L'église Saint-Pierre, l’extérieur
L’aspect massif de l’église est donné par le rôle militaire et défensif qu’elle portait lors de sa construction au milieu du XIIe siècle.
Le réemploi de pierres insérées sur les murs extérieurs montrent qu’elle fut construite sur l’emplacement d’un sanctuaire plus ancien, église primitive voire temple romain. Parmi ces éléments sculptés, qui ne sont plus vraiment à leur place, nous trouvons :
Un homme récoltant le fruit de la vigne, l'arbre sacré, symbole de la vie éternelle. La vigne, donc le vin, boisson des dieux, permet de changer notre état mental pour empecher d'intellectualiser un message qui ne peut se comprendre qu'avec le coeur. L'accompagnent un homme chevauchant un oiseau et un homme se vidant dans un pot : il se débarrasse de sa matière lourde.
Des griffons, des sirènes-oiseaux (tête humaine sur un corps de poisson ailé et pattes de lion).
Un homme s'enlevant une épine du pied : il enlève un obstacle, ce qui va lui permettre de se retrouver debout sur ses pieds, qui s'opposent à sa tête, et d'avancer.
Plusieurs fois sont représentés des joueurs de lyre, symbole de l'harmonie cosmique, de la connaissance des vibrations du monde qui permet d'unir le ciel et la terre.
Des têtes de taureaux, de lions
des têtes d'hommes les yeux et les oreilles grands ouverts.
Un lion mangeant une feuille de chélidoine, ses yeux vont s'ouvrir.
Sur la tour Sud, David portant une fronde, David tranchant la tête de Goliath, Goliath en tenue d'homme d'armes prêt au combat. Goliath, fait pour être vu verticalement, fut placé horizontalement par le maçon.
Les modillons ne sont pas en reste. La présence d’une chouette, oiseau nocturne en relation avec la lune, nous indique que nous pouvons accéder à la connaissance en explorant notre partie sombre, à la perception de la lumière solaire par son reflet lunaire.
La feuille de chélidoine, entourant la chouette, va aider à ce que l'on puisse ouvrir les yeux.
La chélidoine, appelée aussi grande éclaire, tire son nom du grec "Khelidon", qui signifie hirondelle. On pensait autrefois que l'hirondelle se servait du latex de la plante pour nettoyer les yeux de ses petits. Symbole de l’accès à la lumière, c'est à vous de "voir"...
Et c’est bien une histoire de transformation qui nous est contée, à en croire les différentes phases de l’initiation. Une figure bestiale se transforme en humain,
un penseur va retourner les jambes vers le ciel.
La façade ouest est surmontée d’un toit à double pente formant un fronton triangulaire à la mode antique. On retrouve la trace de l’ancienne tour, détruite en 1848, au centre. De cette tour, on accédait à deux portes permettant jadis d’entrer dans les tribunes.
Les trois portails, abimés par le temps et les hommes, s’ouvraient sur le narthex antérieur. Ils sont surmontés d’un tympan et d’un linteau.
A gauche, le Christ couronnant Pierre et Paul.
Au centre, la passion du Christ avec, à droite, son arrestation au jardin des Oliviers, à gauche, la comparution devant Pilate et, au centre, la crucifixion. C’est l’une des premières images du Calvaire dans l'art monumental français, avec celle de Saint-Gilles du Gard. le décor derrière Pilate semble s'inspirer de l'art islamique ou au moins de Byzance. Chose rare, la signature du sculpteur sur la bordure inférieure du linteau représentant la Cène : Girbertus.
A droite, l’agneau pascal protégé par les archanges Gabriel et Michel, à qui deux chapelles hautes étaient dédiées. Sur le cercle glorieux on peut lire "Ecce agnus Dei qui tollit peccata mundi".
Les contreforts furent installés au siècle dernier, lors du percement des fenêtres donnant sur les bas-côtés. Seules les baies supérieures, étroites et sans ébrasement, sont d'origine.