Notre-Dame de Nonette
C’est dans le chœur de l’église Saint-Nicolas de Nonette, dans le Puy-de-Dôme, que se trouve une Vierge de majesté de type roman auvergnat. Elle porte le nom de Notre-Dame de Nonette.
De facture assez frustre, elle est recouverte d’une épaisse couche de peinture. Cette statue possède tous les attributs d’une Vierge Noire, et pourtant la dédicace de l’église n’est pas la sienne.
La chapelle Saint-Roch
Nous avons ici une petite chapelle dédiée à saint Roch, comme sa voisine de Saint-Victor-de-Cessieu. Celle-là est isolée au sommet de la colline dominant la vallée de l’Hien.
Le sentier suit certainement l’ancienne voie qui menait au premier oratoire édifié au cours du IXe siècle, proche de l’ancien château des Torchefelon, très vieille famille de la noblesse dauphinoise.
Cet oratoire fut construit sur un ancien temple païen. Les vestiges archéologiques retrouvés sous l’autel lors de la dernière restauration en 1970 attestent de l’ancienne occupation du site : silex néolithiques, poteries gauloises du IIe siècle avant notre ère, poteries gallo-romaines du Ier au IVe siècle, céramiques médiévales.
Mon sentiment est qu’il reste sous la chapelle quelques vestiges de l’ancien temple, et la rémanence d’une ancienne allée couverte.
Au début du XVIIe siècle, Gaston de Cuirieu finança l’adjonction d’une chapelle dédiée à saint Roch. La construction débuta en 1628. Comme indiqué au-dessus de la porte, elle fut sanctifiée en 1670.
L'intérieur est très sobre, et l'on distingue facilement l'ancien chœur roman de la nef du XVIIe siècle.
Deux fenêtres de chaque côté de l'ancien autel portent les statues de la Vierge et de saint Roch.
Une nouvelle cloche fut mise en place, qui remplaça l'ancienne volée en 1971.
La forêt de Vallin
Il est des endroits plus magiques que d’autres. La forêt de Vallin en fait partie. Telle une Brocéliande du sud, elle nous enchante au gré de ses rus, de ses lacs et de ses vieilles pierres. Brocéliande s’étend sur plusieurs communes. Vallin fait de même.
Le chemin du Triève, tout en bas du village, nous amène au départ de la visite. La forêt de hêtres, charmes, chênes et châtaigniers, envahie de ronces, fut nettoyée dans les années 70 par le propriétaire.
Depuis, Vallin suscite l’intérêt de nombreux visiteurs attirés par le bouche à oreille et par les légendes entretenues par quelques personnages atypiques.
Le ruisseau du Moulin glougloute sur notre gauche, une buse vient nous dire bonjour, et la magie devient opérative rapidement.
A l’orée du bois, sur la gauche, le ruisseau forme une petite cascade. On se croirait près de Mère-Fontaine à Brocéliande. Premier arrêt, premières sensations. Ceux qui ont la chance de posséder une sensibilité accrue diront que la forêt est habitée par ce que j’appelle le petit peuple, les élémentaux.
Le chemin poursuit sa route et traverse une petite clairière parsemée de joncs et de roseaux, au milieu de laquelle pleure un saule.
La pente se fait plus sérieuse.
Tout en haut nous attend le « Fauteuil du Seigneur », auquel la légende accorde l’appartenance à un culte druidique.
En réalité, il fut assemblé à la fin du XVIIIe siècle, « pour l'usage du châtelain local qui a la fin de sa vie était handicapé des jambes ». Je pencherai plus pour cette explication. Par contre, celui qui l’a assemblé ne l’a pas fait n’importe où.
Le siège se trouve en effet à la sortie d’un courant tellurique puissant qui suit la crête derrière le bosquet. Pas étonnant donc que les gens qui s’y reposent aient des sensations de chaleur et autres picotements.
Les endroits comme celui-ci sont propices aux soins des guérisseurs qui peuvent devenir très efficaces.
Et pas étonnant non plus que la statue de la Vierge au sommet du clocher de l’église de Saint-Victor nous regarde (en fait elle regarde en direction du château de Vallin où résidait la personne qui en fit don à l’église), désaxée du bâtiment, les mains tournées vers le sol, pour profiter des énergies telluriques…
Le sentier continue sur la crête, longeant deux beaux acacias.
Nous arrivons par un sous-bois vers l’étang de Vallin.
C’est le long de ses rives, soi-disant, que l’on pouvait trouver un autre fauteuil, composé des pierres d’un bassin du XVIIe siècle, aujourd’hui disparu.
Le petit ponton le remplace tout aussi bien. Il parait que l'eau du lac guérit l’eczéma. C’est un endroit d’une énergie très féminine, très douce. Le Val sans Retour et son Miroir aux Fées portent aussi cette énergie. Viviane n’est pas si loin.
En contrebas, un ruisseau coloré en orange coule vers la vallée. Est-il chargé d’oxyde de fer ?
Le chemin nous emmène cette fois dans la forêt proprement dite. Le vent fait tomber les bogues des châtaigniers, petites matrices protégeant efficacement leurs fruits.
L’atmosphère devient en même temps plus légère et plus gaie. Les champignons font leur apparition.
Au sommet de la colline, à l’endroit nommé « la Thébaïde », se tiennent deux beaux arbres. Une Thébaïde est un endroit isolé et sauvage où l’on vit dans l’austérité et la solitude, un lieu écarté où l’on peut se retirer. Pas de quoi fouetter un chat à mon avis.
Pour moi, l’énergie se concentre plus loin, vers le sentier qui mène au château et à la grande allée. Un tumulus ? Pourquoi pas, mais enfin, s’il a été construit en cet endroit, il n’en reste plus rien.
Les légendes de druides, de templiers, là aussi pourquoi pas. Il manque quelques moines tibétains, un ou deux vaisseaux intergalactiques et une dame blanche quand même.
Les énergies maintenant s'assombrissent, il se fait déjà tard, la suite pour une prochaine visite…Nous terminerons cette première approche par la chapelle de Torchefelon.
Filitosa
Historique
Le site mégalithique le plus connu de Corse, sur la butte de Turicchju près du hameau de Filitosa, fut habité dès le Néolithique Cardial, c'est-à-dire vers 6 000 avant notre ère d’après les archéologues.
A cette époque, les hommes étaient devenus éleveurs et agriculteurs. Ils se construisaient des huttes sous les taffoni (du mot corse taffone qui signifie « trou », au singulier u taffonu. Phénomène géologique d’intervention des éléments (vent, pluie, sel et soleil) qui creusent les pierres par dessous, formant des abris).
Vers -3 500 ils mirent en place les premiers menhirs, certainement aussi sous forme d’alignements.
Vers -1 600 apparurent les Shardanes ou Torréens, envahisseurs et conquérants, issus de Méditerranée Orientale ou d'Asie Mineure (Libye ou Phrygie). C’est à cette époque que les menhirs prirent une forme anthropomorphe, et que des armes furent gravées sur leur corps.
Ils devinrent statues de guerriers, le culte du héros remplaçant celui de la Déesse-Mère.
Les Torréens chassèrent les premiers habitants vers le nord et s’installèrent à Filitosa. Ils détruisirent les mégalithes, les cassant en morceaux, les enterrant face contre terre, s’en servant comme matériau de construction de leurs propres temples, les torres.
Puis le site fut occupé par les romains, puis par des moines au Moyen-âge, et fut oublié. C’est sur la butte de Turicchju que Charles-Antoine Cesari, propriétaire des lieux, retrouva la première pierre sculptée en 1946.
En 1956 l’archéologue Roger Grosjean se rendit sur place et commença les fouilles. Elles dureront jusqu’en 1972.
Il mit au jour les vestiges d’un village néolithique et une série de monolithes représentant des guerriers armés d’épées et de poignards. La tradition populaire appelait ces mégalithes I Paladini, les paladins ou chevaliers.
Le circuit touristique
La visite commence par une pierre levée. Les pierres levées, ou statues-menhirs (stantare en corse qui signifie être debout), furent retrouvées sur le site de Filitosa, et ailleurs dans la vallée du Taravu, à Barcaju, à Tappa.
Elles furent ensuite posées le long d’un parcours fait pour les touristes.
Des numéros leurs sont attribués, ainsi que le nom du village où elles furent trouvées. La première porte le nom de Filitosa V, la mieux armée des statues-menhirs de Corse : une longue épée, un poignard en oblique dans son fourreau.
Elle mesure 2,95m de haut, 0,96m de large et pèse 2 tonnes. Dans son dos la représentation de la colonne vertébrale et des omoplates. La tête est manquante.
Puis nous arrivons sur un plateau, éperon rocheux orienté nord/sud, dominant la plaine traversée par deux ruisseaux: le Barcajolo et la Sardelle.
Les restes d’une muraille cyclopéenne, l’enceinte qui entourait toute la colline, marque l’entrée de la plateforme de surveillance est, probablement un poste de garde. Le monument, ancien tumulus, fut comblé par les torréens.
Sur la gauche, des abris sous roche ou taffoni, témoins de l’occupation du site au Néolithique Ancien (-8000).
Le monument central, situé au point le plus élevé du plateau, devait être à vocation religieuse.
Les torréens ont encastré dans les murs de leur torre des fragments de mégalithes (32 fragments ont été répertoriés).
Plusieurs de ces statues-menhirs ont été retirées du parement et posées sur le mur.
Parmi elles, Filitosa IX, considéré comme l’un des sommets de l’art mégalithique corse. Ces pierres ont du faire partie d’un ancien alignement, comme ceux de Palaghju, I stantari ou celui de Renaghju.
Ce torre, de 16m de diamètre, remanié à plusieurs époques, fut autrefois recouvert d’un dôme (voûte en encorbellement). L’intérieur, la cella, servit aussi de sépulture.
La statue menhir appelée Filitosa VI se trouve derrière le monument central. Les trois fragments sont posés côte à côte sur le rocher.
Un peu plus bas fut construit le monument ouest, de 18 m de diamètre. C’est lui aussi un torre, qui prend appui sur des anciens aménagements mégalithiques.
Vu son emplacement, ce probable centre cultuel servit occasionnellement à la défense collective.
Sa partie centrale comporte deux chambres desservies par des couloirs. On accède à l’annexe sud par quelques escaliers.
Après être descendus du plateau, nous arrivons dans le vallon du Barcajolo.
Le pont passé, nous arrivons en vue d’un olivier âgé de plus de 1 200 ans. Il est entouré de 5 statues-menhirs récupérées et posées là pour faire joli.
Il s’agit des premières statues retrouvées sur le site et d’une autre trouvée à Tappa.
A mon avis, l’olivier porte plus de mystère que ces pauvres mégalithes déracinés.
La visite se poursuit pour les plus courageux en remontant la petite colline faisant face au site principal. C’est là que nous allons trouver une carrière de pierres,
un rocher appelé le « dinosaure » en raison de sa forme bizarre,
et quelques menhirs parsemés. Les touristes en général ont fait demi-tour, ce qui n’est pas pour me déplaire.
Le chemin du retour contourne l’escarpement par le sud. Là, près des saules bordant la Sardelle, des taffoni prennent la forme d’animaux étranges. On commence à se sentir mieux. Pas un bruit, pas un homme. C’est peut-être aussi grâce à ça.
Le chemin remonte vers l’entrée du plateau et passe devant l’ancienne enceinte en gros appareil. Il n’en reste qu’une partie de mur, mais elle était bien triple, signe que les premiers corses maitrisaient les énergies telluriques.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Filitosa
http://kyrnet.online.fr/filitosa.htm
http://www.paradisu.info/filitosa.html
Col de Bavelle
Le col de Bavelle, ou Bocca di Bavedda en corse, ne pourrait être lieu sacré que par sa beauté.
Passage entre la côte est et Porto-Vechio et la côte ouest et Sartène puis Propriano, il culmine à 1 218 m d’altitude.
La forêt majestueuse alentour est composée de pins laricio, ou Pinus nigra laricio corsicana. Sous leurs ramures, des chardons dorés, Carlina vulgaris.
Les oiseaux migrateurs allant en Corse du sud passent par ce col. Tout autour, les aiguilles déchiquetées en granite rose du massif (I Forchi di Bavedda) abritent encore des gypaètes barbus et des aigles royaux.
Je me suis contentée d’un petit piaf venant picorer des miettes de pain, un pinson des arbres, Fringilla coelebs.
C’est ici, dans ce décor majestueux, qu’en 1954 fut érigée une statue de la Vierge en remerciement pour la fin de la guerre. C’est une Notre-Dame-des-Neiges, titre que porte l'église de Santa Maria Maggiore à Rome. C’est pour cela qu’elle est honorée par une procession tous les 5 août, date de l’apparition de la neige sur le sommet de la colline de l’Esquilin.
Les pèlerins viennent déposer devant la statue en marbre blanc deux bougies, l’une pour les vivants et l’autre pour les morts, et redescendent dans les vallées avec des rubans et des branches d’hortensias bénis par l’évêque d’Ajaccio.