09 septembre 2009

L'abbatiale de Cruas, historique

Cruas_1L'abbatiale fut construite au débouché du ravin du ruisseau de Crûle, au-dessus du lit majeur du Rhône. Le site fut occupé au moins depuis la fin du Ier siècle. 
















Cruas_41Sous l'actuelle église abbatiale ont été retrouvés les vestiges d'une villa gallo-romaine, installée sur l'itinéraire de Lyon-Vienne à Nîmes, l'ancienne voie romaine "d'Antonin-le-Pieux", aujourd'hui la N86.











Cruas_30Cette villa fut alors détruite par un incendie.

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Cruas_4A partir de la fin du Vème siècle, le site fut consacré à la religion avec la construction du premier édifice paléochrétien, à nef unique terminée à l'est par une vaste abside, qui reprend en partie les murs de la villa. Il s'agit d'une fondation d'origine privée au sein d'un grand domaine appartenant à l'évêque de Viviers, Ardulphe.








Cruas_20Dès lors, plusieurs édifices vont se succéder à commencer par l'abbaye fondée en 804 par les moines bénédictins, à l'initiative d'Eribert, comte du Vivarais, qui sera détruite peu de temps après par une crue de la Crûle. Il reste de cette période les vestiges du clocher porche carolingien, présentés à côté de ceux de la villa.














Cruas_8D'autres édifices seront élevés avant la construction de l'église romane actuelle : en 970, l'archevêque d'Arles vint consacrer une chapelle, sous l'invocation de Saint-Michel, que venait de faire construire une dame Gotolinde.










Cruas_19L'église actuelle, consacrée en 1095 par le pape Urbain II, comportait à l'origine trois nefs, longues de quatre travées, voûtées en berceau, un vaste transept avec coupole sur trompes à la croisée et trois absides semi-circulaires, le sol du chœur et du transept dominant de plus de trois mètres celui des nefs et recouvrant une vaste crypte transversale s'étendant sous l'ensemble du chevet et du transept dont elle épousait le plan. Cette crypte abritait les reliques de saint Torquat et de saint Josserand que les fidèles pouvaient venir vénérer sans troubler l'office des moines siégeant au dessus, dans le chœur. Une deuxième crypte fut placée sous la travée principale.


Cruas_13Au XIIème siècle, l'église, devenue trop petite, fut augmentée d'une cinquième travée plus longue que les autres, mais la déclivité du terrain à l'ouest contraignit d'édifier au revers de la façade un escalier permettant de descendre dans l'église : le portail d'entrée se trouve ainsi à peu près au niveau du chœur surélevé. Le monastère prit une grande dimension, se trouvant à la tète d'une quarantaine de prieurés répartis sur quelque huit diocèses.






Cruas_5Dès le XIIème siècle, les débordements du Crûle (Crula Vallis = Cruas) causèrent de graves soucis aux moines, ruinant les bâtiments abbatiaux tandis que des torrents de boue et de graviers envahirent régulièrement l'église.
























Cruas_11À la fin du XVIème siècle, les troubles de la guerre civile les incitèrent à se retirer en 1580 au château abbatial sur la colline : le cloître et les bâtiments conventuels sont ruinés, l'abbatiale saccagée.










Cruas_18À leur retour en 1628 dans le monastère dévasté, ils renoncèrent à déblayer en totalité les nefs qu'ils assainirent tant bien que mal en comblant par des apports de chaux et de décombres, si bien que dès la fin du XVIIIème siècle le sol est partout uniformisé au niveau de celui du sanctuaire. Il ne resta bientôt plus que six moines qui se fondent dans la population. En 1741 l'évêque de Viviers prit une ordonnance visant à la suppression du monastère. Prosper Mérimée fit classer l'abbatiale à l'inventaire des monuments historiques dès 1847.





Cruas_16La visite de l’église se fait par l’intermédiaire de l’office du tourisme, où vous trouverez une charmante personne connaissant les énergies fabuleuses qui se dégagent de l’édifice. Cathy, merci pour tout. L’abbatiale mérite qu’on l’aime autant que vous.

Explications de Cathy Panattoni, de l’office du tourisme de Cruas
http://www.terres-romanes.lu/cruas.htm
http://www.patrimoine-ardeche.com/visites/cruas.htm
http://www.cruas.com/
http://www.ot-cruas.fr/
http://www.medarus.org/Ardeche/07commun/07comTex/cruas.htm
http://ardecol-v2.inforoutes-ardeche.fr/eduetpatri/articles.php?lng=fr&pg=27

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L'abbatiale de Cruas, l’extérieur

Cruas_9Le portail en plein cintre devait être précédé d'un porche (achevé ou seulement projeté) dont on aperçoit les amorces des arcs latéraux. Il est établi sous une profonde arcade portée par deux colonnes jumelées avec des chapiteaux à feuilles lisses et recourbées. Ces derniers ont été restaurés au XIXème siècle, excepté deux d'entre eux très usés paraissant en marbre.







Cruas_10A l'étage, une archivolte à 6 lobes, murée dans sa partie basse au XVème siècle.

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Cruas_15L'angle sud-ouest contient des éléments de circulation qui mettaient l'édifice en communication avec d'autres parties : escalier en colimaçon vers les parties hautes de la travée occidentale, et porte latérale.










Cruas_24Dans les remplages gothiques de la fenêtre romane, la rosace, dominant le parvis, présente l’un des plus grands svastikas sacrés de France.











Cruas_21Du côté est, lui répond un grand triskel...













Cruas_22Le chevet est composé d’une abside et de deux absidioles semi-circulaires échelonnées s’ouvrant directement sur le transept bas et saillant. Elles sont ornées d’un décor classique du XIème siècle de bandes lombardes surmontées d’une frise en dents d’engrenage. On peut voir les fenêtres de la crypte sur l’étage inférieur, qui n’est pas vraiment délimité avec le niveau supérieur.











Cruas_2Adossé à l’absidiole sud, la petite chapelle funéraire gothique fut construite au XIVème siècle pour l'abbé Jean Le Merle de Rébé (1525-1542). Après avoir été démontée lors de travaux de dégagement, elle fut reconstruite en 2003 et sert de sacristie.










Cruas_3Un lanternon cylindrique à deux étages, ou tour lanterne, ajouré au niveau supérieur de quatre ouvertures géminées, repose sur la croisée du transept. L’ensemble est également orné de bandes lombardes et de cordons en dents d’engrenage.
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Cruas_17Ce décor se retrouve également sur les façades latérales de la nef. Les murs gouttereaux sont coiffés de modillons représentant des personnages et des animaux.











Cruas_5Le lanternon offre la particularité de combiner des structures rondes, octogonales et carrées, ce qui en fait une quadrature du cercle réussie.

























Cruas_14La travée occidentale est surmontée d’un clocher carré de taille imposante ajouré à l’étage supérieur de quatre baies géminées à colonnette centrale. Les ouvertures en plein cintre sont soulignées par un bandeau de billettes qui court sur les quatre faces du clocher.









Cruas_6Les murs gouttereaux des bas-côtés sont animés par une série d'arcatures aveugles, procédé traditionnel de soutien et de renforcement dans un édifice voûté.

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L'abbatiale de Cruas, l’intérieur

Cruas_plan_1terL'Église abbatiale, de plan cruciforme avec un transept saillant, se compose d’une nef et de deux collatéraux voûtés en berceau organisés en 5 travées, s'achevant à l'est par des absides cintrées.
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Cruas_26Orientée est/ouest, l’abbatiale se compose d’une église basse, d’une église haute formée par le prolongement du chœur du sanctuaire par le truchement d’une tribune monastique et d’une crypte semi enterrée, typique de l'art lombard.























Cruas_25La travée supportant le clocher, plus grande, fut rajoutée au XIIème siècle, les autres datant du XIème. Elle abrite la chapelle haute, dédiée à Saint-Michel. Normal, la Vierge se trouve dans la crypte, son parèdre en hauteur.
















Cruas_103Cette chapelle, détruite pendant les guerres de religion, et qui devait être réservée aux personnages importants, fut reconstruite en 1987. Elle couvrait la travée occidentale et s'ouvrait largement sur la nef. Elle apparaît comme une survivance du massif occidental et des clochers porches carolingiens et ottoniens.














Cruas_29Cette partie de l’édifice possède les seuls chapiteaux à avoir été faits par des sculpteurs professionnels et à présenter un décor adapté du chapiteau corinthien antique.
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Cruas_31Ils sont en calcaire gris de Beaucaire, matériau différent du reste des chapiteaux, preuve que ce sont des œuvres d'atelier qui n'ont pas était faites sur place. Ce sont des adaptations du chapiteau corinthien antique.










Cruas_34Sur la plate-forme à droite de l’entrée se trouve le gisant d’Adhémar VI de Poitiers-Valentinois, bienfaiteur de l’abbaye. Ce tombeau gothique date du XIVème siècle. Il est surmonté d’une fresque.
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Cruas_38L’élévation de la nef est à trois étages. Les hautes arcades qui séparent la nef des collatéraux sont surmontées d’un étage aveugle. Le niveau supérieur à claires-voies apporte un éclairage direct à la nef. Les ouvertures sont situées du côté sud alors que le côté nord est fermé.









Cruas_37La nef est couronnée d’une voûte en plein cintre avec doubleaux. Les bas-côtés sont couverts d’une voûte d’arêtes.

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Cruas_92Dans l’église haute, la croisée des transepts est surmontée d’une coupole sur trompes, sur laquelle vient se poser la tour lanterne. Les coquilles Saint-Jacques fut peinte en trompe-l’œil au XVIIIème siècle.
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Cruas_107La table d’autel date du XIème siècle. Elle fut découverte en 1983 dans l’un des sols de la nef centrale où elle avait été enterrée, sans doute pendant les guerres de religion. Taillée dans une tranche de marbre gris d’origine antique, elle mesure 2m16 de long sur 0,86 de large et 12 cm d’épaisseur.






















Cruas_100C’est une table en « évier » légèrement creusée, posée sur des piles en matériau plastique englobant les vestiges des piles d’origine. Cette méthode a l’avantage de laisser bien lisible les parties anciennes. Je trouve ça très beau.
Les piles venaient s'ancrer dans le socle de pierre qui est encastré dans la mosaïque.













Cruas_101Le bras nord du transept abrite une peinture murale du XIVème siècle, peinte sur la pierre sans enduit préalable. Elle représente un saint évêque, peut-être saint Victor bénissant, réalisé par des artistes dans la mouvance de l'atelier siennois de Simone Martini alors en Avignon.









Cruas_85L’abbatiale a conservé des restes de  fresques du XIVème, non restaurées mais stabilisées. Celle du mur nord représente la trinité, avec Dieu le père présentant le Christ devant lui, une colombe symbolisant l’esprit. A gauche, un ange thuriféraire, et à droite, saint Michel en armure du XVème, pesant les âmes… on devine la correspondance avec Thôt ou Anubis.








Cruas_106Celle du mur sud présente deux moines agenouillés derrière un immense archer qui envoie des flèches en direction de saint Sébastien dont il ne reste que quelques traces.

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L'abbatiale de Cruas, la mosaïque

Cruas_98Sur les deux pavements de mosaïques décrits au XVIIIème siècle par les religieux de Saint-Maur lors de leur passage à Cruas, seule celle de l'abside centrale nous est parvenue, l’autre ayant été détruite lors de la mise en place, au XVIIIème siècle du nouveau maître-autel.









Cruas_97Datant du premier quart du XIIème siècle, elle représente le prophète Elie et le patriarche Hénoch sous la main de Dieu, les deux seuls personnages enlevés vivants au ciel dans l’ancien testament. Encadré par les deux personnages, une représentation du jardin d’Eden sur un panneau central, avec l’arbre de vie, lignum, et l’arbre de la connaissance du bien et du mal, ficus (le figuier).













Cruas_96En dessous des arbres sont représentés les 4 monts, mais aussi les 4 bras du fleuve du Paradis qui semblent irriguer l’ancien emplacement de l’ancien maître-autel, qui se trouve actuellement dans la crypte. On voit encore, sur la dalle, les trous ayant servi à le fixer.
Les quatre bras du fleuve du Paradis irriguent l’univers et donnent naissance à la Création. On est face à une vision chrétienne du monde, une géographie du sacré avec l’eau qui marque les limites de l’univers. Les 4 bras du fleuve, courants cosmiques nécessaires à la création ?




Genèse : chapitre II.9/14 : "Dieu planta un jardin en Éden, à l'orient, et il y mit l'homme qu'il avait modelé. Dieu fit pousser du sol tout espèce d'arbres séduisants à voir et à manger, et l'arbre de vie au milieu du jardin, et l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Un fleuve sortait de l'Éden pour arroser le jardin et de là il se divisait pour former quatre bras. Le premier s'appelle le Pishôn : il contourne le pays d'Havila, où il y a de l'or ; l'or de ce pays est pur et là se trouve le bdellium et la pierre cornaline.  Le deuxième fleuve s'appelle le Gihôn : il contourne le pays de Kush.  Le troisième fleuve s'appelle Hiddékel : il coule à l'orient d'Assur. Le quatrième fleuve est le Phrat."

Certains ont vu dans les fleuves le Gange, le Nil, le Tigre et l’Euphrate. Les plus anciennes civilisations ?

L'inscription qui borde la mosaïque porte la date de 1097. L’autel, d'après des descriptions anciennes, aurait été consacré en 1095 (date qui était portée sur la mosaïque perdue de la croisée du transept) par le pape Urbain II à son retour de Clermont-Ferrand où il avait prêché la première croisade. La mosaïque commémore son passage.

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L'abbatiale de Cruas, la tribune monastique

Cruas_36Edifiée au milieu du XIIème siècle, sont principal but était de marquer une séparation entre le monde des clercs et celui des laïcs, conformément aux exigences de la réforme grégorienne. De plus, elle prolongeait le chœur de l’église haute réservée aux moines, l’église basse étant réservée aux fidèles.










Serrabone__38_aCette forme architecturale reste rare, puisqu’il n’existe que deux tribunes de ce type et de cette époque en France : la première en pierre calcaire à Cruas, la seconde en marbre rose se situant à Serrabone.
















Cruas_42La tribune fut préservée par les moines lors des inondations successives du Crûle grâce à un mur élevé autour de la structure, ce qui explique que pendant des siècles on a pensé qu’il s’agissait d’une seconde crypte. Lorsqu’elle fut dégagée de son carcan de pierres et de boue en 1983, elle était dans un état de conservation exceptionnel. Il n’y eut pas de travaux de restauration, seulement un nettoyage à l’éponge.







Cruas_45Le sol de la tribune est fait de dalles auto-bloquantes et démontables, afin de pouvoir ultérieurement accéder facilement aux fouilles. Les dalles plus grises nous montrent la position de l’abside de l’ancienne église carolingienne datant du Vème siècle. Les fouilles sont actuellement suspendues, mais il faut espérer que l'administration des Monuments Historiques les poursuive jusqu'à l’achèvement du programme conçu il y a plus d'un siècle par Prosper Mérimée.






Cruas_43La tribune occupe les deux dernières travées orientales de la nef centrale et s’appuie contre le mur de la crypte. Elle est composée de deux vaisseaux parallèles séparés par une file médiane de 5 colonnettes monolithes, divisés chacun en 4 petites travées carrées voûtées d’ogives construites en pierre de Cruas. Les 15 fines colonnes sont ornées de chapiteaux délicatement sculptés.







Cruas_51Les clefs de voûte sont sculptées, avec finesse et dextérité, de motifs inspirés soit de l’art carolingien comme les motifs géométriques noués d’entrelacs, soit antique (rosaces, palmettes) ou encore roman comme un lion se mordant la queue.









Cruas_47Les chapiteaux de la tribune sont travaillés au ciseau et traités selon la technique du biseau afin de faire sortir les motifs de la corbeille, témoins d'un travail réalisé par un atelier local de tailleurs, contrairement à ceux de la travée occidentale.
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Cruas_54Ils sont, en majorité, ornés de palmettes et de feuilles découpées qui prennent naissance dans l’astragale. Quelques-uns présentent un décor animalier travaillé en méplat.
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Cruas_53Le relief peu prononcé est donné par le jeu des ombres et des lumières et par la trace des outils de taille. ils sont les témoins d'un travail réalisé par un atelier local de tailleurs
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Cruas_57Deux oiseaux buvant dans un calice sont représentés sur la corbeille d’un chapiteau du fond de la tribune, sur la droite.

" Équilibre et harmonie. Bientôt, l'opposition obstinée des deux principes apparemment inconciliables sera résolue par cette réunion des deux principes symbolisés ici par ces deux oiseaux qui boivent dans la même coupe. Cette coupe représente le cœur, ce cœur qui est au centre. La connaissance du cœur est justement la connaissance libérée du mental, c'est-à-dire la connaissance directe et immédiate par identification du sujet à l'objet de connaissance.



Cruas_46Être un, c'est retrouver ce double céleste en soi. Le double en question est celui qui a pour vocation de nous faire sortir du piège de la matière où nous sommes tombés. Celui qui nous tend la main comme depuis l'au-delà et nous supplie d'avoir la force de la prendre. Il est celui qui vient radicalement de l'autre côté. Cela signifie en fait aimer, au sens le plus noble du terme.








Cruas_52Non pas exercer cette forme d'émotion que nous appelons à tort amour, et qui n'est en réalité que l'expression d'un désir, d'une peur, d'un besoin, et qui est un produit de la psyché ; mais exercer ce sentiment que les grecs appelaient “Agapè” et les latins “caritas”, cet Amour qui est tout en nous tous, qui peut tout, qui pardonne tout, parce qu'il abolit réellement la distance entre moi et Soi. Gislebertus. "







Cruas_50Au centre, deux aigles encadrent une tige cannelée portant un visage humain dont les grandes oreilles semblent entendre ce qu’ont à dire deux serpents dont les corps forment une boucle et dont les yeux sont démesurés, formant trois cercles.

L’aigle est l’animal solaire par excellence, l’image royale de l’âme s’élevant au dessus des vicissitudes de l’expérience terrestre. Il représente la maîtrise du pouvoir spirituel. Il est la connaissance. Opposé polaire du serpent, qui lui est le premier élément de l’élévation de l’âme. Que celui qui a de grandes oreilles entende… Les trois cercles des yeux du serpent font penser aux trois cercles de la tradition druidique.


Cruas_49Enfin, l’unique chapiteau à décor figuratif représente le visage d’un homme barbu avec l’inscription suivante sur le tailloir : FRATER BEOTIDUS. Une hypothèse veut que ce frère convers soit l’auteur des sculptures de la tribune. Il est représenté avec un soi-disant instrument de musique double sortant de sa bouche. Peut-être faut-il voir la parole, la connaissance du maître sculpteur. Dans ce cas, les volutes des sons sont captées par les oreilles de celui qui entend.

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L'abbatiale de Cruas, la crypte

Cruas_79La crypte semi souterraine de Cruas s’étend sous le chœur monastique, c'est-à-dire l'ensemble des trois absides et du transept. C’est l’endroit le plus ancien de l’abbatiale, édifié au milieu du XIème siècle.










Cruas_82Sa vocation était de permettre aux fidèles et aux pèlerins de vénérer les reliques de saint Torquat  et de saint Josserand. Le premier fut l’un des plus grands évangélisateurs de la région et premier évêque de Saint-Paul-Trois-Châteaux au IVème siècle, le second l’un des premiers moines de l’abbaye de Cruas au IXème siècle.








Cruas_61Elle est située en léger contrebas de l’église basse, et les fenêtres s'ouvrent sur l'extérieur au ras du sol de l’ancien cimetière. A l’époque de sa construction, elle communiquait de pleins pieds avec les bas-côtés de l'abbatiale.










Cruas_60Elle est de type crypte halle divisée en deux vaisseaux transversaux et se termine dans sa partie la plus orientale par trois absides semi-circulaires. Les voûtes d’arêtes reposent sur des colonnes monolithiques et piles rectangulaires décorés de chapiteaux de forme cubique travaillés dans un style primitif, archaïsant.








Cruas_73Les thèmes représentés sont riches et multiples, tantôt empruntés au répertoire antique : volutes, rosettes, feuilles d’acanthe stylisées, crocettes en volutes d’angle, tantôt à l’art païen : rouelles, figures géométriques
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Cruas_67et un bestiaire naïf représentant des animaux domestiques : coq, poule, âne, loup…
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Cruas_70Plusieurs chapiteaux présentent des figures géométriques intrigantes. Il m’a semblé y voir la représentation de la triple enceinte druidique.
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Cruas_59Beaucoup de roues solaires, au nord de la crypte, illuminant l’endroit le plus sombre. La roue est symbole du mouvement et de la vie, des cycles terrestres et cosmiques, énergie en circulation.










Cruas_64Un chapiteau animalier représente un coq, côté est tourné vers l’autel, un âne côté nord aux pieds humains, un loup côté sud.
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Cruas_63Le coq annonce l'aube et donc l'arrivée de la lumière. Par extension, il est celui qui annonce la libération, le passage des ténèbres à la clarté.
L’âne représente l’homme dans ses passions qu’il faut maîtriser.
Le loup est l’équivalent lunaire du lion solaire… au sud. La gueule du loup est un puissant symbole initiatique, le loup dévorant le novice (mort), puis le rejetant une fois initié (renaissance).








Cruas_75Un seul chapiteau accueille une représentation humaine, celle d’un orant stylisé. Ce chapiteau est le plus chargé en énergie de toute l’abbatiale. Les mains du personnage sont démesurées, touchant le ciel.










Cruas_76De côté, tournée vers l'autel, la roue solaire à 6 rayons.
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Cruas_62Derrière lui, l'ancien maître-autel de l'abbatiale, sur lequel est posée une piéta. Cette statue date probablement du XIIème siècle, et fut retrouvée lors des fouilles.
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