Marcigny
Marcigny ne possède plus de son glorieux passé que quelques souvenirs. Le prieuré de la Trinité, fondé en 1054 par l’abbé de Cluny Hugues de Semur, fut l’un des trois plus importants monastères clunisiens féminins du Moyen-âge.
Seules les femmes de haute noblesse y étaient admises, comme ce fut le cas pour Hermengarde, sœur d’Hugues et première prieure, Aremburge de Vergy, sa mère, Raingarde de Semur, sa nièce, mère de Pierre le Vénérable. Il y eut aussi Adèle d'Angleterre, fille de Guillaume le Conquérant, les saintes Véraise et Frédoline, filles de rois d'Espagne, Mathilde de Boulogne, femme d'Etienne de Blois, roi d'Angleterre, la sœur de saint Anselme de Cantorbéry.
Un petit prieuré adjacent fut construit pour les moines devant s’occuper des questions spirituelles (la messe) et temporelles (administration), mais la prieure gardait toute autorité sur l’ensemble des monastères, masculins et féminins. Parmi les premiers administrateurs, on compte Geoffroy de Semur, le frère d’Hugues, Rainald de Semur, son neveu (qui deviendra plus tard abbé de Vézelay et archevêque de Lyon), Hugues, un autre neveu. Hugues laissa une prière pour les filles de Marcigny. Edifiant… Je vous laisse lire entre les lignes :
« Ô bon Jésus, ô Jésus très clément, Vous qui avez honoré la pécheresse Marie après qu’elle eut souillé son âme et son corps, et l’avez glorifiée, si bien qu’au jour de votre Résurrection elle obtint d’être l’Apôtre des Apôtres et le premier témoin de votre Résurrection. Accordez à tous ceux qui procureront en votre Nom quelque consolation ou quelque aide à ces moniales qui se sont volontairement faites pauvres pour Vous, de partager au jour de la résurrection le même sort que celui de Marie-Madeleine. Et s’il arrivait que quelqu’un s’oppose à elles au point de les empêcher de Vous servir dans la paix, s’il ne se corrigeait pas en venant à résipiscence par une satisfaction convenable, qu’il éprouve votre vengeance et votre puissance de juge en ce siècle comme dans le siècle futur. »En 1056, Hugues fit construire l’église priorale, dédiée à la Vierge, sur le même modèle que celle d’Anzy-le-Duc. Le prieuré prit de l’importance, même si le nombre de moniales, par décret, ne put dépasser 99, la centième place ou "centesima" étant réservée à la Vierge. Il reçut d’illustres voyageurs, comme le cardinal de Richelieu en 1642. C’est après la révolution que le prieuré fut vendu comme bien national et tout fut détruit.
L'église Saint-Nicolas
Cette église fut construite pour les moines vers 1130, alors que l'église principale de Marcigny le fut pour les moniales. Elle fut agrandie en 1378, puis affectée à la paroisse en 1620.
De roman il ne reste que le chevet semi-circulaire et la partie centrale de la façade, très abimée.
Les nefs latérales quand à elles furent ajoutées en 1820.
Le portail central est encadré par une archivolte à triple voussure. Au tympan, saint Nicolas.
A sa droite, le portail fait en 1820 reprend sur ses chapiteaux quelques thèmes de style roman.
A l'intérieur, seuls les piliers de la croisée du transept aportent un peu de lecture. Nous retrouvons notre loup vert, l'ouvert, passant la tête entre les feuillages. Il nous montre, côté lunaire, la marche à suivre pour atteindre la lumière.
Des feuilles de chélidoine, symbole de l'accès à la lumière, sortent des fleurs tripartites épanouies, peut-être la représentation du corps, de l'âme et de l'esprit.
Le griffon, côté solaire, déploie ses ailes vers le ciel et regarde vers le choeur, vers l'endroit où se passe la transformation.
http://www.sitesclunisiens.org/article.php?sid=149
http://fr.wikipedia.org/wiki/Marcigny
http://pjpmartin.pagesperso-orange.fr/site/histoire_Marcigny.htm
La tour du Moulin
C’est aux alentours de 1410 que Jean sans Peur, duc de Bourgogne et allié du roi d’Angleterre, fit construire cette tour pour défendre Marcigny et son prieuré des incursions du seigneur du Bourbonnais, partisan du roi de France. Située à l’extrémité est du prieuré, et dernier vestige majeur des fortifications de la ville (présence de meurtrières et de trous de couleuvrines), elle mesure 26m de hauteur (14m de toit et 12 m de murs) pour 12 m de large. Ses murs ont une épaisseur impressionnante : de 2,80 m à la base, ils finissent en hauteur à 1,20 m. Les proportions sont intéressantes…
Le premier niveau, en sous-sol aujourd’hui depuis les aménagements de la rue en 1820, renferme la meule, qui était actionnée par le ruisseau Grozelier.
La charpente en châtaignier en forme de cône est en grande partie d’origine. C’est là qu’étaient entreposés les sacs de farine. Les gardes passaient par là pour accéder à la tourelle de guet.
Mis à part ses proportions, un autre élément laisse songeur : sur la façade sont sculptées des sortes de demi-boules, ce que l’on appelle des bossages ou gibbosités. Chacun y va de son explication, de la représentation de mamelles nourricières au symbole de boulets ne pouvant entamer la tour, d’une carte du ciel inversée ou simple décoration de tailleur de pierre.
Effectivement, certaines de ces boules ont une forme ne laissant presque aucun doute. Mais qu’en est-il des autres ? Le masculin des moines et le féminin des moniales ont-ils été mis à contribution pour la protection de leur prieuré ?
Quoi qu’il en soit, la tour du moulin, ayant servi jusqu’au XVIIIe siècle, devint le musée municipal en 1913.
Le bâtiment annexe, décoré de remplois de sculptures et de modillons provenant de l'ancien prieuré, fut construit en 1930.
http://www.marcigny.fr/musee-de-la-tour-du-moulin
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