La basilique Notre-Dame-du-Port, les chapiteaux
Notre-Dame-du-Port possède de magnifiques chapiteaux, très parlant. Nous retrouverons dans la nef par exemple le fameux centaure entouré de pommes de pin. Grasset d’Orcet dans son livre «Matériaux cryptographiques» nous explique que le centaure et la pomme de pin se lisent centur leupin, vulgairement saint Turlupin, monogramme des compagnons bâtisseurs du moyen-âge. Ce sont les noms de quatre dieux gallo-gothiques, ou du cycle de Thor, à savoir: “Can”, le chien; “Tur”, le taureau; “Leu”, le loup, et “Pen”, l’orfraie.
Nous retrouvons notre singe cordé, identique à celui de Thuret, mais aussi l’homme déféquant, comme à Mailhat.
Beaucoup de chapiteaux sont inspirés de la « Psychomachie » de Aurelius Prudentius Clemens dit Prudence, écrivain chrétien et conseiller de l'empereur Théodose au IVe siècle. Cet œuvre relate le combat symbolique des vices et des vertus. On retrouve souvent ce thème dans la sculpture romane, ou des personnages ou des animaux sont en opposition. Plus que le combat du bien et du mal, c’est souvent une représentation de la séparation des énergies telluriques et cosmiques de l’église.
En exemple le combat de Caritas et Avaritia, la charité et l’avarice, casquées et armées, s’affrontant devant un troisième personnage qui indique sur un livre que le démon lutte contre les vertus. Ce chapiteau est de polarité négative.
Plus loin, le triomphe de la largesse et de la charité contre l’avarice : polarité positive, ou le suicide de la colère, représenté par une femme se transperçant la poitrine d'une épée, négative.
Ainsi trouve-t-on à Notre-Dame-du-Port ces chapiteaux polarisés, en positif ou négatif, balisant le parcours jusqu’au chœur qui devient zone neutre, là où les énergies sont équilibrées, là où se trouve le livre ouvert.
L’un des plus célèbres chapiteaux représente Adam et Eve et le péché originel, de polarité négative, et l’Annonciation, la Visitation et l'annonce faite à Zacharie de la naissance de Jean-Baptiste ainsi que le songe de Joseph de polarité positive.
Quatre des chapiteaux du chœur furent sculptés par Rotbertus, ou Robertus, qui travailla également à Saint-Nectaire. D’autres le furent par Bernard. Il est rare que des imagiers signent leurs œuvres.
Un aigle, repésenté sur des branchages afin d'indiquer qu'il est totalement cosmique et non tellurique, est posé sur le pilier qui marque la frontière entre la partie tellurique et la partie cosmique de l'église.
Sur le même pilier, regardant le soleil directement, le phénix. Les alchimistes lui donnaient le symbole du rubis philosophique. Ses ailes, contrairement à celles des aigles, sont directement reliées au ciel. C'est la représentation de la capacité de transformation volontaire du principe solaire, conscience et pouvoir mental. C'est véritablement la transformation spirituelle.
Un homme, les jambes repliées, une ceinture sur le chakra 3 et un collier sur le 4, porte sur son dos un autre homme. Mais n'est-ce pas lui même, la représentation de sa lourdeur, qu'il va laisser de côté quand il arrivera à la transformation complète ? L'ibis, dans le coin, l'oiseau de Thôt qui donna aux hommes l'écriture, la magie, l'astronomie, la médecine et l'alchimie semble y veiller, lui qui symbolise la connaissance solaire alliée à l'énergie lunaire.
L'ibis est représenté 22 fois sur les chapiteaux de Notre-Dame-du-Port. Je ne pense pas que ce soit du au hasard.
Cette fois, l'homme commence son retournement, du côté solaire, représenté par une tête de lion. De sa geule partent des rayons reliés au troisième chakra, juste au-dessus du pagne.