L’église Saint-Pons de Baugy
Baugy provient d'un nom d'origine gauloise, Borua, désignant un terrain marécageux, ou bien du nom du propriétaire d’une villa, Balbius, le bègue en latin. Balgiacum se développa à l'époque gallo-romaine, grâce à sa situation sur une ancienne voie de communication et à son port sur la Loire. La première mention du Pagus Balbiacensis apparaît dans une charte du VIe siècle, puis une villa Balgicaco, est citée dans une charte de Saint-Benoît-sur-Loire, en 756.
L’église Saint-Pons fut construite dans la deuxième moitié du XIe siècle et, en 1088, Geoffroy II de Semur, frère de l'abbé de Hugues de Cluny, en fit don au prieuré clunisien de dames de Marcigny-sur-Loire.
La vie de Pons nous est connue par le récit attribué à Valère, un de ses disciples. Pons, ou Pontius, naquit à Rome dans une famille sénatoriale païenne dans le premier quart du IIIe siècle. Il s’initia aux lettres et à la philosophie avant de se convertir à la foi chrétienne en 235. Après la mort de ses parents, il fit don de tous ses biens et se consacra à la religion, convertissant l’empereur Philippe. Valérien arriva au pouvoir et reprit les persécutions. Pons se réfugia à Cimiez, près de Nice, mais ne tarda pas à être arrêté. Refusant de sacrifier aux Dieux, il fut martyrisé en 257. Selon la légende à l’origine de sa sanctification, il aurait résisté au supplice du chevalet, aux ours, au bûcher. Il finit donc décapité, un 14 mai, jour où il fut fêté par la suite.
L’extérieur
L’église Saint-Pons, l’une des plus anciennes du Brionnais, fut oubliée des guerres et des restaurations malencontreuses du XIXe siècle, et même si les peintures ne furent pas du meilleur goût, l’essentiel fut conservé. Elle fut construite en petit appareil calcaire régulier, signe de son ancienneté.
Le clocher, de plan carré, est surmonté d'une haute flèche en ardoises à quatre pans. Au niveau du beffroi, il est percé, sur chaque face, de deux baies dont les fenêtres géminées sont encadrées par une archivolte enveloppante en plein cintre.
Le portail occidental est surmonté d'un tympan nu encadré par une simple archivolte en plein cintre retombant sur deux colonnes latérales ornées de chapiteaux sculptés.
A gauche, des feuillages de Chélidoine, symbole de l’accès à la lumière.
A droite, les animaux musiciens. Un lapin (symbole de fertilité de la Terre-Mère) sonnant de la trompe, un porc (dans l’ancienne tradition celte, le druide) jouant de la cithare et un âne (symbole de la révélation) de la vièle.
Les instruments sont eux-mêmes les symboles de la mesure de l’univers et de la transformation harmonique, que l’on trouvera dans le sanctuaire. Ceux qui en jouent a entendu la musique des sphères.
L’intérieur
D’un plan simple et de facture archaïque, l’église se compose d’une nef unique, couverte à l’origine d’une charpente, d’une travée de chœur et d’une abside en hémicycle.
A gauche en entrant, côté lunaire, le baptistère, branché directement sur un courant d'eau souterrain.
Les fenêtres en plein cintre éclairant la nef sont aussi de facture archaïque, très étroite et profondément ébrasées à l'intérieur.
La travée de chœur communique avec la nef et l'abside par deux grandes arcades en plein cintre à double rouleau retombant sur des dosserets.
Une croix de consécration est encore dessinée sur le mur.
Les chapiteaux sont en majorité à feuillages, et l’on retrouve ici la progression dans la transformation, du simple feuillage aux fleurs puis aux fruits.
A mi-parcours, côté solaire, un homme sort sa tête des feuillages, il voit la lumière.
Un chapiteau de la croisée porte même des feuilles de vigne et des grappes de raisin. L’arbre est symbole d’éternité, mais aussi d’enseignement par l’esprit. Il fait la jonction entre la terre et le ciel, entre les énergies telluriques qu’il transforme et équilibre, et les énergies solaires et cosmiques qu’il capte par l’intermédiaire de ses feuilles. La vigne, arbre sacré des grecs, est symbole de la renaissance, de la connaissance initiatique et de l’accès au spirituel. Elle permet de désactiver le mental afin d’arriver à l’ivresse mystique donnant l’enseignement spirituel.
Un autre nous montre des lions affrontés, posant leurs pattes dans une coupe d’où sortent aussi des feuillages, peut-être des palmes. Le lion, symbole de force et de courage, peut aussi représenter l’orgueil et la colère. C’est la force brutale incarnée dans la matière lunaire, mais aussi la puissance maitrisée du principe solaire accompli. Les deux natures s’affrontent. Les pattes ne touchent plus l’astragale, ce qui veut dire que les lions partant du tellurique sont arrivés au cosmique. Le palmier sera transformateur et équilibrant. Au-dessus d’eux, proche du ciel, la fleur épanouie.
L'abside est voûtée d'un cul-de-four en plein cintre. Elle est percée de cinq fenêtres encadrées par une série d’arcatures retombant sur des colonnettes à chapiteaux sculptés.
Cette fois, les chapiteaux nous montrent, mis à part les feuillages se développant en s’ouvrant jusqu’au centre du sanctuaire, de chaque côté du chœur, des aigles aux ailes déployées. Animal solaire par excellence, il est le gardien de l’entrée du temple. Il montre le chemin, s’élevant vers le soleil. Il est l’équivalent spirituel, céleste, du pouvoir temporel, terrestre, du lion.
C’est le symbole de la sagesse et le messager spirituel entre les dieux et l'homme. Au-dessus d’eux, la fleur présente 4 pétales. C’est la fleur solaire, matérialisant le centre du monde et réunissant la divinité, le ciel, l’espace et le temps. Les aigles (à moins que d’aigles ils ne soient devenus phénix) regardent aux 4 points cardinaux.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Baugy_%28Sa%C3%B4ne-et-Loire%29
http://www.sitesclunisiens.org/article.php?sid=106
http://pjpmartin.pagesperso-orange.fr/site/Chemins_du_roman.htm#Baugy