Glanum, historique
Glanum se situe près du village de Saint-Rémy de Provence dans les Bouches-du-Rhône. Les plus anciennes traces d'occupation remontent au premier millénaire avant notre ère, telle qu'en témoigne la récente découverte d'un habitat protégé de fortifications datant de l'âge du fer.
L'habitat s'est implanté au débouché d'un défilé, passage étroit naturel qui entaille la chaine des Alpilles, à proximité de la voie Domitienne, antique itinéraire qui conduisait d'Espagne en Italie. Une configuration géographique favorable, un territoire fertile, des ressources d'eau et des carrières de pierre ont permis le développement d'un site fortifié de près de 40 hectares de superficie.
Un premier habitat s'est développé aux VIIème et VI ème siècles avant notre ère, autour d'une source et d'un aven qui ont du favoriser l'installation d'un sanctuaire. Les habitants, des Salyens, s'appelaient Glaniques, du nom du dieu local, Glan. Ces hommes se signalèrent par une culture guerrière et une religion qui les apparente aux celto-ligures établis dans la région. Des relations avec le monde grec, sans doute par l'intermédiaire de Marseille, ont procuré aux Glaniques une prospérité qui s'est traduite au début du IIème siècle avant notre ère, par le développement de l'agglomération et par la construction d'édifices du type grec.
L'époque gallo-grecque, aux IIème et Ier siècles avant notre ère, se distingue donc par la construction d'édifices publics aux murs faits de grands blocs de pierre, comme ceux du rempart qui fermait le défilé au Sud de la ville. 6 périodes de construction se sont succédées avant de laisser place au rempart hellenistique). Au nord, de belles maisons sont conçues autour d'une cour centrale bordée de galeries à colonnade ouverte.
L'époque Gallo-romaine, de la fin du Ier siècle avant notre ère au IIème siècle, a été marquée par un véritable programme monumental qui a transformé Glanum en ville romaine pour satisfaire aux exigences d'une vie urbaine de qualité. Celà se traduit notamment par de grands bâtiments publics civils et religieux soigneusement décorés et par des équipements tels que des aqueducs et des égouts.
La ville s'organise avec des maisons qui donnent sur une rue principale et surtout un centre monumental dont le forum et les constructions qui l'accompagnent, construites sur les remblais de constructions antérieures, sont les éléments majeurs.
Sous la domination de Rome, Glanum dut acceder au rang de colonie latine, mais vers 260, les invasions germaniques mirent un terme brutal à sa prospérité.
http://www.etab.ac-caen.fr/lescourtils/provence/glanum.htm
http://antique.mrugala.net/Rome/Glanum/1introduction.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Glanum
http://antique.mrugala.net/Rome/Glanum/1introduction.htm
Le sanctuaire
Quand les Gaulois se sont installés, ils ont construit le village en deux parties: le sanctuaire et les habitations. Le sanctuaire était l'endroit où jaillissait la source. Un rempart en pierre le séparait du village.
Le culte s'est donc développé à partir du point d'eau sacré au fond du vallon, et d'une grotte, au sommet de la colline (aven aujourd'hui inaccessible). Un escalier, bordé de terrasses habitées, reliait la source à l'aven, le sanctuaire rupestre.
Le sanctuaire s'affirme d'abord sous la forme d'un "Temenos" indigène, puis est aménagé et enfermé dans les murs du rempart hellénistique pour enfin déborder ces limites et s'étendre bien au delà. Puis la source est dédiée au dieu Glan (ou Glanis) et aux mères glaniques, déesses de la fécondité, auxquels les habitants vouent un culte. Une statue de la déesse Sirona fut retrouvée.
Il s'agit de la déesse gauloise de la santé et de la prospérité, parèdre traditionnelle d'Apollon (sa correspondance féminine). Elle est drapée d'une élégante robe et couronnée d'un diadème d'où tombe un voile.
Elle s'appuie de la main gauche sur une corne d'abondance (symbole de la fécondité).
De la main droite, elle offre à un serpent, qui se dresse, le contenu d'une patère.
Sirona, divinité guérisseuse, s'apparente à la déesse Hygie des Grecs ou à sa correspondance romaine Valetudo.
A l'époque hellénistique, vers le IIème siècle avant notre ère, la source fut monumentalisée. On la nomme alors Nymphée. Un escalier descendait vers le bassin, alimenté par une galerie de captage. Les pèlerins espéraient la réalisation de leurs vœux en touchant l’eau. Les déesses mères (Matrebo Glaneikabo) sont mentionnés sur un autel trouvé en 1954.
Un portique dorique, pièce rectangulaire, servait de salle de purification pour les pelerins qui se rendaient à la source sacrée.
L'eau courante était recueillie dans un bassin en pierre.
Les Romains, après avoir vaincu les Gaulois, créèrent dans la ville un réseau important d'adduction en eau avec des canalisations en plomb ainsi qu'un vaste réseau d'assainissement par des égouts, des temples en l'honneur de l'empereur et de la famille impériale, des thermes, une basilique, une curie, un forum, et ont continué de vénérer la source où les vétérants des légions venaient se faire soigner de leurs blessures. En effet, les médecins romains déclarèrent que l'eau était "magique" et qu'elle soignait le corps.
Ils perpétuent le culte, construisent à gauche un temple offert en remerciement à la déesse de la santé Valetudo par Agrippa, gendre d'Auguste, qui vint faire soigner sa jambe en ce lieu en 19 avant notre ère.
Le culte officiel de Valetudo est peu attesté à Rome même, on en a seulement quelques mentions seules ou en association avec le dieu guérisseur Esculape. Son plan est celui des temples prostyles et sa façade principale regarde au sud vers la source. L'édifice reposait sur un podium constitué par un ancien mur de grand appareil appartenant à l'aménagement hellénistique du Nimphée. C'est finalement dans ce temple que j'ai pu ressentir les énergies les plus puissantes.
A droite, une salle quadrangulaire est consacrée à Hercule. Des autels votifs portant des dédicaces sont placés devant. Ce groupement d'autels autour de la statue d'Hercule victorieux pourrait faire penser à une représentation guerrière, or ceci est contredit par l'inscription du socle exprimant le souhait de leur retour et priant pour la conservation de leur santé : Hercule est un guérisseur et un protecteur des sources.
L'entrée du sanctuaire
La plateforme
Il y eut d'abord un temple, au IIème siècle avant notre ère, tourné vers le sanctuaire du ravin. Son plan au sol assez mal conservé, peut pourtant être restitué sans problème. On connaît mal les édifices qui séparaient ce petit temple toscan du sanctuaire de la source.
Des traces révèlent cependant la présence à une trentaine de mètres du temple d'un bâtiment organisé autour d'une cour rectangulaire entourée de portiques, précédant un puits. C'est celui-ci qui retiendra notre attention, à cause d'une étonnante longévité (du début du IIème siècle avant notre ère au début du Ier siècle) et de la place centrale qu'il occupe dans tous les programmes monumentaux qui se sont succèdés en ce secteur.
Au pied du temple toscan était creusé un escalier tortueux, qui ne comporte pas moins de trois volées et deux coudes, et conduit huit mètres plus bas à l'eau d'un puits sacré de trois mètres de diamètre. Le couloir (dromos) était couvert de dalles et le puits probablement surmonté d'un édicule, car c'est sur lui que s'orientait et ouvrait ses portes un nouvel édifice, vaste et somptueux, remplaçant l'ancien bâtiment à péristyle rectangulaire dont il remploie de nombreux éléments.
Le puits entouré d'un bassin dallé peu profond, est abrité au centre du portique sud où il se trouve en liaison optique avec le puits à dromos, grâce à la large porte du portique nord. Dans les pièces sud se trouvait un autre petit bassin et des aires dallées. Dans l'angle sud-ouest, une fontaine circulaire ouvrait sur la rue qui bordait le bâtiment.
Les temples géminés de Glanum
Ces deux édifices romains sont ainsi nommés à cause de leur ressemblance. Ils ont été élevés entre 30 et 20 avant notre ère. Une partie de la façade du plus petit a été reconstruite en 1992.
On a découvert dans ces lieux les portraits en marbre de Livie et Octavie, l’épouse et la sœur de l’empereur Auguste. On suppose donc que ces deux bâtiments étaient des sanctuaires voués à leur culte. En face de ce monument une fontaine, de forme semi-circulaire, date de l'époque héllenistique.
Autres temples et statues
La maison de Cybèle
Commencée au IIème siècle avant notre ère, cette maison fut partiellement transformée en lieu de culte à Cybèle par les romains. Un autel lui est dédié.
Les statues
La fouille du puits à Dromos en 1988 a livré une tête barbue de 24 cm de haut. Le séjour dans l'eau a corrodé le visage qu'on devine de bonne facture et dans lequel on peut reconnaître un Hercule, honoré à Glanum. Cette tête montre les traits sereins du héros au repos, à la chevelure bouclée et à la barbe courte.
Une autre statue, posée au dessus de la piscine, attends que l'eau lui sorte de la bouche, ce qui n'est pas encore pour demain...
D'autres statues préromaines représentant des gaulois, évoquent l'élite d'une société militaire et aristocratique, elles montrent des chefs. Ces personnages sont figurés assis en tailleur, buste droit, cette pose étant celle des gaulois au repos et au festin.