Le musée archéologique de Dijon, présentation
Le
musée archéologique, qui fait partie désormais des « Musée de France »,
fut en premier lieu dépositaire des sculptures gallo-romaines en
remploi dans les murailles du castrum de Divio, l’ancien Dijon. Puis il a
accueilli les découvertes des fouilles effectuées par la Commission des
Antiquités de la Côte-d'Or aux sources de la Seine, à
Alise-Sainte-Reine et à Vertault.
Le
musée présente un vaste panorama de la présence de l'homme en Bourgogne
est présenté de la Préhistoire au Moyen Age avec les sites
incontournables de la région : Dijon, Alesia, Les Bolards, les Sources
de la Seine, Vertault, Mâlain, ...
Les collections du Musée archéologique sont présentées dans l'aile principale de l’ancienne abbaye bénédictine Saint-Bénigne.
Au
sous-sol, dans l'ancienne salle capitulaire et le scriptorium du début
du XIème siècle, sont présentés des sculptures gauloises, puis
gallo-romaines, puis les ex-voto du sanctuaire gallo-romain des Sources
de la Seine. Puis de nombreuses stèles et bas-reliefs de l’époque
gallo-romaine.
Au
niveau 1, dans le dortoir des moines de la fin du XIIème siècle, les
voûtes gothiques accueillent les sculptures d'époques romane et
gothique. Elles vous sont présentées dans le reportage sur Saint-Bénigne, et celui de Notre-Dame.
Le
niveau 2, dans des salles plus récentes, présente le trésor de Blanot,
prestigieux dépôt de l'Age du Bronze final, le bracelet en or de La Rochepot, et des objets provenant de la recherche archéologique récente.
Pour voir la carte, cliquer ici.
Horaires d'ouverture:
Du 1er octobre au 14 mai :
Ouvert tous les jours sauf le lundi et le mardi, de 9h à 12h30 et de 13h35 à 18h.
Ouvert, pour les scolaires, le lundi, sur rendez-vous.
Du 15 mai au 30 septembre :
Ouvert tous les jours de 9h00 à 12h30 et de 13h30 à 18h00 sauf le mardi.
Fermé: le 1er janvier, les 1er et 8 mai, le 14 juillet, les 1er et 11 novembre et le 25 décembre.
http://www.musees-bourgogne.org/les_musees/musee_bourgogne_resultat.php?id=21&id_ville=11
http://www.dijon.fr/
http://www.tourisme-langres.com/fic_bdd/fichiers_fr/Source_Seine.pdf
Le musée archéologique de Dijon, le sous-sol
La source de la Seine
Au fond d’un étroit vallon qui sépare les territoires de Saint-Germain-Source-Seine et Poncey-sur-l’Ignon, les eaux de plusieurs sources jaillissent. La principale fut divinisée sous le nom de Déesse Séquana. Près de la source sacrée fut construit un temple de type gaulois à la fin du I er siècle après Jésus Christ.
En utilisant une grille de lecture astronomique, Bernard Jacomin dans son livre "Les Sources de la Seine - Traces fossiles et repérages astronomiques au pays des Lingons " nous révèle l'importance du repérage des constellations dans l'orientation du sanctuaire et des traces voisines. Quant au fameux Trésor de la Seine, il prend un nouveau sens, si on l'étudie en relation avec les repérages spatiaux utilisés par les druides qui procédaient au réglage du calendrier luni-solaire au début de l'année celtique.
Puis le sanctuaire se développa aux II ème et III ème siècles.
Ces lieux voyaient accourir des foules de pèlerins qui venaient solliciter la guérison de leurs maux. Ils puisaient l’eau sacrée et s’en aspergeaient. En reconnaissance de leur guérison, ils laissèrent sur place des centaines d’ex-voto en bois, en pierre ou en bronze.
Le christianisme a repris à son compte la divinisation des sources de la Seine : une église du nom de Sainte Marie de Sestre fut construite au VI ème siècle à environ 10 km des sources. L’Abbaye s’étendait jusqu’aux sources de la Seine. Les habitants de Saint-Seine se rendaient en procession aux sources, surtout en période de sécheresse. Les fidèles munis de petits vases puisaient l’eau de la source et aspergeaient le prêtre ; il était dit que plus l’aspersion serait abondante, plus les vœux seraient exaucés.
La légende de la source
La Seine, fille de Bacchus et nymphe de Cérès, avait suivi dans les Gaules la déesse des blés, lorsqu'elle cherchait sa fille Proserpine par toute la terre.
Quand Cérès eut mis fin à ses courses, la Seine la pria de lui donner en récompenses de ses services ces prairies que vous voyez là-bas. La déesse y consentit et accorda de plus à la fille de Bacchus de faire croître les blés partout où elle porterait ses pas.
Elle laissa donc la Seine sur ces rivages et lui donna pour compagne et pour suivante la nymphe Héva qui devait veiller près d'elle de peur qu'elle ne fût enlevée par quelque dieu de la mer comme sa fille Proserpine l'avait été par celui des enfers.
Un jour que la Seine s'amusait à courir sur ces sables en cherchant des coquilles et qu'elle fuyait en jetant de grands cris devant les flots de la mer qui quelquefois lui mouillaient la plante des pieds et quelquefois l'atteignaient jusqu'aux genoux. Héva, sa compagne aperçut sous les ondes, les cheveux blancs, le visage empourpré et la robe bleue de Neptune.
Ce dieu venait des Orcades après un grand tremblement de terre et il parcourait les rivages de l'océan, examinant avec son trident si leurs fondements n'avaient pas été ébranlés. A sa vue, Héva jeta un grand cri et avertit la Seine, qui s'enfuit aussitôt vers les prairies. Mais le dieu des mers avait aperçu la nymphe de Cérès et, touché de sa bonne grâce et de sa légèreté, il poussa vers le rivage ses chevaux marins après elle. Déjà, il était près de l'atteindre, lorsqu'elle invoqua Bacchus, son père et Cérès sa maîtresse. L'un et l'autre l'exaucèrent : dans le temps que Neptune tendait les bras pour la saisir, tout le corps de la Seine se fondit en eau ; son voile et ses vêtements verts, que les vents poussaient devant elle, devinrent des flots couleur d'émeraude ; elle fut changée en un fleuve de cette couleur qui se plaît encore à parcourir les lieux qu'elle a aimés étant nymphe.
Les sources, appelées les Fontes Sequanae ("les sources de Sequana") sont situées dans une vallée sur le plateau de Langres, au Nord-ouest de Dijon, à Source-Seine. Les premières traces remontent au deuxième et premier siècle avant Jésus-Christ, quand l’endroit devint un lieu saint de guérison. Le sanctuaire fut plus tard repris par les romains, qui construisirent deux temples, une enceinte avec des colonnes et d'autres structures centrées sur la piscine et la source.
Près de 1500 sculptures du sanctuaire des sources de la Seine sont conservées au musée. Ce sanctuaire est représentatif des cultes guérisseurs. Les pèlerins, après les ablutions et un passage au temple, offraient à Sequana l'image de leur mal. En pierre, en bois ou en bronze, ces ex-voto racontent l'histoire d'un peuple venu adorer l'eau qui jaillit, divine, guérisseuse et efficace.
La découverte dans le sanctuaire d'un fanum de tradition celtique atteste de façon irréfutable la présence importante de courants celtiques dans la région à la période gallo-romaine. Les différentes campagnes de fouille ont permis de retrouver la source sacrée canalisée et deux bassins destinés aux ablutions des pèlerins qui se rendaient au sanctuaire pour y déposer leurs ex-voto.
Sequana est d'origine celtique. Dans la mythologie celtique gauloise, elle était la déesse de la Seine, particulièrement des sources de la rivière, et de la tribu gauloise des Séquanes. Fait extrêmement rare, le nom passa au masculin au VI ème siècle. Un Sequanus fonda un sanctuaire chrétien à 10 km du temple païen, aujourd'hui Saint-Seine l'Abbaye. Sequana est connue uniquement à cette source, dont les eaux n'ont aucune propriété minérale particulière. Cette déesse est remarquable : elle n'a jamais été inféodée à un époux sacré, comme le fut Damona à Borvo. Elle était représentée le plus souvent sous les traits d'une jeune fille debout sur une barque. Des statuettes votives à cette effigie furent retrouvées le long de la Seine.
Un grand vase contenait 120 plaquettes d'ex-voto en bronze et des monnaies. Les plus anciennes, contemporaines de l'empereur Auguste, datent de 27 avant notre ère. Le vase lui même a été gravé sur son col d'une dédicace à la Déesse Sequana.
Plus de 300 sculptures en bois, datées du 1er siècle, ont été retrouvées dans la zone marécageuse du sanctuaire, ce qui a préservé leur structure. Elles sont toutes taillées dans du bois de chêne. Elles sont conservées dans une salle à atmosphère confinée qui permet de stabiliser la dégradation du bois.
Déesse fluviale découverte dans le lit du ruisseau de la Sirène, à Gissey-sur-Ouche. Elle rappelle par sa posture Sequana. Assise sur un haut siège, elle porte une longue tunique plissée retenue sur l'épaule droite par trois agrafes rondes. Un manteau passé sur l'épaule gauche s'évase dans le dos.
Présentation des stèles funéraires
Piliers à plusieurs divinités, provenant de Marilly : sculpture votive où l’on peut reconnaître Jupiter, Neptune accompagné d’un dauphin, Vulcain-Sucellus et Mars-Esus appuyé sur un bouclier.
Trouvé à Til-Châtel, cette stèle funéraire présente un personnage posant la main gauche sur une ascia.
Le musée archéologique de Dijon, le niveau 1
Le tympan du cloître de Saint-Bénigne, du troisième quart du XII ème siècle, représente le Christ en majesté bénissant de la main droite et présentant un livre de la main gauche.
Tympan supposé de l’entrée du réfectoire de l’abbaye de Saint-Bénigne, du troisième quart du XII ème siècle, représentant le Cène.
Des sommiers d’arcatures du XIII ème siècle provenant de Notre-Dame,
ainsi que la tête de Moïse, celle d’un prophète.
Une statuette de la fin du XV ème siècle représente saint Bénigne portant les instruments de son martyre. Le tympan d’origine de la cathédrale, martelé à la Révolution, représentait la passion de saint Bénigne. Il nous reste sa tête.
Bas-relief à l’aigle, XI ème et XII ème siècle
Chapiteau représentant Daniel dans la fosse aux lions, vers 1130. Moutiers-Saint-Jean. Daniel est représenté dans une mandorle, entouré de 5 lions, un sixième occupant la face latérale droite.
Chapiteaux représentant un lion et un orant, début du XII ème siècle, Saint-Seine-l’Abbaye église Saint-Gilles. Ces chapiteaux sont issus d’un atelier local.
Ecoinçon orné d’une femme, deux serpents enroulés autour de son cou vont prendre son sein, Saint-Seine-l’Abbaye, vers 1130-1140. Un autre représentant un lion.
Borne délimitant les territoires des abbayes de Saint-Seine et de Flavigny. Un personnage est gravé sur chacune des faces : saint Pierre tenant les clés indique la direction de Flavigny dont il est le patron, alors que saint Seine illuste la légende selon laquelle il acquit le territoire de son monastère en parcourant son pourtour en une journée, monté sur un âne.
Le musée archéologique de Dijon, le niveau 2
Dieux originaux et animaux protégés
Le savoir faire des romains a permis aux gaulois romanisés de figurer leurs divinités aux attributs très diversifiés. Rares sont les inscriptions qui permettent de donner un nom à ces dieux pourvoyeurs de bienfaits. Sur ce masque de bronze est inscrit « Au dieu Videtillus Gellbellus qui s’est acquitté de son vœu à juste titre.
Certaines divinités sont clairement identifiées, soit issues fidèlement du panthéon classique apporté par le conquérant romain, comme la Minerve de Selongey (villa gallo-romaine des Tuillières), casquée et portant une longue tunique et un manteau ceinturé, un gorgoneion (médaillon abritant la tête de Méduse) ornant sa poitrine,
soit de tradition celtique avérée comme Epona ou Cernunnos. Toutefois, les cas sont nombreux de figurations qui attestent d'un mariage heureux entre ces deux héritages.
Provenant du site antique de Mâlain d’origine gauloise, connu comme une véritable agglomération d'une centaine d'hectares, pourvue de bâtiments publics variés (théâtre, nécropole, sanctuaires péri-urbain, thermes ...) et parcourues par des rues nombreuses dessinant même un plan assez régulier dans la partie centrale, un dieu au maillet et au tonneau évoque Sucellus, celui des tonneliers et du monde rural.
Le dieu de Moux, tenant une serpette de vigneron et portant sur les épaules deux oiseaux attentifs.
Les fouilles du temple/fanum de Beire-le-Châtel ont livré nombre de sculptures, comme ce personnage tenant une flûte, ou bien des têtes de divinités inconnues.
De Mâlain provient également un groupe en bronze de figurines. Le socle qui les porte présente une inscription au dieu Apollon, associé à une divinité locale, Thirona ou Sirona, et une divinité des sources et fontaines.
Des sources de l’Armançon, à Essey, une déesse mère sur un char à timon, tiré par deux chevaux.
Les couples de divinités ne sont pas rares : déesses-mères, déesses de l'abondance, associées à des dieux masculins de la force et de la prospérité. Mercure et Rosmerta, ou bien Junon et Genuis.
Jupiter, Diane, Minerve et Isis.
Mithra est aussi représenté, portant le pileus et son bonnet phrygien, ainsi que les attributs de son initiation.
Ce lion à l’urne, provenant de Nuits-Saint-georges, représente le grade initiatique du mithriacisme. Il tient un vase dont s’écoule un liquide (le sang du taureau ?). Il est accompagné le plus souvent d’un serpent et d’un chien.
Restitution du carnyx en bronze de Mandeure, grand sanctuaire celtique. Un carnyx était la trompette de guerre des Celtes, servant à effrayer leurs adversaires.
Replique du chaudron de Gundestrup, chaudron celtique datant du Ier siècle avant notre ère. Il fut retrouvé dans une tourbière au Danemark.
Il est constitué de l'assemblage de 13 plaques d'argent, (12 richement décorées par martelage et une circulaire constituant le socle et le fond), et mesure 42 cm. de haut pour un diamètre de 69 cm.
Ce chaudron est parcouru de nombreux motifs illustrant la mythologie celte, telles qu'une représentation de Cernunnos, une autre de Taranis, de Teutatès, une encore d'un dieu ou d'un géant plongeant des guerriers morts dans un chaudron afin de les ressusciter.
Dans la mythologie celtique, le chaudron « magique » peut, suivant les légendes, donner de la nourriture pour un millier d'hommes, tel le chaudron d'abondance du Dagda, ou bien donner le savoir universel à celui qui goûte de son contenu ou encore ressusciter les morts.
Ces vertus sont d'ailleurs à rapprocher de celles des sources bienfaitrices. Le Saint Graal du roi Arthur n'est autre qu'une représentation christianisée du chaudron d'abondance ou du chaudron de la connaissance.
Le bracelet de La Rochepot a été découvert au lieu dit Bois de la Manche en 1970 par un engin mécanique. Il porte de ce fait des traces d'éraflures dues à son déplacement brutal lors des travaux. Il est ainsi impossible de préciser si ce bijou exceptionnel provient d'une sépulture ou bien d'un dépôt. Le bracelet est en or et pèse 1,286 kg. Sa fabrication résulte de l'assemblage de huit pièces : 3 joncs massifs forment le corps du bracelet, 2 tiges torsadées le décorent à l'extérieur et deux manchons bloquent les différents éléments aux extrémités. Malgré l'absence de contexte archéologique et de comparaisons, on date ce bracelet en or de l'époque de l'Age du Bronze Final (1300 - 800 av. J.-C.).