient le 16 décembre de chaque année : d'abord elles ne durèrent qu'un jour, mais l'empereur Auguste ordonna qu'elles se célèbreraient pendant trois jours auxquels plus tard Caligula en ajouta un quatrième. Pendant ces fêtes, on suspendait la puissance des maîtres sur leurs esclaves, et ceux-ci avaient le droit de parler et d'agir en toute liberté. Tout ne respirait alors que le plaisir et la joie : les tribunaux et les écoles étaient en vacances ; il n'était permis ni d'entreprendre aucune guerre, ni d'exécuter un criminel, ni d'exercer d'autre art que celui de la cuisine ; on s'envoyait des présents, et l'on se donnait de somptueux repas. De plus tous les habitants de la ville cessaient leurs travaux. Les esclaves pouvaient critiquer les défauts de leurs maîtres, jouer contre eux, et ceux-ci les servaient à table.

Par reconnaissancepour Janus, le dieu détrôné doua d'une rare prudence qui rendait le passé et l'avenir toujours présents à ses yeux, ce qu'on a exprimé en le représentant avec deux visages tournés en sens contraires. Le nom de Janus est assimilable à un nom commun signifant « passage », ou gardien des portes. L'irlandais a dérivé de la même racine le mot désignant le « gué » et la porte d'une maison se dit en latin janua. Il est le dieu qui préside à toute espèce de transition d'un état à un autre...

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