Les sources minérales du Puy-de-Dôme
Sur une fontaine de Bourbon-Lancy est gravée cette phrase : « In vino veritas sed in aqua sapienta », la vérité est dans le vin mais la sagesse est dans l’eau. Alors nous pourrons « vinum aqua miscere », mettre de l’eau dans notre bon vin, pour retrouver la sagesse et la vérité.
Il existe deux sortes de sources, celles qui sont issues des eaux de pluie et celles qui sont issues des eaux des profondeurs. Pour les premières, l’eau va s’infiltrer à quelques mètres ou centaines de mètres seulement, pour ressortir au bout de quelques années. Elles sont appelées résurgences.
Les deuxièmes sont appelées sources thermales ou thermo-minérales. L’eau, qui reste sous terre d’environ 30 ans à quelques dizaines de milliers d’années, part en profondeur suivant les failles telluriques, au-delà parfois de 4 000 mètres. En se rapprochant du magma, elle se réchauffe et se charge en gaz (gaz carbonique, azote, hydrogène, hélium, argon, néon…), en sels minéraux (fer, sel, bicarbonate, soufre, calcium, magnésium, arsenic…), en éléments radioactifs (radon, uranium).
Puis l'eau remonte vers la surface, toujours suivant les failles, en se refroidissant petit à petit. De ce fait, les eaux thermales sont bactériologiquement pures, et dépourvues de nitrates et autres pesticides qui empoisonnent les eaux de surface. Elles gardent un débit constant, indépendant des saisons et des phénomènes climatiques. Il peut arriver que les eaux d’en bas se mélangent aux eaux de surface. C’est alors que le débit pourra subir des variations.
Le gaz, dissout dans l’eau, va s’en séparer à l’émergence de la source, appelée griffon, provoquant des bulles. C’est le principe des bulles du Champagne.
Lorsque l’eau arrive en surface, son oxygénation entraine la précipitation des substances dissoutes, ce qui entraine la couleur parfois spéciale des dépôts autour des sources, les travertins, comme à Saint-Floret.
Parfois, l’eau s’accumule dans des réservoirs, proche du magma. Le gaz carbonique n’est pas assez concentré pour faire remonter l’eau des profondeurs. Il faut alors attendre que l’eau se transforme en vapeur et que le gaz s’accumule pour atteindre la pression suffisante.
C’est cette brutale détente du gaz qui peut provoquer un geyser, comme au Vernet-Sainte-Marguerite. La pression finit par se relâcher, et le geyser s’arrête.
La réglementation européenne aujourd’hui vise à éliminer les composants soi-disant nocifs des eaux minérales, c'est-à-dire qu’il faudra, dans peu de temps, filtrer l’arsenic, le fluor, le bore, le manganèse, et surtout la radioactivité. Tout ce qui fait la particularité de nos sources, et surtout, leur pouvoir thérapeutique…Il faudra, pour se soigner, passer par les médicaments chimiques. No comment, je serais désagréable.
De toute façon, l’eau thermale n’est vraiment efficace qu’à sa sortie de terre, n’en déplaise aux embouteilleurs. Vive la bouteille en verre remplie à la sortie du griffon. Plus difficile après ça d’acheter en grande surface les bouteilles des sources rachetées les unes après les autres par deux sociétés, Nestlé et Danone (Perrier, Volvic, Badoit...)
Les hommes du néolithique connaissaient déjà les vertus curatives de ces sources. J’imagine que leurs chamanes avaient déjà compris que leur action se situait, pour quelques-unes d’entre-elles, au-delà du physique. Celles-là furent le témoin de rituels initiatiques, qui se transformèrent au cours des siècles en vénération, puis après la venue du christianisme, en dévotion… Et certaines furent oubliées. Heureusement.
Vous pourrez retrouver les reportages sur les sources suivantes dans le blog :
- Les sources de Bard à Boudes
- La source de la tête de lion à Saint-Floret
- La source Sainte-Marguerite à Vernet-Sainte-Marguerite
- Les sources de Saint-Maurice-ès-Allier
- Le Saladis et la font de Bleix des Martre-de-Veyre
La vieille Major
Comme dit précédemment, le site de Marseille était déjà occupé dès le Paléolithique supérieur. Puis les Saliens (peuplade formée de Ligures venus d'Espagne et de Celtes) s'y installèrent. La tribu était celle des Segobriges, qui s'allia avec les grecs venus de Foça en 600 avant notre ère. La première cité fut construite au nord du port naturel appelé Lacydon. Parmi les premiers sanctuaires bâtis, celui d'Apollon Delphinios (vraisemblablement sur l'emplacement de l'église Saint-Laurent) et celui de la déesse Artémis (devenue Diane d'Ephèse), sa sœur, que l'oracle de Delphes considérait comme la protectrice des premiers Phocéens.
Le soleil et la lune, le yin et le yang, saint Michel et la vierge noire, les parèdres. L’emplacement supposé de ce temple primitif se situe un peu plus au nord de la butte, sur une esplanade, près du forum. Durant les premiers siècles l’endroit fut abandonné, et c’est à partir du Ve siècle que l’on construisit un groupe cathédral comprenant le siège épiscopal, un baptistère et deux églises paléochrétiennes dont l’église primitive dédiée à la vierge Marie, celle que l’on appelle la Vieille Major.
Le palais épiscopal
Il ne reste presque rien des bâtiments. C’est lors de fouilles faites en 2008 sur l’esplanade que l’ont mit au jour une mosaïque pouvant appartenir au palais et quelques éléments de maçonnerie. L’ensemble fut dégradé par un cimetière paroissial, utilisé du XIIe siècle jusqu'à l'époque moderne.
La mosaïque date du Ve siècle et fait environ 15 m2. Les motifs sont souvent des figures géométriques, accompagnés de paons affrontés, de fleurs, de cratères et de bouquets. Une vidéo très explicative est présentée par l’INRAP ici.
Le baptistère
Les fouilles faites en 1852 dans la cour de l’ancienne prévôté de la cathédrale lors de la construction de la Nouvelle Major, dégagèrent les vestiges d’un baptistère paléochrétien datant du Ve siècle.
Ils furent pris à l’époque pour les restes de l’ancien temple de Diane. Ils ne sont plus visibles aujourd’hui, et ne sont connus que par des plans et relevés des décors publiés en 1905 par François Roustan : « La structure du Baptistère de la Major, à part les colonnes qui provenaient d'un temple païen, n'était composée que de matériaux ordinaires pris dans la localité. Les murs étaient donc en maçonnerie ordinaire ; les arcs et les voûtes en briques et les toitures en charpentes et en tuiles romaines demi-rondes.
Les marbres ont été employés comme placages dans les soubassements ; ils ont aussi concouru pour une bonne part au pavage du sol. Le pavage des bas et peut-être celui des chapelles était totalement en mosaïques.
L'architecture intérieure du monument se composait de seize colonnes dont la hauteur compris base et chapiteau était de 7 m. 89. Les colonnes du plan du dôme étaient surmontées d'arcs plein cintre de 3 m. 80 de diamètre, sans doute agrémentés d'archivoltes ; au-dessus s'élevait un tambour vertical jusqu'à la corniche architrave, qui établissait le départ de la coupole en plein cintre et à pans, laquelle était arrêtée au sommet par un œil ou couronne horizontale que surmontait un campanile composé de huit colonnettes et couronné par une calotte.
Les proportions donnent à la coupole sous clef une hauteur de 18 mètres environ. La hauteur totale du sol au-dessus du campanile devait être de 24 mètres. Nous supposons, d'après les fragments de murs trouvés à l'ouest que l'entrée principale de l'édifice était de ce côté. Les ouvertures sur l'axe des pans nord et sud devaient donner accès aux bâtiments qui étaient annexés au Baptistère, notamment à la Major qui existait déjà.»
Le bâtiment à plan carré extérieur de 25m de côté (ce qui en fait le plus grand de France et l’un des plus grands de la chrétienté) possédait une cuve baptismale octogonale à gradins d’environ 4,40m de diamètre sur 0,70m de profondeur, recouverte de marbre blanc, et un déambulatoire annulaire à pavement de mosaïques polychromes.
Il fut détruit par les Sarrazins qui envahirent l’endroit au moins à trois reprises, entre 725 et 923, probablement en 838.
L’église
De l’église paléochrétienne il ne reste que quelques fragments de mosaïques et de murs en calcaire rose. Elle fut vraisemblablement construite vers 401 par l’évêque Proculus, celui-là même qui érigea l’abbaye Saint-Victor, en même temps que le baptistère. Dédiée à saint Lazare, elle mesurait plus de 60 m de longueur, et de 26 à 34 m de largeur.
Au VIIIe siècle, elle changea de dédicace et on la trouve dans les chartes sous le nom d’Eclesia Sanctae Mariae, puis de Nostroe Dominoe antique Sedis, Notre Dame de l’antique siège.
Elle devint donc, à cette époque, la cathédrale des évêques de Marseille. Elle fut plusieurs fois restaurée à la suite des destructions des Sarrazins entre les IXe et XIe siècles : des décors sculptés à motifs d'entrelacs datant de cette période furent retrouvés.
Au milieu du XIe siècle, le chœur fut refait par Pons Ier en calcaire blanc, et c’est Pons II qui entreprit la reconstruction complète du bâtiment en 1073. Elle prit alors le nom de Sainte-Marie-Majeure.
La cathédrale, de plan en croix latine, comptait alors cinq travées voûtées en plein cintre, un chœur à abside heptagonale avec absidioles et des bas-côtés voûtés en berceau.
La coupole de la croisée du transept reposait sur 10 arcs longitudinaux en plein cintre posés en encorbellement sur les grands arcs doubleaux de la travée du chœur, passant ainsi du rectangle au carré parfait, à l’intérieur duquel quatre trompes ornées des têtes d’animaux, symboles des évangélistes, délimitaient un octogone.
Sur cette base s’élevait la coupole. De cette époque nous restent une partie de la nef romane et la coupole octogonale.
Le clocher fut édifié en 1390. Au XVIe siècle, la mer ayant fait reculer la falaise, il fallut refaire le mur d'enceinte. Pour ce faire, deux travées furent détruites, et l’entrée principale se fit au sud.
La révolution la vendit comme bien national, et pour une fois ce n’est pas elle qui fit le plus de dégâts.
Rendue au culte en 1795, elle faillit disparaître entièrement en 1852 lors de la construction de la Nouvelle Major. Heureusement, grâce à la Société française pour la conservation des monuments et aux protestations des marseillais, elle ne perdit que deux travées supplémentaires.
Elle fut alors déclassée en église paroissiale et resta affectée au culte jusque dans les années cinquante. Actuellement, attendant désespérément une restauration, elle est fermée.
La chapelle Saint-Sérénus (10e évêque de Marseille, de 599 à 601) ou collatéral nord, datant du XIVe siècle, renferme l’autel-reliquaire dit de saint Sérénus, probablement l’ancien devant du maitre-autel sculpté à la fin du XIIe siècle, dans lequel les reliques de saint Victor étaient conservées.
Sur la face exposée, quatre colonnes à chapiteaux délimitent trois niches à arcatures ornées de perles. Entre les arcs, au-dessus des colonnes, les symboles des évangélistes. La niche centrale montre la Vierge assise en majesté tenant sur ses genoux l’enfant qui porte l’inscription "Ego sum lux mundi" (Je suis la lumière du monde).
Les fouilles de 1852 mirent aussi au jour une statue en marbre de 71 cm de hauteur (on n’en garde que le dessin fait par François Roustan) ainsi que des fragments de table d’autel, des chapiteaux.
L’autel-reliquaire de saint Lazare est un monument de marbre construit par Francesco Laurana en 1481. Il s’agit d’une double arcade en plein cintre supporté par deux pilastres aux extrémités et une colonne au centre.
Leurs chapiteaux sculptés supportent trois personnages : saint Victor au centre, saint Lazare à droite et saint Cannat à gauche. Sous l’arcade de gauche le saint est assis sur son trône, de chaque côté de lui se tiennent sainte Madeleine et sainte Marthe.
La prédelle du retable relate des scènes de la vie du saint en sept bas reliefs.
http://www.visites-guidees.net/article-la-vieille-major-marseille-59026999.html
http://marseille.catholique.fr/-La-Major-cathedrale-de-Marseille-
http://www.richesheures.com/sessions/visite-3d/01baptistere.htm
http://cathedrale.marseille.free.fr/index.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_de_la_vieille_Major
http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Sites-archeologiques/p-8756-Esplanade-de-la-Major.htm
La nouvelle Major
La cathédrale Sainte-Marie-Majeure actuelle s’élève à l’ouest de la vieille Major, sur une esplanade dominant la mer. Mis à part son emplacement dans les environs des premiers temples, elle n’apporte pas grand-chose au niveau énergétique. Ni au niveau architectural, mais là, c’est une affaire de goûts personnels.
Les nouveaux architectes, même s’ils ont gardé le plan en croix latine, n’ont pas encore compris à quoi servait une église : celle là n’est même pas orientée convenablement.
Elle fut la seule cathédrale édifiée en France au XIXe siècle, et sa première pierre fut posée, dit-on, par Bonaparte le 26 septembre 1852. Elle s’acheva 41 ans plus tard, le 30 novembre 1893 et fut érigée en basilique mineure par Léon XIII le 24 Janvier 1896.
D’inspiration byzantine, à la fois copiant le roman et le gothique, elle peut accueillir 3 000 personnes : elle mesure 142 mètres de long, le transept fait 50 m de large, les tours 60 mètres de haut, la coupole centrale 70 mètres.
Elle mélange la pierre verte de Florence, le marbre blanc de Carrare, les pierres de Calissane et du Gard, l’onyx d’Italie et de Tunisie, les mosaïques multicolores de Venise, et en plus, elle possède une charpente métallique. Les marseillais ne s’y trompent pas, eux qui l’appellent le « pyjama ».
Son esplanade fut gagnée sur la mer grâce à d'importants travaux de remblaiement et de terrassement.
La façade est flanquée de deux tours surmontées de dômes.
Au-dessus du porche, protégées par une galerie en architrave, sont alignées sept statues : le Christ au centre est entouré des apôtres Pierre et Paul, puis Lazare, Marthe, Maximin et Marie-Madeleine, les saints légendaires de Provence.
Le porche abrite les statues des premiers évêques de Marseille, et les portes sont surmontées de tympans en marbre, dont cette représentation à l’ouest de l’agneau mystique et la fontaine de vie.
La nef, constituée de trois travées, est couverte par des voûtes d'arêtes et des coupoles soutenues par des colonnes et des piles en marbre.
Le transept est séparé du chœur et du déambulatoire par 7 marches. La croisée et ses quatre arcs supporte la coupole centrale. Aux quatre angles sont placées les statues des quatre évangélistes. Au centre, l’autel majeur en marbre est abrité sous un ciborium au dôme de bronze soutenu par quatre colonnes d’onyx.
La seule chose qui ait attiré mon attention, finalement, c’est le baptistère situé dans la première chapelle nord. Lui est bien à sa place.
La statue de saint Roc, destinée à être sortie en procession et simple dans sa sobriété, mérite le détour.
Quand au reste… Pauvre Artémis. Heureusement, l’endroit reste majestueux.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cath%C3%A9drale_Sainte-Marie-Majeure_de_Marseille
L’abbaye Saint-Pierre de Lyon
En 1829, dans "l'Histoire de Lyon, depuis sa fondation jusqu'à nos jours", Pierre Clerjon parle d'un premier oratoire, une petite recluserie, construite à l'emplacement de l’actuel palais Saint-Pierre à la fin du IIIe siècle. Il fut bâti par un certain Albert ou Aldebert, gouverneur de Lugdunum sous le règne de Septime Sévère, nouvellement converti au christianisme.
Il y consacra à Dieu ses deux filles, Radegonde et Aldegonde, qui fondèrent le premier monastère, le « Monasterium sancti Petri puellarum ». Il fut détruit au Ve siècle lors des invasions barbares, puis reconstruit au VIe sous l'impulsion de Godegisel, roi Burgonde. La règle bénédictine fut adoptée au VIIe siècle, et saint Ennemond donna l'impulsion à l'abbaye en lui prodiguant des largesses.
Ennemond est né à Lyon aux environs de l'an 620, dans une famille gallo-romaine, sous le règne de Clovis II. Son père était préfet des Gaules. Il devint évêque de Lyon en 645. Il évangélisa la région de Saint-Chamond dont l'église renferme encore une de ses reliques. Victime d'un complot en 657 à Châlon, son corps fut ramené à Lyon dans l'église Saint-Nizier. Il a donné son nom par dérivation linguistique à Saint-Chamond dans la Loire. On raconte que c'est Ennemond qui, le premier, imagina d'appeler les fidèles à l'office en faisant sonner les cloches des églises. De même, au moment où sa dépouille fut ramenée à Lyon, toutes les églises se seraient mises à sonner sur son passage.
Quelques textes retrouvés nous parlent d'une première restauration faite par l'évêque Leidrade vers l'an 800 après les invasions sarrasines. De l’église carolingienne nous reste certaines parties du parement extérieur du mur nord de la nef.
A cette époque, l’abbaye prit le nom de Saint-Pierre-les-Nonnains et devint le plus riche établissement religieux de la ville, relevant directement du Vatican. Une autre restauration complète fut faite en 1173 à l'initiative de l'abbesse Rolinde.
L’église romane Saint-Pierre, conventuelle, date de cette époque. L’église Saint-Saturnin, paroissiale, fut construite juste à côté d'elle : ses revenus seront perçus par les moniales.
Quelques parties romanes de l’église Saint-Pierre nous sont parvenues : le clocher-porche et les murs nord et sud de la nef.
La voûte du porche en plein cintre est entourée de deux archivoltes reposant sur deux colonnes à chapiteaux et sur deux pilastres carrés. Voûte et archivoltes sont formées de pierres claires et sombres alternées.
Les chapiteaux externes présentent des fleurs à cinq pétales, les chapiteaux des colonnes internes s’ornent de têtes humaines et animales : des lions, solaires, et des figures rondes, lunaires. Peut-être aussi des rongeurs, pattes posées sur une bordure.
La grande niche, qui semble avoir servi d'entrée à la tribune au XVIIe siècle correspond à l'une des fenêtres qui éclairaient autrefois la nef.
Les deux chapelles situées de part et d'autre de l'entrée du chœur forment les bras du transept. L'une était dédiée à sainte Marguerite, l'autre à saint Benoit, fondateur de l'ordre auquel appartiennent les religieuses.
Celle là servit d'oratoire à l'abbesse, et sur l'autel, chaque matin, étaient exposées les reliques de saint Ennemond. Les autres chapelles seront ajoutées ultérieurement et transformées au XIXe siècle en bas-côtés.
Sur le plan scénographique de Lyon de 1550, on remarque dans le cloitre un puits et un arbre. Ces deux symboles, comme nous le verrons à Saint-Jean, sont issus des anciennes pratiques druidiques, et se rapportent aux énergies telluriques et cosmiques.
C'est au XVIIe siècle qu’Anne de Chaulnes décida la reconstruction de l’abbaye. Elle fit appel à François Royers de la Valfrenière pour mener à bien ce projet. L'édifice se présentait comme un imposant palais de style romain, s'étirant sur tout un long côté de la place des Terreaux.
A partir de ce moment, l'église étant devenue paroissiale, les religieuses assistèrent à l'office depuis une vaste tribune recouvrant une grande partie de la nef. En 1679 fut construit le grand escalier du nouveau couvent, directement relié à la tribune par un passage qui fut retrouvé et restauré en 1997.
En 1744, l'architecte Antoine Derégando transféra la tribune à l'autre extrémité de l'église, dans le chœur qu'il agrandit de 3 travées vers l'est. Il refit la voûte, construisit un nouveau clocher, élargit les fenêtres et vint plaquer sur les anciens murs le décor d'arcs et de pilastres.
Pendant la révolution, Saint-Saturnin fut détruite et Saint-Pierre devint fabrique de salpêtre avant d'être rendue au culte en 1803. Des travaux exécutés en 1822 supprimèrent la tribune et créèrent l'actuel décor du chœur. En 1907, au moment de la séparation de l'église et de l'état, Saint-Pierre fut désaffectée.
La ville de Lyon l'attribua au musée des Beaux-arts, et le 10 juin 1934, Edouard Herriot inaugura la première présentation de la collection de sculptures.
Il est de notoriété publique à Lyon que l’abbaye eut une période sentant le soufre. Elle recevait les filles issues de la haute noblesse : pour être admises, elles devaient fournir la preuve d'au moins quatre générations de noblesse paternelle. Dotée richement en terres et autres revenus, l’abbaye, à partir du XVIe siècle vit ses mœurs changer. La discipline se relâcha, les moniales vivaient souvent dans des maisons privées alentours, où elles menaient grand train.
Lors d’une visite royale à Lyon en 1503, Louis XII et la reine Anne de Bretagne reçurent des plaintes de Monseigneur d’Amboise, archevêque de Lyon. Les moniales (particulièrement Françoise d’Albon et Alice de Theizé) accusées de débauche, furent alors sommées de reprendre une vie de clôture dans l’abbaye et de respecter la règle de Saint Benoît. Refusant cette réforme, les moniales, soutenues par leurs puissantes familles, se rebellèrent et firent appel au pape pour défendre leurs droits.
Malgré cela, en 1516 fut décidé de les expulser de l’abbaye, ce dont se chargea l’archevêque François II de Rohan. De nouvelles filles arrivèrent, certes moins nobles, mais plus obéissantes. C’est alors que survint un épisode mal connu : l’abbaye fut le théatre de phénomènes inquiétants, poltergeists et autres possessions. Il se disait que le fantôme d’Alice de Theizé, qui était morte d'une maladie honteuse, était revenu pour se venger, et que le diable l’accompagnait sous la forme d’un chien noir aux yeux verts. Un exorcisme fut pratiqué en 1527 par l’aumônier du roi, Adrien de Montalembert, sur la religieuse Antoinette de Grôlée. Mais Alice, affublée du titre de "fille charmante, mais peu canonique", continua ses apparitions jusqu’aux guerres de religion, lorsque les protestants du baron des Adrets vinrent détruire les bâtiments en 1562.
A Clocher-porche
B Chapelles
C Tribune
D Passage du grand escalier à la tribune
E Chœur
F Clocher
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mus%C3%A9e_des_beaux-arts_de_Lyon
http://www.mba-lyon.fr/mba/
http://www.france-secret.com/lyon_art5.htm
La roche des fées de Meaux-la-Montagne
Voici un lieu qui aura marqué mon enfance. Originaire de Grandris où mes grands-parents habitaient une petite maison sur la place de la mairie, j'ai passé beaucoup de temps à courir dans les bois, à ramasser des cageots entiers de roses des prés et de chanterelles,
à me tacher les doigts avec des mûres et autres myrtilles, à remplir la gandole de gros escargots de Bourgogne, à pêcher des écrevisses et à attraper des grenouilles dans l'Azergues,
à tailler des branches de noisetier pour en sortir des flèches d'indien que je lestais de fil de fer, à faire exprès de passer en vélo le plus vite possible dans les flaques bordant la route qui menait au calvaire.
Hélas, cette époque est bel et bien révolue.
J'ai quand même retrouvé la roche des fées. Cet endroit était empli de mystère. Après avoir bu un canon chez monsieur Salut, propriétaire du café de Meaux (dont l'éthymologie se rapporterait à la tribu celte des Meldes), nous y entrions respectueusement, avant de grimper partout sur les rochers, passé le moment de recueillement.
Une légende raconte que Meaux fut autrefois protégé par les fées, qui se retrouvaient au point culminant dominant le hameau, à 860 m de hauteur. Est-ce que la Madone les a remplacées ?
Je ne pense pas. Elles ont bien là, prêtes à murmurer aux oreilles des enfants, ou de ceux qui ont su garder en eux cette part d'enfance qui nous fait tellement défaut arrivés à l'âge adulte. Maman me racontait que les fées avaient laissé sur la pierre la trace de leurs pieds... Je la crois encore.
Et les bois alentours, dont les jeunes pousses de sapin sont destinées à orner nos maisons en période de Noël, participent à la magie de Meaux.
Cette photo ne fut pas prise consciemment, j'ai appuyé par mégarde sur le bouton. Finalement, je trouve que cela ferait une belle peinture contemporaine...
A bientôt donc petites fées, que tous les humains puissent un jour vous remercier pour tant de beauté.
Le musée des Beaux-arts du palais Saint-Pierre de Lyon
L’ancienne abbaye transformée en musée contient une collection très complète d’œuvres d’art. Je me cantonnerai aux artéfacts ayant un rapport avec le sacré. La visite remonte dans le temps, et commence avec quelques pièces appartenant à l’Egypte ancienne.
Egypte
Voici donc un bas-relief de paroi de tombe représentant un prêtre soutenant la momie du défunt. Il date du Nouvel Empire, XXe dynastie, 1186-1070 avant notre ère.
Puis arrivent les momies, dont la tête d’un homme qui fut recouverte de plaque d’or ou d’électrum au IIe siècle.
Juste après, les sarcophages, dont celui d'Isetemkheb, fille d'Ankhsyeniset qui vécut au VIIe siècle avant notre ère, au début de l'époque saïte, pendant la XXVIe dynastie. Il provient des environs de Thèbes. Le cercueil avait pour fonction d'assurer la conservation du corps, le décor et les textes, sa protection magique. Dans le couvercle, la momie bénéficiait de la protection d'une divinité solaire : Nout, dont la robe étoilée évoque la voûte céleste. De part et d'autre, les quatre fils d'Horus et quatre génies-gardiens du ciel assistent la déesse. La cuve est consacrée à la renaissance osirienne. Osiris apparaît vêtu de la gaine momiforme et de sa couronne traditionnelle. Le dieu adopte la forme d'un pilier-djed qui, en se redressant, va entraîner Isetemkheb vers sa nouvelle vie dans l'au-delà.
Les chaouabtis ou ouchebtis étaient déposés dans les tombes. Substituts du défunt, ils étaient censés accomplir les tâches de ce dernier dans l’au-delà.
Les fragments d’un linteau du temple de Sésostris Ier, datant de la XIIe dynastie, c'est-à-dire environ 1991-1783 avant notre ère.
La titulature de Sésostris, unificateur des deux Egyptes, et une partie de la procession précédant la sortie royale.
La porte du temple de Montou, à Médamoud, datant du règne de Ptolémée IV, vers 221-205 avant notre ère. A l'origine, cette porte en grès monumentale marquait une entrée du principal sanctuaire de Médamoud, bourgade de la rive droite du Nil, au nord de Louqsor.
Sur les montants de la façade, le décor symétrique et complémentaire figure la scène classique du roi s'adressant à la divinité avant de pénétrer dans le temple. A gauche, coiffé de la couronne rouge de Basse-Egypte, Ptolémée IV Philopator officie pour le Nord ; à droite, coiffé de la couronne blanche de Haute-Egypte et surmonté de la déesse-vautour Nekhbet, il répète son geste pour le Sud.
Sous ses pieds court la dédicace de la porte.
Le passage est simplement décoré de frises de signes monumentaux symbolisant la longévité du règne. Au revers, Ptolémée IV est accueilli dans le temple par les dieux tutélaires de Médamoud. Il est représenté, à droite, coiffé du pschent, recevant d'Amon le glaive à tête de bélier ; le montant gauche disparu devait se référer à Montou.
Fragment de dalle formant le plafond à décor céleste du grand temple de Coptos : thème de la naissance du soleil sous l’aspect de Khepri et du scarabée, au registre inférieur, des étoiles. Début de l’époque romaine.
Représentations de Sekhmet et Bastet, entre 1200 et 200 avant notre ère.
Les taureaux Apis, entre 1000 et 330 avant notre ère.
Stèle de Bès et ses amulettes.
Stèle magique d’Horus.
Ivoires magiques, canine d’hippopotame.
Isis-Hator allaitant Horus, époque ptolémaïque.
Amulettes en bronze de Montou à tête de faucon, Horus à double couronne, Ptah-Tatenen et Ptah.
Cercueils à masque de faucon contenant une fausse momie d’Osiris-Sokaris.
Couple de notables, dignitaires au service de pharaon, IVe dynastie (2575-1325 avant notre ère).
Stèles de membres d’une confrérie funéraire, des hommes au crâne rasé tenant une palme, un épi ou une guirlande funéraire, époque romaine, IIe et IIIe siècle.
L’art copte maintenant, avec des stèles et bas-reliefs des IVe et VIIe siècles : une façade de temple.
Le musée des Beaux-arts au palais Saint-Pierre de Lyon II
Mésopotamie
Cachets mésopotamiens, entre le début du IIe millénaire avant notre ère et le Ve siècle avant notre ère. Ce sont souvent des scènes de dévotion, des griffons affrontés surmontés du disque solaire, d’étoiles, de déesses comme Ishtar et de démons mâles et femelles ailés.
Le porteur d’outre date du début du Ve siècle avant notre ère. Il vient de Persépolis, du palais de Darius Ier (521-486) ou de Xerxès Ier (485-465). Ce personnage, porteur d'une outre emplie de bière ou de vin, participait jadis à une procession de serviteurs sculptée sur les murs de l'escalier monumental. Il est coiffé du bonnet de feutre traditionnel (bachlyk).
Une tablette gravée de la fameuse écriture cunéiforme.
Chypre et Grèce
Nous passons à Chype, avec des vases en céramique et des figurines en terre cuite datant de l’âge du bronze (1850-1750 avant notre ère) à l’époque archaïque (950-600 avant notre ère).
Rhytons (vase en terre cuite ou en métal qui se représente sous la forme d'une corne, comportant une ouverture de fond par laquelle le liquide s'écoule et dont l'extrémité se termine par une tête animale ou humaine. Il était utilisé pour boire mais aussi pour certaines cérémonies et rituels religieux comme lors des libations) en forme de taureau, 1400-1250 avant notre ère.
Cruche-tonneau et coupes, 850 avant notre ère.
Statuette masculine portant un pot.
Gourdes, 1850 avant notre ère.
Voici des stèles puniques, datant du IIIe siècle avant notre ère. L’une d’elles présente un décor de poisson et signe de Tanit
Palmyre, IIe et IIIe siècles : des bas-reliefs présentant Némésis, Allat et le dédicant, puis les dieux Bêl, Ba’alsâmin, Yarhibôl et Aglibôl.
Grèce
L’art grec, avec une hydrie (vase fermé muni de trois anses, deux latérales permettant son transport, et une à l'arrière permettant de verser, utilisée pour recueillir et transporter l'eau) représentant Héraklès et Cerbère, Athènes vers 530 avant notre ère.
Amphore représentant le départ d’un cortège en présence d’Apollon et d’Hermès, IVe siècle avant notre ère.
Stamnos (vase grec destiné à mélanger le vin. Il a un col court, une panse haute et des anses horizontales sur le côté), 425 avant notre ère.
Les terres cuites grecques, avec la représentation d’une sirène.
Lécythes (vases à parfum funéraires) à décor de palmette, et le départ d’Artémis accompagnée d’Apollon, 500 avant notre ère.
Lécythe représentant une déesse portant une phiale (coupe rituelle servant aux libations) et un sceptre devant un autel, 470 avant notre ère.
Mercure, bronzes datant des IIe et IIIe siècles.
Venus, bronzes des IIe et IIIe siècles.
Art gallo-romain
L’art romain est peu représenté (le plus intéressant se trouve au musée gallo-romain. Urne funéraire, cruche et patère en albâtre du Ier siècle, trouvés à Montpellier.
Le musée des Beaux-arts au palais Saint-Pierre de Lyon III
Le moyen-âge
Nous arrivons au début du moyen-âge avec l’art paléochrétien. Ici, un sarcophage d’époque mérovingienne provenant d’Italie, Ve siècle. Le Christ est représenté entouré des apôtres.
Les fragments d’un autre sarcophage, avec des croix pattées.
Un devant d’ambon (pupitre placé à l'entrée du chœur dans une église où est posé le lectionnaire ou la Bible) en marbre provenant de l’abbaye de l’Ile-Barbe, datant du VIIIe siècle.
Et nous voilà avec la petite merveille du musée, celle pour laquelle je m’y suis déplacée. Je me souvenais de ma dernière visite il y a… très longtemps, et de sa présence. Une vierge noire à Lyon, tout le monde pense à Fourvière. Mais nous avons, malheureusement pour elle qui fut arrachée à sa crypte d’origine, Notre-Dame de Pegros..
Cette vierge noire en majesté, datant de la deuxième moitié du XIIe siècle, fut achetée à l’antiquaire parisien Brimo de Laroussilhe par le musée des Beaux-arts de Lyon en 1934. Elle provient de Saint-Flour, dans le Cantal. Elle fait partie des vierges de l’école auvergnate.
Taillée dans du bois de charme, elle mesure 71,5 cm de haut, 31 cm de large et 30,5 cm de profondeur.
Elle possède encore des traces de sa polychromie originale et d'un revêtement en métal avec cabochons et pierres précieuses. Les avant-bras de l'enfant manquent. Les pieds de la vierge et les pieds postérieurs du trône furent refaits et la tête de l'enfant recollée. Les jambes de l'enfant sont désaxées vers la gauche.
Le jongleur, troisième quart du XIIe siècle. A l'intérieur d'une large moulure plate dessinant un cadre, un personnage vêtu d'une tunique courte et d'un manteau jongle et danse. Il lance de la main gauche une balle qu'il s'apprête à rattraper de l'autre main. La forme du bas-relief indique qu'il s'agit d'une archivolte, provenant du portail de l'église Saint-Pierre-le-Puellier de Bourges, détruite à la révolution. Cet endroit est devenu la place Georges Sand.
Le style invite à des rapprochements avec la sculpture bourguignonne : l'élégance et la précision du relief, le goût du mouvement et l'aspect très ornemental des drapés font penser au décor sculpté de la basilique de Vézelay. L'inscription de la bordure, où l'on a voulu reconnaître des caractères arméniens, joue un rôle purement ornemental, mais évoque aussi la présence d'influences orientales au cours du Moyen-Age français.
Ivoires byzantins et carolingiens, un Christ pantocrator de Constantinople de la fin du Xe siècle, le baptême du Christ du VIe, la descente du Christ aux limbes de Venie au XIIe, et les a évangélistes du Xe, d’Italie du nord.
Coffret du XIIe de Cologne, et plaque de coffret de Constantinople du XIe.
Emaux de Limoges, châsse de 1215.
Crosse montrant l’annonciation, 1230.
Plaque de châsse et médaillon de coffre ou de casette, 1240.
Catalogne, saint Jean-Baptiste en albâtre, XIVe siècle.
Saint-Paul, première moitié du XIVe siècle, provenant de l’église de Saint-Nectaire.
Espagne, XVIe siècle, le Père bénissant.
Ile-de-France, milieu du XIVe siècle, la Vierge à l’enfant en albâtre.
Castille, XIVe siècle, sainte Anne trinitaire en pin, statuaire très rare que nous retrouvons dans l’église de Polignac.
Bourgogne, Noé en calcaire, première moitié du XVe siècle.
Souabe, milieu du XVe siècle, Marie-Madeleine en tilleul.
Souabe, début du XVIe siècle, les saintes Barbe, Madeleine et Catherine en tilleul.
Allemagne du sud, vers 1520, sainte Barbe en tilleul.
Rhin, lac de Constance vers 1460, le Christ aux limbes.
Et pour terminer, un vitrail d’Eugène Grasset (mais pas d’Orcet) et de Lucien Bégule, saint Georges combattant le dragon, 1889. Je n’aime pas trop le travail contemporain, sauf quand l’esprit souffle sur les têtes des auteurs.
Notre-Dame de Pegros
Cette vierge noire en majesté, datant de la deuxième moitié du XIIe siècle, fut achetée à l’antiquaire parisien Brimo de Laroussilhe par le musée des Beaux-arts de Lyon en 1934. Elle provient de Saint-Flour, dans le Cantal. Elle fait partie des vierges de l’école auvergnate.
Taillée dans du bois de charme, elle mesure 71,5 cm de haut, 31 cm de large et 30,5 cm de profondeur.
Elle possède encore des traces de sa polychromie originale et d'un revêtement en métal avec cabochons et pierres précieuses. Les avant-bras de l'enfant manquent.
Les pieds de la vierge et les pieds postérieurs du trône furent refaits et la tête de l'enfant recollée. Les jambes de l'enfant sont désaxées vers la gauche.