Bredons
Michel Rouche, professeur d'histoire médiévale à la Sorbonne,a tenu une conférence sur le thème:" 15 siècles d'histoire de Bredons".
Une histoire jalonnée de luttes intestines, de rivalités pour le partage du pouvoir et des privilèges.
Ainsi il précisait que le nom de Bredons vient du mot celtique dunum, qui signifie : site élevé, forteresse.
Les premiers habitants se sont installés sur des collines aisément fortifiables, ce qui explique une présence
humaine sur le site de Bredons dès le néolithique.
Un monastère y sera fondé au XI° La communauté ne dépassera jamais 6 moines.Le territoire de Bredons dépendait au XI ième siècle des biens de la famille de Henry, noble famille possédant de vastes domaines entre Murat et Saint-Flour.
La construction du prieuré Saint-Pierre-Saint-Paul de Bredons débute en 1050, sous l’impulsion de Durand de henry, converti moine bénédictin et originaire d’une famille importante de Murat. Il deviendra, en 1057, abbé de Moissac.
Construite en 1075, l’église prieurale est consacrée en 1095 par l’évêque de Clermont, à l’occasion de la visite du pape Urbain II. Elle est édifiée à l’emplacement de l’ancienne chapelle Saint-Timothée et de la Sainte croix, et est dédicacée aux saints Pierre et Paul.
En 1284, par un contrat entre le Prieur de Bredons et le Bailly des Monts d'Auvergne aux termes duquel est partagée la souveraineté judiciaire et financière, le Roi St. Louis fit élever sur le rocher de Bredons, au point culminant, la tour de Beccoire. Il ne reste rien de ces constructions. Cette tour qui dominait le prieuré de Bredons à portée de voix apparaissait parfois sans doute au Prieur comme un symbole encombrant du pouvoir laïque.
Vers 1350, en haute Auvergne, apparurent des bandes de pillards connus sous le nom de "Bandes Anglaises ". Beaucoup d'églises furent incendiées. La région sortait à cette époque d'une longue période de misère où le simple manque d'entretien avait pu précipiter la ruine des constructions. C'est peut-être dans ces temps que disparaissent les voûtes de la nef de l'église.
En 1384, l'évêque de Saint-flour autorise le chapitre de Murat à construire une église indiquant que le voisinage des Anglais et la guerre sans merci que se faisaient les prétendants à la vicomté de Murat empêchaient les habitants de la ville d'aller remplir leurs devoirs religieux à Bredons. Elle fut construite en deux ans. Cette décision fut l'objet de querelles entre le Prieur de Bredons et le chapitre de Murat
Vers 1704, la cure de Murat est donnée au prieuré. Depuis cette époque, la ville a pour église paroissiale celle de l'abbaye. Les relations entre Murat et Bredons ne cesseront de se dégrader, nécessitant parfois l'intervention du pape. Ainsi Urbain II (1088-1099), qui a prêché la première croisade, doit trancher des procès concernant leprieuré.
Les chanoines de la collégiale Saint-Martin à Murat contestent l'autorité du prieuré de Bredons. Des différends apparaissent au début du XIV° entre le vicomte de Murat et le prieuré de Bredons. Cette communauté entre en conflit avec les moines de la collégiale Notre-Dame de Murat.
A la fin du XV ièmè siècle, de grandes réparations furent entreprises à l'église de Bredons par le prieur Jean II des Prez de Montpezat. Entre 1517 et 1542, le nouveau Prieur Antoine d'Auriol, amateur éclairé à l'époque de l'influence italienne dota l'église d'un ensemble de stalles et boiseries de grande qualité dont on peut regretter qu'une partie seulement nous soit parvenue.
Antoine d'Anglade, dernier Prieur régulier de Bredons entrepris d'importants travaux de restauration de la partie sud-ouest de l'église où son blason est visible au revers de la façade occidentale. Entre 1664 et 1757, l'esprit de la réforme transforme le décor intérieur de Bredons, mais les importants retables que l'on peut aujourd'hui y admirer furent surtout dus aux curés et marguilliers : les Prieurs d'alors abandonnent volontiers l'administration du temporel entre les mains d'un fondé de pouvoir et résident de moins en moins sur place.
Une loi de L'assemblée nationale ayant ordonné la vente des biens nationaux avant le 15 septembre 1790, la municipalité de Murat mit en vente le Prieuré de Bredons. Aucun acquéreur ne se présenta. La population, fuyant les prêtres assermentés, venait suivre à Bredons les offices des réfractaires. En 1791, la municipalité de Murat fermait l'église de Bredons. Des émeutes assez violentes s'en suivirent.
En 1795 le quartier du " Fontillou " à Murat ayant brûlé, le conseil municipal autorisa les sinistrés à prendre des pierres des bâtiments du Prieuré pour reconstruire leurs maisons. A la même époque le clocher fut démoli et reconstruit dans son état actuel.
En 1840 l'église de Bredons fut classée Monument Historique et on répara les désordres qu'avait provoqué dans les maçonneries la démolition des bâtiments du Prieuré. (d'après Michel Jantzen ,
Architecte en chef des M.H.)
Il est étonnant que dans l'historique du prieuré, personne ne parle de la vierge noire, merveilleuse statue romane de majesté, volée en 1953. On lui accordait une parenté orientale grâce à saint Louis qui en aurait fait don à l'église.(décidément, ses valises devaient être bien lourdes à son retour).
Celà explique aussi pourquoi, de l'autre côté de la vallée, la vierge noire de Murat, bien que postérieure en date, tienne à se rattacher à Saint Louis.( Jacques Bonvin )
Avant d'arriver au prieuré, dans le village de Bredons, une magnifique fontaine et ses différents bassins me fait penser au druidisme. Surtout quand on voit la figure d'où coule l'eau...
Non loin, une pierre posée à même le sol rappelle un menhir couché.
Le paysage alentours est magnifique, et le deck volcanique servant de base vibre très fort.
Murat
La ville, située dans la vallée de l'Alagnon, est blottie au pied des contreforts orientaux du massif du Cantal.Au milieu du Volcan Cantalien (le plus grand Strato-volcan d'Europe avec 2 700 km² de superficie) le site de Murat dévoile son passé volcanique : trois necks ou cheminées volcaniques dessinent les contours de cet emplacement :
- le « Rocher de Bredons » et son église prieurale du XIe siècle (joyau de l'art roman)
- le « Rocher de Chastel-sur-Murat » et sa chapelle romane du XIIe siècle (décorée de fresques primitives)
- et le « Rocher de Bonnevie », habillé de ses orgues basaltiques (les plus fines d'Europe) et surmonté depuis 1878 de l’imposante statue de la Vierge, « Notre-Dame-de-la-Haute-Auvergne ».
L'origine de Murat est inconnue. Tout ce que l'on sait, c'est que la naissance de cette ville remonte à très longtemps: sa première trace dans l'histoire se situe en 270 après J.C., à l'endroit des prédications de saint Mamet, envoyé pour apporter les "lumières de l'évangile". En langue celtique, Murat signifierait "roc escarpé".
Grace à sa position stratégique, Murat se développa à partir du Xe siècle et fut très prospère aux XIIe siècle et XIIIe siècle. Au XIVe siècle, Murat était une véritable ville fortifiée: à l'abri de ses murailles, elle constituait une cité active (foires et marchés, auberges, artisanat, professions libérales) et un nœud routier important. A l'époque, chacun des trois pitons volcaniques surplombant la ville était occupé par un château fort.
Murat fut tour à tour la propriété des Anglais, pendant la Guerre de Cent Ans, puis des Armagnacs, de la maison de Savoie et des Bourbons. En 1633, Richelieu fit raser l'imposant château situé sur le rocher de Bonnevie, qui avait appartenu successivement aux familles de Murat, de Cardaillac et d'Armagnac: il lui fallut six mois ! L'édifice dominait les orgues basaltiques.
Fondée en 1357, la collégiale de Murat était dédiée à Notre Dame des Oliviers. Elle abritait une statue de Notre Dame rapportée, dans la légende, de Terre Sainte par Saint-Louis.