Le Val de Tourne
Je vous propose de découvrir un petit site bien bien charmant, le Val de Tourne. Lieu paisible, énergies apaisantes. Et pourtant, dédié à Mithra, cet endroit doit prendre des énergies bien plus combatives quand il le faut.
Deux sources appelées "Grand et Petit Goul" ou "Goul du pont" (d'une profondeur de 140 m) et "Goul de la Tannerie" (d'une profondeur de 115 m), dont on disait au moyen-âge qu'elles guérissaient la lèpre, sont d'origine vauclusiennes. Elles alimentent, quand il pleut sur le plateau du Laoul, dans le Gard, le ruisseau de la Tourne, et passent par le lavoir.
"Ces deux sources sont alimentées par les eaux de pluie du plateau qui s’infiltrent dans la roche. D’apparence simple, elles cachent un grand labyrinthe de galerie descendant très profondément et dont on ne connaît pas la fin."
Ces galeries aiment garder leur secret, et se défendent des intrusions, si l'on en croit les accidents de plongée... (voir ici et là )
Ce vallon a inspiré de nombreux poètes, notamment Mistral, qui lui a consacré un chapitre de son poème le Rhône.
Le bas-relief dédié à Mithra est sculpté dans la partie médiane d'une falaise d'une dizaine de mètres. Aux extrémités de la barre rocheuse, des cavités abritent du nord au sud les sources. Le site sacré est enchâssé dans un milieu rupestre et aquatique. Non loin de là, plus à l'ouest selon la tradition orale pourrait se trouver un lieu de culte indigène appelé baoume di fadas (voir : beaume des fées).
Du mithraeum, on ne connaît que le relief taillé dans le calcaire aujourd'hui à l'air libre. Aucune investigation archéologique poussée ne permet de définir le bâtiment qui l'abritait. Cependant les traces d'un toit à double pente sont visibles sur le rocher. L'édifice limité à l'Est par la Tourne devait présenter le plan longitudinal classique d'un mithreum.
Le relief dédié à Mithra de Bourg-Saint-Andéol est l'un des plus importants de la Gaule. L'érosion et le vandalisme ont estompé certains détails mais on peut encore définir l'iconographie. Placé à plus de deux mètres au dessus du niveau du sol, le relief mesure 2,50 m x 1,85m m. Sa composition est conforme au type méditerranéen des représentations de Mithra tauroctone. L'égorgement du taureau a lieu dans une grotte dont les parois sont trouées d'anfractuosités. A l'intérieur, le dieu apparaît de face, sous la silhouette d'un jeune homme dont le vent soulève le manteau ; sa tunique ainsi que son bonnet phrygien ont été endommagés.
Mithra, dans une attitude glorieuse, chevauche le taureau ; de sa main gauche, il saisit l'animal au naseau, alors que son poignard, dont on devine le fourreau attaché à la ceinture, est plongé dans le cou de la victime. L'animal vaincu plie le jarret droit. Sa mort a une valeur fécondante et engendre une vie nouvelle comme le prouve le serpent qui se glisse sous le taureau, symbole de la terre qui aspire à être fertilisée et imprégnée de cette régénération. Sous la queue relevée de l'animal, siège des vertus magiques, jaillissent des épis de blé. Le sang s'écoule de la blessure qu'un chien bondissant vient lécher. Un scorpion fixe ses pinces sur les testicules de l'animal, sources de la fécondité dont il cherche à son tour à en absorber la semence. A l'extérieur de la grotte, les figures de Sol et de Luna participent à la liturgie et donnent une dimension cosmique au sacrifice. Au-dessus de l'épaule droite de Mithra, un corbeau, messager solaire, est perché sur le bord de la grotte ; c'est lui qui transmet au dieu l'ordre de tuer le taureau et c'est également vers lui que Mithra tourne son regard.
En bas du tableau se trouve une dédicace de trois lignes (30 cm x 95 cm) faite par Aurelius dédiée au dieu tauroctone ainsi qu'aux Numina impériaux. Des feuilles d'eau encadrent la mention du gentilice sur la troisième ligne.
N V M [--] I B A V (-] VST
D E V M I N V I C T V M
T * A V R * // [---] / / [-] D S P F
"Numini Mithroe, Maximo Soli, Deum invictum, Titus Furius Sabinus libens merito de sua précunia fecit"
"A la divinité de Mitra, au soleil très grand, Titus Furius Sabinus a fait faire et dédié cette image du Dieu invincible, de ses deniers"
Aux IIème et IIIème siècles, le culte de Mithra, d'origine iranienne, est très répandu dans le monde romain. Il faillit même supplanter le christianisme
source :www.ardecol.ac-grenoble.fr/
L'église Saint Andéol
Le premier nom connu de la ville est Bergoïata, nom d'origine celtique qui rappelait sa position élevée sur un rocher dominant le Rhône. Au début de l'ère romaine, ce nom devint Bergus ou Burgum. Les sénateurs gallo-romains avaient couvert de leurs villas cette colline riante, assise sur les bords de la Tourne.
La cité subit l'invasion des barbares à partir du V ème siècle siècle, puis retrouva une periode de paix sous l'administration des évêques de Viviers, seigneurs de Bourg-Saint-Andéol.
Le nom actuel, qui remonte au XVe siècle, perpétue la mémoire d'Andéol, sous-diacre de l'église de Smyrne venu évangéliser la région et qui fut persécuté et assassiné dans la ville.
Sous la Révolution, la ville a porté le nom de Bourg-sur-Rhône.
L'église Saint Andéol
On peut considérer cette église comme une église romane typique de la fin du XI ème siècle. La quasi absence de décor permet de mettre en avant les formes architecturales et de définir les traits essentiels de l'architecture romane.
Elle peut être le prétexte d'appréhender les diverses formes de voûtement (berceau, voûte d'arêtes, croisées d'ogives, coupole), le plan type de l'église avec ses parties constitutives et leur fonction (abside, chœur, transept, nefs, chapelles latérales).
La restitution des parties occidentales disparues permet d'apprécier un type d'église exceptionnel en France (église à contre-abside). La présence du sarcophage de saint Andéol est l'occasion de considérer à la fois le rôle des reliques dans l'histoire de l'Eglise médiévale et le développement de l'architecture romane et l'apparition tardive de la sculpture romane dans cette région.
A l'extérieur, depuis le sud-est, on peut apprécier le plan d'origine de l'église (chevet triabsidial, transept, trois nefs), l'emplacement de l'accès originel à l'église (portail sur la façade sud, mais très refait au XIXe siècle) les adjonctions au bâti primitif (clocher, chapelles, clocheton sur la façade), les types d'appareils utilisés (moellons, pierre de taille), l'ornementation murale typique du premier art roman méridional (bandes lombardes), l'insuffisance du système originel de contrebutement compensée par de grands arcs-boutants plus tardifs.
Le portail d'accès actuel et la façade ouest correspondent à une transformation du XVIIIe siècle. Cette façade est dominée par la statue de saint Andéol.
A l'intérieur il faut faire abstraction des éléments sculptés, pour la plupart exécutés lors des restaurations du XIXe siècle. Architecture très épurée dont l'ornement est constitué par des éléments constructifs : jeux de lumière produits par les doubleaux, le double rouleau des arcs...
La voûte en berceau est équilibrée par les berceaux des bas-côtés. La voûte de la nef, portée plus haut que celles des collatéraux, permet, comme dans les autres grandes églises de la région, un éclairage direct de l'espace central. La croisée du transept est marquée, comme c'est l'habitude, par une coupole sur trompes. Celle-ci est d'un type rare, avec ses séries d'arcatures entre les trompes.
A l'ouest, la contre-abside, dont on aperçoit l'amorce de part et d'autre de la tribune d'orgue, relevait d'un type exceptionnel d'organisation en France mais bien connu en Allemagne. A cette contre-abside était superposée une tribune qui se prolongeait dans la première travée de la nef (une restauration récente l'a restituée dans sa dimension d'origine).
Le sarcophage
Le sarcophage de saint Andéol est un sarcophage antique : sur sa face d'origine un cartouche porté par des génies ailés contient le nom du défunt, un jeune garçon, et son âge, sept ans.
Ce sarcophage a été réutilisé au début du XIIe siècle pour abriter les reliques du saint. On a alors sculpté la face opposée avec au centre une longue inscription latine à la gloire du saint et de part et d'autre, sous des arcs, les figures de saint Polycarpe et saint Bénigne, décor complété par une frise d'entrelacs en haut et des animaux affrontés en bas.
Tout près de là est présentée l'épitaphe de l'évêque de Viviers Bernoin sous l'épiscopat duquel les reliques d'Andéol ont été découvertes en 858. L'épitaphe est entourée d'une bande ornée d'entrelacs.
Histoire de Saint Andéol
Saint-Andéol, qui était venu prêcher en Vivarais aux environs de cette colline (vers l’an 166 de notre ère, il fut envoyé par Polycarpe, évêque de Smyrne (Turquie actuelle) pour évangéliser le midi de la Gaule), souffrit le martyre à Gentibus, situé sur la rive gauche de la branche orientale du Rhône, vis-à-vis la colline appelée Insula Martis.
L’Empereur Septime Sévère, de passage dans la région, entendit parler de lui et le fit mettre à mort le 1er Mai 208. Son corps fut jeté dans le Rhône.
S'il faut en croire l'antique légende, le corps de l'apôtre fut ensuite poussé par le courant sur le rivage de la colonie du Bourg ou de Berg-Oïati, là, il fut recueilli par Amycia Eucheria Tullia, fille du sénateur Eucherius Valerianits, dont l'aïeul est mentionné dans les Commentaires de César.
Sainte Amycie fit creuser dans le roc un oratoire, où elle déposa les restes de saint Andéol. Lors de l'invasion des Vandales, Tullie les transporta sur les bords de la Durance; dans ce lieu, un village a été construit, qui porte encore le nom de Sainte-Tullie.
Au VIII ème siècle, les Maures ravageaient les bords du Rhône, et le Vivarais était sur le point de perdre la foi; alors l'évêque saint Béravin 1er fut averti, par une vision, du lieu où étaient les reliques de saint Andéol, et les rapporta lui-mème à Berg-Oïati, dans le tombeau que sainte Amycie lui avait fait creuser. Depuis cette époque, Berg-Oïati devint le but d'un célèbre pèlerinage, et, au lieu de Berg, qui signifie forêt, fut appelé Burg ou ville; puis on le nomma par la suite Burgus Sancti Andeoli.
Au onzième siècle, le saint cardinal Lager, évêque de Viviers, fit construire, en l'honneur de saint Andéol, la vaste et belle église qui y existe encore. L'erreur populaire a longtemps donné le nom de tombeau de saint Andéol à un sarcophage antique, en marbre blanc, qui est placé près de la porte de cette église.
http://www.ardecol.ac-grenoble.fr/bases/edpatr3.nsf/0/ccf04cc35c1519efc12569eb0049fc1b?OpenDocument
http://www.nimausensis.com/ardeche/Gravures/StAndeol.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bourg-Saint-And%C3%A9ol