L’église Saint-Pierre et Saint-Paul de Montceaux-l'Étoile
Quel joli nom porte ce village, issu des seigneuries de Montceaux (du latin Monticulum, petite montagne) et de l'Étoile, unies au XVIIe siècle. Probablement édifiée vers 1120, l’église apparaît dans une bulle papale en 1164 sous le nom d’Ecclesiam de Moncellis, confirmant son appartenance à l’abbaye d’Autun.
Cette annexe de la paroisse de Versauges fut desservie par les moines d’Anzy-le-Duc. Elle ne devint paroissiale qu'à la fin du XVIIe siècle, Anzy partageant ses droits avec la famille de Vichy, propriétaire de la seigneurie de Montceaux. En 1777, Abel de Vichy fit éventrer l'abside romane pour édifier une chapelle de style baroque, destinée à être le mausolée de sa femme Claudine de Saint-Georges, décédée en 1775.
L’extérieur
Les murs latéraux sont construits en moyen appareil régulier et conservent quelques modillons, témoins du début du XIIe siècle. Des reprises en grandes pierres sont visibles sur la façade, les contreforts et le clocher.
Le clocher, de plan carré, comporte deux étages de baies géminées séparées par des colonnettes aux chapiteaux sculptés. Il est coiffé d'une pyramide à quatre pans couverte de tuiles plates. Sous la corniche sommitale court une rangée d'arcatures lombardes.
Le portail ouest, autrefois précédé d’un porche dont il reste des traces sur la façade, présente un tympan et un linteau sculptés dans un même bloc de pierre calcaire, encadrés par une large archivolte à cinq voussures en plein cintre.
La porte est doublée de planches horizontales à l'extérieur et verticales à l'intérieur, avec des ferrures du XIIe siècle.
Le tympan, qui témoigne des influences clunisiennes, représente la scène de l'Ascension. Le Christ, debout, tenant dans sa main droite le bois de sa croix, est porté au ciel dans une mandorle par deux anges aux ailes déployées.
Le linteau est sculpté de quatorze personnages debout qui représentent les 12 apôtres, la Vierge nimbée et un ange au centre. Ils tournent leur regard vers le Christ et le ciel. Saint Pierre est reconnaissable à sa clé. Leur posture n’est pas figée et une impression de mouvement se dégage du tout.
Le portail présente aussi deux chapiteaux et deux corbeaux historiés. Côté lunaire, le chapiteau montre un personnage portant bouclier sortant des feuilles de chélidoine, symbole de l’accès à la lumière. Il est coiffé d’un bonnet pointu dressé vers le ciel. Sa taille est ceinturée, matérialisant la frontière entre le haut et le bas, le céleste et le terrestre, ce qui est confirmé par ses jambes couvertes de plumes se terminant par des pattes d’oiseau (de chouette ?) . Une des pattes est bien accrochée à l’astragale, tandis que sa jambe gauche se soulève en direction du corbeau. L’oiseau, dans le monde roman, illustre une phase particulière du processus d’accès à la vie spirituelle.
Le corbeau côté lunaire va nous montrer le combat de saint Michel, pieds nus au contact du tellurique mais portant la côte de maille, la guerre sainte intérieure contre les énergies de la matière (le dragon) et leur maitrise afin de pouvoir accéder à la dimension spirituelle.
Côté solaire, les énergies sont inversées. C’est sur le chapiteau que nous allons découvrir l’archange Gabriel montrant la voie menant au sanctuaire à saint Jean.
Sur le corbeau, l’homme du chapiteau lunaire porte cette fois une couronne sur ses cheveux tressés. Ses ailes, capteurs cosmiques de l’énergie divine, sont en place, mais touchent le sol. Il semble implorer l’archange de lui montrer la voie. Ses jambes sont terminées par des sabots de taureau, bien posés sur l’astragale. Nous sommes bien dans le solaire.
L’intérieur
De plan simple, l’église comporte une nef unique de trois travées, une travée de chœur réduite, les restes de l’abside semi-circulaire et la chapelle funéraire servant de chœur en prolongation.
A l'entrée, mal placé à droite, le bénitier en simplicité bien mis en valeur. Sur un mur, une croix de consécration.
La nef couverte d'une voûte en berceau plein cintre fut refaite au XIXe siècle. Les colonnes supportant les voussures comportent des chapiteaux feuillus.
Les fenêtres sont à double ébrasement.
On retrouve au niveau de la travée du chœur la coupole et les arcs de décharge en plein cintre qui supportent le clocher.
On peut encore voir les structures de l'abside romane, semi-circulaire, couverte d'un cul-de-four, reposant partiellement sur une arcature en plein cintre.
L’église fut restaurée au XIXe siècle, et la dernière restauration, récente, fit découvrir des peintures murales datant du XVIe siècle.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Montceaux-l%27%C3%89toile
http://mydas.ath.cx/bourgogneromane/edifices/montceaux.htm
http://pjpmartin.pagesperso-orange.fr/site/Chemins_du_roman.htm#Montceaux
La tour de Cagliostro
Abel Claude Marie, marquis de Vichy et comte de Champrond, né en 1740 et issu de familles de l’ancienne noblesse charollaise et forézienne, hérite en 1769 de son père Gaspard de la seigneurie de Montceaux, terres données à son aïeul par saint Louis en 1248 en remerciement de sa participation aux croisades. Il épousa Claudine de Saint-Georges qui mourut en donnant naissance à leur deuxième fils en 1875.
Dès lors, après avoir détruit l’abside romane de l’église pour y installer dans une nouvelle chapelle sa bien-aimée, il s’enferma dans son château et s’adonna à la physique et à la chimie. Après avoir été initié à Lyon en Franc-maçonnerie à la loge des Neuf Sœurs, il loua en 1784 une maison à Paris, vint y étudier le magnétisme en 1785.
C’est à cette période qu’il rencontra Joseph Balsamo, alias le comte de Cagliostro. Abel tomba sous son charme, plongea dans l’alchimie et l’astrologie et fit construire une tour attenante au château de l’Etoile où il pourra travailler.
La tour, haute de 17 mètres, possède 99 marches, une plate forme panoramique, trois étages, des pièces carrées orientées aux quatre points cardinaux, des doubles volets aux fenêtres, une riche décoration intérieure agrémentée de préceptes inscrits sur les murs.
Il suivit Cagliostro en Angleterre en 1886 après l’incarcération du comte lors de l’affaire du collier de la reine, et fut contraint de brader ses biens afin de lui fournir ce dont il avait besoin, c'est-à-dire beaucoup. Il décèdera en 1793, fusillé lors du siège de Lyon. Cagliostro l’aura ruiné. On peut imaginer, vu les pouvoirs dont se targuait le mage (notamment celui de faire apparaitre les morts), qu’Abel fut aveuglé par son désir de retrouver sa femme.
La croyance populaire fit le reste. La tour, encore debout de nos jours, porte la légende de la venue du grand Joseph Balsamo qui n’a jamais mis les pieds à Montceaux. Au musée de Marcigny, des instruments de chimie sont exposés. Ce sont sans doute ceux qu’Abel utilisa à Paris, et dont Cagliostro se servit.
Pour la petite histoire et le clin d'oeil à un ami, la demi-soeur d'Abel, Julie de Lespinasse, fille de Gaspard de Vichy et de Julie d'Albon, princesse d'Yvetot, fut l'amie de Jean Le Rond d'Alembert.