L'église Saint-Victor et Sainte Couronne d'Ennezat
Placée sous le patronnage de deux martyrs syriens, saint Victor et
sainte Couronne, l'église d'Ennezat, que ses dimensions et son
emplacement l'ont fait surnommer la cathédrale des marais, offre cette
particularité qui frappe au premier regard, d'être mi-romane
mi-gothique. Elle est construite en arkose pour la partie romane, en
andésite pour la gothique.
A
Ennezat fut fondé par Guillaume VI d'Aquitaine, comte d'Auvergne, sous
le pontificat d'Alexandre II (1061-1073) un chapitre de 12 chanoines
réguliers. C'est sans doute aussitôt après que fut entrepris la
construction de leur église, dans le style d'alors, le roman. Vers la
fin du XIIème siècle, les chanoines se trouvèrent ammenés à agrandir
leur collégiale. Ils entreprirent de la reconstruire entièrement dans
le style gothique, mais seul le choeur fut reconstruit.
L'architecture
de la nef et du transept de l'église romane est particulièrement
remarquable : "une des plus belles choses qu'on puisse voir en
Auvergne", "un des chefs d'oeuvre de l'art roman" disent les
archéologues qui ont le plus récemment étudié cette église.
On
y constate que, dès la fin du XIème siècle, l'art roman auvergnat avait
mis au point les données sur lesquelles seront bâties les églises de
type Notre-Dame du Port.
Malgré ses petites dimensions (nef :
longueur 18,17m, largeur 3,75m, hauteur sous voûte 13,30m, bas côtés
largeur 2m, hauteur 6,20m), l'architecture est d'aspect tout à fait
monumental. L'église a un axe dévié légèrement vers le sud-est d'où son
inégal raccordement avec la partie occidentale.
A l'extérieur, c'est le clocher et le petit massif qui le supporte qui offre le plus d'intérêt, le reste ayant été très modifié.
La
partie gothique (longueur 31m, largeur de la nef 5m, hauteur de la
voûte de nef 17,50m, du choeur 16m) n'est pas sans interet. Elle se
compose d'une nef à trois travées droites àvec bas-côté. Le chevet, vu
de l'extérieur, d'un bel effet, n'est pas sans rappeler celui de la
cathédrale de Clermont, construit auparavant.
Les deux fresques qui ornent cette partie en sont le plus grand attrait.
A
gauche, une fresque de 1420, qui représente la rencontre des trois
morts et des trois vifs. Trois seigneurs à cheval, allant à la chasse,
voient de l'autre côté d'une croix, placée au centre de la scène, trois
quelettes enveloppés dans un linceul. Un poème, difficile à lire donne
la morale de cette histoire : "chacun doit passer par ce pas".
Dans la première travée du collatéral droit, une fresque de 1405 représente le jugement dernier.
Au
centre, le Christ accompagné de la vierge et des saints, à sa droite le
paradis avec ses élus aux crénaux, à sa gauche l'enfer, grande gueule
béante où s'engouffrent les damnés que tourmentent les démons.
Dans le bas, scène de resurrection et inscriptions : "Fais bien tandis que tu vis, car après la mort n'auras nul amis".
Parmi le mobolier, un panneau de bois sculpté, du XVIIème siècle,
représente saint Jacques habillé en pélerin, guidant ceux qui vont à
compostelle.
Une statue portative de Saint Blaise en costume d'évêque à cabochons de verre. Une piéta expressive du XVIIème siècle, et plusieurs statues très colorées.
Le plus célèbre des chapiteaux d'Ennezat
le supplice de l'avare. Il porte sa bourse au cou. A ses pieds, le pot de terre où était son trésor. Sur la banderole : CANDO USURAM ACCEPISTI OPERA MEA FECISTI : "en pratiquant l'usure, c'est pour moi que tu travailles".
Le narthex
Composé de deux salles et d'une tribune, ce narthex était surmonté
d'une tour carrée avant d'être remaniée. Il n'est pas de plein pied
avec le reste de l'église, étant surélevé d'une marche. La chambre
centrale est couverte d'une voûte plus haute qu'à Notre-Dame du Port à
la hauteur des tribunes.
Les chambres latérales sont voûtées en berceau
transversaux légèrement surbaissés. la voûte centrale, en trapèze,a une
largeur de 3,15m à l'ouest et 3,70m à l'est. A la fin du XIIème siècle,
le narthex a été remanié pour agrandir l'église. Les chapiteaux de
cette partie romane sont en général décorés de simples feuilles d'eau.
Les tribunes
L'étage des tribunes est remarquable. Au dessus de chaque arcade
s'ouvrent deux baies géminées d'un dessin sobre et parfait. Elles ne
portent aucune mouluration faisant saillie sur les murs. Leurs claveaux
sont extradasses et les portions de mur comprises entre chaque tribune
sont en grand appareil.
Les bas-côtés
Ils se divisent en autant de travées que la nef. Les voûtes d'aretes
présentent le curieux artifice de construction que l'on retrouve dans
les grands édifices auvergnats, et dont le modèle d'Ennezat offre le
modèle primitif. La voûte d'arete sur plan barlong un peu longue étant
difficile à établir, on l'a fait retomber sur une imposte dans le mur
la laissant sur un petit rectangle completé par un voutin en berceau à
l'est et à l'ouest.
Le bas-côté sud possède un chapiteau avec deux sirènes aux angles.
Ils sont éclairés par 4 fenetres assez larges
La nef
Elle est en plein cintre et couverte d'un beau berceau continu de
blocage dont la naissance n'est accusée par aucune moulure. C'est un
plan en trapèze, la largeur variant entre le narthex et le transept de
3,75 à 3,51m. C'est un procédé qui permet d'augmenter la perspective et
donne une plus grande solidité au clocher.
Le transept
Il est régulier et étroit. D'une profondeur de 4,05m, sa largeur est de 17m.
Cinq compartiments le divisant, la croisée est surmontée d'une coupole flanquée de deux bas-côtés voûtés en quart de cercle et des croisillons voûtés en berceau.
Le choeur
Hexagonal, il est couvert par une voûte d'ogive à 6 branches. Une seule fenêtre l'éclaire. Son étage supérieur est en blocage.