L’église Saint-Gervais et Saint-Protais d’Ozenay
Un beau juvénile de Balbuzard Pêcheur a croisé ma route avant que je n'arrive à Ozenay. Qu'avait-il à me dire ?
Ozenay garde les traces d’une fréquentation humaine depuis plusieurs millénaires. Quelques installations gallo-romaines furent retrouvées sur la commune, et c’est du nom gallo-romain Ausone que proviendrait celui du village. Les premières archives connues datent l’église de 950. Il ne reste rien de l’église du Xe siècle.
L’église actuelle fut construite à la fin du XIIe siècle (1180) par les chanoines de Châlon, et fut dédiée aux saints Gervais et Protais, connus par la Légende Dorée de Voragine.
Compagnons de saint Nazaire, ils vécurent au Ier siècle et furent martyrisés à Milan par le général des armées de Néron, Astase. Leurs corps furent retrouvés en 386 grâce aux visions de saint Ambroise, et leur culte gagna toute la Gaule.
De plan en croix latine, typiquement bourguignonne, elle comporte une nef unique précédée d’un porche, d'un transept saillant dont la croisée supporte un clocher de plan barlong et d'une travée de chœur terminée par un chevet plat.
Au XIIIe siècle, la nef dut s’effondrer et fut remplacée par un voûtement plus élevé en berceau brisé sur doubleaux d’inspiration clunisienne. La croisée du transept forme une coupole octogonale sur trompes.
Le clocher en bâtière fut aussi élevé au XIIIe siècle. De plan carré, il présente sur ses quatre faces des baies géminées dont la colonnette centrale est surmontée d'un petit chapiteau orné de crochets.
Au XVIIIe siècle, l’abside semi-circulaire fut remplacée par un chevet plat auquel fut rajouté le presbytère.
C’est aussi de cette époque que datent le porche, le portail et l’élargissement des fenêtres.
L’église est recouverte de ce que l’on appelle en Bourgogne des laves (dalles de calcaire, grossièrement taillées, posées à plat sur des charpentes de chênes), qui vient du mot patois signifiant lever la pierre. Ce mode de couverture serait apparu au cours du XVIIe siècle.
Jusqu’au milieu du XIXe siècle l’église était entourée du cimetière, dont il ne reste plus qu’une croix.
Le château voisin, au bord de la rivière, fut tout d’abord une maison forte entourée de fossés plein d’eau au XIIIe siècle. Il fut agrandi aux XVIe et XVIIe siècles.
Comme à Brancion, les habitants d’Ozenay ont gardé quelques réminiscences des cultes païens. Au mois de février se perpétue les « Feux de Bordes » ou dimanche des Brandons. C’est une coutume se rapprochant d’un ancien culte solaire, peut-être liée au dieu gaulois Grannos (le brillant), comparable à Belenos, dieu guérisseur qui présidait au jaillissement des sources. Cette fête d’équinoxe de printemps, consistant à allumer des feux, à danser et à parcourir les rues et les campagnes en portant des brandons ou des tisons allumés, fut reprise par le catholicisme et se célébra alors le premier dimanche de Carême, le dimanche de la Quadragésime (quarantième).
Dans l’église d’Ozenay, les bancs seigneuriaux du transept sud étaient réservés aux habitants du hameau de Messey. C’est à Messey que se tenait un mégalithe, connu sous le nom de pierre miraculeuse de Saint-Languy ou Saint-Languis. Ce saint plus ou moins mythique breton prit plusieurs noms, comme Yben, Ethbin, Idiunet, Iboan, Diboan, Iben ou Abibon. Non reconnu par l’église catholique, son nom peut être traduit du breton par "le saint qui enlève la douleur". Il était imploré pour résoudre de nombreux maux dont la surdité qui lui valut d'être représenté la majeure partie du temps les mains collées aux oreilles. A Messy, on allait la nuit toucher la pierre de saint Languy pour obtenir la guérison des enfants chétifs ou pour les yeux. On offrait des victuailles et on allumait une bougie qui devait se consumer entièrement. Parfois, on grattait la pierre pour obtenir une poudre guérisseuse que l’on diluait dans l’eau.
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