Alba Augusta Helviorum
l’Helvie
correspondait à peu près au sud du département de l’Ardèche.Installée
sur une voie de communication reliant la vallée du Rhône au Massif Central, au
pied du Coiron, Alba, capitale du peuple
des Helviens, se situe dans une plaine sur 30 hectares.
Pline
l’Ancien relate, en 65 de notre ère, dans l’Histoire Naturelle, l’invention
d’un cépage de vigne par les Helviens : "A Alba Helvienne de la province
de Narbonnaise, a été inventée une vigne perdant sa fleur en un jour et pour
cela très robuste. On l'appelle Carbunica et maintenant toute la province la
plante". Ce texte atteste de la présence de la vigne en Helvie à cette
époque.
Alba
Augusta Helviorum s'organise en réseau de rues perpendiculaires orientées
nord-sud/cardo et est-ouest/decumanus. Ville ouverte, sans mur d'enceinte, la
cité a en son coeur le centre monumental regroupant un vaste ensemble de
bâtiments à vocation administrative, civique, religieuse et économique autour
de son forum. Les limites de la ville sont marquées par les nécropoles telles
que Saint-Pierre et par le sanctuaire de Bagnols.
De son
habitat, on connait deux formes. Une luxueuse, la domus, construite en
matériaux nobles, qui s'organise autour d'une cour centrale à portique avec
mosaïques, thermes privés et jardins. La domus « Pinard » (ça ne s'invente
pas...) a livré 8 mosaïques dont une représentant des poissons et des
mollusques d’eau douce. La seconde, plus populaire, est construite en matériaux
périssables : bois, terre, et peut recevoir une activité artisanale ou
commerciale. Son apogée se situe au IIème siècle après notre ère, période où le
centre monumental se développe.
À la
chute de l'empire Romain, Alba fut détruite par les Vandales et dépossédée du
titre de capitale et de siège de l'évêché au profit de Viviers. La ville est
abandonnée. L’ancienne cité devient une petite agglomération située à l’emplacement du village actuel, construit sur un dyke volcanique. Diverses seigneuries se sont ensuite implantées à Alba : le château fut aux mains de la maison d'Aps, puis des Adhémar et La Baume-Suze. Celle d'Aps donna son nom à la ville jusqu'en 1903, date à laquelle la commune reprit son nom antique, auquel fut ajouté « la Romaine » en 1986.
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Le théâtre
L'édifice se situe à la limite est de la ville, sur le ruisseau du Massacre. je ne connais pas l'histoire de ce ruisseau, et pourquoi il porte un nom si peu amène : il semble pourtant si paisible...
Le premier théâtre, plus petit, n'enjambait pas le ruisseau. Par la suite, le ruisseau fut canalisé. C'est au IIème siècle, période faste de la cité, que l'on doit le troisième théâtre. Il se monumentalise, et se développe sur les deux rives du ruisseau.
Sur la rive droite se localise l'espace recevant le public : la cavea et l'orchestra. L'espace scénique enjambe le ruisseau alors que le mur de scène et le portique se situent sur la rive gauche.
L'histoire du théâtre correspond aux temps forts de l'urbanisation d'Alba. Il est un point de repère essentiel pour la romanisation et l'évolution de la ville gallo-romaine.
Sa capacité est estimée à 3 000 places, plus qu'au théâtre de Fourvière !
L'édifice économique et religieux
Il se situe
sur le point culminant du centre monumental. Construit sur un terrain en pente,
il nécessite l'apport de remblais. Le bâtiment se compose de 4 ailes entourant
un jardin avec un bassin central. Dans un premier état, 3 ailes à portique
s'ouvrent sur le jardin. la partie est ferme l'édifice par un simple mur de
clôture. Trente à quarante ans plus tard, elle se transforme également en aile
à portique.
A
l'ouest, l'exèdre monumentale s'axe dans le prolongement du bassin. Elle est
épaulée de salles annexes servant de contreforts.
Sa
fonction pourrait être liée à la vie économique et religieuse d'Alba en rapport
avec les collèges-associations professionnelles. Une inscription retrouvée en
réemploi dans un autre quartier de la cité en nomme quatre : les drapiers-marchands,
les ouvriers-charpentiers, les bateliers et les fournisseurs de bois.
L'implantation
de l'édifice en bordure du cardo occidental indique son lien avec l'ensemble
architectural du sanctuaire de Bagnols.
Le quadriportique
Le
monument se compose de 4 ailes à portique enserrant un grand jardin avec deux
bassins. le portique s'ouvre sur des exèdres semi-circulaires ou rectangulaires
de différentes tailles.
Juqu'au
milieu du IIème siècle, l'exèdre monumentale est à l'est. Elle se compose d'une
grande salle voûtée avec une banquette latérale habillée de mortier de tuileau.
Une
piscine est orientée dans son axe au centre du jardin.
Dans la
seconde moitié du IIème siècle, un bassin d'agrément vient completer un nouvel
agencement.
Quant aux
deux bâtiments localisés au sud, ils se rattachent au forum. Ils appartiennent
à son area sacra, c’est-à-dire l’espace du forum qui complète la grande place
publique.
Le temple monumental
Cet
édifice du IIème siècle est orienté à l'ouest par un escalier à 5 marches. Le
plan en est simple et évoque un temple : un vestibule, le pronaos, s'ouvre sur
une grande salle, la cella.
A l'intérieur, face à l'entrée, se situe une niche semi-circulaire. Les sols sont de marbre et les murs décorés d'enduits peints et de céramique.
Après
l'abandon de la ville, une activité agricole, au VIème siècle, réoccupe une
partie de l'édifice. L'espace intérieur comprend un foyer et deux bassins
surélevés.
Le sanctuaire impérial
Situé à
l'extrémité nord de la ville, le sanctuaire de Bagnols est édifié sur terrasses.
Succédant à un sanctuaire gaulois, la mise en place du sanctuaire impérial se
fait progressivement entre les années 10 et le début du IIème siècle.
Le
sanctuaire se compose d'édifices et d'espaces de circulation orientés à l'est.
C'est autour du temple axial, pièce maitresse, que s'organisent les édifices.
Un quadriportique se met en place devant lui, au même niveau.
Il enserre une
grande cour au sein de la quelle on édifie le fanum : temple de tradition
gallo-romaine et un temple de plan classique sur un podium.
Au IIème
siècle, le sanctuaire subit une phase de restructuration : création d'une voie
de circulation reliant le sanctuaire au centre monumental, construction d'un
escalier monumental permettant de descendre dans le quadriportique, mise en
place de deux cours encadrant le temple axial et installation d'un grand bassin
à l'est.
La statue
de l'empereur, découverte dans le temple axial, atteste la pratique du culte
impérial à Bagnols. En 1992, la statue de l’empereur divinisé y a été
retrouvée, ainsi que d’autres fragments qui portent à 8 le nombre de statues
honorées au sein du sanctuaire.