L'abbaye de Caunes-Minervois, historique
Saint
Benoit d’Aniane, vers la fin du VIIIème siècle, réforma l’ordre
bénédictin et entreprit une restauration monastique. Il fut aidé par
des compagnons, dont Anianus, qui fonda l’abbaye de Caunes en 780 sur
les rives de la rivière l’Argent Double. Les bâtiments remplacèrent une
ancienne villa gallo-romaine dénommée Bufentis. L’église abbatiale fut
consacrée entre 808 et 820 et dédicacée aux saints Pierre et Paul.
L’absence
de reliques fut vite comblée, et c’est en 983 que l’on mentionne la
présence des restes des saints martyrs de Caunes : l’évêque Amand et
ses frères Luce, Alexandre et Audalde. Leurs actes semblent avoir été
fabriqués à partir de sources plus anciennes concernant des martyrs
homonymes dont l’existence n’est pas d’avantage établie. Mais leurs
reliques font encore l’objet de processions de nos jours.
Quoi
qu’il en soit, l’abbaye reçut de nombreuses offrandes et prit son
essor. Placé à l’origine sous la protection directe du roi, elle passa
aux mains des comtes de Carcassonne puis de Barcelone et aux
Trencavel, vicomtes de Béziers. Ce n'est qu'au XIIème siècle que
l'abbaye se libéra de cette tutelle laïque grâce à une bulle du Pape
Gélase II qui confirma ses possessions en 1119.
Au
XIIIème siècle, Caunes fut l’un des centres de la reconquête catholique
dans un pays gagné au catharisme. L’abbé reçoit plusieurs fois les
représentants du pape venus prêcher l’orthodoxie. En 1227, Pierre
Isarn, évêque cathare du Carcassès, y fut brûlé sous l’ordre de
l’archevêque de Narbonne. L’abbaye reçut des parts des biens confisqués
aux hérétiques.
Puis
vint le déclin, après la commende en 1467 puis les guerres de religion.
Caunes fut assiégée et prise par les troupes du duc de Joyeuse, qui
auraient fait raser les murs et les portes de la ville, ainsi que
l’enclos abbatial. Après cet épisode, les moines n’eurent plus la
vocation.
Il
fallut attendre le début du XVIIème siècle pour que soit engagée une
série de réformes par l’abbé Jean d’Alibert, qui fit restaurer les
bâtiments et reconstruire le logis abbatial. Il fut enterré en 1626
dans le chœur de l’église. Un inventaire de 1664 révéla un état de
désolation important, et le salut vint d’une autre congrégation
bénédictine, celle de Saint-Maur, qui redressa l’abbaye en 1663 et fit
reconstruire une partie des bâtiments monastiques. Le cloître actuel
fut sur les restes du cloître médiéval.
Lors
de la Révolution, le monastère fut fermé, et l’abbaye devint bien
national en 1791, à l’exception de l’église qui devint propriété
communale. Les bâtiments furent vendus à des particuliers. L’église fut
classée monument historique en 1916, les bâtiments monastiques inscrits
à l’Inventaire en 1948.
http://www.caunesminervois.com/abbaye-romane.php
http://www.payscathare.org/1-6504-Histoire.php
http://fr.wikipedia.org/wiki/Caunes-Minervois
http://www.languedoc-roussillon.culture.gouv.fr/fr/0index/01actu/protection_historique/fiches11/caunes.htm
Dépliant de l'office du tourisme
L'abbaye de Caunes-Minervois, l'abbatiale
La
partie la plus ancienne de l'église se situe à l'est et constitue la
base du chevet. Ce dernier, construit en moellons disposés en assises
régulières, est rythmé par deux contreforts et 8 colonnes engagées en
pierre de taille. Les colonnes sont surmontées de beaux chapiteaux
ornés de motifs végétaux et d'entrelacs. Le mur est percé de 3 baies
très étroites, à simple ébrasement. Tous ces caractères architecturaux
indiquent le premier art roman.
La partie supérieure de l'abside,
construite dans un appareil plus régulier au cours de la seconde moitié
du XIème siècle, est ornée de 9 arcatures en plein cintre.
Le
chœur, voûté en cul-de-four, est éclairé par 3 grandes fenetres et deux
occulis. Au XVIIIème siècle, les mauristes ont habillé ses murs de
grandes stalles en bois. Au Xiième siècle, il fut agrandi par
l'adjonction d'un faux transept. Sur chacun de ses bras se greffe une
absidiole semi-circulaire, et aux extrémités deux tours-clochers de
plan carré.
La
tour nord, élevée au début du XIIème siècle, présente trois étages de
baies géminées qui récelent des réemplois de colonnes et chapiteaux
antiques, romans et mérovingiens.
La tour sud, bâtie à la fin du XIIème siècle, n'est nantie que d'un seul étage de baies campanaires.
On
pénètre dans la nef sous un porche voûté d'ogives en boudin du début
du XIIIème siècle. Son portail réemploie deux chapiteaux historiés du
XIIème.
Peut-être proviennent-ils de l'ancien cloître roman.
Une
inscription datée de 1233, sur la gauche, mentionne des fondations de
messes par le chevalier Pelagos, parent de l'abbé Pelagos qui contribua
à l'enrichissement du monastère.
La
nef unique fut en grande partie reconstruite au XIVème siècle et
pourvue de fausses voûtes en briques en 1770. Elle est éclairée par de
hautes baies gothiques percées au sud. Dotée de 6 travées inégales,
elle est flanquée de 4 chapelles latérales.
Depuis
l'absidiole nord, dans laquelle se trouvent les reliques des saints
martyrs de Caunes, on accède par un déambulatoire du XVIIIème siècle à
la crypte.
L'abbaye de Caunes-Minervois, la crypte
Les restes de l'église carolingienne furent exhumés à la fin des années 80, à l'occasion de travaux d'assainissements.
Sont
actuellement visibles les vestiges de l'abside quadrangulaire, qui
offre la particularité d'emboiter les angles extérieurs arrondis. Après
l'édification de l'église, ce sanctuaire a du faire fonction de
martyrium afin de recueillir les reliques des saints martyrs caunois.
Au fond, la troisième niche contient des fresques romanes.
Les
fouilles se poursuivent pour déterminer si l'église carolingienne
possédait un transept. Elles ont mis à jour deux sarcophages des Vème
et VIème siècles.
Personne
ne parle du puits sacré, mais il est bien là. Il se dégage une
atmosphère très sereine de cette crypte, les énergies y sont toujours
présente.
L'abbaye de Caunes-Minervois, les bâtiments conventuels
Au
sud du Cloître, on édifia à partir de 1696, le principal corps des
bâtiments conventuels. Il comprenait au rez-de-chaussée, la cuisine et
le réfectoire tandis que les cellules monacales étaient réparties sur
les niveaux supérieurs.
Aujourd’hui, l’édifice abrite trois expositions permanentes et des salles d’expositions temporaires.
La
résidence de l'abbé commendataire Jean d'Alibert fut construite à
proximité immédiate de l'abbaye. Elle possède un corps de logis flanqué
de deux ailes en retour. Il ne reste de son état antérieur qu'une
partie des murs, dont une petite porte. De l'édifice élevé en 1600 se
subsistent que les 4 fenêtres à meneaux croisés du deuxième étage. Les
sous-sols sont aménagés en caveau de vieillissement du vin. Pas fous
les abbés.
L'abbaye de Caunes-Minervois, le cloître
C'est
la congrégation de Saint-Maur qui édifia en 1663 le cloître actuel, sur
les souches de l'ancien cloître roman. Restaurées, ces galeries sont
d'une grande sobriété. Longeant l'église, une balustrade permet
désormais de surplomber les soubassements d'origines de la nef et les
vestiges du cloître roman.
Un escalier dessert les éléments subsistants de l'ancien cloître : un tronçon du mur bahut septentrional et une longue calade.
Celle-ci constitue un agencement soigné de petits galets posés de chant.